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Is the fate against us ?

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Cassandra Ledoux

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Carte du Maraudeur



Cassandra Ledoux


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MessageSujet: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeVen 6 Avr - 16:09

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Is the fate against us ? Charlize-charlize-theron-4711200-100-100 Is the fate against us ? Ed27
« Comme si l’histoire ne se terminait
jamais totalement »

Ce fut d’un pas aérien que je passai les portes d’entrée du ministère de la Magie. J’avais très exactement cinq minutes avant de rencontrer un certain Mr. Hopkins, chercheur au ministère de la magie, dans la branche des potions magiques et autres breuvages ensorcelés. J’étais professeur de potions à Poudlard depuis bientôt cinq ans, et si je maîtrisais très bien ma matière, je n’étais pas de celles à cracher sur un peu de connaissances en plus. Je traversais le grand hall que je ne connaissais que très peu, en réalité, je ne m’étais rendu dans ce lieu sacré que deux fois dans ma vie pour obtenir mes papiers, car française que j’étais, la Grande Bretagne était devenue ma terre d’exile, bien malgré moi. Bien sûr, je ne regrettais rien, j’étais très fière d’élever ma fille dans un pays aussi distingué que l’Angleterre, mais je n’en oubliais pas mes racines, pas plus que ma douloureuse histoire. J’avais enseigné à ma fille la langue de Molière, tandis qu’elle apprenait celle de Shakespeare à l’école, c’était encore un travail laborieux pour la jeune sorcière que de pratiquer le bilinguisme, mais elle se débrouillait bien mieux que moi, à l’époque où j’avais du apprendre l’anglais. Et si elle maniait à merveille la langue, sans accent pour trahir ses origines, je conservais pour ma part un accent français très prononcé. Charme ou défaut, je n’en savais trop rien, fut un temps cependant, lorsque j’étais plus jeune et pas encore mère, mes origines françaises en avaient fait tomber plus d’un dans mon lit. Perdue dans mes pensées, je ne réalisai pas immédiatement que j’étais déjà arrivée devant l’accueil, où une jeune hôtesse souriante me demanda la raison de ma venue.

« Je viens voir Mr… - je sortis une convocation de ma poche pour y lire le nom de mon rendez-vous – Mr. Hopkins. Je suis Maître des Potions à Poudlard, et j’ai rendez vous avec Mr. Hopkins pour qu’il m’aide dans l’élaboration de certains de mes cours. »

La jeune sorcière prit ma convocation dans ses mains et l’examina un instant avant de me la rendre, toujours souriante.

« Je suis désolée, Mr. Hopkins est souffrant aujourd’hui. Mais son collègue vous recevra dans son bureau. C’est au quatrième. Bonne journée, mademoiselle. »

Et voilà, mon accent anglais m’avait bien trahis, puisque l’élégante secrétaire avait cru bon de m’appeler mademoiselle en français. Grossière erreur puisque d’abord, j’étais bien plus âgée qu’elle, et à mon plus grand dam, on pouvait d’ors et déjà m’appeler Madame, et, de plus, son accent français était tellement mauvais que je mis plus de deux secondes à comprendre le mot qu’elle tentait de prononcer. Dans un sourire aimable, je pris congés de la jolie, mais potiche, hôtesse, et me dirigeai vers les ascenseurs magiques, si caractéristiques du ministère de la magie. Ils étaient pleins à craquer, évidemment. Je me coinçai difficilement entre deux sorciers robustes, et attendis que l’engin se mette en marche. Je sentis le regard de l’un deux se fixer sur moi, et j’eu la désagréable sensation d’entendre murmurer dans mon dos. Allons bon, avais-je quelque chose qui n’allait pas ? J’étais ce jour là vêtue à la mode moldue, je devais l’admettre. En réalité, je ne portais de robes de sorciers que lorsque j’étais en cours, pour le reste du temps, j’affichai clairement mes origines non-socières. Je portais ce jour là un tailleur, car c’était un rendez vous, par une sauterie, à la taille haute et légèrement au dessus du genoux, d’un noir profond. Mes talons, rouges, pour une pointe de couleur, étaient particulièrement hauts, mais fort utiles pour compenser ma petite taille. Enfin, mes cheveux avaient été laissés libres, tombant en cascade sur mes épaules. J’avais fait l’impasse sur la coiffure sophistiquée par manque de temps, préférant un maquillage simple, mais classe à des cheveux coiffés. De toute façon, il faisait un temps de chien dehors, et je savais qu’ils se seraient mis à friser.

Finalement, l’ascenseur atteignit – enfin – le quatrième étage, et je m’extirpai de la cage encombrée pour retrouver l’air libre du couloir désert. Il était tôt dans la matinée, et tout le monde n’avait pas encore commencé à travailler. Lorsque je passai devant des portes ouvertes, je vis quelques sorciers et sorcières boire un café ou grignoter des œufs au lard. Merlin, les petits déjeunés bien français me manquaient. Enfin, je suivis les indications que la dame de l’accueil m’avait donné, deux fois à gauche, une fois à droite, tout droit et enfin, le bureau tout au fond, à gauche. Bien sûr, ce n’était pas le bureau de ce cher Mr. Hopkins, la charmante hôtesse avait pris soin de m’indiquer l’endroit où son collègue travaillait, afin que nous puissions nous rencontrer directement. Arrivée devant la porte, légèrement essoufflée, je rajustai mon tailleur. Remontant légèrement ma jupe qui glissais sur me hanches, je refermai un bouton de plus à ma veste, et ajustai le col de ma chemise dont le décolleté n’avait rien de pigeonnant. Je ne voulais plus avoir l’air d’une catin aguicheuse mais bien d’une adulte responsable et mâture. Enfin, je replaçai une mèche de cheveux blonds derrière mon oreille et enfin, relevai la tête sur la porte. Et c’est à cet instant précis que mon cœur loupa un battement, que mes jambes se mirent à trembler, que mes mains devinrent moites. Sur la porte de bois massif, une plaque d’or indiquait « Mr. Lust Whitaker, chercheur en potions ».

Ce n’était pas possible, non, vraiment. Je reculai d’un pas, complètement paniquée. Le destin s’acharnait-il contre moi ? Cela faisait plus de quatre ans que je n’avais plus vu Lust, que je n’avais pas eu, ni donné, de nouvelles. Et voilà que le sort faisait que j’avais rendez vous, indirectement, avec lui ? Je me mis à réfléchir à toute vitesse. Devais-je entrer ? Après tout, personne ne m’avait vu, et j’avais rendez vous avec Hopkins, pas avec lui, alors je n’étais en rien engagée à tenir ce rendez vous avec mon ancien amant, et dois-je le dire, le père de ma fille. J’allais finalement me décider à rebrousser chemin lorsque l’hôtesse qui m’avait indiqué le chemin de pointa à mes côtés.

« J’avais peur que vous ne trouviez pas, alors je suis venue vérifier. Je sais à quel point je peux m’embrouiller dans mes explications ! »

J’allais rétorquer que Whitaker n’était pas là et que j’allais repartir, non sans avoir pris un nouveau rendez vous avec Hopkins, mais cette imbécile me devança et frappa trois coups secs à la porte, avant de la pousser doucement de se mettre dans l’entrebâillement.

« Mr. Whitaker, cela vous dérangerait-il de recevoir le rendez vous de Mr. Hopkins ? Il est malade aujourd’hui, mais j’ai pensé que vous étiez tout aussi qualifié que lui pour aider le professeur de potions de Poudlard. »

Je la sentis trépigner sur place, comme pour attirer le regard de son interlocuteur que je ne voyais pas encore. Etait-ce mon imagination qui me jouait des tours, ou bien la secrétaire avait déboutonné deux boutons de sa chemise et lâché ses cheveux dans un flou total ? Pis encore, avait-elle vraiment ce rouge à lèvres carmins lorsque nous nous étions parlées quelques minutes plutôt, ou bien venait-elle de se l’appliquer ? J’avais la désagréable sensation qu’elle n’était pas venue pour voir si j’avais trouvé mon chemin, mais bien pour avoir une occasion de parler à Lust. Mon cœur battait la chamade, et une folle seconde, je me surpris à penser que j’avais encore le temps de m’enfuir, et de ne plus revenir. De quitter l’Angleterre pour une énième fois, et de ne plus revenir. Et puis, avant que je ne me décide, la sorcière s’effaça de l’antre du prédateur, et me laissa pénétrer le bureau du célèbre empoisonneur. Il se tenait là, face à moi, dans un costume magnifiquement taillé qui le mettait en valeur, ses cheveux légèrement ébouriffés, ses yeux toujours aussi beaux, profonds, mordorés. Je ne sus ce qui me passa par la tête à cet instant précis, mais je ne pus quitter mon regard de ce corps pourtant mille fois parcourus. Il était comme dans mes souvenirs, plus beaux encore, plus viril, plus mâture, plus… charismatique. Etait-ce possible ? Je faisais face à une version de Lust plus divine encore que ce qu’il avait été. Ses lèvres, parfaitement dessinées, ne laissaient place à aucune expression, ses yeux étaient d’une neutralité inquiétante, quant au reste de son corps, sa posture avait quelque chose de bestial, comme sur la défensive. Je me raidis. Que devais-je faire ? Une horde de souvenirs, trop longtemps enchaînés, se remit à affluer dans mon esprit qui s’embrouillait à mesure que les secondes passaient. Je nous revoyais, il y a longtemps, entrelacés, puis nous disputant, et enfin, nous séparant définitivement, chacun bien trop hanté par ce fantôme de notre couple qui n’était plus. Je l’avais aimé à en perdre la raison, quelle femme responsable j’avais été, de tomber ainsi amoureuse d’un étudiant. Je ne savais pas quoi dire. Il s’était passé tant de choses, durant ces années. J’avais quitté Alan le jour de notre mariage, devant l’autel et tous nos invités, bien trop amoureuse de Lust, je m’étais refusée à épouser un homme que je ne pouvais pas aimer, j’avais fuit la France pour l’Angleterre ou j’avais repris mon emploi et élevé ma fille, seule. J’étais une mère dévouée et aimante, ma petite fille était l’unique famille que je n’avais jamais eu. Lust, ni Alan d’ailleurs, n’avait jamais vu sa fille, pensait-il à elle parfois ? Me croyait-il mariée ? Et lui, qu’était-il devenu ? Finalement, je me décidai à la jouer professionnelle, et surtout, totalement neutre, car je savais que cette imbécile d’hôtesse était toujours derrière moi.

« Bonjour, Mr. Whitaker. Je devais rencontrer votre collègue, Mr. Hopkins, mais le sort en a décidé autrement – depuis quand croyais-je au sort ? – je ne vais pas vous importuner plus longtemps, vous avez l’air occupé, je prendrai un autre rendez vous avec Hopkins. »

J’entendis la sorcière dans mon dos retenir une exclamation. Ainsi, on ne pouvait pas refuser un rendez vous avec Lust Whitaker ? Bien malheureusement, je savais que si je restais dans cette pièce, de trop vieux souvenirs allaient s’installer dans mon esprit et ne plus s’en échapper, moi qui avais mis des années en m’en débarrasser, je réalisai qu’ils s’étaient juste cachés quelque part dans ma tête blonde pour ressortir au moment de ma vie où j’étais la plus heureuse et équilibrée de maman.
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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeSam 7 Avr - 16:39

« …et je pense que nous avons le nécessaire pour la conférence. » J'arquais les sourcils d'une moue assurée, un bref sourire naissant sur mes lèvres désirables et satisfaites alors que j'appuyais mon dos altier contre mon fauteuil. La plume tapotant la feuille déjà noircie tenue entre mes doigts fins, je croisai les jambes non sans un soupir soulagé, heureux d'en avoir fini pour aujourd'hui. « Si avec cela ils ne sont pas bluffés... » « Contentez-vous de sourire Lust, et nous aurons déjà la moitié de l'assemblée dans la poche avant même d'avoir ouvert la bouche. » Un bref rire passa la barrière de mes lèvres carmins tandis que je me redressais dans une prestance fière ; mon charisme écrasant n'avait d'égal que mon égo revivifié par les dires de mon interlocuteur. Un interlocuteur par ailleurs fait de cendres et de braises, puisque ce dernier se manifestait via le réseau de cheminées : ainsi son crâne lustré ressortait tel un bas-relief de ces bois braisés, dessinant un visage rappelant les traits d'un septuagénaire, la tête chauve mais la barbe fournie. Mon regard incandescent vint se perdre pensivement sur l'âtre chaud de la cheminée, vers lequel j'avais tourné mon fauteuil de belle manufacture pour mieux m'entretenir avec le professeur : si l'on m'avait dit, cinq ans plus tôt, que je deviendrais si rapidement un nom reconnu de l'illustre domaine des potions, j'aurais probablement ri au nez de ceux qui s 'étaient permis d'y croire. Et non pas que je doutais de mes capacités à l'époque, mais je n'ignorais pas que ma vie de junkie, brodée d'excès en tous genre et noyée dans de la poudre blanche, s'écourterait vite. Bien trop vite. J'étais persuadé que mes cures de désintoxication n'y changeraient rien, convaincu de la petite mort que m'avait procuré toutes les drogues que j'avais ingurgité. Tel du vitriole, elles avaient souillé mon corps ; aussi je m'étais mis en tête que même une cure, aussi efficace soit-elle, ne pouvait décrasser complètement les derniers résidus de cocaïne infectant ma chair... Et pourtant j'étais là, à travailler parmi les têtes les plus fournies du Ministère, un immense bureau pour moi seul, une plaque en or gravée à mon nom, des paires qui m'estimaient grandement... et toujours d'aussi belles demoiselles à mon bras. Mon esprit sinueux allait pour s'avancer sur l'énigme opaque qui avait fait de moi ce que j'étais devenu : pourquoi ce revirement soudain, et comment avais-je pu panser mes plaies si longuement ouvertes, lorsque la voix du professeur me sortit de ma léthargie : « Ah mais j'y pense ! Avez-vous toutes les données pour le congrès de Stockholm ? » Surpris de me voir arraché aussi éhontément à mes rêveries indomptables, j'esquissais une moue confuse avant de me retourner vivent, épinglant l'horloge murale de mon regard fier. Le congrès commençait dans deux heures à peine, nous avions encore le temps. « Bien sûr. » soufflais-je de ma voix suave, comme je me retournais vers le professeur rassuré.

TOC TOC TOC. Quelques coups qui eurent tôt fait de m'arracher un soupir las, tandis que je tournais ma tête brune vers le visage angélique de la secrétaire venant de faire son apparition. Sitôt que je reconnus la belle Mindy, mes traits implacables et froids se détendirent, lui offrant un rictus en coin parfumé d'un charme enivrant. « Mr. Whitaker, cela vous dérangerait-il de recevoir le rendez vous de Mr. Hopkins ? Il est malade aujourd’hui, mais j’ai pensé que vous étiez tout aussi qualifié que lui pour aider le professeur de potions de Poudlard. » Plongant dans mes pensées l'espace de quelques secondes, je détournais mes yeux fauves tandis que je fouillais dans ma mémoire : Hopkins m'avait en effet certifié qu'il serait régulièrement malade, néanmoins il ne m'avait pas averti de son absence aujourd'hui. « On fera sans lui au congrès. » soufflais-je non sans froncer les sourcils, alors que je m'adressais sans préavis au professeur encore fourré dans la cheminée. Relevant mes prunelles pénétrantes sur Mindy, sans aucun sourire cette fois-ci, je lui fis un signe plein d'arrogance pour lui donner l'autorisation de faire rentrer l'enseignant de Poudlard. Prompt à accueillir ce rendez-vous improvisé, je me levai de mon fauteuil non sans un aplomb altier, remettant en place mon col impeccable au passage. Un pas, puis deux, menant vers la fatalité... Mais je l'ignorais encore.

« Bonjour, Mr. Whitaker. » Mon coeur loupa un battement tandis que je posais mes yeux sur l'inconnue qui ne l'était pas tant. Ce souffle habituellement imperturbable vint torturer mes poumons avides d'un oxygène qu'ils ne parvenaient plus à happer convenablement, mon estomac se fit mon ennemi en papillonnant désagréablement, et mes mains... mes mains si assurées, si nobles, si fières par l'aplomb qu'elles portaient, s'investirent d'un tremblement bref mais bien présent. Mes lèvres entrouvertes ne désirèrent pas piper mot, conscientes que ma voix suave et chaude s'était noyée dans le tréfonds de ma gorge sèche. Ah, si je pouvais fermer la porte et tourner le dos à la fatalité, tel un couard, et m'assurer que ce n'était qu'un mauvais rêve. Un cauchemar, oui... J'avais mis tant de temps à l'oublier, à gommer de ma mémoire ses traits purs et délicats, à me rendre sourd à l'écho de sa voix de cristal, à effacer son parfum vanillé de ma mémoire olfactive. J'avais mis tant de temps à comprendre qu'elle n'avait plus besoin de moi dans sa vie : tant et si bien qu'à mon tour, je m'étais convaincu que l'inverse avait été possible. En cinq ans, je l'avais oubliée. J'avais exorcisé les fantômes de nos souvenirs. Et voilà qu'ils revenaient à la charge... Une seconde, une minute, une heure. Combien de temps étais-je resté là à la dévisager, à me repaître de sa beauté toujours aussi éthérée : Cassandra n'avait pas changé. Même ses traits lourds de fatigue que je lui avais connu lors de nos derniers instants, véritables haltes dantesques, s'étaient effacés. Elle devait être heureuse et épanouie, au vu de son aura resplendissante... Bien sûr qu'elle l'était, et moi également. Du moins l'étais-je d'avantage qu'il y a cinq ans de cela, ayant abandonné mon manteau de junkie tiraillé pour la cape plus virile d'un homme ayant tout réussi dans sa vie. Ou presque. Mes yeux s'attardèrent malgré moi sur Cassandra, la toisant de la tête aux pieds : et voilà que mes prunelles s'étaient stoppées sur son ventre... plat. La dernière fois que je l'eus vu, il était rond et prometteur d'une douce félicité. Mais diable que je m'étais battu pour l'enfant qui y avait sommeillé, demandant de le voir de temps à autres... Je me souvenais, à présent. Moi qui avais tout oublié : je me remémorais. J'étais papa. Enfin du moins... J'étais père biologique. Je m'étais toujours remis à cette idée selon laquelle je n'avais jamais vu ma fille, parce que Cassandra avait décidé de ne pas en parler à son Alan, le choisissant lui pour élever l'enfant. Alan... Je retins un rire jaune et cynique comme je me rendis compte que je me souvenais de son prénom, à lui aussi. Refusant de laisser mes yeux couler à ses doigts pour mieux observer son alliance, je les relevais sur Cassandra qui, je le compris soudain, venait de terminer sa phrase. « Tu appelles ça un rendez-vous ? Moi j’appelle ça une belle erreur. »

Je frissonnais sous ce relans de souvenirs que je pensais définitivement envolés. Pourtant, des images de ce restaurant, de cette dispute, de ces sensations mortifères empoignant mon coeur et qui... non. Je reprenais prestance et acquiesçais un signe de tête envers Cassandra, professionnel jusqu'au bout. « Non c'est inutile, Hopkins risque d'être malade souvent. Et il n'y en n'aura pas pour longtemps, entrez. » Préférant ne pas attaquer mon collègue sur sa dépression qui le rendait effectivement régulièrement absent, je pris soin de me montrer discret quant à son état. Plus encore, ma voix chaude et chaleureuse portait des timbres neutres mais engageants que l'on prête à nos futurs collègues. Ni froid, ni cinglant, juste charismatique. Je n'avais pas le droit de laisser notre passé empiéter sur notre entretien. Ni même sur ma vie. Je ne le désirais pas. « Merci Mindy. » La secrétaire gloussa sans grande discrétion avant de tourner les talons. Prompt à laisser la porte ouverte pour je ne sais quelle raison (la crainte que mes démons lubriques ne supportent pas d'autres souvenirs plus érotiques qui viendraient à percer ma mémoire?), la dernière oeillade que j'eus pour la délicieuse secrétaire et qui jetait des regards inquiets vers mon bureau, eut tôt fait de me décider : je fermais la porte, non sans jubiler de l'inquiétude que pourrait ressentir Mindy en me sachant avec une jolie blonde. « Je t'en prie, assieds toi. » fis-je dans un bref sourire, posant mes yeux sur mon ancienne amante l'espace de quelques secondes à peine.

Contournant mon bureau afin de m'y assoir à mon tour, je commençais les formalités d'une voix étrangement plaisante : « Effectivement Hopkins m'avait fait part d'une intervention possible à Poudlard, concernant les poisons. Mais je vais me proposer à sa place, sinon tu risques d'attendre encore longtemps. » Et je parlais comme si nous nous étions quittés la veille. Comme si, surtout, nous n'avions jamais eu d'autres relations que celle d'étudiant à professeur. Non pas que je niais tout en bloc, mais à présent adulte j'avais appris à faire la part des choses : elle vivait sa vie comme j'avais la mienne. Chacun à notre façon, nous avions choisi notre propre voie : et celle de Cassandra avait été conçue pour que je n'y pose jamais le pied, au vu de la bataille acharnée dont elle avait fait preuve lorsque j'avais tenté de la reconquérir. Un frisson nostalgique lécha mon échine quant à cette pensée, alors que je m'emparais de mon agenda : plongeant mon regard dans le sien, j'allais pour lui proposer une date lorsque l'individu que j'avais oublié se manifesta d'un raclement de gorge. « Hmm...  » Frottant mon front de ma main soudain moite, je me sentis obligé de faire les présentations non sans un soupir las. « Cassandra je te présente le professeur Charles Courterois, chercheur au Ministère français.... Charles je vous présente Cassandra Ferry... » Ma langue n'avait guère pris le temps de déraper, à ma propre surprise par ailleurs. Je me souvins alors que ce jour où je vis Cassandra partir définitivement, j'avais pris soin de me rappeler mentalement en boucle le nom et le prénom de ma Cassie : Cassandra Ferry, Cassandra Ferry, Cassandra Ferry... Plus de Ledoux. Je la savais mariée, à présent. Je la savais mariée depuis cinq ans, et cette étrange méthode m'avait permis d'enfin prendre conscience qu'elle n'était plus mienne, et ne le serait jamais plus. « ...Maître des potions. Mme Ferry était aussi mon professeur à Poudlard. » « Pourquoi faire les présentations maintenant alors que je serais ce soir au gala ? » La voix enrouée du vieux professeur se teinta d'un timbre mutin : il ne se gênait pas pour me tacler par quelques sous-entendus, ayant sans doute ressenti l'étrange tension régnant dans la pièce. Sortant de mon mutisme éphémère, je repris mes esprits avant de griffonner une adresse sur ma carte de visite, que je tendis à Cassandra : « Nous assistons à un gala de charité ce soir, ce sera l'occasion pour nous de parler un peu plus... enfin si tu le souhaites. » « Je vous assure, madame Ferry, que vous ne serez pas toute seule. » fit alors le professeur non sans un sourire paternel et amical, s'adressant à Cassandra dans un français parfait... que je ne compris pas, bien sûr. « C'est à dire que nous avons un congrès dans deux heures, en Suède. L'idéal serait qu'on puisse en parler plus tranquillement ce soir. » achevais-je d'une voix suave et d'une prestance sûre.
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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeDim 8 Avr - 16:23

Je me sentais comme piégée quand ce bureau qui n’avait rien de familier, ni de rassurant. Je me sentais prise au piège d’une horde de sentiments qui n’en pouvaient plus de se bousculer dans mon esprit embrumé, mon cœur battait plus que de raison, et mes yeux n’en pouvait plus de se délecter du spectacle qui s’offrait à eux. C’en était douloureux de le voir si beau, si resplendissant, et, osais-je le dire, si heureux. Sans moi. Egoïstement, j’avais longtemps pensé qu’il était impossible qu’il soit heureux, quand moi j’étais trop accablée de son absence, pourtant il semblait évident qu’il ne m’avait pas attendu. Et sans doute avait-il eu raison, car je ne serais pas revenue. C’était tellement étrange d’être ainsi, face à lui. Bien sûr, mon esprit marqué au fer brûlant de l’amour pensait encore et toujours la même chose : Lust avait été l’unique homme de ma vie, et ce, jusqu’à ce que je trépasse, j’en étais convaincue. Je croyais en l’amour, le vrai, le fusionnel, le passionné, le passionnant, unique. J’avais aimé Alan, mais comme une passade, comme une échappatoire, un moyen d’oublier Lust définitivement. Mais, adepte de la souffrance de l’âme, je l’avais quitté, je les avais tous deux quittés. Je sentis le regard de Lust s’attarder sur mon ventre, et pour la première fois depuis cinq années, oui, cinq très longtemps années, je ressentis de la culpabilité. Envers lui, et ma fille, notre fille. N’avais-je pas été une mère sans cœur, en interdisant à ma fille d’avoir un père, une figure paternelle aimante et présente ? Mais Lust n’avait-il jamais voulu de cet enfant ? Après tout, pas une seule fois il ne m’avait contacté pour réclamer sa fille, sans doute l’avait-il oublié, et avait fondé une merveilleuse petite famille avec une grande bourgeoise de ce monde, à la peau délicatement parfaite et au sang profondément pur ? Si sans doute, le bonheur suintait par tous les pores de sa peau, et, aussi calme et pleine de sang froid fus-je, je ne pus retenir une vague de haine et de jalousie intense que je réprimandais difficilement. Je devais me reprendre, il n’était plus rien pour moi, une passade de ma vie, que dis-je une erreur. L’erreur d’une vie. De ma vie, et sans doute étais-je celle de sa vie, à lui. Je me maudissais d’avoir était faible, de m’être laissée aller dans les bras d’un élève, aussi épuré eut-il été à mes yeux. Aujourd’hui encore, il m’arrivait de me retourner dans mon lit, à penser à toutes ces choses qui auraient pu nous arriver si nous avions été pris sur le fait. J’aurais perdu mon travail, peut être même m’aurait-on accusé d’abuser de mon autorité sur mon élève. Ma vie aurait été détruite, pourtant, lui comme moi, avions gardé le silence, même après notre rupture si douloureuse fut-elle. J’espérai qu’il comprendrait qu’il était mieux pour chacun de nous de ne pas nous revoir, même en des circonstances aussi professionnelles que celles-ci, mais le bel ange de Satan semblait prêt à tout pour m’exposer son bonheur et détruire un peu plus ma vie.

« Non c’est inutile, Hopkins risque d’être malade souvent. Et il n’y en n’aura pas pour longtemps, entrez. »

Cette voix si chaleureuse et distante à la fois, un charme fou qui émanait de lui, rien n’avait changé chez cet homme que j’avais tant aimé. Il était égal à lui-même, en moins torturé cependant, et pour cela je l’aimais bien moins. Nous nous ressemblions tellement autre fois, si proches l’un de l’autre, si complices. Nous connaissions la souffrance de l’autre, et d’une tendresse enivrante nous savions trouver les mots qui nous apaisaient. Et à présent, qu’étions-nous, si ce ne fut des étrangers, l’un pour l’autre ? Il n’était plus ce junkie fou de passion, il avait mûri, s’était calmé. Il ressemblait tant à son père, à cet instant présent, plein d’ambition, d’argent et, ciel, de femmes toutes plus délicieuses les unes que les autres. A commencer par cette petite sotte de secrétaire qui, dès lors que je compris qu’elle était l’une des planètes gravitant autour de l’astre solaire qu’était Lust, me paraissait beaucoup moins charmante. Je me surpris à être rongée par dans de ressentiment, de jalousie et d’autres sentiments si négatifs. J’avais cru avoir retrouvé une vie saine, sereine, calme, cette vie même que je menais avant de rencontrer Lust, mais apparemment, il suffisait qu’il réapparaisse dans ma vie pour qu’une farandole d’émotions refassent surface. Je n’étais pas aussi impassible que mon visage le laissait paraître, et je craignais qu’il ne perce ce masque bien trop fragile. La gourde de secrétaire fut remerciée, à mon plus grand bonheur, et son ultime gloussement m’acheva de penser qu’elle n’était qu’une potiche parmi tant d’autres au ministère. Cette pensée me fit sourire, la Cassandra mordante et cynique qui sommeillait en moi n’était jamais bien loin lorsqu’il s’agissait de critiquer quiconque empiétait sur mes plates bandes. Et quelles plates bandes ? Whitaker n’était plus moins depuis bien longtemps, cependant pas assez longtemps pour que je l’oubli définitivement. Toujours debout, près de la porte, j’attendis donc qu’elle s’en aille, et que Lust vienne fermer la porte derrière nous.

« Je t’en prie, assieds toi. » Je m’exécutai tandis que lui-même regagnait le fauteuil de prince qui trônait derrière son bureau. Ce ne fut qu’une fois confortablement assise, les jambes croisées, que je réalisais qu’il était passé au tutoiement. Et étrangement, cela me mis plus mal à l’aide encore. Je ne sus l’expliquer, mais ce tutoiement m’inspirait une étrange sensation d’insécurité. Comme si, tout ce que je m’étais appliquée à oublier pendant des années, passait par ce tutoiement, par cette proximité trop intime pour être expliquée, par cette tension qui électrisait l’air entre nous. « Effectivement Hopkins m’avait fait part d’une intervention possible à Poudlard, concernant les poisons. Mais je vais me proposer à sa place, sinon tu risques d’attendre encore longtemps. »

Non, ne fais pas cela, je t’en supplie, ne me force par à te voir tous les jours, ne me force pas à tomber à nouveau dans ce bien tordu qu’est l’amour, ne m’oblige pas à te haïr, moi qui t’ai tant aimé, qui t’ai chéri, pour le meilleur et pour le pire. De ce mariage d’amour que nous avions fait, il ne me restait plus rien à présent qu’un vague gout amer sur ma langue autrefois si déliée. J’avais tenu cinq ans sans cette drogue qu’il avait représentée pour moi si longtemps. Pire que la drogue et l’alcool, j’étais devenue addict à ce parfum suave, ses paroles enrôleuses, ses sourires attendris. Sans doute la meilleure drogue du monde, mais comme toute substance dans ce genre, après une montée au septième ciel, il y avait toujours une redescente en enfer, plus atroce encore. Sa voix était trop plaisante pour être sincère, je détestai tout ce qui me ramenait à lui, à tout ce qu’il avait et que je n’avais pas. Longtemps, je m’étais questionnée sur ce qui n’avait pas marché entre nous. Sans doute ce faussé social. Quand son manoir n’était que dorures et marbres, mon taudis, dans le midi de la France, était branlant et poussiéreux, miteux, misérable. Son sang pur ne le rendait qu’attirant, quand le mien, souillé par un père moldu et toxicomane, n’était qu’une bévue de ce monde. Un petit raclement de gorge m’extirpa de mes pensées douloureuses, et je jetai un regard vers la cheminée où la tête d’un vieil homme sortait avec une certaine prestance. Lust du se sentir obligé de faire les présentations d’une voix professionnelle. « Cassandra, je te présente le professeur Charles Courterois, chercheur au ministère français, Charles je vous présente Cassandra Ferry, Maitre des potions. Mme Ferry était aussi mon professeur à Poudlard. » Un hoquet de surprise se coinça dans ma gorge déjà nouée. Ferry… Ferry était le nom d’Alan, que j’aurais du porter à mon tour après l’union sacré de nos deux cœurs, mais en parfaite lâche que j’avais été, j’avais quitté l’église avant même de prononcer mes vœux. Ce jour là était gravé dans ma mémoire à tout jamais. Je me souvenais de cette magnifique robe blanche que je portais, assez ample pour laisser mon ventre si rond à l’air libre. Il faisait un temps radieux, ce jour là, et tout était prêt pour célébrer notre mariage. Tous les invités étaient là, enfin, les siens, car je n’avais pour ma part plus de famille si ce ne fut ma mère, qui était la seule du côté de la mariée. Je n’avais voulu inviter personne d’autre, comme assaillit du pressentiment que ce mariage n’allait pas tourner comme il l’aurait fallu. Ma mère n’approuvait pas cette union, cette belle hypocrite s’était finalement attaché à Lust, qui, disait-elle, était tout ce qu’il y avait de mieux pour moi. Bien sûr, jamais elle ne l’aurait avoué devant mon ancien amant, mais je savais qu’au fond de son âme de mère, aussi imparfaite fut-elle, elle avait reconnu l’amour sans faille que j’avais donné à mon élève.

J’avais donc tout quitté, arrivée devant l’autel, ma sentence avait été terrible, et à la question de la fatalité, pour le meilleur et pour le pire, j’avais dit non, avant de m’enfuir par la porte de l’église Gothique que nous avions choisis et de démarrer ma voiture en trombe pour mieux traverser toute la France et retrouver Paris, où je pris le premier train pour Londres. Ce fut, exactement, trois semaines après mon arrivée sur ma terre d’exile que j’accouchais de ma fille, seule, dans un hôpital moldu. Sur l’acte de naissance, j’avais donné mon nom de famille à ma fille, mais à l’endroit du père, j’avais inscrit seule deux initiales, L.W., avant de partir, le berceau sous le bras, en direction de Poudlard où je suppliai le directeur de me reprendre. Ce qu’il fit, et c’était ainsi que je m’étais retrouvée là, dans ce bureau, avec mon ancien élève, mon ancien amant, le père de ma fille, l’homme de ma vie, mais aussi la plus belle erreur de ma vie. Tout cela à la fois, n’est-ce pas trop pour une femme comme moi ? J’allais rétorquer que mon nom de famille était bien Ledoux, lorsque je fus coupée de court par le fameux professeur. « Pourquoi faire les présentations maintenant alors que je serais ce soir au gala ? » Je jetai un coup d’œil interrogateur à Lust qui s’empressa de prendre l’une de ses cartes de visites et d’y inscrire une adresse dessus. Il me tendit le carton que je pris avec lenteur, prenant soin de ne pas effleurer cette peau trop brûlante à mes yeux.

« Nous assistons à un gala de charité ce soir, ce sera l’occasion pour nous de parler un peu plus… enfin si tu le souhaites. » Je n’étais pas de celle à aimer ce genre de soirée guindée où il fallait avoir au moins trois millions de gallions dans un coffre à Gringotts pour être totalement intégrée, mais puisque je n’avais pas vraiment le choix si je voulais vraiment avoir cette intervention à propos des poisons, j’acquiesçais d’un signe de tête. « Je vous assure, Madame Ferry, que vous ne serez pas toute seule. » Lorsque ma délicieuse langue maternelle vint sonner à mes oreilles, j’adressai un regard resplendissant au charmant vieil homme. C’était si bon, de pouvoir enfin parler français avec quelqu’un d’autre que ma fille de cinq ans. Je répondis, dans la même langue « Appelez moi Cassandra, je vous en prie. J’espère pouvoir être en votre si charmante compagnie pendant cette soirée », et j’adressai un dernier sourire lumineux à mon interlocuteur qui, en quelques mots prononcés en français, venait d’égayer ma journée pourtant si sombrement commencée. « C'est-à-dire que nous avons un congrès dans 2h, en Suède. L’idéal serait qu’on puisse en parler plus tranquillement ce soir ». Je plongeai mes de yeux dans ceux de Lust, avant de lui adresser un sourire doux « C’est entendu. J’y serais. Bien, je ne vais pas vous retenir plus longtemps, messieurs. Mr. Courterois, ce fut un plaisir. Lust… A ce soir. », murmurais-je entre mes dents d’une voix douce et calme, avant de me lever, et de quitter le bureau. Une fois sortie, je refermai délicatement la porte derrière moi, et m’y adossai. Me tenant la tête entre les mains, je me mis à respirer de façon saccadée, et des larmes vinrent se loger dans le coin de mes yeux. Non vraiment, je ne pouvais y arriver, je ne pouvais supporter cette présence, trop proche de moi, pour me sentir à l’aise. Il fallait que je trouve une solution pour mettre un terme à ce genre de rencontre : je ne voulais pas de Lust comme intervenant, aussi bon soit-il pour ce genre de chose, je préférai être seule que trop bien accompagnée, et sombrer, une fois de plus, dans les néants d’un amour destructeur et chaotique.

PLUS TARD ; EN DEBUT DE SOIREE
Et merde. Ce fut les seuls mots que je pus sortir lorsque je découvris la missive apportée par un hibou quelques minutes plus tôt. « Mme. Ledoux, étant souffrante, je ne pourrais pas garder votre fille ce soir. Je suis vraiment désolée. Bonne soirée, Lizbeth. ». La nounou venait de me faire faux bonds, et j’avais très exactement cinq minutes pour en trouver une autre, ce qui était, faut-il le dire, tout à fait impossible. Je me décidai donc à emmener ma fille avec moi dans un endroit où ni elle ni moi ne serions les bienvenues ou les plus à l’aise. Je me devais néanmoins de préparer ma fille avec précaution pour lui expliquer les choses. Dieu merci elle avait hérité de ce don inné pour la compréhension de son père, et je savais qu’elle comprendrait très vite de quoi il s’agissait.

« Chérie, viens là, mon cœur. »

Une seconde plus tard, une fillette aussi brune que son père mais aux yeux aussi bleus que sa mère s’approcha timidement de moi. Elle était magnifique, princière, aérienne, angélique. Elle avait tout d’une beauté antique, et le charme certain d’une future grande sorcière. Elle me rappelait son père, mais j’essayai de l’oublier.

« Quoi, maman ? »
« Lili ne peut pas te garder ce soir, je vais donc t’emmener avec moi. C’est une soirée où il y aura beaucoup de monde, et où les enfants ne sont pas spécialement les bienvenus. Il va falloir que tu sois très sage, mon amour. Tu comprends ? »
« J’aurais le droit de mettre ton nouveau rouge à lèvres ? »
« Si tu veux, chérie, dis-je en souriant devant cette petite qui ne perdait jamais le nord. Mais ce n’est pas tout. Écoute-moi attentivement. Nous allons rencontrer ton papa. Tu comprends, chérie ? Je t’ai déjà parlé de lui. Je t’ai expliqué pourquoi tu ne le voyais pas. »
« Parce que tu veux que je sois qu’à toi ? »
« Oh oui, mon amour, je veux que tu ne sois qu’à moi, mais ce n’est pas l’unique raison. Ton papa et moi nous nous sommes disputés avant ta naissance, et pour le punir, je n’ai jamais voulu qu’il te rencontre. Ce n’est pas de sa faute si tu ne le connais pas, c’est de la mienne, tu entends, chérie ? »

Je voulais lui expliquer clairement la situation, car ce soir, elle devait rencontrer mon père et je n’étais pas sûre de sa réaction. Lust ne savait pas que je viendrai avec sa fille, et peut être ne voudrait-il pas la reconnaître, aussi pris-je soin d’expliquer à ma fille qu’il se pouvait que son papa réagisse différemment de ce qu’elle pouvait espérer. Elle comprit, bien sûr, digne fille de son père, et s’habilla de sa plus belle robe, coiffa sa longue chevelure brune et enfila ses petites chaussures. Elle était si belle, ma fille était parfaite. Pour ma part, j’avais du enfiler une robe de soirée dénichée au dernier moment dans un magasin. J’avais jeté toutes mes robes sexys à la naissance de ma fille, me jurant de ne plus retomber dans ce genre de soirées où les gens regardent plus vos tenues que ce que vous racontez. C’était une robe de soirée noire, sans bretelles, bustier, et qui tombait jusqu’à mes pieds dans une traine courte virevoltant autour de moi. Je coiffai les cheveux de ma fille dans un joli chignon sophistiqué que je fixais avec des épingles, tandis que je me faisais une coiffure plus décontractée. Enfin, nous fûmes prêtes et sortîmes de notre appartement que je louai dans la banlieue de Londres. Il était petit, et étroit, mais je n’avais pas les moyens de me payer plus, car ma mère, malade, avait besoin de soin, et je devais payer ses frais médicaux, réduisant considérablement mes moyens financiers. Nous sortîmes et trouvâmes le taxi que j’avais appelé. Durant le trajet, je sentais que ma petite sorcière bien aimée était stressée et tendue, mais elle n’en dit rien. Voulant la rassurer, je la pris dans mes bras, mais elle se détacha de mon étreinte pour mieux se concentrer sur son objectif qui, je le savais, consistait à plaire à son père par tous les moyens possibles. Enfin, la voiture s’arrêta devant un grand immeuble tout fait de dorure et j’eu un sourire en réalisant que je ne m’étais pas trompée : ce monde n’était pas le mien. Lorsque nous arrivâmes dans le hall, un portier vérifiait la liste des invités.

« Bonsoir Madame, et… mademoiselle. Vos noms je vous prie.
Ledoux, Cassandra.
Désolé, madame, mais il n’y a pas de Ledoux.
Cherchez à Ferry, dans ce cas. »

Je craignais que Lust ait oublié de donner mon nom à l’entrée, ou bien ait même choisit de ne pas le donner pour éviter de me voir finalement. J’avais pourtant tort. Le sorcier trouva à ce nom, je n’avais pas dit à Lust que je ne m’étais pas mariée, l’occasion ne s’était pas présentée, la conversation étant allée beaucoup trop vite pour que je mette les choses au clair. Je me promis de le faire au plus vite pour éviter tout malentendu. Je ne portai plus aucun bijoux, pas d’alliance, par de bague de fiançailles, pas même ce magnifique collier de diamants que Lust m’avait autrefois offert. La nudité totale, si ce n’était cette robe qui recouvrait mes courbes. La salle de réception était pleine de monde, et je mis un moment à reprendre mes esprits et me rappeler ce que je faisais ici. Finalement, ce fut ce cher Mr. Courterois qui me trouva le premier et me tendis un bras galant. « Cassandra, vous êtes venue ! Vous êtes radieuse. Et que vois-je, vous êtes accompagnée ! Votre fille ? Aussi divine que sa mère. » Il fit un baise main à ma fille qui me suivait comme mon ombre, et lui tendit son autre bras pour l’accompagner elle aussi. « J’ai vu Mr. Whitaker parler avec Mr. Osbourn, là bas. Allons le rejoindre voulez vous ! » et sans attendre de réponse, il m’entraîna à travers toute la pièce pour rejoindre un petit groupe qui s’était formé autour de Lust. Ils devaient être une demie douzaine à parler de tout et de rien, plus de rien que de tout d’ailleurs, et un silence inquiétant se fit lorsque j’arrivai au milieu de tout ce petit monde. « Je vous présente Miss Cassandra Ferry, maître des potions à Poudlard et sa fille. » Je ne me sentis pas à mon aise au milieu de ces regards, parfois appréciateurs, parfois glacials, mais je décidai de mettre les choses au clair immédiatement.

« En fait, mon nom de famille est Ledoux. Je ne suis pas mariée, c’est une longue histoire. »
« A la bonne heure. Me voilà encore plus heureux de vous connaître. »

J’éclatai d’un petit rire cristallin tandis que je laissai l’homme me faire un nouveau baise main et conserver mon bras autour du sien. Cet homme savait me mettre à l’aise, il était de ces bons vivants qui étaient tout ce qu’il y a de plus charmants. Finalement, Eydis sortit de derrière mes jambes et regarda un à un les invités autour d’elle, les perçant de son regard de prédatrice. Puis son regard s’attarda sur Lust et je compris que ma fille venait de reconnaître son père, sans même avoir besoin que je le lui présente. Je ne dis rien, laissant les choses se faire. J’avais de plus remarqué cette belle femme qui se tenait étroitement serrée à lui, un bras autour de sa taille. Sa compagne, sans doute, son épouse, peut être ? La conversation reprit, et je commençai à parler en français avec ce cher Charles, lorsque j’entendis la voix douce et suave de ma fille, comme un murmure, mais parfaitement audible lorsqu’on connaissait cette voix aussi bien que moi.

« Alors c’est toi. Je le sais, je le sens. C’est toi. »

Du haut de ses cinq ans, ma fille s’était approchée sans que je ne le remarque de son père, et ne s’était pas fait prier pour lui adresser la parole. Ma fille était têtue, et hautaine, aussi ne fus-je pas surprise lorsque je la vis toiser son père du regard, comme le mettant au défit : si tu es mon père, prouve le. Elle s’approcha un peu plus de Lust, lui arriva à la taille. Je m’attendais presque à ce qu’elle tende les bras pour se faire porter, mais elle ne bougea pas plus, et se contenta de le regarder de la tête aux pieds.

« Tu es beau. »
« Eydis, viens là. N’embête pas les gens. Tiens-toi tranquille. » Je la réprimandais en français, afin d’éviter que les autres ne comprennent, seul Charles serait apte à comprendre, mais l’homme paraissait charmant, et je ne m’inquiétai pas de sa présence. Eydis cependant n’en fit qu’à sa tête et ne bougea pas d’un pouce, observant son père d’une œillade froide, mais dans la quelle brillait une admiration sans nom. Ma fille venait de rencontrer son père, et c’était pour elle une aventure inattendue.


PS : je te dédicace officiellement mon plus long RP.


Dernière édition par Cassandra Ledoux le Lun 9 Avr - 18:31, édité 1 fois
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Lust Whitaker

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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeDim 8 Avr - 19:50

Sitôt la porte claquée, mes doigts oblongs glissèrent dans la tignasse de mes cheveux sombres. Tête baissée, paupières closes et crispées, ma poitrine frappée de mille javelots transperçant tout mon être souffreteux : je me souvenais. Je me souvenais de toutes ces émotions ; bonne ou mauvaises, éparses, confuses, sublimées, passionnées, passionnantes, mordantes, érotiques, violentes, sifflantes, embrasées, venimeuses. Si loin de notre présent et pourtant si proches, si impalpables et pourtant bien vivantes... Mon coeur aux abois loupa un nouveau battement tandis qu'un gémissement douloureux s'échappa de mes lèvres blêmes, sous le joug d'une main qui se crispe dans la jungle de mes cheveux d'ébène : l'amour, tel un matador, venait de me mettre à mort. Car le junkie que j'étais refaisait surface lorsqu'il eut vu les traits si éthérés de sa Cassandra. J'avais tout fait, pourtant, pour n'être que maturité face à elle. Tenir le coup par quelques révérences protocolaires, de brefs sourires polis, une mascarade improvisée, un masque de faux-semblants et de ce que je n'étais pas. Mais sous ce voile de bienséance, j'étouffais sous le peu d'oxygène qui me restait... Un nouveau gémissement douloureux avant que je ne me redresse et ne tape violemment du poing sur le bureau, faisant s'envoler quelques paperasses malheureuses. « C'est elle, Lust ? » La voix compatissante et paternelle du professeur ne me mentait pas ; il avait compris que la bête sommeillant en moi et qu'il avait connu cinq ans auparavant venait de s'éveiller, tonitruante et blessée. Un silence pesant plomba la pièce avant que je ne reprenne mes esprits, achevé par cette fatalité qui nous collait à la peau : tant de fois j'avais espéré, à mes débuts, revoir Cassandra. Combien de lettres avais-je écrites sans jamais les lui envoyer... J'aurais tant souhaité lui poser toutes ces questions qui me brûlaient les lèvres et torturaient ma langue : as-tu donné ma boite à musique à ta fille... notre fille ? Comment vas-tu, où vis-tu, que deviens-tu ? Et elle, comment s'appelle-t-elle ? Elle est aussi belle que sa mère, je présume ? Est-ce que tu penses à moi, parfois... ? Haineux envers moi-même, j'acquiesçais d'un signe de tête à l'encontre du professeur avant de me lever : ce dernier soupira d'inquiétude non sans me suivre du regard comme il le pouvait. « Lust, ne revenez pas cinq ans en arrière... » « Je n'irais pas à ce gala. » sifflais-je entre les dents, redevenant un adolescent capricieux alors que je me retournais vers mon interlocuteur. Si cher professeur qui m'avait tendu la main, il y a de cela cinq ans, en France. « Vous avez galamment invité Cassandra et avez su faire face à vos blessures. Soyez gentleman jusqu'au bout, je... » « Je n'irais pas ! » Et sous l'impulsion mauvaise de ma haine soudaine, toutes les feuilles dormantes sur le bureau s'envolèrent dans un fatras cartonneux. A bout de souffle, sentant la colère amoureuse me ronger les entrailles et raréfier son agressivité, je passai une main sur mon visage pour mieux me calmer : seule la douleur me faisait parler. Car jamais je n'avais proposé telle invitation à Cassandra sans même avoir l'optique de m'y rendre moi-même. Mais l'agonie dévorant ma gorge ronde avait eu tôt fait de me faire tout regretter. Tout. De cette journée d'aujourd'hui, à cette soirée étrange passée dans les cachots de l'université où j'avais réellement rencontré Cassandra. Conscient que mon envolée sauvage avait poussé le professeur à se taire, je ressentis soudain une gêne quant à l'irrespect que je venais de lui faire. Non pas que j'étais devenu respectueux de tout et tout le monde, souhaitant me glisser dans un moule parfait au contraire : mais le professeur Courterois était devenu à la fois mon mentor, mon ami, et mon père de substitution par un concours malheureux de circonstances. Sans lui, je ne serais qu'un macchabée décédé par overdose d'héroïne à l'heure qu'il est. Déglutissant difficilement non sans me sentir faiblir – la colère vive ayant ravagé avec tant d'aplomb mon coeur et mes entrailles qu'il me semblait avoir couru le cent mètres – je me tournais de nouveau vers la cheminée, le regard torturé et la voix basse mais noble : « Vous ne direz rien... à Cassandra. N'est-ce pas ? » Le professeur hocha négativement la tête avec sérénité, et comme pour pasticher ses paroles sages, fronça les sourcils d'un air grave : « Mon garçon ce n'est pas à moi de lui dire tous les secrets que vous avez sur le coeur. Vous lui direz tout, lorsque vous vous sentirez prêt. » Humidifiant mes lèvres sèches d'une langue rapide, je soufflais non de soulagement mais de peine, avant de me diriger d'un pas lent vers mon bureau. Ma main fière fila jusqu'à un écrin de bois qui y était posé, et en ressortit une bague en or blanc gravée à mes initiales. La portant jusqu'aux rétines fauves de mon regard, je murmurais un bref : « Quand je serais prêt... », d'une voix suave et étrangement carnassière, avant d'enfiler l'anneau à mon doigt.

***

Un gémissement de plaisir, sucré et capiteux, glissa jusqu'à mon oreille gourmande. Malgré les baisers langoureux échangés avec la belle rouquine, malgré mes mains conquérantes retenant ses cuisses fermes, malgré mon corps plaqué contre le sien qui se tenait raidi contre le mur, je ne parvenais pas à tourner mon esprit vers les monts de plaisir que nous nous apprêtions à gravir cependant. Mon souffle saccadé sous l'impulsion d'une excitation aussitôt retombée, s'était calmé au fur et à mesure que je repensais à ce début d'après-midi catastrophique. Le visage de Cassandra ne cessait de me revenir en mémoire, son sourire, ses yeux clairs, sa peau douce... Hochant négativement la tête, je détachais mes doigts audacieux du corps de mon amante de passage, avant de reboutonner la chemise qu'elle avait pris le soin de défaire allègrement. « Lust... ? » susurra-t-elle dans un souffle hybride, entre le soupir lascif et le gémissement frustré. Ses grands yeux émeraude me dévisagèrent me rhabiller alors que nous n'avions pas même commencé notre petite sauterie improvisée dans les toilettes luxueuses du gala, et se voulaient l'effet d'un crève-coeur. Insensible à la déconvenue de la belle ainsi qu'à son plaisir bridé par mon changement brusque d'attitude, je me contentais de lui siffler un sec : « C'est tout ce que tu sais faire ? » , méprisant et mauvais, rompu par un bref rire cynique. Trop en colère contre moi-même, je n'avais su finalement trouver l'envie ni le désir pour la petite rouquine désespérée qui était venue me chercher : pensant qu'une partie improvisée de jambes en l'air me changerait les idées, je lui avais proposé un aller simple pour le mont des délices lubriques. Mais rien... Cette jeune femme était aussi insipide et fade que le maquillage qu'elle portait. Sous son hoquet d'humiliation, j'ouvris enfin la porte, me dirigeai vers les lavabos pour m'y laver les mains, effaçai un tracé de rouge à lèvres laissé goulument au coin de mes lèvres, et avisai le vieil homme à mes côtés qui se lavait les mains non sans me regarder d'une moue surprise. « Bonne soirée. » Hypocrite, mauvais, venimeux. Je sortis des toilettes non sans entendre derrière moi la demoiselle en pleurs qui rabattait sa courte robe sous le regard déconcerté de l'intrus.

Marchant d'un pas leste, je tirais brièvement sur ma veste classieuse non sans embrasser les lieux de mon regard vorace et glacial. Ce fut une main amicale posée sur mon épaule qui me stoppa dans ma marche altière. « Et bien dites-moi Lust, la dernière fois que je vous ai vu avec un tel regard, vous alliez cambrioler ma maison ! » Le professeur Courterois s'esclaffa d'un rire vrai, attirant mes yeux moins carnassiers et faisant naître ainsi sur mes lèvres désirables un monceau de sourire amusé. « Je ne vole plus les gens, c'est terminé. » soufflais-je de ma voix suave et mordante avant de l'entendre me rétorquer un sage : « Non, à présent vous cambriolez les coeurs des demoiselles » qui acheva d'effacer mon rictus au profit d'une mine plus dubitative. « Ah, Mr Whitaker ! » Mr Osbourn s'approcha soudain,dans sa jovialité bien connue, ventre bedonnant et joues rougies par le bon vin. Coupant ainsi court avec mon étrange conversation tissée avec Mr Courterois, il s'engagea avec le reste de sa cour qui s'attroupa autour de moi, buvant mes paroles évoquant un congrès admirable, un public en haleine, et des suédois un peu stupides sur les bords. Thaïs ma délicieuse compagne, une magnifique brune aux longues jambes, au teint hâlé et au regard de miel, s'égosilla comme les autres, sans jamais vraiment comprendre la tenue de mon discours. Qu'importait, elle sentait bon le sable chaud, et demeurait une véritable déesse sous les draps. Et entre deux de mes monologues captivant l'assemblée, la délicieuse demoiselle daigna tout de même se pencher à mon oreille, toisant d'un regard lourd de reproche mon col impeccable sur lequel elle recherchait vraisemblablement une marque de rouge à lèvres : « Je ne sens pas mon parfum sur toi. C'est celui d'une autre. » Typique des femmes ayant marqué leur territoire... Je soupirais avant de lui murmurer froidement : « C'est le tien, mais tu t'en es tellement aspergé que tu ne le sens plus. Comme toujours. » Faux, bien sûr. Néanmoins mon humeur massacrante m'empêchait de me montrer galant ce soir. Et comme pour me faire un pied de nez , l'ironie pointa le sien lorsque résonna la voix rocailleuse du professeur Courterois, que je n'entendis pas cependant, trop absorbé ailleurs : « Je vous présente Miss Cassandra Ferry, maître des potions à Poudlard et sa fille. » Des « oooh » et des « aaah » mielleux s'attardèrent sur la petite fille entre deux sourires grandement hypocrites, cependant n'ayant pas entendu l'arrivée du professeur et de nos invités – car trop absorbé par une discussion importante avec Mr Osbourn, chargé des missions internationales dans notre domaine – je ne pus assister à l'ampleur insidieuse et creuse de ce stupide spectacle. Ce ne fut que lorsque j'entendis une petite voix parvenir à moi, qu'enfin je coupai court à ma conversation sans préavis : mon regard d'ambre se posa sur la fillette me toisant de ses yeux froids et admiratifs.

Mon palpitant s'émietta soudain sous le portrait que l'on me peignait, à mon insu, sous mon regard retrouvant sa lueur curieuse et rare. Inlassablement, je dévisageais la petite poupée, ayant compris avant même qu'elle n'ouvre la bouche : « Alors c’est toi. Je le sais, je le sens. C’est toi. » Un sourire en coin se dessina au coin de mes lèvres blêmes, et cette complicité étrange et secrète, endormie jusque là sous les cendres du silence et de la frustration, éclata aux yeux de tous. « Tu es très beau. » Des regards avides s'étaient posés sur nous, intrigués par ce curieux spectacle : Lust Whitaker observait longuement une enfant, laquelle possédait ses mêmes cheveux ébène. De surcroit, il lui répondait dans une chaleur aimante qu'on ne lui avait jamais connu : « Pas autant que toi. » Ô temps suspend ton vol, car je tombe amoureux de ces traits : ce n'est pas un amour que l'on prête aux amants, mais le noble sentiment d'un aigle pour son oisillon. Ces cheveux bruns retenus en un chignon sobre, cette mine froide et implacable, cette voix au grain suave faisant écho à la mienne.... exactement la même. Et ces yeux. Ces grands yeux bleus que je connaissais déjà, dans lesquels je m'étais maintes et maintes fois noyé. Sans un regard pour l'homme à qui je remettais, taciturne, mon verre encombrant, je m'accroupissais alors doucement pour mieux me retrouver face à la si belle fillette. Et ce sourire charmeur qui ne me quittait plus, cachant les émois de mon palpitant froissé mais bien vivant. « Comment tu t'appelles ? » « Eydis. » Je sentis ma gorge se serrer d'avantage, comme je saisis la symbolique de ce doux prénom islandais. Je l'avais choisi pour nous, et m'étais contenté de le donner en pâture lors de cet infâme dîner rassemblant Cassandra, son fiancé, ma dulcinée du moment et moi-même. Ainsi, elle m'avait laissé choisir. « Enchanté, Eydis. Moi c'est Lust. » Un autre battement brodé de mille émotions, toutes plus belles et contradictoires les unes que les autres, comme je dépose un baiser subtil et complice sur la main de l'enfant. Oh Eydis je t'ai aimée. Je t'ai aimée longuement, dans le ventre de ta mère, dans le cocon de haine lorsque je pensais à ton père, celui qui t'a élevée. Je t'ai aimée dans tes premiers mots que je n'ai jamais entendu. Je t'ai aimée dans tes rires et dans tes pleurs. Je t'ai aimée dans ce que j'ai oublié de toi. C'est étrange, je t'ai toujours imaginée blonde aux yeux bleus. Comme tes parents, sans doute. Mon palpitant se contorsionne et souffre de cette absence manquée, et pourtant je conserve ce sourire charmant, ce regard mutin, cette assurance inébranlable. « Tu as de très jolis yeux, prinsessa. » « Toi aussi. » « Oui on me le dit souvent. » fis-je non sans hausser les épaules, levant le regard vers le plafond dans une attitude nonchalante pour amuser la demoiselle. « Tu aimes les bijoux ? » La fillette plissa le nez avant de hausser les épaules à son tour, réplique exacte de ma propre gestuelle. « Celui-là, tu vas l'aimer. » murmurais-je alors, ôtant de ma main l'anneau blanc qui m'était si précieux. « Or blanc de Roksilde. Autant te dire que c'est introuvable. Il s'adapte à la forme du doigt de celui qui le porte. Regarde. » Et son regard et le mien, de se poser sur son annulaire minuscule alors que j'y glissais la bague. Laquelle se transforma sous les yeux pétillants de l'enfant lorsqu'elle vit que l'anneau l'habillait parfaitement bien, à présent.

La fillette plaqua ses yeux d'azur sur le précieux bijou tandis que je me relevais, ne quittant pas mes prunelles pénétrantes de la silhouette de l'enfant. Cette impression douce et sereine d'être coupé du monde, se rompit lorsque je sentis la main de Thaïs se poser sur mon avant bras : « Et tu ne cesses de me dire que tu n'es pas prêt pour avoir un enfant. » Un rire creux, tandis que j'interpellais un serveur avec autorité : « Apportez des jus de fruit frais pour la table Une. » Le jeune homme acquiesça avant de repartir aussitôt, laissant la voix coulante de Thaïs s'adresser à Cassandra dans un rire nerveux : « J'aimerais en adopter. Pas les porter bien sûr ! Je n'imagine pas comment vous avez pu en baver pour perdre toute votre cellulite ! Une petite vietnamienne, n'est-ce pas Lust ? Je n'ai rien contre les petites africaines, mais elles sont si.... si... enfin vous voyez. »  « Elle voit surtout que tu es pathétique. » La belle se raidit, me lançant des éclairs peu convaincants par la force de ses yeux de biche portant des faux-cils bien trop longs. « Bonsoir Cassie. » Je la toisais enfin, évitant autant que possible de la dévorer du regard malgré l'attrait indéniable qu'elle pouvait encore avoir sur moi. Ces souvenirs maintes fois enterrés étaient bien vivants, et je ne pouvais m'empêcher de me remémorer les souvenirs gémissants de nos étreintes les plus ardentes. Je ne pouvais cependant dissimuler cette lueur inquisitrice dans mon regard : l'accusant taciturne de me présenter ma fille dans de telles conditions, impropres à l'intimité d'un père et de son enfant.

Le professeur Courterois en profita pour intervenir, offrant son bras à Cassandra et nous guidant vers une des nombreuses tables rondes, drapée de blanc, dressée avec des couverts en argent et des verres de cristal, décorée de magnifiques robes rouges. Un pichet de jus de fruit déjà apprêté pour la plus jeune des convives. « Vous êtes placée à notre table Cassandra, vous et votre fille. Ne prêtez pas attention à Thaïs : elle est aussi stupide que magnifique. Mais je crois que c'est ce qui plait à Lust  : lorsqu'elle parle, il peut tout à loisir penser à autre chose. Et par Merlin, qu'elle parle beaucoup ! » Un petit rire malin s'échappa de ses lèvres ridées comme il invita Cassandra à s'asseoir. Lançant un regard en coin à la jolie blonde, j'avais pour ma part quitter l'étreinte collante de Thaïs pour accompagner la jeune Eydis, placée à ma droite. Je me penchais alors vers l'enfant pour mieux lui murmurer à l'oreille, un secret gardé entre nous : « Si tu t'ennuies, pose des colles à Thaïs. Cela devrait t'occuper un moment. » Ladite Thaïs n'accueillit pas d'un bon oeil nos messes basses et nos rires étouffés, aussi se tourna-t-elle vers Cassandra non sans mettre sa poitrine en avant. Sa beauté. Son arme la plus affûtée lorsqu'elle se sentait menacée. « Madame.. Ledoux. C'est étrange, je ne vous ai jamais vue à une seule de nos soirées organisées. » Tiquant sur le patronyme employé par Thaïs, je demeurais surpris l'espace de quelques seconde, avant de lever mes yeux au ciel dans un soupir las. Je me promettais d'écourter cette discussion pour en venir enfin à tête-à-tête. Parler seul à seule à Cassandra semblait m'apparaître comme une évidence, voire une folie pure... Un besoin, une envie, un désir trop fort que je ne combattais que par le faux semblant de patience que je forgeais. Ignorant le regard malicieux du professeur Courterois qui me toisait du coin de l'oeil, j'ignorais encore qu'il contribuerait à mon désir interdit.
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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeLun 9 Avr - 15:22

Les conversations avaient repris autour de moi mais je ne pouvais me résoudre à y prêter attention, alors que j’avais sous les yeux les retrouvailles d’une fille et d’un père. Et combien je me sentais honteuse de les avoir séparés aussi longtemps. Eydis ne parlait jamais de son père, elle savait que le sujet m’était difficile, et souvent, je me mettais à pleurer, les rares fois où elle avait abordé le sujet. Souvent, je m’étais demandée ce qu’aurait été une vie de famille heureuse et unie. J’avais imaginé un petit cottage en bord de mer, un jardin où Eydis aurait pu courir et jouer avec son père, qui m’aurait demandé en mariage et que j’aurais épousé. Peut être lui aurions nous fait un petit frère, ou une petite sœur, nous aurions pu fonder une famille unie, mais j’en avais décidé autrement. Trop égoïstement, je n’avais pas pensé à ce que pouvait ressentir ma fille sans figure paternelle pour l’aider à s’épanouir. Bien sûr, elle m’avait moi, mais ce n’était pas pareil, il y avait tant de choses que Lust aurait pu lui apporter. A commencer par l’amour d’un père aimant, taquin, et j’en étais sûre doux et protecteur. Les voir ainsi, face à face, me souleva le cœur d’un amour sans pareil, un mélange de tendresse et de passion pour ces êtres qui faisaient viscéralement partis de moi. Je me promis d’avoir une conversation avec Lust pour lui parler de sa fille et lui proposer de la voir plus souvent, et même, s’il le désirait de partager une garde alternée. Bien sûr, le choix d’Eydis était le plus important, mais si elle souhaitait voir son père, je me promis de ne plus jamais lui interdire. Et tandis qu’Eydis regardait d’un œil attentif son père et lui avouait combien il était beau – et Merlin qu’elle avait raison, celui-ci eu un petit rire tendre, loin du masque cynique et froid qu’il avait abordé jusque là. Le sourire d’un père pour son enfant. Au plus profond de mon être, je compris que je m’étais trompée. Lust avait beau avoir tous les défauts que je voulais bien lui donner, il en fut un qu’il ne semblait avoir : la fibre paternelle faisait part entière de sa personnalité, et mon ventre se retourna à cette pensée. Pour mieux me rassurer je m’étais répétée maintes fois qu’il n’aurait pas été un bon père pour Eydis, mais je réalisai soudain qu’il aurait été le meilleur, loin devant tous ces pères trop lisses et fades. Il aurait été le père, celui dont j’avais toujours rêvé pour le fruit de mes entrailles, de nos entrailles, et d’un amour consumé par les flammes d’une passion débordante et chaotique. La petite voix mutine de ma fille vint doucement s’élever dans les airs tandis qu’elle lui avouait le trouver très beau. « Pas autant que toi », la voix de Lust à mes oreilles n’avait absolument rien de familier. Jamais je ne l’avais entendu parler avec autant de douceur et tendresse dans la voix, et quand bien même il m’avait autrefois murmuré des mots doux, ceux-ci avaient toujours été emprunts d’une nuance lubrique qui me faisait tant frissonner. Cette fois ci, cependant, face à ma fille, je pouvais presque entendre nos trois cœurs battre à l’unisson : celui de ma fille qui rencontrait enfin l’homme de sa vie, son père, celui de Lust qui faisait connaissance avec le fruit de ses entrailles, et le mien, inondé d’un bonheur que je ne m’expliquais pas.

« Comment tu t’appelles ? » Je retins mon souffle à la question fatidique. Lorsqu’Eydis répondrait, Lust saurait alors qu’indirectement il avait toujours été présent dans la vie de sa fille. Car ce prénom aux origines islandaises avait été son idée à lui, et je n’avais pu me résoudre à lui donner un nom autre que celui que son père avait désiré. Bien sûr, les circonstances dans les quelles il avait jeté ce prénom sur la table m’étaient encore très douloureuses, mais il n’en restait pas moins que ma fille portait un prénom choisit par son père. C’était de plus un prénom rare, et je voulais que ma fille soit unique. Enfin, la sentence sonna. « Eydis ». Elle avait murmuré ce prénom de façon à peine audible, comme s’il s’agissait d’un secret bien gardé. « Enchanté Eydis moi c’est Lust.» J’esquissai un petit sourire lorsque j’entendis les présentations, car chacun des deux semblaient se connaître depuis des années, comme si ces cinq dernières années n’étaient rien, et que seul le présent moment importait. Ils étaient à nouveau réunis, et je ne savais si je devais me réjouir de cette nouvelle ou bien m’en rendre malade. Eydis avait-elle reconnu son père à sa voix ? Bien sûr, plusieurs fois durant ma grossesse je m’étais entretenue avec Lust, souvent pour nous disputer, mais quelques fois, il avait posé sa main sur mon ventre rond, et peut être ma fille s’en était elle souvenue inconsciemment. Lust déposa un baiser sur les petites mains d’Eydis qui ne bougea pas d’un pouce. Elle était princière dans sa petite robe, se tenant droite, on avait l’impression que le monde se tenait à ses pieds, et sans doute était-ce vrai, car autour deux, les gens s’étaient rassemblés pour mieux observer cet étranger spectacle. Une dame se pencha à mon oreille pour me murmurer avec un fort accent suédois.

« C’est votre fille ? A votre place, je l’éloignerai de Mr. Whitaker. On sait tous qu’il s’agit d’un briseur de cœur. Tout de même, en voilà des façons d’apporter une si petite fille à une telle réception. » Je plongeais mes yeux bleus incendiaires dans ceux de mon interlocutrice, dont le ton suintait l’amertume : une ancienne amante de Lust sans doute, j’en retins un sourire doucereux.
« La nourrice est tombée malade, ce n’est tout de même pas de ma faute.
Vous n’avait qu’une seule nourrice ? Mais dans quel monde vivez-vous très chère ? »

Dans celui où c’est déjà assez cher de se payer une seule nourrice, alors deux, je ne préfère même pas imaginer. Je me retins cependant d’être aussi acerbe, et alors que j’étais sur le point de répondre, mes yeux s’accrochèrent une énième fois sur la beauté interdite de Lust qui s’était alors agenouillé pour mieux être à la portée de ma fille. « Tu as de très jolies yeux », mon cœur se mit à battre plus fort, car à travers ce compliment adressé à ma fille, je sentis une teinte d’amusement dans sa voix : les yeux d’Eydis étaient l’exacte réplique des miens. Ses yeux si clairs s’opposaient à ses cheveux d’ébène, et ne la rendaient que plus merveilleusement délicieuse encore. Je craignais de la voir grandir et de voir de garçons victimes de leurs hormones s’approcher de mon petit trésor. « Toi aussi », répondit-elle au tac au tac. « Oui on me le dit souvent ». Des petits rires et autres chuchotements d’émerveillement s’élevèrent de part en part du groupe qui s’était approché de ce petit tête-à-tête improvisé. Ma fille ne sembla pas se prêter à la plaisanterie, préférant s’approcher un peu mieux pour plonger son regard océanique dans ceux mordorés de son père. « Tu aimes les bijoux ? Celui-là tu vas l’aimer», et comme toutes les princesses de ce monde, la mienne ne fit pas exception et eut un sourire radieux face à l’anneau que Lust lui enfila autour du doigt. Je reconnu l’objet de désir en une seule seconde, pour l’avoir porté un temps. Elle était magnifique, cette bague, autour du doigt potelé de mon enfant. Ma poitrine se serra sous l’émotion. Avais-je le droit de les rassembler ainsi ? N’était-ce pas le début d’une nouvelle descente en enfer ? Egoïstement j’aurais voulu garder Eydis pour moi seule, ne la partager avec personne. Je n’avais jamais eu de véritable famille, et ma fille était devenue l’astre de ma vie. Comment vivrais-je alors si Lust me réclamait la garder alternée, ou pire, une garde pour lui seul ? Il avait les moyens de se payer des avocats tous plus doués les uns que les autres. Et la belle femme qui l’accompagnait dévorait Eydis de son regard ambré. Ma gorge se noua, et je me promis une nouvelle fois de régler mes comptes avec Lust au plus vite.

« Et tu ne cesses de me dire que n’es pas prêt pour avoir un enfant.» La voix cristalline de la beauté divine qui suivait Lust de partout s’éleva dans les airs. Tiens donc, il n’avait pas fait d’enfant à sa sublime créature ? Il n’en voulait donc pas ? Une fenêtre d’espérance d’entre ouvrit dans mon âme assombrie : s’il n’en voulait pas avec sa compagne, sans doute ne me réclamerait-il pas Eydis. Lust, à son habitude, ne répondit pas à la question à la quelle il ne semblait vouloir apporter de réponse, et se contenta de demander du jus de fruits pour la table à la quelle nous allions dîner. Et tandis qu’il continuait de détailler sa fille, la belle plante à la peau bronzée s’approcha de moi d’un pas aérien. « J’aimerai en adopter. Pas les porters, bien sur ! Je n’imagine pas comment vous avez pu en baver pour perdre votre cellulite ! Une petite vietnamienne, n’est ce pas Lust ? Je n’ai rien contre les petites africaines, mais elles sont si…. Si…. Enfin vous voyez. »
« Elle voit surtout que tu es pathétique »
« Être mère est un rêve que tant de femmes partagent. Si vous pensez que porter le fruit d’un amour passionné en votre ventre peut souiller votre corps, cela vous regarde. »

Je fermai la bouche tout à coup surprise de mes propres paroles. Comment avais-je pu me montrer aussi abjecte ? Enfin, Cassandra, reprends toi, ce n’est pas comme ça que tu vas arranger les choses. Je ne compris pas pourquoi je m’étais ainsi comportée, mais au fond de moi, je savais que la jalousie me rongeait. Cette femme avait absolument tout ce que je n’avais pas et n’aurais, à commencer par l’argent nécessaire pour élever confortablement une enfant, un compagnon pour élever des enfants, un corps de rêve, une beauté sans nom. Et voilà que la Cassandra impulsive et froide reprenait peu à peu place dans mon esprit, tandis que je pensais l’avoir éradiquer complètement. Chassez le naturel, il revient au galop. J’en faisais la triste expérience. Je détournai le regard de mon interlocutrice pour mieux me retourner vers Courterois, à côté de Lust qui m’adressa pour la première fois de la soirée la parole. « Bonsoir Cassie. » Ce surnom qui je n’autorisai à personne si ce ne fut qu’à lui résonna à mes oreilles dans une mélodie incertaine mais délicieuse. Ses yeux se plantèrent dans les miens, et je sentis une tension s’élever entre nous. Un torrent de reproches semblaient se déverser dans son regard. Je savais que lui présenter sa fille ce soir n’était pas une bonne idée, en réalité, j’aurais voulu ne jamais la lui présenter, mais la nourrice en avait décidé autrement, et bien sûr, je n’avais pu qu’emmener ma fille avec moi. Je m’approchai de lui doucement et commençai un vague « Je sais que ce n’est pas… », mais je n’eu pas le temps de terminer ma phrase, car déjà, Charles me tendait son bras et m’entraînait vers les tables divinement décorées de rouges et de blanc pures.

« Vous être placée à notre table Cassandra, vous et votre fille. De prêtez pas attention à Thaïs, elle est aussi stupide que magnifique. Mais je crois que c’est ce qui plait à Lust : lorsqu’elle parle, il peut tout à loisir penser à autre chose. Et par merlin, qu’elle parle beaucoup. »

Un petit rire cristallin s’échappa d’entre mes lèvres tandis que je me laissai entraîner vers une table assez intime où seuls dix couverts étaient prévus. Charles me tira une chaise pour que je m’y installe, et alors que j’allais interpeler Eydis pour qu’elle se mette près de moi, celle-ci sembla préférer se mettre à droite de son père qui lui disait déjà des messes basses que je n’entendis pas, mais qui fit sourire ma fille d’un air angélique masquant un sadisme certain. « Madame Ledoux, c’est étrange je ne vous ai jamais vue à une seule de nos soirées organisées ». La voix de la dite Thaïs s’éleva dans les airs tandis que je posai mes yeux sur son décolleté pigeonnait et sa façon de se mettre ainsi en avant. Etait-ce cela, la bienséance ? S’exhiber en public et humilier les nouveaux arrivants ? D’un œillade méchante, je répondis d’une voix que je n’aurais pas voulu aussi froide : « Avec un enfant, on peut beaucoup moins se permettre ce genre de petites sauteries. » J’entendis Charles, à côté de moi, étouffer un petit rire tandis qu’il avalait de travers son vin français. Je tapotai doucement son dos pour l’aider à se remettre, tandis que la voix de ma fille s’éleva une nouvelle fois, cette fois ci, à mon adresse.

« Maman, regarde ce que Lust m’a offert. » Elle tendit sa petite main au dessus de la table pour mieux exhiber le bijou qui trônait fièrement sur son doigt. Je m’emparai de sa main que je serais dans la mienne avec amour, tandis que je regardai sans vraiment le voir l’anneau à la valoir inestimable. « C’est magnifique chérie. Mais je ne suis pas sûre que ce soit véritablement un cadeau. Il te l’a prêté pour la soirée. Tu n’oublieras pas de le rendre. ». Je repris ma conversation avec Charles à propos du ministère français qui n’en faisait qu’à sa tête en ce moment, tandis qu’Eydis, elle, se pencha à nouveau vers son père, et Thaïs qui écoutant d’une oreille attentive. « Tu es riche, hum ? » Je lançai un regard de reproche à ma fille qui savait habituellement mieux se tenir que cela. Elle semblait cependant totalement obnubilée par son père, et voulait en savoir beaucoup plus sur cet inconnu qu’elle compterait dès à présent parmi ses « grandes personnes préférées ». Ce fut d’ailleurs au tour de Thaïs d’être assaillit de questions. « T’as de gros tétés quand même. C’est des vrais ? » Et avec horreur, je vis ma fille se pencher dans le décolleté de la dulcinée de Lust pour juger d’elle-même si la poitrine de la belle Thaïs était vraie ou non. Sans doute ne fut-elle pas convaincue par la réponse car elle enchaîna sur d’autres questions, ou plutôt, des affirmations perçantes. « Tu n’aimes pas les enfants, ça se voit. De toute façon, tu seras jamais ma maman. » Je me levai avec hâte et m’approchai à grands pas de ma fille pour mieux la prendre par l’épaule et me pencher à son oreille.

« Arrête ça, Eydis. Tu avais promis d’être sage. »

Ma fille, aussi têtue que ses deux parents réunis hocha la tête, mais ne promit absolument rien, ce qui ne me rassura pas. Je me relevai et jetai un coup d’œil aux convives avant de m’excuser faiblement : « Veuillez m’excuser, je n’en ai pas pour longtemps. », et je quittai la grande salle de réception pour mieux me diriger vers les toilettes tout de marbre et de dorures. Une fois arrivée devant le lavabo, je m’y accrochai fermement, me sentant douloureuse. Que devais-je faire ? Je devais m’entretenir avec Lust au plus tôt à propos de notre fille. Lui dire qu’il avait des droits, mais le supplier de ne pas me la retirer. Enfin, j’allais lui dire que je me passerai de ses services pour mes cours de potions, car je ne devais pas le voir tous les jours, je savais que cela serait trop dangereux pour mon cœur qui se remettait à peine de toutes ces années de douleur. Oui, je devais faire cela. Et tout irait pour le mieux. Du moins, je l’espérais.

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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeLun 9 Avr - 16:46

Les tacles faites entre les deux jeunes femmes m'amusaient au moins autant qu'elles piquaient ma culpabilité : ce plaisir sadique de voir Thaïs se faire ainsi rabattre son clapet par quelques paroles acérées de Cassandra (et diable que je ne pouvais guère supporter ma compagne en dehors du lit, au point donc de me repaître de ses humiliations), n'avait d'égal que ma prise de conscience soudaine. Mon ancienne amante n'avait jamais été à l'aise dans des soirées mondaines, certes moi non plus par ailleurs, mais dans une toute autre mesure : là où pour Cassandra il s'agissait d'un autre monde, pour moi il ne suffisait que de supporter l'ennui. Plus encore, que ces mondanités me plaisent ou non, je pouvais toujours compter sur les regards admiratifs et les sourires hypocrites, ceux-là même qui avaient toujours rythmé mon adolescence : j'étais chez moi partout. Aujourd'hui encore, je préférais mille fois une boîte de nuit moldue à une soirée fastueuse, mais je ne pouvais nier le fait que champagne et demoiselles en courte robe m'apparaissaient tout autant comme un avantage. Je sentais dans le timbre cristallin de Cassandra, comme un timbre sadique qui s'égrainait au fur de la conversation : il me semblait revivre ignoblement ce fameux dîner à quatre, où tout n'était qu'hypocrisie et faux-semblant. Me refusant de tomber dans ces enfers dantesques qui nous mutilaient d'avantage le palpitant qu'ils nous polissaient l'égo, je ne pus qu'accueillir que d'une moue agacée et d'un soupir glacial, les dires de Thaïs. Egoïstement pourtant, je n'avais pas pris part dans cette bataille : mon attention toute tournée vers Eydis, il me semblait que plus rien d'autre ne comptait. Quel étrange sentiment que de se dire que le joyau que l'on tient, ne sera plus à vous le lendemain... Mon estomac contorsionné par l'idée douloureuse ne me trahit pas cependant ; je demeurais souriant et amusé par cette petite fille audacieuse. Mais demain... Balayant cette pensée de mon esprit, je regagnais avec les autres notre table attitrée. Et dès lors je pus tout à loisir échanger quelques mots avec la fillette... Ma fille. Quoique... était-elle vraiment la mienne, ou portait-elle le nom d'Alan, ainsi que ses valeurs, son éducation, son amour même ? Etrangement, bien que je sentais que la petite mésange n'était pas dupe, je ne me sentais guère poussé des ailes qui m'auraient donné la force de lui avouer d'une voix tremblante d'émotions, que j'étais son père. Je préférais autant que la fillette me voit comme un inconnu, une grande personne parmi tant d'autres : parce que Cassandra l'avait convenu ainsi depuis dès le début. Parce que je m'étais fait à l'idée. Parce que Charles m'avait dit ce jour où tous deux nous étions rencontrés, qu'il fallait savoir libérer les personnes que l'on aimait... Parce que mes péripéties en France n'étaient autre qu'un parcours semé d'embûches pour la retrouver et la demander en mariage. En vain. Conscient de ma stupidité et de mon erreur, j'avais fini par rebrousser chemin. Ce n'était pas aujourd'hui que je m'autoriserais à broyer le bonheur de Cassandra. Quand bien même ce démon rugissant dans ma cage thoracique me hurlait de lui faire du mal, comme elle m'en avait fait : elle était partie... Elle était partie pour mieux revenir fiancée, exhibant son ventre avant de me cacher que j'étais le père du nourrisson. Mon coeur mille fois vint battre la chamade sous cette agonie terrible ; aussi refusant de toiser Cassandra, je reportais mon attention sur la belle enfant. « Maman, regarde ce que Lust m’a offert. » « C’est magnifique chérie. Mais je ne suis pas sûre que ce soit véritablement un cadeau. Il te l’a prêté pour la soirée. Tu n’oublieras pas de le rendre. » Posant mon regard complice sur Eydis, j'esquissais une moue entêtée dans un signe négatif de la tête. Un moyen comme un autre de faire comprendre à la fillette que ce cadeau était sien... Comme quoi, même séparés, même si de tout leur coeur et de tout leur âme les parents se veulent divisibles et ne jamais faire croiser leurs chemins de nouveau, il en subsiste toujours un qui raconte l'exact contraire de l'autre. Et comme pour mimer ma réaction gestuelle, la petite Eydis rétorqua un  « Tu es riche, hum ? » , qui présageait sans doute ce qui se passait dans sa petite tête brune : peut-être avais-je bien assez de bijoux à offrir pour en perdre un, peut-être en avais-je des milliards d'autres chez moi. Je sentais dès lors le regard piqué de sa mère qui lui brûla le visage pour mieux la rappeler à l'ordre, mais bien loin de m'en offusquer, j'accueillis sa question dans un sourire tendre. « On peut dire ça. » fis-je de ma voix suave en haussant les épaules. Je n'avais de toute évidence, jamais été vénal ni partisan du pouvoir du billet vert. Aussi m'étaler sur ce qui était une évidence n'était pas une finalité noble : « Mais on peut être riche de bien des manières. » La petite n'écouta guère longtemps, car déjà elle se retourna vers Thaïs, laquelle toisait de ses yeux de lynx la scène d'une moue dubitative. « T’as de gros tétés quand même. C’est des vrais ? » Et là je ne pus m'empêcher de rire, comme cela ne m'était pas arrivé depuis longtemps, d'un éclat vrai et sincère. Ignorant le couinement offensé de ma compagne tandis que Eydis avisait sa poitrine avec intérêt, je trouvais au contraire la scène très amusante. Preuve en était que je ne pus m'empêcher de répondre à Cassandra lorsque cette dernière, faisant pourtant son devoir de mère, se leva pour la réprimander. « Arrête ça, Eydis. Tu avais promis d’être sage. » « Mais elle l'est. Et elle est surprenante. » murmurais-je d'une voix altière tandis que je posais mes yeux bruns sur la délicieuse enfant.

Quelques secondes seulement pour dévorer du regard cette enfant pleine d'énergie, épanouie et heureuse. Je n'avais su l'imaginer autrement... Quoique dans mes rêves – ou mes cauchemar – elle portait de longs cheveux blonds encadrant un visage d'ange. Et j'avais beau lui tendre la main, la petite ne se retournait que vers Alan, un sourire aux lèvres. La douleur de mon palpitant fut enfoui sous le sens du sacrifice que j'avais érigé : plutôt que de l'imaginer, j'en étais venu à ne plus l'imaginer du tout. A l'oublier. C'est ainsi que j'avais survécu à ces cinq années qui avaient fait de moi un homme aux moeurs toujours lubriques, au sourire toujours aussi carnassier, mais au coeur pansé. « Veuillez m’excuser, je n’en ai pas pour longtemps. » La voix quelque peu tremblante de Cassandra me sortit de ma léthargie : j'eus à peine le temps de lever mon regard fauve sur sa personne, que déjà elle était partie d'un pas leste. Ressentant sa gêne autant que la lourdeur peinée de son âme, je me levais à mon tour dans un bond, me précipitant dans son sillage. « Charles... » murmurais-je à l'encontre du professeur qui comprit aussitôt de la tâche de babysitting qui lui incombait alors.

« Cassie. » Un souffle, un regard, un désir. J'avançais lentement dans la pièce, comme pour respecter son intimité. Mes yeux ambrés ne daignèrent pas se détourner de sa silhouette divine, dévorant ses formes enjôleuses, ses hanches de femme, ses épaules frêles d'une lueur gourmande... bien trop gourmande. Ces démons lubriques du passé s'étaient éveillés pour mon plus grand bonheur, étrangement. Et à mesure que j'avançais, je sentais en mon estomac ce désir grandissant qui investissait tout mon être : de mon coeur jusqu'au bout de mes doigts fins, passant l'antre de mon estomac habité de papillons flottants, je me sentais brûler d'une envie ardente pour elle. Ce désir ne m'avait jamais quitté, il n'avait eu de cesse que de se muer en braises crépitantes avant de s'enflammer, cycliquement comme un tambour rythmant nos vies... Mais à présent face à moi, je ne pouvais nier l'évidence : qu'importaient les blessures, qu'importaient les mises à mort, qu'importait qu'elle soit mariée ou que sais-je, divorcée... Qu'importait tout cela. Seuls nous deux comptions. Car les démons de l'insouciance avaient mis à mal ma raison et le semblant de maturité dans laquelle je me drapais parfois. Au diable les conventions, au diable l'égo, au diable les stupides réactions d'adulte. Je me sentais brûler de l'intérieur, incapable de détourner mon regard de cet ange blond qui s'accrochait si fermement au lavabo, refusant de déployer ses ailes. Sans doute parce qu'elles avaient été éméchées par le temps et la souffrance. Mon coeur vint battre contre ma poitrine dans une envolée sauvage que je ne pus retenir, me faisant perdre mes repères ainsi que toute notion du temps et de l'éthique. « Cassie... » répétais-je alors d'un murmure suave qui se muait en un souffle chaud, tandis que mes mains audacieuses et conquérantes se posaient sur son ventre tant de fois idolatrés. Un soupir de soulagement passa la barrière de mes lèvres dès lors que je l'eus touchée ; telle une libération, un regain d'oxygène, un élan d'insolence et d'amour qui s'ignore. Et mes lèvres désirables de venir caresser son cou blanc, dans des monceaux de baisers d'abord chastes puis enflammés... Bien trop. Je n'ignorais pas que j'allais trop loin, que par un pacte tacite nous nous étions promis de ne jamais plus rallumer la flamme de notre idylle passionnée. Je n'ignorais pas, que je n'en avais pas le droit. Mais n'avais-je pas été, depuis toujours, celui qui violait les codes et les règlements ? « Tu m'as tellement manqué. » murmurais-je à son oreille avant de déposer sur sa joue, l'esquisse d'un baiser alangui.
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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeLun 9 Avr - 18:29

La tête me tournait, je ne savais plus que faire. Je souffrais de son arrivée, son énième arrivée dans ma vie. Pis encore, je souffrais de tout cet amour qui affluait de mon cœur percé d’une plaie béante jusqu’à mon cerveau endoloris par tous ces sentiments bien trop puissants. Comment avais-je pu me laisser ainsi aller ? Comment en étais-je arrivée là ? J’avais été une adolescente torturée, pour qui l’amour n’était qu’un mot, ou bien une sensation, un sentiment qui arrivait aux autres mais pas à moi. J’étais une droguée, une junkie, je couchais dans tous les lits, fumais tout ce qui se fumait, et allais dans les endroits les plus branchés pour y trouver les nouvelles drogues, sorcières comme moldues. Et puis je m’étais calmée, et j’avais juré la chasteté totale jusqu’à ce que Lust rencontre mon chemin. Il avait fait voler ma vie en éclat, et j’en avais été heureuse. Il avait brisé la routine, était devenu mon amant, mon Lust. Malgré toutes ces planètes gravitant autour de lui, je savais que j’étais sienne autant qu’il était mien. Mais l’amour l’avait emporté sur nous, quelle triste ironie du sort. Nos deux palpitants n’avaient jamais vraiment cru en l’amour, et pourtant nous nous étions épris l’un de l’autre dans une passion si violente qu’elle avait finit par nous détruire. Jamais je ne m’étais sentie aussi vivante sous ses mains que sous celles de quiconque. Les nuits torrides passées avec Alan n’étaient que l’ombre d’un véritable amour et me semblaient bien fades comparées à celles passés avec Lust. Il s’était passé tant de choses entre nos deux corps, mais aussi entre nos deux esprits. Il était l’unique personne de ce monde, ma mère mise à part, à connaître mon histoire toute entière. Les coups de mon père, ses mégots de cigarettes sauvagement écrasés sur ma peau rougie par la douleur insoutenable. En cinq ans, je ne m’étais jamais plus offerte à un homme. Bien sûr, on ne chasse pas le naturel, j’avais eu quelques aventures, mais impossible d’aller plus loin alors que mon âme tout entière réclamer la présence d’un autre. J’avais essayé de faire taire cette voix insondable dans ma tête, celle qui hurlait le nom de Lust au milieu de la nuit, celle qui me faisait pleurer sous la douche quand je revoyais les marques indélébiles laissées par des brûlures ardentes. Ne serais-je donc jamais plus heureuse ? L’être humain n’avait il droit qu’à une seule âme sœur ? Quand tant d’autres auraient tout donné pour rencontrer leur moitié, j’aurais pour ma part vendue mon âme au diable pour oublier que j’avais rencontre l’amour unique. Blâmez moi, vous qui rêvez tous du grand amour ne savez pas cependant, que ce qui est pire encore que de ne pas connaître l’alter ego, c’est de le connaître et de ne pas pouvoir vivre avec. Au fil des années j’en avais conclue que Lust et moi étions trop fusionnels pour ne pas nous faire souffrir mutuellement. Que n’aurais-je pas donné pour m’enfuir de cette réception maudite, emmenant ma fille loin de tout, loin du brouhaha et des chuchotis indignés. Je lui aurais expliqué, que son père serait à jamais son père, mais que je ne pouvais me résoudre à le voir, car mon corps entier s’émiettait à chaque pensée que j’avais pour lui, pour nous.

Toujours appuyée contre le lavabo de marbre frais, je laissai couler un fin filet d’eau au quel je me penchai pour mieux me délecter du breuvage essentiel. L’eau fraiche sembla me rafraîchir les idées, et alors que je me persuadai de revenir à la table et de m’y tenir en personne civilisée et surtout professionnel, des bruits de pas ce firent entendre. Je me figeais lorsque je reconnu le pas princier de Lust. Je l’aurais reconnu parmi tant d’autres pour l’avoir guetté tous les soirs de notre idylle, attendant patiemment qu’il me retrouve à mon appartement. Lorsque son reflet apparu dans le miroir au cadre d’or, je retins un hoquet, et un sanglot avorté s’échappa de ma gorge nouée. Il était si beau, dans ce costume finement taillé, si droit, si … divin. Je savais cependant, que loin du Dieu protecteur qu’il aurait pu être, Lust savait revêtir à merveille le costume de Satan, et d’une langue aiguisée faire tomber la sentence lors du jugement dernier. « Cassie. » Pas un reproche, plutôt un souffle, venant frôler ma nuque, d’aussi loin qu’il fut, son haleine enivrante me sembla plus alléchante que jamais. Toujours à travers le reflet du miroir, je plantai mes yeux de velours dans les siens si beau. Mon surnom prononcé me fit frémir d’un frisson insoupçonné. Depuis toutes ces années, il n’eut qu’un homme de qui j’acceptais ce surnom qui me hantait. Chacun s’accordait à dire que le diminutif de Cassandra était Cassie, mais jusqu’à Lust, nul n’avait été assez proche de moi pour avoir le droit de m’appeler ainsi. Malgré tout ce qui s’était passé entre mon ancien amant et moi, il demeurait l’unique personne à avoir acquis ce droit, sans doute jusqu’à la fin des temps. Je le vis s’avancer d’une démarche assurée mais lente, comme pour me laisser le temps de décider, de partir ou de rester. Merlin seul savait ce qu’il allait se passer si je demeurais immobile. Enfin, il fut assez proche pour que je sente son souffle heurter ma nuque dévoilée. Ma peau se mis à suffoquer sous le désir que j’éprouvais à cet instant présent. J’avais l’étrange impression d’avoir déjà vécu une scène similaire, quelque part dans une cave sombre et humide. Un rendez vous interdit, impromptu, et surtout à la vue de tous, mais en cela l’excitation n’était que plus importante et la tension plus palpable. Il n’était plus mon élève à présent, mais inlassablement je m’interdisais de l’aimer, il était avec une autre femme à présent, il avait sa vie, j’avais la mienne. J’oubliai cependant un détail : nos deux vies étaient à jamais liées par la présence d’un enfant. Eydis n’était pas une erreur, à mes yeux. C’était le fruit d’un amour sincère, du moins je le pensais. « Lust je… », mais une main qui n’était pas innocente frôla mon ventre et empêcha toute parole de sortir d’entre mes lèvres entrouvertes. A quoi jouait-il, était l’unique question que je me posais à présent. Un soupir soulagé s’échappa à l’unisson de nos deux bouches cerise, tandis qu’il murmurait une seconde fois mon surnom dans un souffle à peine audible et brûlant de passion.

C’était tellement difficile de se comporter comme une adulte mature, car lorsque le grand amour refaisait surface, nous n’étions plus que des adolescents aux hormonent déchaînées. Je me raidis à ce contact si intime. Une fois, lorsque j’étais enceinte, il avait apposé ses mains sur mon ventre rebondis, chérissant son enfant comme il n’avait jamais aimé quiconque. Et ce soir, cet amour qu’il avait eu pour mon ventre s’était transposé sur sa fille, nôtre fille. Que venait-il chercher dans mon ventre à nouveau vide de toute vie ? Les papillons qui y vivaient et qui y avaient longtemps hiberné se réveillèrent à ce contact si doux, et je me sentis chavirer, appuyant doucement mon dos contre le torse de Lust. Celui-ci vint déposer des baisers de plus en plus brûlants sur la chair tachetée, et je me laissais faire insolemment, imprudemment, victime de l’amour et de l’attraction irrésistible qui reliait nos deux corps. D’un œil transi par la passion, j’observai dans le miroir nos deux corps qui fusionnaient d’une chaste étreinte comme ils l’avaient toujours si bien fait. Longtemps j’avais pensé que nos corps, comme nos cœurs, étaient fait pour s’assembler, jusqu’à ce que nous nous séparions nous-mêmes. « Tu m'as tellement manqué. », et sur ces mots soufflés d’une langueur sans nom, il déposa un baiser esquissé sur ma joue quémandeuse. Que devais-je répondre à ce genre de choses ? Etait-ce un jeu de la part de Lust pour me posséder une nouvelle fois et mieux me laisser seule après ? Il avait mûrit, je le sentais, mais la fougue était toujours aussi présente. Un petit rire cristallin, sincère, envahit d’une joie inédite s’échappa d’entre mes lèvres. « Cinq ans c’est si long. » Je me retournai pour mieux faire face à celui qui avait si longtemps hanté mes nuits. Enfonçant mes mains pâles dans ses cheveux si foncés, je fermai les yeux pour mieux vivre ce contact envoutant. J’avais l’impression de pétrir de la soie, ses cheveux étaient aussi doux que ceux de sa fille. Soudain, un bruit se fit entendre sur notre droite, et d’un geste vif et rapide, j’attrapai la main de Lust pour mieux le pousser dans les toilettes les plus proches. Les toilettes étaient à peu près aussi grands que ma chambre, et j’eu un regard dubitatif pour toute cette dorure. Je n’avais pu me résoudre à lâcher Lust, j’avais trop de choses à lui dire, à lui raconter, à lui demander. A le supplier qu’il le fallait. Immanquablement, en plus d’avoir été mon amant, Lust avait réussit à conquérir ma confiance et à devenir sans doute l’unique confident que je n’avais jamais eu.

Adossée contre la porte, son corps toujours plaqué au mien, je plongeai mes yeux dans les siens pour mieux cerner son état d’esprit. Jouait-il avec moi, ce soir, pour mieux m’oublier demain ? Qu’en était-il de Thaïs, qu’il avait lâchement abandonné avec ma fille qui se donnerait sans doute un malin plaisir à la questionner sur les choses les plus intimes qui soient. L’aimait-il ? Et moi, m’aimait-il, encore ? Posant mes mains sur son torse, recherchant inlassablement le contact entre nos deux corps, je murmurai avec douceur pour ne pas casser l’ambiance si sereine qui s’était tissée entre nous. « Elle est belle, n’est-ce pas… », je voulais amener le sujet de notre fille sur le tapis, je voulais qu’il me parle, qu’il me dise ce qu’il ressentait, ce qu’il voulait faire, d’Eydis, de moi, de nous. Posant ma tête sur son épaule, je fermai les yeux, me laissant enivrer par son odeur si délicate. D’un air absent, je me mis à fredonner l’air qui s’échapper de la boîte à musique qu’il avait confectionné pour notre fille et qui l’avait bercé durant toutes ces nuits où elle appelait son père dans ses cauchemars. Car j’avais entendu ma fille pleurer dans le noir de nombreuses nuits d’automne, appelant son père qu’elle ne connaissait pourtant pas. Je veux papa, m’avait-elle murmuré un soir, mais je n’avais pu me résoudre à appeler Lust et le faire venir. « Si douée, pour son si jeune âge. Si… épatante. Comme son père… » Je relevai subitement la tête pour mieux plonger mes yeux clairs dans ceux sombres de mon bien ange. Je devais lui demander, je devais savoir. Allait-il me l’arracher ? Ou voudrait-il lui rendre visite ? Je ne voulais pas qu’il vienne dans notre appartement, c’était l’unique endroit où je me sentais protégée de tous, de plus il était petit, c’était notre cocon, pas de dorure ni de satin, pas de marbre ou d’argenterie, juste quelques meubles pour habiller l’ensemble. Je m’approchai de la tête de Lust jusqu’à ce que nos nez se touchent. Il était plus grand que moi, mais il baissa instinctivement la tête, me laissant le loisir de me repaître de la courbe parfaite de ses lèvres. « Sommes nous à ce point masochistes, mon amour », le mot doux résonna dans ma langue natale, tandis que je déposai un baiser sur ses lèvres si sucrées. Un baiser chaste, mais d’une infinie tendresse. Un baiser qui voulait tout dire, qui lui signifiait que je ne l’avais pas oublié, que je ne l’oublierai jamais, mais qu’il était libre à présent, que je ne voulais plus être ses fers, enchaînés à ses pieds. Nous faire mal, n’était-ce au fond pas ce que nous avions toujours le mieux réussit à faire ?
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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeLun 9 Avr - 19:32

Je n'avais que faire des conventions et des blessures ancrées de mon âme qui l'avait tant haïe pour tout le mal qu'elle m'avait infligée ; cette envie vorace de l'avoir pour moi, que je pensais éteinte depuis tout ce temps, n'avait eu de cesse en vérité que de se nourrir de cette peine et d'enfler de plus en plus. Et à la voir si belle dans ses atouts de nuit, si martyr et crucifiée, je n'avais su me retenir ni mater mes démons lubriques. De mon souffle chaud qui se saccadait, à mes baisers brûlants couvrant l'épiderme laiteux de son cou, je ne parvenais plus à m'arrêter. L'appétit m'avait tenaillé depuis cinq longues années, aussi je me faisais l'effet d'un crève-faim qui n'en pouvait plus de se repaître de sa peau. Ma belle Cassandra, si elle ne s'était pas retournée sagement, aurait sans doute du subir la montée licencieuse de mes envies houleuses : je ne souhaitais plus que la dévorer comme le lion croque les ligaments de l'agneau, m'abreuver de ses lèvres jusqu'à plus soif, sculpter son corps jusqu'à ce que mes paumes chaudes ne soient repues que de sa peau. Relâchant mes démons lubriques et ma bienséance, je n'avais su faire autrement que me jeter à son cou : était-ce sage ? L'un comme l'autre n'ignorions pas que nous ouvrions de nouveau les portes de nos enfers à nous comporter ainsi, tels deux adolescents insatiables. « Cinq ans c’est si long. » Un sourire au coin de mes lèvres que je mutilais de mes incisives voraces ; un gémissement léger pour toute réponse et qui ne trahissaient que trop bien les émois d'envie lubrique qui m'assaillaient. Et ce palpitant aux abois, cognant vaillamment contre ma poitrine à ne plus en pouvoir... Je ressentais de nouveau les conséquences inquiétantes de l'héroïne : paumes moites, palpitant tourmenté, souffle saccadé, raison annihilée. Mes mains conquérantes se posèrent sur ses hanches graciles, tandis qu'enfonçant mes doigts envieux dans sa chair blanche, je ne demandais plus qu'à faire qu'un avec elle. Tacitement. Langoureusement. Une supplication muette exprimée par mon corps tout entier se plaquant alors au sien. Emporté par les cris d'un myocarde convaincu et mes démons lubriques appelant à l'acte charnel, j'allais pour voler un baiser alangui à l'ancienne amante lorsque cette dernière me poussa soudainement dans les toilettes les plus proches. Retenant mon souffle, je tendis alors l'oreille à la recherche d'un bruit suspect. Néanmoins mon attention affûtée fut de courte durée, car bien vite je reposais mon regard de fauve sur la belle Cassandra. Mon corps contre le sien, quémandeur d'une danse ondulante dans laquelle nous nous appelions charnellement.

Un gémissement de nouveau, plainte lubrique échappée de mes lèvres désirables, tandis que je dévorais son cou une nouvelle fois, mes mains se faisant étau de ses hanches avant de descendre suavement le long de ses cuisses. « Elle est belle, n’est-ce pas… » Il me fallut quelques longues secondes pour entendre les mots de Cassandra, murmurés en un timbre adouci et sucré : comprenant enfin qu'elle me parlait de notre fille, je fis l'effort surhumain de taire mes pulsions, relevant mes yeux sombres sur l'ancienne amante. Sur la mère de ma fille. « Bien sûr qu'elle l'est. » soufflais-je à bout de souffle, comme ayant couru le cent mètre alors que mon manque d'oxygène n'était du qu'à la valse sensuelle des démons s'agitant en moi. Pour autant je me sentis partir dans un tourbillon d'émotions brutes, lorsque Cassandra posa sa tête blonde sur mon épaule pour mieux chantonner une musique lente et douce. Taciturne, je me contentais de m'enivrer de son parfum vanillé, de me délecter de la présence de son corps contre le mien, de l'écouter éternellement chanter. Cette passion violente et enfiévrée me quittait peu à peu pour plus de tendresse et de dévotion : depuis toujours, je n'avais été qu'un prosélyte converti à sa beauté. Aujourd'hui j'étais le fidèle qui se contentait des battements de son coeur, du frémissement de ses cordes vocales, des effluves de son parfum. Puis enfin, je la reconnus ; cette mélodie s'élevant doucereusement jusqu'à mes oreilles gourmandes. La boîte à musique que j'avais confectionné un jour pour l'amour de ma vie, et celle que j'avais offerte à ma fille. A défaut de pouvoir lui offrir ma présence. Sur ces pensées, mon estomac se rétracta de mille pensées coupables et douloureuses avant que je n'étreigne un peu plus Cassandra contre moi. « Si douée, pour son si jeune âge. Si… épatante. Comme son père… » Un bref sourire, entre le soulagement et la douleur, pointa sur mes lèvres carmin qui vinrent caresser la coupe des siennes. Etions-nous devenus fous... Ces retrouvailles interdites avaient un goût de bonheur et des arômes dantesques : qu'adviendra-t-il demain. Et comme si Cassandra avait lu dans mes pensées, voilà qu'elle déposa un baiser sur mes lèvres qui en demandaient encore. Accueillant sa bouche galbée moins chastement que je ne l'aurais du, je me contentais de soupirer de frustration. « Sommes nous à ce point masochistes, mon amour » Je frissonnai de plaisir à l'entente de ce surnom susurré en français. Cinq ans que je ne l'avais plu entendu, voire plus. Et comme si ces simples mots avaient amorcé la débauche érotique de mon être tout entier, je me calais plus encore contre le sien, si toutefois cela était encore possible. « C'est la douleur qui nous rend vivants. On a toujours cru que nous allions mourir jeune, Cassie. On était faits pour souffrir à deux. » Un dernier sourire avant que mes lèvres ne viennent chercher les siennes de nouveau, dans un baiser fougueux et alangui, déchaînant dans son sillage l'audace de mes gestes les plus déplacés. Mes mains jusque là trop sages explorèrent avec douceur mais effronterie le corps de ma Cassandra, cherchant à passer outre le tissu de sa robe. Je sentis pourtant soudain sa main repousser doucement son torse ; plongeant mon regard sombre dans le sien, je ne pus y lire que des inquiétudes. Ces mêmes angoisses qu'elle tentait de me dire vainement depuis le début : « Je ne compte pas te l'enlever. Je veux t'enlever toi. » Un sourire insolent, un regard immature, voilà que nous retrouvions notre témérité effrontée d'antan.
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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeLun 9 Avr - 20:24

Son corps n’en pouvait plus de frôler le mien dans une ampleur lubrique qui nous dépassait entièrement. J’avais cette impression que nos corps étaient faits pour s’aimer, pour se faire l’amour, pour se détruire et s’aimer à nouveau dans un cercle infernal mais vicieux qui n’avait dès lors ni début ni fin. De ce jour où il était venu me réveiller dans ma chambre d’un baiser volé, il ne restait de nous que des souvenirs, car nous avions changé. Et je ne pense pas que nous étions meilleurs qu’autrefois. En réalité, nous étions bien pires : à présent, nous savions que cela nous faisait souffrir de nous aimer, de nous toucher, de nous parler, et pourtant nous continuions à renouveler l’erreur, l’erreur de nos vie, la fatale erreur. A nos débuts, nous ne savions pas que nous allions avoir si mal, mais à présent, nous en étions conscient, et pourtant nous nous lancions à nouveau corps et âmes des ces tourments de l’enfer qu’étaient l’amour entre nous. Cet amour interdit que nous chérissions tant. Ce baiser volé, bien sûr, n’était pas si chaste que je le voulais, il était plein d’amour et de haine envers nous, de passion et de destruction, de volonté d’en finir et pourtant de rester dans le coffre de ses bras protecteurs. Et quel étrange sensation que de ce sentir en sécurité dans les bras-mêmes de mon bourreau le plus certain. J’offrais ma nuque à sa hache aiguisée, mais la sentence ne tombait jamais vraiment, on attendait, dans l’insoutenable, mais jamais, Ô grand jamais, la punition était jetée, car nous aimions trop souffrir pour mettre un terme à cette idylle chaotique. Nous étions venus dans ce monde pour cette histoire d’amour, et y mettre un terme signifiait, bien évidemment, mettre un terme à nos vies. Ses mains aventurières glissèrent sur mon corps frissonnant qui en redemander, toujours plus, dans une insatisfaction permanente, je semblais me nourrir de ces caresses impudiques. Je n’éprouvais cependant aucune honte, aucune pudeur quant à ces mains inquisitrices qui vagabondaient sur mon corps. Elles connaissaient mon corps, mes brûlures, chaque grain de beauté par cœur, et, osais-je le dire, sur les bouts des doigts. Mes mains glissèrent doucement sous sa chemise tandis que j’effleurai cette peau de satin que j’avais tant chéri, et embrassai doucement le cou tendu de mon ancien amant.

« C'est la douleur qui nous rend vivants. On a toujours cru que nous allions mourir jeune, Cassie. On était faits pour souffrir à deux. »

Mon cœur me criait qu’il avait raison, quand mon esprit murmurait que je devais m’en aller avant de mourir encore d’amour pour cet ange de la mort. Cet être de lumière qu’était Lust m’attirait comme la flamme d’une bougie attire un papillon, mais tôt ou tard je me brûlerais les ailes que j’avais mis tant de temps à confectionner. Pourquoi ne pouvions-nous pas nous aimer sans souffrance ? Etait-ce à ce point un oxymore dans autre vie que de s’aimer dans le bonheur ? Comme si, à l’instar de l’eau et de la nourriture, la douleur nous était vitale pour continuer d’avance. Le gouffre sans fond dans le quel nous nous jetions consciemment n’en finissait plus de s’agrandir sous la virulence de ces sentiments si longtemps bridés. Avions-nous le droit ? Les règlements n’avaient jamais été très respectés lors des nuits lubriques que nous passions, parfois même au détour d’un couloir autrefois, fallait-il mûrir et s’assagir pour être une personne respectable, respectée et respectueuse des lois et autres futiles règlements ? Je n’arrivai plus à penser tant les caresses incessantes de Lust me faisaient frémir d’un frisson que je n’avais pas ressenti depuis longtemps. Je me sentais languir, et plus il me touchait, plus j’avais envie d’aller plus loin, plus cela me faisait mal, et plus j’en redemandais. Oh oui, mon amour, fais moi-mal, brise mon cœur, mutile mon âme, achève mon corps, que ne ferais-je pas pour une seconde de plus dans tes bras si dangereux. Mon dos plaqué contre la porte froide, je montai d’un air alanguis ma jambe contre celle de Lust, pour mieux lui permettre d’enfoncer ses doigts investigateurs dans ma chair si blanche. Et puis, l’image d’Eydis revint en ma mémoire, et je me souvins de pourquoi j’étais là, et ce dont je voulais parler à Lust. Dans un ultime baiser, je reculai doucement la tête, aussi loin que pouvait me permettre la proximité intime qui s’était crée entre nous, et plongeai mes yeux dans ceux de Lust d’un air supplicié. Je n’eu pas le temps de lui avouer mes craintes, car déjà, il avait murmuré les mots que je voulais entendre. Etait-ce en cela que nous étions si complémentaires ? Tant fusionnels que je n’avais pas besoin de lui parler pour qu’il comprenne d’une seule œillade mes inquiétudes ? « Je ne compte pas te l'enlever. Je veux t'enlever toi. »Un rire mutin et enfantin s’échappa de ma bouge entrouverte, soufflant l’air trop longtemps retenu dans mes poumons. Etait-il sincère ? Je m’interdisais sitôt d’en douter, et déjà, la seconde partie de sa phrase chassa mes inquiétudes comme un vent fait s’envoler quelques feuilles mortes tombées trop tôt.

En seule réponse, je passai mes deux bras de chaque côté de sa tête pour mieux l’attirer contre moi et l’embrasser langoureusement jusqu’à que nos deux souffles s’entremêlent et ne se lâchent plus. Mes mains tombèrent le long de son torse tandis que je déboutonnai habilement sa chemise trop couteuse, et embrassai son cou, ne m’interdisant aucun plaisir, et laissant ma langue vagabonder sur ce cou trop souvent victime de baiser d’intruses. Quoi qu’il en dise, Lust était véritablement à moi, et qu’importait toutes ces femmes qui avaient pu glisser leurs mains sur ce corps de dieu grec, il n’en était pas moins ma propriété et ce, jusqu’à la fin des temps. Plongeant un regard sauvage dans celui de Lust, lui mordant une dernière fois sa lèvre jusqu’à ce qu’une goutte de sang s’en échappe, je murmurai avec effronterie.

« Quitte la Lust. Quitte cette femme, qu’est-elle pour toi ? »

Comme toujours lorsque je me trouvais avec Lust, j’étais envahie par ce sentiment que le monde entier était à mes pieds, seul Lust cependant qui me transcendait de sa splendeur si pure. Je voulais qu’il quitte ce qui lui servait de compagne, je voulais qu’il m’emmène loin de tout, en Islande, loin de ma mère, de cette mondanité, des galas où je n’avais pas ma place, et osais-je le répéter… loin d’Eydis. J’aimais ma fille, bien sûr, elle était sans doute la personne la plus importante à mes yeux, mais ce soir là, contre le corps de son père, je me sentais renaître de mes cendres à la manière d’un phoenix. Je voulais revivre l’amour passionnel, même si je devais en souffrir après. Je voulais connaître une nouvelle fois la volupté éphémère, et la douleur de la redescente en enfer. A nouveau, je redevenais accro à une drogue, Lust était redevenu mon injection d’héroïne quotidienne. Demain était un autre jour, bien sûr, et sans doute penserais-je que tout cela n’était qu’un rêve, mais j’avais tant besoin de rêver. « J’ai toujours su que tu étais mien… autant que je suis restée tienne. » Avouer ainsi quelque chose d’aussi intime aurait pu sembler à quiconque prématuré, au vu de ce qu’il s’était passé entre mon ancien amant et moi, mais aucun secret n’avait jamais eu sa place entre lui et moi, et ce soir encore, je n’avais pas peur de lui confier mes sentiments. Evidemment, il aurait pu s’en servir, m’humilier, mais qu’était l’humiliation à côté de la mort lente que j’avais vécu après notre séparation ? Je l’embrassai une énième fois, laissant mes mains vagabonder jusqu’à sa ceinture sur la quel je tirai d’un petit coup pour mieux la faire glisser sous mes doigts. Remontant doucement contre la porte, j’entourai de mes jambes inquisitrices la taille de mon ancien amant, et alors que nous allions nous abandonner au pêcher charnel, des bruits de talons hauts sur le sol de marbre résonnèrent dans toute la pièce.

« Lust ? Où es-tu, tu es parti depuis un moment et … Lust ? »

Je me relevai brusquement lorsque je reconnu la voix mielleuse de Thaïs derrière la porte. Je laissai échapper un souffle de frustration, replaçant une mèche derrière mon oreille aux aguets. Plantant mes yeux dans ceux de Lust, je l’interrogeai silencieusement du regard : était-il prêt à continuer malgré sa cher et tendre derrière la porte ou bien était-il trop lâche et trop sage pour cela ? Je préférai décider pour lui afin de ne pas être déçue. Je replongeai ma main vers sa ceinture, tandis que j’embrassai avec passion la chair de son cou que j’attaquai à coup de dents joueuses. « Lust ? Chéri ? Si tu es encore avec … » mais je n’entendis pas le reste de la phrase, bien trop occupée à embrasser chaque passerelle de la peau de Lust qui se mettait en travers de mon chemin. Resserrant un peu plus mes jambes autour de lui, je déposai des milliers de baisers sucrés sur ses lèvres, tandis que mes mains n’en pouvaient plus de cette ceinture qui sauta finalement pour finir sa course sur le sol dans un bruit sourd. J’esquissai un petit sourire et réprimandait un rire nuancé de luxure. « Oups… »
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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeMar 10 Avr - 18:51

Ses lèvres divines réclamaient les miennes dans une caresse alanguie, de celles qui dévorent et qui apaisent à la fois, ses mains mutines quémandaient le toucher de mon torse ainsi dévoilé à ses yeux de louve, son rire amoureux qui transcendait mon monde, ce corps mille fois parcouru mais dont je ne me lassais jamais... Et ce palpitant battant un rythme sanguin contre ma poitrine haletante, à la pointe d'un désir lubrique qui l'étreignait de mille désirs à m'en rendre fou. BAM BAM BAM. Je frémis sous la coupe de sa bouche framboisine, je m'en abreuve, je m'en nourris. J'idolâtre son haline capiteuse et sa langue joueuse qui vient danser suavement contre la mienne, j'adule ses doigts fins qui s'accrochent alanguis à ma chemise défaite, je déifie ses jambes tremblantes qui remontent conquérantes contre les miennes... BAM BAM BAM. Mon coeur se noie dans ces effluves libidineuses, j'aime autant que je désire. Ce n'est pas seulement charnel, érotique, brut d'émotions. C'est aussi une histoire sublimée de sentiments, de passion, d'adulation amoureuse : je t'aime comme je te détruis. Je te détruis comme je te fais l'amour. BAM BAM BAM. Cesse, c'est assez. Tes baisers m'achèvent et m'arrachent des gémissements incontrôlés, je veux te dévorer toute entière de ton corps à ton âme, consumer tes courbes de mes mains inconvenantes, je veux voler tes baisers, tes frissons et tes plaintes suffocantes, je veux t'arracher un orgasme frémissant par la violence pécheresse de mes doigts parcourant ton corps de femme. Je te veux toi dans ton absolu, dans tes qualités et tes défauts... Et mon corps pressant contre le tien soumet ces désirs insensés qui me traversent l'esprit ; je veux t'entendre gémir, ma Cassandra, par le trop plein de plaisir et de jouissance que nous soufflons sur nos plaies béantes. « Quitte la Lust. Quitte cette femme, qu’est-elle pour toi ? » Passant brièvement une langue humide sur mes lèvres mortifiées par sa divine morsure, je la toise un instant d'un sourire enjôleur tandis que mon regard de fauve ne daigne plus quitter l'antre bleu de ses rétines : je ne dis mot car il me semble que le plaisir et notre furieuse jouissance priment sur toute autre chose. Je nous désire seuls, le monde entier à la porte de notre bulle si fragile qu'il me semble l'entendre déjà vaciller sous le trop plein de questions qui assaillent nos esprits. Taciturne, je ne lui offre qu'un bref rire amusé alors que j'enfouis ma tête brune au creux de son cou de cygne, quand du bout de la langue j'humecte cet épiderme satiné que je découvre avec appétit. Et plus la belle frissonne et tremble sous la vague de plaisir interdit, plus je descends ma course vers sa poitrine rebondie que j'ai si souvent chérie. Un gémissement étouffé pour une délectation dont je me repais savoureusement, et ma main s'épanche déjà sur ces formes féminines que j'aimerais délivrer de leur étroite prison de tissu. Je sens sous ses frémissements alanguis qu'elle se délecte avec enthousiasme de l'appétit de ma langue joueuse, pour autant cette retenue angoissée que je ressens tout autant m'oblige à souffler un bref et rapide : « Rien. Elle n'est rien. » , sincère mais cruel, murmuré suavement pour mieux la libérer de ses questionnements qui brident sa jouissance.

« J’ai toujours su que tu étais mien… autant que je suis restée tienne. » Un frisson lécha mon échine sous ses paroles si véridiques. Je n'en étais pas si certain, mais il me semblait avoir murmuré un « Toujours... » étouffé par la tiédeur de mon désir et cette opprimante envie qui accablait ma poitrine d'une lourdeur chaude et violente. Plus nous nous laissions aller aux caresses libidineuses, et plus mon souffle s'estompait, mes démons lubriques rugissaient, plus mes doigts s'enfonçaient dans sa chair blanche et parcouraient sa peau de martyr, passant la barrière des tissus et glissant là où la bonne éthique l'interdisait. Accablant ma Cassandra de monceaux de baisers fiévreux, je ne pus m'empêcher de la caler contre le mur raidi, pressant mon corps impatient contre le sien afin de lui donner un point d'appui, prêt à céder au pécher charnel. Mes mains impudentes remontèrent le long de ses cuisses jusqu'à hauteur du tissu de dentelle qui s'acharnait à dissimuler l'intimité de ma belle ; un sourire pointa sur mes lèvres carnassières lorsque j'eus approché le sanctuaire tant désiré, dévorant de mes prunelles insouciantes le regard azuré de Cassandra. Ce regard affamé qui affirmait, conquérant, que j'allais me repaître de ses gémissements et de ses plaintes suffocantes jusqu'à ce que jouissance ne se fasse. Et tandis que l'intrigante faisait sauter la boucle de ma ceinture, je m'affairais fougueusement à remonter cette robe encombrante à hauteur de ses hanches galbées, jouant de ses courbes et de ses contre-courbes de la pointe de mes doigts affamés. Ses cuisses encerclant alors ma taille n'attendaient plus que la délivrance jouissive finale ; je la sentis se cambrer de plaisir à chacun de mes soupirs pressants et capiteux. « Lust ? Où es-tu, tu es parti depuis un moment et … Lust ? » Il me fallut quelques longues secondes, trop épris de Cassandra et dépendant d'un désir insatiable, avant de comprendre que Thaïs était entrée ici. Ôtant mes lèvres enfiévrées de celles de mon amante, je pointais mon regard fauve sur la porte fermée – fort heureusement – non sans un grognement de frustration. A cet instant, j'en voulais considérablement à cette intruse, ma propre compagne, de rompre un moment si sensuel et enivrant. Je n'avais plus que l'envie de l'intimer de partir loin, et de ne jamais revenir... Ce que je m'apprêtais d'ailleurs à faire, prêt à me défaire de l'étreinte de Cassandra pour mieux virer Thaïs des lieux, furieux et ayant probablement perdu la raison. Mais ma jolie blonde désamorça mon geste, anticipant mes réactions, et dévora mon cou de milles morsures alanguies qui vinrent aussitôt me faire changer d'avis. « Lust ? Chéri ? Si tu es encore avec … » Je n'écoutais plus rien, si ce n'étaient nos gémissements étouffés par des baisers fiévreux. Nos corps ondulants se moquèrent de Thaïs, alors que je berçais les courbes féminines de Cassandra par mes mains s'affairant sur sa peau frémissante. Un rire mutin passa la barrière de mes lèvres assoiffées ; je ne souhaitais plus que mes doigts l'écorchent à vif dans la plus pure jouissance, qu'elles extraient toutes les échardes piquées dans son âme, là dans cette lumière ocre. Et il me semblait entendre des talons colériques claquant le sol pour mieux faire demi tour, une porte qui s'ouvre violemment et qui se referme dans toute la brutalité possible, explosant son courroux sous le joug de nos plaintes lascives. Qu'importait. Car la ceinture était tombée, et nos reins hurlant de frustration jusque là, furent bientôt repus par la beauté d'une danse ondulante suintant la sueur de nos organes. L'extase à son apogée, le délice de deux corps se faisant l'amour après s'être si longtemps perdus, l'implosion de deux coeurs battant à l'unisson.

***

Mes grands yeux fauves se posèrent sur le professeur Courterois, habillés d'une fausse candeur qui dissimulait l'insondable plaisir de l'entrave auquel je m'étais adonné quelques minutes plus tôt. Chemise reboutonnée, veste lissée, cheveux quelques peu ébouriffés certes, mais cette mimique innocente voilait mon visage de grand acteur alors que nous venions de quitter les toilettes, l'un après l'autre. Comme si rien ne s'était passé. Nous ne nions aucunement l'adultère ainsi fait avec tant de passion, de tendresse, et oserais-je le dire, de violence – car je ne pus retenir cinq anq ans de désirs refoulés et d'amour enflammé bien longtemps – néanmoins je nous soupçonnais de nous complaire dans l'excitation du secret. « Thaïs est partie ? » soufflais-je alors à Charles, dans une fausse intonation étonnée. « Comme une furie. » répliqua le professeur de sa voix rocailleuse et lente. « Elle a dit qu'elle rentrerait chez vous, mais qu'il était hors de question que vous n'en passiez le seuil. » Le vieil homme m'observa d'un oeil plein de réprimandes, comprenant de ce fait que j'avais grandement offensé ma compagne et que j'étais allé trop loin. Un soupir agacé s'échappa de mes lèvres alors que je regardais ailleurs, l'air irritable.« Quelle garce. » Il s'agissait encore de ma villa, me semblait-il, adultère ou pas. Néanmoins je n'étais guère d'humeur à m'apprêter à des disputes ce soir. Aussi je préférais autant trouver un toit ailleurs que me rendre chez moi. « Viens dormir à la maison. » Cette petite voix suave attira mes yeux flegmatiques sur la silhouette de la frêle Eydis. Et oh combien j'aurais aimé accéder à sa requête, sentant à mes côtés le frémissement subtil de Cassandra à qui je ne pouvais plus m'empêcher de voler quelques caresses par des frôlements discrets. « Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée. » soufflais-je avant de perdre mon regard vers la porte de sortie, convaincu encore et toujours que Mr Ferry devait probablement les attendre dans leur cocon douillet. Je n'avais pas encore pris l'initiative de fouiller de mon regard les doigts de Cassandra, à la recherche d'une alliance. Pas plus que je n'avais écouté ses conversations avec le professeur Courterois. Sans doute que je me refusais tout simplement à me confronter à la réalité, assailli par la peur égoïste de les voir former une famille unie. Même après ces étreintes passionnelles.
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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeMar 10 Avr - 20:02

Nous n’avions pas pu nous retenir, nous avions cédé à l’envie, au désir, à la passion, et peut être même à l’amour que nous nous portions. Nous portions nous seulement de l’amour ? Longtemps je m’étais demandée si ce qui nous avez lié, Lust et moi, était réellement de l’amour ou bien la passion excitante d’une relation interdite. De toute façon, je crois que je ne voulais pas savoir, pas ce soir, pas maintenant alors que Lust m’étreignait avec rage, et douceur à la fois. Ciel que son corps m’avait manqué, autant ses mains inquisitrices et ses lèvres si douces. Et alors que Thaïs tournait les talons, n’obtenant aucune réponse, Lust sembla l’écarter totalement de son esprit pour mieux me faire sienne dans ces toilettes de luxe. Si j’avais honte ? Non, je n’étais pas de celles qui culpabilisaient pour avoir couché avec un homme pris, en fait, j’étais de celles qui se délectaient de voir les hommes s’intéresser plus à moi qu’à leur pétasse dénudée. J’avais compris depuis longtemps que l’argent ne faisait pas tout, la séduction était un atout chez les femmes, plus que l’argent et le luxe. Nous nous abandonnions donc au plaisir charnel sans aucune retenue, je sentais mon dos cogner sauvagement contre la porte, ses ongles s’enfoncer dans mes cuisses blanches et ondulantes, ses lèvres se disputer mon cou, tandis que mes mains fourrageaient dans ses cheveux tant chéri, et ma langue forçant le passage de ses lèvres entrouvertes. Le temps semblait s’être suspendu, comme si le gala n’avait pas lieu, comme s’il n’y avait que lui et moi, dans cette cabine, notre cocon, cette bulle pourtant si perméable au monde qui nous entourait. Et puis, la jouissance, l’orgasme, le mont plaisir fut atteint et j’explosai dans des gémissements longtemps refoulés, et longtemps oubliés. Jamais en cinq ans je ne m’étais autant laissée aller dans les bras d’un homme. Une nouvelle fois, Lust était mon libérateur. Mes jambes redescendirent sur la terre ferme, et ma robe recouvrit mes cuisses rougies par ses mains qui les avaient sculptées. D’un œil amusé, j’embrassai peut être pour la dernière fois ses lèvres rouges, avant de sortir et de murmurer un bref « Attends deux minutes avant de sortir », et je filai déjà en direction du miroir le plus proche où je refis ma coiffure tombée en ruine sous l’assaut des mains de mon bel amant. Rajustant ma robe, je finis par sortir et regagner la table, juste à temps pour croire Thaïs qui me jeta un regard noir et à qui j’adressai un sourire radieux et un « Bonne soirée » hypocrite. Je regagnai la table où se trouvaient Eydis et le professeur Courterois absorbés dans une conversation sur les ours en peluche pas assez doux au goût de ma belle princesse. Je m’assis à table, et adressai un petit sourire à Charles qui ne dit rien, mais qui semblait en savoir bien plus qu’il ne semblait l’admettre.

Deux minutes plus tard, Lust revint, chemise boutonnée, veste à peine froissée, cheveux légèrement ébouriffés, comme si de rien n’était. Nos regards se croisèrent brièvement, tandis qu’il reprenait place à côté de ma fille, de notre fille. La voix de Lust s’éleva de manière à peine audible alors qu’il s’adressait à Charles pour savoir où était passée Thaïs. D’un air amusée, je jetai un coup d’œil par la porte d’où j’avais vu s’enfuir la belle plante à la peau de miel. Finalement, la soirée avait été bien plus enrichissante que prévue, et immanquablement, je redevenais peu à peu la Cassandra que j’avais été, un autre temps. Le femme fatale, passionnée, amoureuse, et surtout jalouse de voir d’autres femmes tourner autour de sa proie. Bien sûr, Lust était plus qu’une simple proie, il était aussi mon prédateur, et sans doute étais-je folle de lui pour cela, pour le danger qu’il représentait pour moi à chaque instant, le danger de briser à nouveau mon cœur. C’était excitant, et jamais je n’avais tant sentit mon cœur battre si fort, et être si vivant. Ecoutant d’une oreille distraite ce que le professeur français répondait, je jetai un coup d’œil à Eydis qui m’adressa un sourire radieux. J’avais l’étrange impression que ma fille, loin d’être stupide, sentait que l’atmosphère avait changé entre son père et moi. Nous ne cessions de nous lancer des regards furtifs, mais certainement pas cupides, et parfois nos mains s’effleuraient discrètement, loin des regards des autres, quelque part perdu sous la table. Mon pied glissa doucement jusqu’à sa jambe que je frôlai doucement avant de le laisser finalement tranquille lorsque j’entendis les dernières paroles de son interlocuteur. « Elle a dit qu'elle rentrerait chez vous, mais qu'il était hors de question que vous n'en passiez le seuil. » Je posai un regard intéressé sur le vieux professeur, avant d’observer la réaction de Lust. La petite furie ne manquait pas d’air de mettre ainsi à la porte son compagnon, elle n’était pas si fade et sans personnalité que je le pensais. Viendrait-elle cependant ramper à genoux devant Lust pour qu’il revienne dormir dans son lit ? Sans doute, j’étais bien placée pour savoir que l’on ne résistait pas à Lust très longtemps. Sans doute cinq ans avaient été un record, et j’en étais la fière détentrice, mais même après tant d’années écoulées, je ne m’étais montrée que faible face à ses baisers mortels. J’esquissai un sourire lorsque je l’entendis murmurer une injure à l’encontre de la belle envolée, mais telle ne fut pas ma surprise lorsque ma fille de sa voix de velours et de renarde rusée prit la parole pour mieux demander, que dis-je, quémander « Viens dormir à la maison. ». Je regardai ma fille comme s’il s’agissait d’une extraterrestre. Elle qui pouvait se montrer habituellement si sauvageonne lorsqu’il s’agissait de venir sur son territoire, elle qui refusait que j’invite qui que ce soit chez nous, voilà qu’elle demandait à un inconnu de venir dormir chez nous ? Car c’était encore un étranger pour elle, et pourtant, elle sentait combien son père allait prendre une place importante dans sa vie, je voyais dans ses yeux mutins cette volonté de vivre sa vie de princesse sous le regard d’un père aimant et protecteur. Pouvais-je la blâmer alors que je venais moi-même de sombrer des ces bras geôliers ?

« Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée. » La voix pleine de retenue de Lust me laissa un instant pensive, tant dis que ma fille se levait et venait place sur les genoux de son père pour mieux l’enlacer de ses petits bras potelés. Elle me jeta un coup d’œil amusé comme pour me mettre au défit de la contre dire et de refuser à Lust une nuit dans notre petit cocon familial. « Teuplait maman chérie », ce dernier terme dans ma langue maternelle acheva de me convaincre et j’aquiesçai d’un signe de tête en murmurant un vague « Ce qu’enfant veut, enfant l’obtient. » avant d’adresser un petit sourire à Lust. Eydis se cala confortablement dans les bras de son père, sans aucune pudeur, et se mit à sucer son pouce tandis que le repas arrivait enfin. Nous dînâmes tout en discutant de tout et de rien, et lorsque le dîner s’acheva enfin, nous n’étions plus très nombreux dans l’immense salle de gala. Charles se leva le premier et s’approcha de ma chaise pour mieux m’aider à me lever. Eydis s’était finalement endormie dans les bras de Lust, et je regardai ce spectacle d’un œil attendri. Nous nous dirigeâmes tous vers la porte de sortie, où des taxis nous attendaient déjà. Dans la voiture, nous ne dîmes pas un seul mot, Eydis était toujours contre Lust, tandis que je caressai d’un air distrait le dos de la main de mon amant de la soirée, regardant le paysage défiler par la fenêtre. Finalement, nous arrivâmes enfin à destination, au pied d’un immeuble un peu lugubre. Je montai la première les escaliers, pour atteindre, légèrement essoufflée le quatrième étage ou se trouvait notre petit appartement. Je glissai une main sous le paillasson où était cachée une clef, et ouvris finalement la porte.

C’était un appartement petit, avec un minimum de pièce. Il y avait deux chambres, une pour ma fille, une pour moi, une petite salle de bain, un salon et une cuisine. Celle-ci était pleine de livres de cuisine, car si je n’avais jamais été un chef étoilé, j’avais du me mettre aux fourneaux pour nourrir convenablement ma fille. Le salon était encombré de livres, partout, des romans, des encyclopédies, des dictionnaires, des manuels scolaires. Au fond, il y avait une petite télévision qu’Eydis aimait regarder le matin pour les dessins-animés moldus qui la faisaient tant rire. C’était un humble appartement, mais confortablement, et décoré de manière douillette pour que l’on s’y sente chez soit. Il était de plus, dans mes moyens financiers. « Sa chambre est par ici. », je lui indiquai où porter notre fille jusqu’à son lit, et une fois l’enfant confortablement installée et bien bordée, je quittai la pièce, le laissant un instant avec sa fille qui s’était légèrement éveillée. Je n’entendis pas ce qu’ils se dirent, et ne voulu pas en savoir plus, c’était leur petit secret, ils avaient besoin de leur intimité. Je m’installai sur le canapé, sans même prendre le temps de me changer, et fermai les yeux un instant. Un bruissement d’étoffe me sortit de ma léthargie, comme Lust s’asseyait à mes côtés. Remontant mes jambes sous mon menton, je l’observai d’un œil amoureux, tendre, fiévreux. Le regard d’une louve sans doute. Je le vis observer l’appartement, et mon cœur se pinça de honte. Je n’offrais pas tout le luxe et le confort à ma fille. Je n’en avais pas les moyens, je devais payer les soins médicaux de ma mère, et mon salaire de prof ne pouvait me permettre d’offrir plus grande maison à ma fille. Je l’espérai heureuse cependant. « C’est petit… Mais c’est chez nous. Pour deux, c’est suffisant. » Je lui adressai un petit sourire confus, avant de détacher mes cheveux dont le chignon trop serré me faisait souffrir, et d’enfiler une couverture autour de mes épaules nues.
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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeMar 10 Avr - 22:49

Si mon allure impeccable (ou presque) ne m'avait pas trahi, ce feu naissant dans mes prunelles fauves à chacun des regards croisés de Cassandra, mentait pour moi. Le professeur ne fut par ailleurs pas dupe et accueillit ce changement d'atmosphère d'une moue mi courroucée, mi amusée ; il n'ignorait pas en vérité que les conséquences seraient désastreuses. Non pour mon couple qui était déjà bancal, par la non existence d'amour entre Thaïs et moi, mais par les retombées plus lourdes et d'avantage personnelles que cette tigresse me servant de compagne pouvait engendrer. Capable d'user de sa grande influence, je l'ignorais cependant apte à se montrer mesquine et manipulatrice car en toute probabilité j'avais toujours sous-estimé Thaïs, la pensant naïve, idiote et crédule. Ce qu'elle était en vérité, mais ces défauts couplés avec ses élans vicieux et pestes ne faisaient qu'attiser son sadisme stupide. Conscient cependant que j'étais resté un grand adolescent susceptible et imperméable aux reproches, le professeur Courterois se garda bien de me faire la morale et resta taciturne. Lui comme Eydis avait senti le rapprochement soudain qui s'était fait entre Cassandra et moi-même, aussi n'osa-t-il pas mettre un terme à cette romance déjà avortée. Un bruissement d'étoffes accompagnés de gestes énergiques et vifs me sortirent de ma léthargie : à peine avais-je détourné le regard sur la fillette que déjà cette dernière s'était accrochée à mon cou, ses chaussures vernies ancrées sur mes cuisses, le dos légèrement recourbé pour mieux m'agripper dans son étreinte. Et malgré sa posture qui supposait qu'elle s'enfonçait de tout son poids, la petite Eydis demeurait légère comme une plume. D'abord surpris puis décontenancé je me raidis l'espace de quelques secondes, le temps de comprendre ce qu'il m'arrivait, troublé par l'affection soudaine de l'enfant. De ma fille... Diable qu'il m'était difficile de me le mettre en tête. Car si jamais je n'avais cessé d'aimer cette enfant, me sentant père protecteur voire fervent gardien, je n'avais eu de cesse de me ressasser durant toutes ces années que je n'étais que le procréateur. Indigne de l'appeler 'ma fille' puisque je n'avais de père que cette chair et ce sang que nous partagions, je n'ignorais pas que seul Alan pouvait s'en attribuer le mérite. Il ne suffisait pas d'être le géniteur pour plaider sa paternité, il s'agissait surtout d'accompagner l'enfant, de l'aimer et de l'éduquer, chose que je n'avais su – ou n'avais pu, d'ailleurs – faire . Ainsi me voyais-je d'avantage comme le père biologique, bon perdant – quoique cette idée me retournait l'estomac et affûtait ma haine – je laissais malgré moi ce rôle-ci à Alan. Voilà pourquoi, sans nul doute, je ne m'offusquais pas d'entendre la belle enfant m'appeler par mon prénom pour les années à venir. Et pourtant son affection portée par ses petits bras possessifs, m'arracha un sourire fier et attendri : je me décontractai alors, posant mes mains aimantes dans le dos de l'enfant. Si petite encore, qu'une seule de mes mains suffisait à recouvrir son petit dos d'angelot. « Teuplait maman chérie » « Ce qu’enfant veut, enfant l’obtient. » « Quelle autorité. » Je m'adressais effectivement bien à Eydis et non à sa mère, un sourire taquin et complice au coin des lèvres tandis que je plongeais l'acier de mon regard dans le sien. Nullement déstabilisée par l'intensité de mes rétines fauves, l'enfant fut secouée d'un rire léger, opinant du chef avant de se laisser tomber dans mes bras et de s'y caler confortablement.

Il me semblait qu'il y avait bien longtemps que je ne m'étais senti si bien et si léger. L'euphorie de la drogue dure était à présent si loin derrière moi ; depuis mes nombreuses cures de désintoxication, je n'avais eu de cesse de me confronter à la dure réalité qui versait soudain du sel sur mes plaies béantes et sanguinolentes depuis tant d'années. Mon monde d'illusions s'était écroulé au profit d'un univers d'avantage réel mais bien plus brutal... Et depuis lors, je n'avais jamais ressenti autant de bonheur et de sérénité qu'en ce soir-là ; il me semblait que tout redevenait possible. Etrangement, je n'étais guère surpris par cette fibre paternelle qui ronronnait en moi comme le feu paisible dans l'âtre d'une cheminée : dès l'instant où Cassandra m'avait avoué sa grossesse, j'avais aimé l'enfant d'une telle dévotion, qu'il me semblait qu'aucun obstacle sur Terre n'aurait pu me l'enlever. Ni Alan, ni le mariage de Cassandra... Naïveté de la jeunesse, quand tu nous tiens. A l'aise dans ce rôle que l'on m'avait attribué ce soir je berçais l'enfant par quelques mots doux susurrés à son oreille, la faisant rire par moments d'un éclat engourdi, l'endormant à d'autres instants grâce au souffle léger de ma voix basse et captivante. Repu de ses rires et de ses mimiques somnolente, je pus tout à loisir converser avec Cassandra et Charles, lesquels affichaient comme moi une mine rayonnante malgré le départ fâché de Thaïs. J'écoutais d'une oreille attentive et amusée le professeur qui contait à Cassandra nos péripéties à Stockholm et l'audace dont j'avais fait preuve par mes tirades improvisées voire culottées offerte à l'assemblée sous le charme. La soirée se termina dans une bonne humeur insouciante générale, et nous pûmes rejoindre les taxis luxueux affrétés à la sortie après avoir fait la promesse au professeur de le revoir bien assez vite.

Sur le chemin, je sentais étrangement le pouls de mon palpitant s'accélérer, mué par mille émotions contraires : cette excitation que j'avais connu lorsque j'étais étudiant et quand je comprenais qu'enfin j'entrais dans la vie de Cassandra, revint m'assaillir de plein fouet. Pour autant je redoutais la confrontation d'avec Alan ; non pas que je perdrais mes moyens, mais au contraire capable de le dépecer sur place par la force de ma hargne jalouse, je me sentais prêt à combattre pour récupérer mon territoire. Quoique, je ne comprenais guère pourquoi ma tendre amante de la soirée n'avait pas hésité à me faire entrer dans sa vie de nouveau : Alan lui faisait-il confiance à ce point ? Quel idiot.

Mes yeux bruns eurent tôt fait de se poser sur un appartement de sinistre apparence dès lors que nous posâmes le pied à terre ; calant d'avantage ma belle Eydis dans le creux de mes bras, je décryptais de mes yeux affutés la silhouette massive de l'immeuble. Le quartier parlait déjà de lui-même ; nous n'étions de toute évidence pas dans les lieux les plus prisés ni les plus saufs de Londres. Dissimulant mon appréhension derrière un masque impassible, je suivis Cassandra dans la cage d'escalier aussi lugubre que glaciale : un frisson s'empara de mon échine comme j'espérais avidement que leur appartement n'était pas frappé par ce même spectre polaire. Quelle ne fut pas mon amère surprise lorsque je découvris après quatre étages faits de marches branlantes, que la froideur me mordait d'avantage la peau dans leur logis qu'à l'extérieur. « Sa chambre est par ici. » La douce voix de Cassandra m'extirpa de mes pensées ; je la suivis alors – quoiqu'il n'y avait vraiment pas lieu que je me perde, au vu de la petitesse des lieux – et déposai l'enfant endormie dans son lit douillet, recouvert d'une montagne de couvertures duveteuses censées protéger du froid. Debout dans cette lumière tamisée j'observais d'un oeil attendri la scène d'une mère déshabillant son enfant pour mieux la mettre à l'aise, et sitôt Cassandra sortie de la pièce, je m'avançais à mon tour vers Eydis. « Bonne nuit, hjarta mín*. » Un murmure accueilli par un éclat de rire qui embauma mon palpitant d'un amour paternel puissant, et je déposais un baiser sur son front blanc. « Tu parles une drôle de langue. » « Toi aussi. » Un rire de nouveau, semblable à un couinement de souris, et Eydis reprit son sérieux comme happée par une curiosité sans nom. « C'est quoi ? » « C'est un secret, tu es prête à le garder ? » L'enfant acquiesça farouchement de la tête, et me permit ainsi de lui murmurer à son oreille qu'il s'agissait d'une langue peu commune : l'islandais. « Tu connais l'Islande ? » fis-je en me redressant. Elle se contenta cette fois de répondre par la négative, une lueur intéressée dans l'antre de ses grands yeux bleus. Une réponse à laquelle je m'étais attendu, mais qui pourtant pinça mon coeur d'une peine amère. J'aurais tant aimé que ma fille partage mes racines qui seraient devenues les siennes également, et qu'elle porte en elle les fières origines islandaises. Je devais me contenter à la place de la voir évoluer dans la langue française, partagée entre Cassandra et Alan. « Je t'en parlerais demain, tu dois dormir maintenant. » soufflais-je non sans me repaître du sourire de la belle Eydis. Ce ne fut que lorsque j'arrivai au chambranle de la porte que j'entendis la voix douce et suave, légère comme un murmure, de ma fille : « Lust ? » Je me retournais alors, toisant la petite mésange suffocant sous la lourdeur des couvertures : « Bonne nuit. » Je comprenais mieux pourquoi Cassandra avait si peur qu'on ne lui enlève son joyau.

Encore troublé par toutes ces nouveautés soulevant mon coeur d'un trop plein d'émotions, je rejoignis le salon afin de prendre place aux côtés de Cassandra. Mon sens de l'observation ne m'avait guère quitté depuis tout ce temps : mes yeux fauves scrutaient les moindres détails, les moindres recoins, les moindres fêlures. Je ressentais en l'instant une honte viscérale plomber mon estomac : mon seul salon pouvait contenir l'ensemble de ce minuscule appartement glacé de l'intérieur. « C’est petit… Mais c’est chez nous. Pour deux, c’est suffisant. » Pris au dépourvu, je tournais alors la tête vers Cassandra d'un air incommodé : je n'avais pas voulu qu'elle lise sur mon visage combien j'étais désappointé par cet environnement lugubre. Si décontenancé, que je ne compris pas de suite sa dernière phrase ; pour deux, c'est suffisant. Pour deux... ? Mon regard d'ambre osa enfin glisser sur son annulaire dépourvu de bague, captivé par la nudité de sa peau. J'avais été tant persuadé durant des années qu'elle était mariée, et je la découvrais divorcée. Cela expliquait tant de choses à présent. « Alan ne te verse rien ? » soufflais-je non sans froncer les sourcils, mon regard planté dans le sien partagé entre la colère contre cet homme et l'incompréhension.

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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeMer 11 Avr - 12:00

La nuit était calme tout autour de nous, et fraîche. Pourtant, je me sentir bouillir de l’intérieur, comme si trop de sentiments refoulés, de pensées avortées, de souvenir enfouis avaient décidé de refaire surface ce même soir. Je n’ignorais pas que Lust était l’élément déclencheur de tout ce que je ressentais ce soir, et bien trop heureuse de me sentir revivre, je ne l’en blâmais pas. Son regard désarçonné cependant ne put retenir la flèche ardente de la honte qui s’enfonçait dans mon cœur, lorsque je réalisai bien sûr, que je n’offrais pas à sa fille tout ce qu’elle voulait avoir. Eydis était loin d’être une enfant capricieuse, elle savait que je n’avais pas les moyens de lui offrir monts et merveilles, mais je me débrouillai toujours pour être à la hauteur à son anniversaire, Noël et même lorsqu’elle ramenait de bonnes notes de l’école. Bien sûr, elle ne refusait jamais un cadeau, c’était une enfant après tout, et comme tous les enfants du monde, c’était toujours un plaisir de défaire un emballage pour en extirper un nouveau jouet. Mais elle savait que je ne pouvais pas me permettre de lui offrir absolument tout. Ses yeux avaient brillé d’un éclat ingénieux lorsqu’elle avait compris que son père était riche, et je n’aurais pas été étonnée, si le lendemain, après le départ de Lust, elle me dise de demander à Lust de l’argent pour nous aider financièrement. Ce que je ne ferais pas. Je lui avais interdit de voir sa fille durant toutes ces années, et à présent qu’ils s’étaient rencontrés, je ne voulais pas utiliser Eydis en monnaie d’échange : voir sa fille en échange d’un chèque bien garnis. Je n’étais pas de ce genre, je n’avais jamais roulé sur l’or, et avais très bien pu m’en sortir de la vie, j’étais prête à tout donner pour que ma fille soit fière de sa mère et de ce qu’elle était. J’observai Lust qui regardait tout autour de lui, et détournais soudainement. Je n’avais pas connu Lust autrement que junkie et adolescent, à l’époque, l’argent et le luxe lui importait guère, il ne faisait pas attention à tout cela, mais à présent, avait-il changé ? Donnait-il de l’importance aux choses matérielles ? Avait-il été corrompu par ce qu’était la gloire, l’ambition et le luxe de son environnement à la fois professionnel et personnel ? J’osais espérer que non, mais le mal être qui s’était épris de mon corps tout entier ne se dissipait pas pour autant. Je ne voulais pas que Lust pense un seul instant que je m’étais offerte à lui dans le but de lui soutirer de l’argent, ni même que je lui avais montré notre appartement insalubre dans le même étant d’esprit que celui de ma mère lorsqu’elle couchait avec des riches, à l’époque où elle faisait le trottoir. Finalement, la voix basse et enivrante de Lust vint frôler mes oreilles, tandis que je reposai mon regard d’azur sur son visage si doux, si innocent, lui qui était pourtant le pêcher incarné.

« Alan ne te verse rien ? »

Un rire amer et cristallin s’échappa de mes lèvres surprises comme je réalisai à quel point Lust pouvait parfois se montrer naïf. Ainsi, il ne me connaissait pas sur le bout de doigts ? J’avais sur conserver une part de mystère qui ne lui avait pas permis de comprendre ce qu’il en était advenu de moi, de mon retour en Angleterre, et de mon départ de France. M’approchant doucement de lui, je posai mes yeux froids acides dans les siens interrogateurs. Mais après tout, comment pouvait-il savoir ? Je ne lui avais pas donné de nouvelles en cinq ans, il ne savait pas, pour mon mariage avorté, mon accouchement solitaire, et ma mère qui ne cessait de me rabattre dans notre langue maternelle « Tu as fait une belle connerie, Cassandra. Ce gamin, là, ton élève, c’était le seul à pouvoir te rendre heureuse. Au fond, je l’aimais bien. Il savait te rendre vivante, toi qui t’étais éteinte sous les coups de son père. Je sais qu’il t’a fait du mal, Cassandra, mais crois moi, cet Alan n’est pas pour toi. Et ton cœur le sait aussi bien que moi. » L’hypocrite, elle s’était bien gardée de me faire ce genre de révélation lorsque j’étais encore profondément amoureuse de mon élève. Ma mère avait été l’une des rares personnes au courant de cette relation illicite qui s’était crée entre Lust et moi, et la seule, encore, à savoir que le bébé que je portais en mon sein, à l’époque, n’était autre que le fruit d’une nuit de perdition dans les bras de mon bel ange démoniaque. Malgré tout ce que je pouvais lui reprocher, ma mère avait su se montrer présente quand ma vie allait si mal : j’étais enceinte de mon unique amour, j’allais me marier à un français que je connaissais finalement trop peu, je me sentais à nouveau tomber dans le puis sans fond de la destruction.

Elle avait su m’apaiser, elle qui n’avait jamais fait preuve de maternité, m’avait épaulé, ravie de pouvoir devenir grand-mère. Malgré tout le mal qu’elle pensait d’Alan, elle avait accepté de venir au mariage, et alors que je murmurai un « non » à la question fatal du pasteur, elle avait été celle qui m’avait donné un peu d’argent pour mieux m’enfuir en Angleterre où elle était finalement venue me retrouver. « Chasse le naturel, il revient au galop, m’avait-elle dit d’une voix enjouer, inlassablement tu reviens à lui, Cassandra. C’en devient viscéral. » Et combien avait-elle raison ? J’avais eu besoin de me sentir proche de Lust, quand bien même je ne lui parlais plus pendant cinq longues années, la proximité eut la délicate attention de me rassurer. Lâchement, je n’avais plus donné aucune nouvelle à Alan, coupant définitivement les ponts, j’avais cependant appris par l’amie d’un ami qu’il me cherchait, en vain, je restais cachée loin de son regard transi d’amour, d’un amour que je ne partageai plus, l’avais-je seulement partagé ? Ma mère était finalement tombée gravement malade, une tumeur magique, incurable. Je me devais de l’aider à payer ses frais d’hôpitaux, et chaque dimanche, Eydis et moi allions lui rendre visite. Ma fille aimait sa grand-mère plus que je n’avais aimé moi-même ma mère, et il s’était tissé une profonde complicité entre les deux. Ma mère avait du attendre d’être grand-mère pour réaliser qu’elle avait la fibre maternelle. Mieux valait tard que jamais, ceci-dit. Perdue de mes pensées, je ne sus combien de temps s’était écoulé entre la question de Lust et mon aventure onirique au milieu de tous les sentiments contradictoires qui m’assaillaient. Devais-je lui dire la vérité ? Pourquoi me cache de toute façon, il l’aurait appris d’une façon ou d’une autre.

« Pourquoi me verserait-il quoi que ce soit ? demandai-je d’une voix brûlante et ironique. Passant une main fatiguée dans mes cheveux détachés, je perdis un bref instant mon regard dans les prunelles sans fond de mon bel amant. Oui, pourquoi devrait-il me verser quoi que ce soit, après ce que je lui avais fait endurer ? J’avais été si lâche, si égoïste, si … moi-même. Lorsqu’il s’agissait d’aimer, je perdais toute raison, et au lieu de penser à ma file et à l’amélioration qu’aurait pu connaître sa vie si elle était née dans une famille plus aisée, avec un père, adoptif, certes, mais un père tout de même. Mon cœur, comme toujours, l’avait emporté sur la raison. Avais-je seulement une raison ? Ce n’est pas sa fille, après tout, même s’il l’a longtemps cru. » J’eu un petit sourire insolent et virulent à cette pensée, j’avais attendu le dernier moment pour lui avouer que l’enfant n’était pas de lui, sans doute dans l’espoir inconscient – ou non – de le voir faire ses valises et annuler tout le mariage. Mais ce crétin avait passé l’éponge, avait pardonné mes erreurs « On est tous humains, ma Cassie. » « Ne m’appelle pas ainsi. ». J’étais humaine, oui, mais sa perfection à lui, sa générosité, son altruisme, et par-dessus tout, son pardon, avaient finit par m’exaspérer et Alan s’était dés lors comporté comme un fiancé plus aimant encore et un futur papa heureux. Jusqu’à ce que je ne l’abandonne. « Je me suis enfuie Lust. Le jour du mariage. Tout était prêt. J’avais déjà enfilé ma robe blanche de jeune vierge, mis le diadème que sa mère m’avait offert pour l’occasion. Le repas était prêt, tous les invités étaient là. Du moins, ses invités. Le côté de la mariée était vide, si ce ne fut ma mère. ». Je souris tristement, honteuse de mon propre comportement, de ma faiblesse. « Lorsque le pasteur m’a demandé, si pour le meilleur et pour le pire, j’étais prête à chérir cet homme tout le reste de ma vie, j’ai eu une étrange pensée. Je me suis dis ‘Le reste de ma vie ? N’est-ce pas trop long ?’. J’ai tourné la tête du côté de l’église qui était réservé à mes invités. J’ai espéré t’y trouver, que tu m’enlèves. Mais tu n’étais pas là. » Ma voix tremblante n’était pas teintée de reproche, au contraire, j’éprouvais la nostalgie de cet instant, et ressentis à nouveau la déception et la douleur que j’avais autrefois ressentit lorsque j’avais compris qu’il ne viendrait pas. « Alors, j’ai répondu ‘non’. Personne n’y a cru dans l’assemblée, et avant que quiconque ne réagisse, j’ai tout quitté. Alan, son amour, son argent. J’ai regagné l’Angleterre, mon Angleterre, ma terre d’exile. »

Mes yeux brillaient des fantômes de ce passé déjà lointain. Je ne regrettai rien cependant, j’avais été trop heureuse de retrouver ma liberté, celle la même qu’Alan m’avait enlevé. « Quand nous serons mariés et que Clémence sera née, tu ne seras plus obligée de travailler, je gagnerai assez d’argent pour subvenir à nos besoin » m’avait-il dit d’une voix assurée. Clémence, c’était le prénom qu’il avait choisit, un prénom bien français, celui de la grand-mère d’Alan. Je détestai ce prénom, car à mes yeux, il n’en eut qu’un qui pouvait être assez beau pour ma fille, Eydis. Pour qui m’avait-il pris ? Pour une ménagère désespérée ? Pour rien au monde je n’aurais dépendu financièrement d’un homme, et tout cet emprisonnement émotionnel eut tôt fait de me sentir pousser des ailes, assez grandes pour oser sauter le pas et tout quitter, pour retrouver les iles bretonnes. « J’ai accouché d’Eydis trois semaines plus tard, dans un petit hôpital moldu. Et j’ai demandé à reprendre mon poste à Poudlard. Ma mère est tombée malade, je l’aide à payer ses frais d’hôpitaux. Elle est à Sainte Mangouste, va la voir un jour, depuis notre séparation, elle te voue un véritable culte.» J’avais ajouté cela pour détendre l’atmosphère qui s’était faite pesante. En aucun cas je ne voulais que Lust ne pense que j’étais malheureuse, que la France, ou même Alan me manquaient. Ce n’était pas le cas. J’étais épanouie, riche d’amour et de culture, si ce ne fut de gallions et de mornilles.

« Je ne veux pas de ta pitié. Tu sais combien la compati m'exaspère. Je voulais juste que tu saches. » ajoutai-je, non sans lui adresser un regard de défit.
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Lust Whitaker

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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeMer 11 Avr - 16:15

« Pourquoi me verserait-il quoi que ce soit ?  » Je retenais mon souffle, perdu entre l'incompréhension et ma légendaire fierté qui ne m'autoriserait jamais à perdre de ma superbe ni de ma prestance. Et pourtant, sous sa question soufflée d'un rire cristallin, je doutais. Cassandra m'avait-elle parlé d'un versant de sa vie dont je devais me souvenir et que j'avais oublié ou omis, fallait-il que je connaisse son monde d'aujourd'hui sur le bout des doigts, avais-je fauté quelque part à nouveau ? J'attendais donc dans l'expectative, ne détournant pas mes yeux fauves des siens si profonds, qui me toisaient sans me juger pour autant. J'avais visiblement avancé une stupidité qui la faisait sourire, cependant mon amante de cette nuit – et diable que je l'espérais, des autres à venir également – décida bien vite de me sortir des ténèbres de l'incompréhension. « Ce n’est pas sa fille, après tout, même s’il l’a longtemps cru. » De nouveau, je fronçais les sourcils face à cette révélation inattendue, un doigt distrait caressant mes lèvres songeuses tandis que je dévisageais une Cassandra étrangement sereine... Cette entrevue irréelle me rappelait à nos nuits blanches dans lesquelles nous nous glissions dans ses draps, où nous refaisions le monde, et où nous nous confions l'un à l'autre. Riant aux éclats ou reprenant notre sérieux, sans jamais épuiser cette source intarissable de conversation que nous pouvions avoir : les amants fusionnels que nous étions avions toujours quelque chose à nous confesser, à nous susurrer, à nous plaire. Toujours. Même après cinq longues années. Je l'observais poser son regard pensif sur un point invisible, replongeant dans ses souvenirs sans aucun doute ; et à la voir si belle et si fragile encore, ma jolie martyr éthérée, je ne pus retenir un frisson amoureux ni même les battements sauvages et irréguliers de mon myocarde transi. Regarde-moi mon amour, que je puisse dévorer de nouveau ton visage d'ange, que je pose mes rétines de prosélyte sur les tâches brunâtre de ta peau de torturée, que je t'idolâtre encore dans la flamme vorace de mes yeux tiraillés. L'un comme l'autre finalement, n'avions pas tant changés : certes la drogue ne secouait plus mes veines bleues, quand bien même elle manquait à mon esprit somnolent d'ancien junkie, mais je portais toujours en moi la mutilation d'un coeur sanguinolent en ma poitrine... tout comme Cassandra. Prenant une brève inspiration, je la sentis s'investir d'un courage sans nom pour se lancer dans ses aveux : celui de la révélation de l'âme, de la confession de ses peines. Pour deux êtres aussi fiers que nous étions, l'exercice était difficile. « Je me suis enfuie Lust. Le jour du mariage.  » Un frémissement glacé lécha mon échine, partagé entre la surprise et l'infâme satisfaction : je dus par ailleurs faire un effort surhumain pour ne pas laisser se dessiner à la commissure de mes lèvres désirables ce rictus carnassier qui annonçait ma jubilation. L'étonnement vint vite plier face à mes ignobles fantasmes : combien de fois avais-je assassiné Alan dans mes songes les moins avouables, combien de fois m'étais-je surpris à l'espérer malheureuse afin qu'elle ne revienne dans mes bras ? Combien de fois... avant de me reprendre et de penser comme un adulte soit disant responsable : c'était heureuse et épanouie, que je voulais l'aimer. Et j'avais beau me ressasser cette idée, je ne voyais guère l'intérêt de porter à Cassandra un amour passionné et fougueux si je ne pouvais pas l'avoir pour moi, égoïste que j'étais. Pourtant, son aveu se coupla avec un autre de mes souvenirs cuisants : j'étais venu la chercher il y avait cinq ans de cela, afin de l'enlever à ce français trop parfait pour être bien vivant. Persuadé finalement que je la sauverais en ne l'enlevant pas, j'avais mis un terme à cette idée folle alors que je me trouvais être si prêt du but. Et je réalisais soudain combien la fatalité se jouait de nous : et si j'étais arrivé à temps, et si Cassandra était repartie avec moi, et si je n'avais pas fait demi tour... Me sentant blêmir sous l'injustice de notre destin, je conservais pourtant cette prestance épicée et noble, tandis qu'elle continuait sur sa lancée. Touché par son histoire, rongé néanmoins par la jalousie, absorbé par cette injustice qui nous frappait de plein fouet, je me sentais investi d'un trop plein d'émotions débordantes. « Lorsque le pasteur m’a demandé, si pour le meilleur et pour le pire, j’étais prête à chérir cet homme tout le reste de ma vie, j’ai eu une étrange pensée. Je me suis dis ‘Le reste de ma vie ? N’est-ce pas trop long ?’.  » J'eus un sourire pour ma belle Cassandra, de ceux qui partagent, de ceux qui plaisent et de ceux qui écoutent. Je me retrouvais malgré moi happé par son récit qu'elle évoquait comme si cela s'était passé la veille, et je pouvais m'imaginer parfaitement ce qui s'était alors passé dans sa tête ce jour-ci. Ou presque. «  J’ai tourné la tête du côté de l’église qui était réservé à mes invités. J’ai espéré t’y trouver, que tu m’enlèves. Mais tu n’étais pas là. » Et sous sa voix tremblante murmurant des aveux troubles, je sentis mon estomac se soulever d'une culpabilité mordante, détournant très brièvement mes yeux fauves des siens. En cet instant je ne pus décrire oh combien je m'en voulais considérablement : pourquoi avais-je écouté le professeur, pourquoi n'étais-je pas venu enlever Cassandra... pourquoi m'avait-elle fait croire si longuement qu'elle était tombée amoureuse de son Alan, désirant fonder une famille avec lui et tirer ainsi un trait sur notre passé ? Pourquoi avait-il fallu que l'on s'obstine à tout détruire... Enfin, j'écoutais la suite de son épopée d'une oreille semi attentive, car trop absorbé par les souvenirs de ma propre quête qui avait du me mener à Cassandra. Et malgré moi, j'eus un petit rire cynique et faux lorsqu'elle m'évoqua le culte que me vouait sa mère, avant de secouer la tête subrepticement. Pour autant je n'avais pas rayé de mon esprit l'information capitale comme quoi la mère de Cassandra était malade ; moi qui avais horreur de Sainte-Mangouste depuis toujours – et d'autant plus depuis que ma propre génitrice s'y était laissée mourir – je fis au moins l'effort d'acquiescer : « D'accord. J'irais. » « Je ne veux pas de ta pitié. Tu sais combien la compassion m'exaspère. Je voulais juste que tu saches.  »

Un soupir las s'échappa de mes lèvres tandis que je me frottais distraitement le front, l'air ailleurs. Je n'ignorais pas que l'exercice avait été difficile pour Cassandra, et combien elle craignait que je ne la prenne en compassion mièvre et pitoyable. Bien loin de moi cette idée, car préférant me mettre sur le même piédestal que cette femme tant aimée, je décidai de me confesser à mon tour afin que nous affichions une égalité parfaite : en avouant mon passé aussi tourmenté que le sien, je ne pourrais que l'apaiser. Ce silence pesant fut alors rompu par ma voix suave qui portait au moins autant la gêne qu'avait éprouvé Cassandra, bien que portée avec plus d'assurance grâce à ce rictus carnassier et fier, ce port de tête altier, ce regard de braise. « Il y a cinq ans, je suis parti en France à ta recherche. » Pas de pause non, malgré la pose noble de ma voix qui ne s'affolait pas et qui conservait sa prestance, malgré ce timbre coulant et suave. Je ne voulais plus que me confier d'une seule traite, non sans offrir quelques sourires charmeurs et autres moues princières censées dissimuler ma honte. « J'avais cette idée folle de venir t'enlever oui, et de te demander en mariage. Peu m'importait Alan, peu m'importait tout ce que tu me disais de lui : qu'il était parfait, que tu en étais tombée amoureuse... » Malgré moi, mon estomac se rétracta sous les souvenirs douloureux liés à ces aveux cruels, mais je continuais impassible : « J'ai rassemblé tous les indices qu'on avait pu me laisser, et un jour j'y suis parvenu. J'étais là, dans ce village où vous deviez vous prêter serment, la veille de votre mariage... Cassandra j'avais tant espéré rejouer encore et encore cette fameuse nuit où je t'avais arrachée à ce français, et où nous avions fini par nous marier complètement saouls. » Un bref rire nostalgique, et je posais mon regard d'ambre sur le canapé d'un air songeur. « Mais je n'arrivais pas à t'imaginer autrement qu'en robe blanche : et si tu avais dit vrai, et si tu l'aimais plus que moi, et si tu refusais que je t'enlève... ? J'ai bu, cette nuit là, pour ne plus penser. C'est ainsi que j'ai fait la connaissance de Charles. » Un rictus amusé et mutin se dessina enfin sur mes lèvres carmin, comme une flamme princière vint flamber dans mes yeux de braise. « J'étais entré par infraction chez lui, je cherchais quelque chose qui soulagerait vraiment ma peine.... Quelques cachets peut-être... Il ne m'a pas mis à la porte, il m'a tendu la main, et il m'a écouté. Et lorsqu'il m'a demandé ce que je venais faire ici, moi qui ne parlais pas un mot de français, j'ai brandi ma bague et je lui ai répondu : 'Je suis venu épouser la femme qui me fuit'. » Un léger rire s'échappa de ma bouche sanguine, sincère et amusé. Un peu amer, également... Reprenant mon sérieux car plongeant dans mes souvenirs troubles, je continuai alors sur ma lancée suave : « Puis il m'a écouté parler toute la nuit... J'avais besoin de déverser tout ce que j'avais sur le coeur. Et lorsque j'eus fini, il a eut ces paroles qui m'ont fait l'effet d'une bombe : 'Il faut savoir libérer les personnes que l'on aime'. » Enfin mon regard d'ambre scruta les yeux bleus de Cassandra, l'intensité de mes prunelles se faisant plus vorace que réellement peinée. Je n'étais pas un loup aux abois, j'étais un prédateur portant fièrement en lui les traces d'un amour l'ayant marqué au fer rouge. « C'est là que j'ai su qu'il avait raison... Cassie tu m'avais si souvent rappelé que j'avais été l'erreur de ta vie, que tu espérais une nouvelle histoire avec l'homme que tu avais choisi, que j'ai accepté de n'être qu'un chapitre de ton existence. » Diable que cela me faisait terriblement mal de nommer ainsi notre idylle passionnée, et passionnante. « J'ai suivi les conseils du professeur, et je suis retourné à Londres le matin même de votre mariage. J'étais convaincu d'avoir pris la bonne décision pour toi. Je ne voulais pas gâcher ta vie une deuxième fois. » Ma fierté ne supportant pas cet instant de gêne lorsque j'eus terminé mes aveux, je me redressais avec aplomb, offrant mon plus beau regard pénétrant à Cassandra. Comme si nous parlions de la pluie et du beau temps, comme si l'agonie de mon coeur ne s'était pas réveillée. « Ex aequo. » soufflais-je non sans arborer cet éternel rictus enjôleur pour mieux détendre l'atmosphère plombée par la force de nos aveux. Ces confessions qui soudain vinrent soulever d'autres pensées encore : ainsi Eydis n'avait pas grandi avec une figure paternelle, ainsi n'avait-elle pas pris Alan pour père... Egoïstement, je sentis un soulagement s'insuffler en moi : je ne souhaitais que le bonheur de ma fille, mais je le lui souhaitais d'autant plus si je pouvais faire partie intégrante de sa vie.
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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeMer 11 Avr - 20:35

Si j’avais toujours su me montrer discrète quant à mes problèmes, familiaux, d’argent, d’amour, il était une personne à qui j’avais toujours su me confier sans trop de difficultés. Bien sûr, même avec un égo important, et un besoin d’indépendance, Lust avait toujours su prêter une oreille attentive à mes mots torturés, et avait tout aussi bien su y répondre avec douceur et apaisement. Peut être espérais-je de même ce soir là, peut être voulais-je qu’il me rassure, qu’il me dise que j’avais bien fait, que nous étions réunis enfin, pour le meilleur et pour le pire. Mais était-ce réel ? Tout cela n’était-il pas un rêve, un rêve ironique et tranchant, aussi destructeur que l’amour lui-même que je pouvais éprouver pour Lust ? Tout semblait si réel, trop réel, sans doute, et mon cœur se serra à la pensée que peut être, j’allais me réveiller dans mon lit, seule, sans que tout cela ne ce soit passé. Fermant les yeux un bref instant, je fis de mon mieux pour tenter de me réveiller, mais lorsque je les rouvris, il était toujours là, me regardant de son regard satiné. Mais qu’en était-il vraiment de ce nous illusoire ? Nous avions passé, certes, un moment d’abandon, torride, érotique, dans ces toilettes de luxe, mais qu’en serait-il demain ? Allions nous reprendre le cours de nos vies en oubliant ce qu’il avait pu se passer ? Voudrait-il revoir Eydis ? Et moi, souhaiterait-il me revoir ? Tant d’interrogations aux quelles je ne trouvais aucune réponse, à mon plus grand désarroi. Finalement, Lust, qui n’avait pas dit un mot durant tout mon récit – m’avait-il écouté ? – pris la parole d’une voix suave, douce, et légèrement nostalgique. Un regard de braise néanmoins qui ne me laissa pas de glace, et fit fondre un peu plus mon cœur tourmenté, et mon âme déchirée.

« Il y a cinq ans, je suis parti en France à ta recherche. » J’ouvris des yeux surpris à cette révélation pour le moins inattendue. Me retrouver en France ? Non, Lust, mon amour, ne me dis pas ce genre de chose, ne me dis pas que tout aurait pu être différent, que nous aurions pu être heureux ensemble. N’est-ce pas plus pénible que de savoir que l’on aurait pu être une famille unie, avec Eydis, peut être même d’autres enfants ? Poussée par ma curiosité cependant, je ne fis pas ce que, je le savais, j’aurais du immédiatement faire : le faire taire, et ne plus parler de cela, de ce qui aurait pu se passer entre nous. Mais lancé dans son récit difficile, j’en étais certaine, je n’eu le courage de l’arrêté, tandis qu’un flot de paroles plus douloureuses les unes que les autres se chevauchèrent sur sa langue déliée. Ainsi commença le récit sans doute le plus ironique et douloureux de toute mon existence, contée par mon bel amant aux lèvres sucrées, mais au regard affolé. « J'avais cette idée folle de venir t'enlever oui, et de te demander en mariage. Peu m'importait Alan, peu m'importait tout ce que tu me disais de lui : qu'il était parfait, que tu en étais tombée amoureuse... » J’eu un doux sourire amer à cette pensée. Bien sûr, je m’étais pensée amoureuse du beau français, mais très vite, j’avais réalisé qu’il ne correspondait pas à ce que je cherchais, car que cherchais-je d’autre que Lust ? Il n’était pas aussi spontané, pas aussi énigmatique, pas aussi charismatique, ni même assez passionnant et passionné à mes yeux. Il était fade, adorable certes, mais peut être trop, en oubliant d’être bestial. Oui il était parfait, et c’était en cela que je l’avais finalement détesté. Cette perfection que je côtoyais chaque jour n’en finissait plus de me rejeter tous mes défauts à la figure, et mauvaise perdante, je lui en voulais d’être tout ce que je n’étais pas. J’avais été cruelle de lui annoncer comme cela, de dire à Lust qu’il n’était plus rien pour moi, pourtant, je n’avais pu m’en empêcher, car nous nous aimions dans la destruction la plus pure à l’époque, et c’était en faisant mal que nous nous faisions vivre. Lust me raconta alors son périple, rassemblant tous les indices que j’avais pu laisser derrière moi, peut être inconsciemment pour que mon Prince ténébreux me retrouve. Il me dit avoir trouvé la ville dans le quel j’avais décidé de faire les vœux, la veille même de notre mariage. Mon cœur se serra à cette idée lugubre. Alors que je n’attendais que lui, et qu’il ne voulait que moi, nous nous étions retrouvés dans une proximité inconnue de moi-même alors, et nous n’avions pu nous rejoindre. J’avais mal, tellement mal, que je ressentis soudain la plaie béante de mon cœur se rouvrit à nouveau. Notre amour était-il placé sous un mauvais astre ?

« Cassandra j'avais tant espéré rejouer encore et encore cette fameuse nuit où je t'avais arrachée à ce français, et où nous avions fini par nous marier complètement saouls. »

Ce souvenir que je n’avais pas oublié me fit sourire doucement, tandis que je me remémorai ces moments d’ébriété et de folie pure, ces moments mêmes qui m’avaient tant manqué dans les bras d’Alan. Ainsi donc, Lust avait eu la même idée que moi, celle de s’enfuir avec moi, et combien j’aurais été heureuse de le faire, de tout quitter pour sa main tendue vers moi. Une larme monta dans le coin de mes yeux d’azur comme je devinais peu à peu la suite. « Mais je n'arrivais pas à t'imaginer autrement qu'en robe blanche : et si tu avais dit vrai, et si tu l'aimais plus que moi, et si tu refusais que je t'enlève... ? J'ai bu, cette nuit là, pour ne plus penser. C'est ainsi que j'ai fait la connaissance de Charles. » S’en suivit une péripétie qui aurait pu être drôle si elle n’avait pas été si tragique pour notre idylle. Il avait bu, par ma faute, et été entré par infraction, et l’homme, plein de compassion sans doute, et d’humanité, l’avait alors dissuadé de venir me chercher, de venir me tirer des griffes de ce dragon surprotecteur qu’était Alan. Un instant, et malgré toute la sympathie que j’avais pu éprouver pour le vieux professeur français durant cette soirée, je me mis à le haïr d’une haine sans nom, sans borne ni limite. Une haine telle qu’elle m’en fit verser une nouvelle larme. Avec des ‘Si’ on mettrait Paris en bouteille, et je compris amèrement, qu’il ne valait mieux pas pour nous de revenir en arrière, de nous lamenter sur ce sort qui s’acharnait sur nous. Un petit sourire bref passa la barrière de mes lèvres quand Lust eut ces mots « « J'ai brandi ma bague et je lui ai répondu : 'Je suis venu épouser la femme qui me fuit'. » Oh oui, je l’avais fuit, pour mieux l’aimer, pour mieux l’adorer, pour mieux porter son enfant, le fruit d’un amour interdit. Le professeur Courterois avait été un ami pour Lust, cet ami là que je n’avais su être, cette oreille attentive que je n’avais pas eu. Bien sûr, Charles ne me connaissait pas à l’époque, il ne savait pas combien j’étais éprise de mon jeune étudiant, sans doute l’aurait-il alors poussé à se rendre au mariage, et à s’y opposer fermement lors de la question symbolique du pasteur Si quelqu’un s’oppose à cette union, qu’il le fasse maintenant ou qu’il se taise à jamais. Je réalisai que nos histoires étaient similaires, comme elles l’avaient toujours été finalement. Nous n’étions rien de plus que complémentarité et fusion ardente. Il faut libérer les personnes qu’on aime. Cette phrase, insondable, se grava en ma mémoire sans doute pour l’éternité. En interdisant à Lust de voir sa fille, l’avais-je libéré d’une vie de père qu’il aurait eu à vivre bien trop tôt ? Avais-je eu raison ?


« C'est là que j'ai su qu'il avait raison... Cassie tu m'avais si souvent rappelé que j'avais été l'erreur de ta vie, que tu espérais une nouvelle histoire avec l'homme que tu avais choisi, que j'ai accepté de n'être qu'un chapitre de ton existence. »
Je baissai la tête quand un flot de larmes s’envahit alors de mes yeux voilés. Je n’eu la force de murmurer qu’un bref « Je sais. » avant de plonger mon visage dans mes mains tremblantes, me haïssant plus que quiconque d’avoir été si odieuse avec lui. Bien sûr, la mémoire était sélective, et le passage de sa tentative d’abus sur moi était vite passée à la trappe quand ce soir je l’avais retrouvé si passionné envers moi. A présent, je ne voyais plus que le mal que j’avais pu lui faire, oubliant tout ce qu’il avait pu me dire. J’avais été une tortionnaire, et j’avais honte de mon comportement, honte de ce que j’avais fait, honte de m’être conduite de manière si immature. Cela n’avait pas été une erreur, mais sans doute la plus belle chose qui me soit arrivée. Ce n’était pas éthique, ni même légal, pourtant cette idylle passionné et l’aboutissement de celle-ci par la venue au monde de notre fille restait pour moi la plus belle aventure de ma vie. Sans doute celle qu’on ne vit qu’une seule fois. « J'ai suivi les conseils du professeur, et je suis retourné à Londres le matin même de votre mariage. J'étais convaincu d'avoir pris la bonne décision pour toi. Je ne voulais pas gâcher ta vie une deuxième fois. » Il conclut cela d’une voix tranchante et pleine d’aplomb, tandis que son plus beau regard de velours violait les fenêtres de mon âme anéantie. J’avais tout gâché. Ce récit m’avait fait plus de mal encore que notre séparation, et je regrettai soudain de l’avoir écouté. Il se redressa brusquement, avant de murmurer une bref « Ex aequo. » Détendant ainsi l’atmosphère, je séchai doucement mes larmes, et osais enfin avoir ce contact qui me manquait tant : je me blottie dans ses bras. J’avais peur qu’il ne me rejette, peur qu’il ne me dise que ça n’irait pas plus loin. Mais à mes yeux, peu importait Thaïs, ou Alan, ou qui que ce soit d’autre, il n’y avait que dans les bras de mon amant que je me trouvais si légère.

Dos à lui, je n’osai pas bouger, attendant qu’il ne fasse lui-même quelque chose. Et puis le silence s’installa et je murmurai d’une voix pensive et endolorie « Que va-t-on devenir, Lust ? Le sort s’acharne, et la douleur de ton récit ravive les flammes douloureuses de notre idylle. » Je restai pensive, laissant mon esprit vagabonder d’idées en idées, d’énigmes en énigmes, de questions en questions, de douleur en douleur. L’amour avait cela de vivifiant qu’il nous obligeait à nous poser sans cesse des questions, sublimant la passion même, mais achevant nos cœurs battants. « Reste, Lust. Pour Eydis. Pour moi. Elle a besoin d’un père. Besoin de toi. », Etait-il nécessaire que j’ajoute que j’avais moi aussi besoin de moi ? Bien sûr, je ne lui demandais pas d’emménager chez moi, juste de se montrer plus présent dans la vie de notre fille, de lui rendre visite, parfois, de lui faire connaître l’amour d’un père pour sa fille. C’était tout ce que je demandais. Quant à nous, je préférai ne pas imaginer ce qu’il en allait advenir, ressentait la présence trop cuisante de la belle Thaïs aux jambes démesurées et au corps parfait.
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MessageSujet: Re: Is the fate against us ? Is the fate against us ? Icon_minitimeJeu 12 Avr - 15:04

Je la recueillis dans le creux de mes bras, dans un soupir soulagé. Mon rythme cardiaque n'avait eu de cesse de se jouer de ma raison, battant des tempos furieux autant que des adagio plus sereins selon l'avancée de mon épopée. Je n'avais pas pour but de rendre ma culpabilité contagieuse, je ne désirais pas plus les larmes naissantes dans le berceau de ses si beaux yeux : je voulais qu'elle sache que jamais, je n'avais abandonné le combat. L'abattement de mes armes n'était du qu'à une rencontre, celle du professeur dont j'avais cru les paroles sages. Et malgré l'horreur que j'avais pu faire vivre à ma Cassandra, malgré cette honte pestiférée qui me broyait les entrailles, j'avais cru encore et encore que j'aurais pu l'arracher à son destin de femme épanouie. Je m'étais surpris à rêver qu'elle aurait été bien mieux dans mes bras de junkie que dans la vie parfaite de cet Alan lisse et doux rêveur. Mais je ne désirais pour rien au monde l'accabler d'une faute qu'elle n'avait pas commise car avec le recul j'avais pris conscience que Cassandra avait eu raison : m’immiscer dans sa vie alors que je n'étais qu'un élève avait été une erreur stupide, au moins autant que la pousser vers la drogue à nouveau, vers les excès d'alcool et de luxure, vers les crèves coeurs octroyés par la violente jalousie. Car nous ne faisions rien dans la retenue, ni en nous faisant l'amour, ni en nous faisant la guerre : tout n'était que brutalité, morsures, tendresse alanguie, amour cruel et vorace... Mais diable que j'avais aimé être ce chapitre de sa vie ; sans doute était-ce pour cela que je m'immisçais de nouveau dans son univers aujourd'hui, sans aucun scrupules. Ce sens du sacrifice dont j'avais bénéficié jusque maintenant et qui m'avait poussé à laisser Cassandra dans les bras de Alan, ne m'avait pas permis de retenir la folie de mes sentiments ce soir : je n'aurais pas du lui voler d'aussi ardents baisers ni la tenter au péché de la chair, je n'aurais pas du venir ici ce soir, je n'aurais pas du libérer mes démons lubriques latents. Du moins, c'était ce que ma Raison tentait de me faire comprendre, quand mon coeur tout entier brûlant pour Cassandra soupirait de bonheur à la savoir contre moi... Oui j'étais redevenu égoïste ; je ne la désirais plus que pour moi-même. La serrant d'avantage dans mes bras puissants, je glissais mes doigts fins sur ses joues humides, essuyant quelques larmes qui m'arrachèrent un regard d'admiration amoureuse... Car j'idolâtrais ses larmes, celles qui la rendaient d'avantage martyr. Je l'aimais torturée et aimante, heureuse et spontanée. Je l'aimais dans ses extrêmes, dans le berceau de ses pleurs, dans ses rires et dans ses angoisses. Déposant un baiser au coin de ses lèvres rubis pour en recueillir une perle salée, je témoignais alors de mon amour sadique pour sa condition de belle persécutée. « Que va-t-on devenir, Lust ? Le sort s’acharne, et la douleur de ton récit ravive les flammes douloureuses de notre idylle. » Ma main quémandeuse fit glisser avec envie la couverture portée sur ses épaules frêles, dénudant ainsi sa peau sous mon regard libidineux. Je cherchais de mes prunelles ardentes quelques tâches brunâtres tannant sa peau de victime, et y déposais des monceaux de baisers enfiévrés et mordants, mes lèvres alanguies captivées par ses brûlures tant chéries. « Est-ce vraiment nouveau. » marmonnais-je entre deux baisers d'une voix suave, remontant ma course dévorante et transie jusqu'au creux de son cou qui m'était donné en offrande. Ce fut néanmoins la seconde tirade de ma Cassandra qui brisa mon élan licencieux et tendre ; relevant ma tête brune que je posais contre sa tempe, je toisais pensivement un point invisible à l'horizon. « Reste, Lust. Pour Eydis. Pour moi. Elle a besoin d’un père. Besoin de toi. » Mes doigts glissant dans les siens sous un bruissement d'étoffes ainsi qu'un souffle aussi léger qu'une brise glaciale, je considérais ses mots dans un sérieux retrouvé, songeur ; il me semblait revivre notre première nuit. Et quel délice que de me replonger dans ces souvenirs suavement érotiques... Un frisson parcourut mon échine dès lors que je revins à moi, quand résigné à ne plus perdre Cassandra de nouveau, je soufflai dans une détermination non feinte : « Je n'abandonnerais pas les femmes de ma vie. » murmurais-je dans un sourire carnassier. « Demain, Thaïs fera ses valises. » Et dans une affirmation qui n'acceptait aucune réfutation, je calais d'avantage ma Cassandra dans le berceau de mes bras possessifs et geôliers.

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