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O serpent heart hid with a flowering face.

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Lust Whitaker

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Lust Whitaker


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MessageSujet: O serpent heart hid with a flowering face. O serpent heart hid with a flowering face. Icon_minitimeJeu 12 Avr - 16:35

Un nuage de fumée âcre s'échappa de mes lèvres blêmes tandis que l'ombre de mes yeux pénétrants fixait l'horizon d'une moue princière. Droit et fier malgré cette posture qui m'inclinait à m'appuyer contre la balustrade du balcon de mon magnifique loft londonien, je portais par entractes réguliers ma cigarette à ma bouche sous le joug de pensées tortueuses : un bref sourire pointa sur mon visage altier tandis que je me remémorais la dispute de la veille qui avait éclaté avec Thaïs. La belle en pleurs n'avait eu de cesse de gémir, de crier, de geindre, piquant des scandales éhontés sous mon ordre sec et secoué de paroles mortifères ; je l'avais sommée de partir, de quitter ma vie et de sortir de ce loft. A la surprise amère s'étaient succédées la rage, la colère, puis la raillerie, les insultes et enfin la demande de pardon. Voilà en somme ce qui me faisait sourire ; ses excuses noyées sous un flot de larmes qui rougissaient ses yeux de miel, alors que de nous deux c'était bel et bien moi le bourreau. Combien de fois avais-je trompé la belle, m'amusant à ses dépends et me riant de son intelligence que je trouvais limitée... Voilà qu'à présent elle était invitée à partir sous couvert de railleries mesquines et cruelles, sous prétexte qu'une autre femme était entrée dans ma vie. Et la pauvre Thaïs avait beau trembler et mener un chantage superflu dans lequel elle m'affirmait que notre rupture serait la perte définitive de mon travail – quelle idée que de sortir avec la fille du patron, aussi – je ne lui avais répondu que par des rictus amusés, des mots guerriers s'abattant sur sa chair déjà rougie par des plaies béantes, en lui susurrant que je me fichais bien de ses menaces. Peu m'importait la perte d'un travail tant que je retrouvais Cassandra ainsi que ma fille ; je ne reviendrais pas sur ma décision. Jetant le mégot par dessus la balustrade, je me retournais fièrement non sans une lueur insolente dans le regard, lorsque je fis face à une Thaïs plus impérieuse que jamais. Fronçant les sourcils face à ce spectacle pitoyable, je la jaugeais de haut en bas d'une oeillade méprisante : « On avait un deal : tu partais avant 10 heures. » « Tu sais bien que j'ai horreur quand tu t'habilles comme ça. » Et la belle de s'avancer d'un pas élégant, enveloppée d'une prestance enjôleuse non sans toiser mon jean et ma chemise noire d'une moue boudeuse. Mes rétines ambrées n'eurent de cesse de lui renvoyer des éclairs dédaigneux, au bord du dégoût, et je pus lire aussitôt l'amusement sur son beau visage rayonnant tandis qu'elle se rapprochait conquérante. Sa main de louve posée sur mon torse dans une caresse libidineuse fut aussitôt chassée par un réflexe sec et froid. « Je ne te quitterais pas, mon chéri. » Un murmure jubilatoire pour un regard luisant de promesses mesquines, et je la toisais d'une oeillade soudain appréhensive : « Bien, alors je démissionne. » S'il fallait que je fasse tout le boulot de la belle écervelée à sa place pour accélérer son départ, alors soit : j'allais pour rentrer dans le salon, prêt à en découdre avec mon futur ex employeur, lorsque la main possessive de Thaïs m'attrapa au vol. Ce fut vers une femme à la mine résignée, au regard triomphal et au sourire de peste que je me retournais. Que pouvait bien présager cette moue insupportable, pourquoi donc les supplications avaient laissé place à tant d'assurance ? Je ne tardais pas à en recevoir la réponse, puisque la jolie brune s'exhiba fièrement : « Tu as raison, pars... » Un soupir agacé passa la barrière de mes lèvres blêmes tandis que je tournais les talons, prêt à repartir dans ma lancée, quand les derniers mots de Thaïs interrompirent ma marche altière : « ...pars, et j'enlève la petite Eydis à ta blondasse de Cassandra. » « Quoi ? » sifflais-je dans une colère froide mais surtout l'incompréhension la plus totale : faisant face de nouveau à Thaïs, je pus observer un sourire vengeur pointer à la commissure de ses lèvres devenues venimeuses. « C'est ignoble... Laisser une petite fille vivre dans un tel taudis, élevée par une mère autrefois alcoolique. » Un petit rire ponctua la fin de sa tirade et attisa cette colère noire qui s'était emparé de moi, mon être tout entier vint bouillir de rage et libéra mes démons impulsifs : car je ne pus m'empêcher d'empoigner violemment Thaïs pour mieux la secouer brusquement. Ainsi donc, cette garce avait déjà mené son enquête, usant de son pouvoir et de ses relations pour venir fouiner dans le passé de mon amante et broder ainsi des médisances démentes. « Ne les touche pas ! Ne les touche pas si tu ne veux pas que je fasse de ta vie un enfer. » Malgré la hargne de ma voix habituellement si suave ainsi que les enfers dantesques luisant dans mes yeux sombres, Thaïs se braqua, immunisée par son influence pouvant peser sur la gravité de ses accusations, et se mit sur la pointe des pieds pour mieux me voler un baiser mordant : « Ne t'avises plus de recommencer. Ne t'avises plus de me frustrer. Ne t'avise même plus de la revoir, ou je me ferais un plaisir de lui arracher ce qu'elle a de plus cher...  Echec et mat, mon Lust. » Soufflé par la performance cruelle et manipulatrice de la jolie brune qui s'éloignait avec superbe, je ne compris qu'un peu tard qu'elle possédait un pouvoir longuement sous-estimé : la mainmise sur nombre de rouages et systèmes sorciers. J'allais comprendre bien tard que les services sociaux n'échappaient guère à la règle : Thaïs me menaçait purement d'arracher Eydis des bras de Cassandra, sitôt que je me retournais contre elle. Pris au piège, tel un loup malavisé, mon orgueil avait eu raison de moi.

***

« Cassie... » Ma supplique suave et gourmande vint interrompre le baiser langoureux échangé entre nous alors que je venais à peine de passer le seuil de sa porte, profitant d'un moment d'absence de la petite Eydis pour nous laisser aller à des démonstrations d'affection transies. Mes mains possessives se refermèrent tel un étau sur ses hanches graciles, comme je sentis les doigts fins de Cassandra passer sous ma chemise sombre. « A propos de Thaïs... » Passant une main dans la jungle de mes cheveux d'ébène, je poussais un soupir frustré avant de lui tourner le dos pour mieux me plonger dans les ténèbres de mes pensées. Ce ne fut qu'après de longues secondes que je me retournai vers ma Cassandra, la mine grave mais le regard assuré : « Elle me menace de faire perdre mon boulot, si je pars. Elle ne sert pas seulement à faire la jolie plante écervelée, elle est aussi la fille de mon patron. » Je ne pouvais décidément pas avouer à mon amante les véritables raisons qui me poussaient à accéder à la requête manipulatrice de la brunette, j'osais espérer cependant que Cassandra n'entrevoyait pas mon mensonge comme une aspiration stupide à des ambitions que je n'avais pas. Aussi, prenant ses mains dans les miennes, je la fixais droit dans les yeux avant de lui offrir un sourire charmeur et mordant : « Laisse-moi le temps d'arranger tout ça, tout ira vite et rentrera dans l'ordre. Fais moi confiance. » Et la résignation dont je faisais preuve n'avait d'égal que ma sincérité : je ne laisserais pas Thaïs nous enlever Eydis, quoiqu'il en coûte.
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Cassandra Ledoux

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MessageSujet: Re: O serpent heart hid with a flowering face. O serpent heart hid with a flowering face. Icon_minitimeJeu 12 Avr - 17:34

Perdue au milieu de mes draps et couvertures, je restai un moment éveillée dans mon lit, jetant un coup d’œil au radio réveil à côté de moi de temps à autres. Nous étions dimanche matin, et comme chaque dimanche matin, Eydis et moi allions rendre visite à ma mère malade, à l’hôpital magique de Sainte Mangouste. Comme chaque dimanche, je me permis une petite grasse matinée, savourant les rayons du soleil qui venaient frôler ma peau doucement réchauffée. Eydis n’était pas une enfant difficile, elle fit d’ailleurs ses nuits très tôt, et âgée seulement de cinq petites années, elle était une véritable adepte des très longues nuits de sommeil, jusqu’à ce que sonne onze heures. J’avais donc une heure devant moi pour mieux me préparer et ensuite aller réveiller ma fille, petite belle au bois dormant. Perdue un instant dans mes pensées, je réalisai cependant que ce jour là n’était pas comme tous les dimanches qui avaient précédé. J’avais l’agréable sensation d’être légère, aérienne, heureuse. Lust avait promis de passer dans la matinée pour se rendre avec nous à l’hôpital, pour passer un peu plus de temps avec sa fille, une occasion pour moi de perdre mes yeux dans son regard dévorant. Pour la première fois depuis bien longtemps, je me sentais en pleine forme, heureuse, loin de mes soucis d’argents, de la maladie de ma mère, de ma solitude. Lust entrait à nouveau dans ma vie, et à nouveau, je sentais cette euphorie pénétrer mes veines, plus vite encore qu’une dose d’héroïne – et croyez-moi, je savais ce que c’était. Paressant quelques minutes supplémentaires dans mon lit encore chaud, je finis par me lever enfin, d’excellente humeur, prête à me faire des plus belles pour recevoir mon bel amant. J’avais l’agréable impression de retomber à l’adolescence, lorsque la séduction et le flirt sont de mises, et où toute fin justifie les moyens. Je n’ignorais pas cependant que jamais, avec Lust, nous n’avions connu la routine, l’amour fade et traditionnellement ébréché, les premières semaines passées. Nous avions de ces caractères qui nous empêchent de tomber dans l’habitude inquiétante, et quand bien même nous savions nous faire souffrir avec brio, nous étions aussi particulièrement doués pour nous aimer d’une passion et d’une effronterie sans nom. Fredonnant un air de classique moldu, je me levai et gagnai la petite salle de bain doucement chauffée par un petit poêle à bois. Je me permis une douche longue et savoureuse, oubliant tout, si ce ne fut la dernière nuit passée en compagnie de Lust. Il m’avait promis de mettre la belle, mais crédule, Thaïs à la porte, et de ne pas nous abandonner, Eydis et moi. Allait-il tenir sa promesse ? J’en étais sincèrement convaincue, et alors, je ferais tout pour garder Lust dans ma vie, et osais-je l’avouer, dans mon lit.

Je quittai la petite cabine de douche, dégoulinant d’eau brûlante sur mon corps rougie, et jetai un regard au miroir. N’étais-je pas trop vieille pour ce genre d’idylle si passionné ? Avais-je le droit à ce bonheur, moi qui avais su me montrer si abjecte dans mon passé, si insouciante, si imprudente, si cruelle, parfois ? Ces questions s’échappèrent néanmoins bientôt de mon esprit, sitôt que la petite Eydis entra dans la salle de bain, son pouce dans la bouche, ses cheveux ébouriffés. Enroulée dans ma serviette, je lui tendis des bras maternels dans les quels elle vint se blottir doucement, câline. « Tu es déjà levée mon ange ? » L’enfant secoua doucement la tête, enroulant ses petits bras autour de moi, cherchant le réconfort de mon cou, dans le quel elle vint se caler tendrement. Touchée par ce moment de tendresse, je resserrai mon étreinte autour de ma fille, pour mieux la porter et la mener jusqu’au salon. « Tu veux quoi pour le petit déjeuner ? » Eydis, toujours très silencieuse le matin, se contenta d’hausser les épaules, et je compris que c’était à moi de choisir pour elle. Je me dirigeais vers la cuisine où je préparai un bol de lait chaud dans le quel je versais quelques céréales chocolatées, avant de les apportées à ma fille qui avait déjà allumé la télévision et regardait les dessins animés moldus. J’en profitai pour m’éclipser à nouveau et m’habiller dans la salle de bain. J’enfilai une jupe légère et un débardeur pâle, avant de jeter par-dessus mes épaules un gilet sombre, cachant les tâches brunâtres de ma peau imparfaite. Finalement, non sans avoir maquillé très légèrement mes yeux et coiffé mes cheveux, je me redirigeai vers le salon, Eydis avait finit ses céréales. Elle me regarda de son œil critique et perçant, avant de daigner dire ses premiers mots de la journée.

« Tu es si belle. » J’adressai un sourire rayonnant à ma fille avant de déposer un tendre baiser sur son front blanc. Je la sortis de son tas de couverture, et la portai jusqu’à sa chambre où elle devait s’habiller : Lust ne devrait plus tarder. Ma fille, indépendante, choisit elle-même ses vêtements, et je la vis les détailler avec attention. Je savais qu’elle attendait de revoir son père depuis des jours à présent, elle ne tarissait d’ailleurs pas à son sujet, affirmant qu’il était le plus beau, le plus drôle, et le plus-tous-les-adjectifs-mélioratifs-qu’elle-connaissait. Je savais d’ailleurs qu’elle s’était levée si tôt dans l’espoir de le faire arriver plus vite. Je l’observai se vêtir, elle était perdue dans ses pensées, jetant des coups d’œil inquiets à la pendule. Finalement, elle prit la parole de sa voix sucrée. « Tu crois que je peux l’appeler papa ? » J’observai ma fille avec un pincement au cœur. Bien sûr, cette question était légitime, mais je ne pus que culpabiliser à l’entente de ses interrogations. Ma fille n’aurait pas du avoir à ses poser de telles questions, si elle avait connu son père dès sa naissance, elle l’aurait immédiatement appelé papa, et alors, il n’y aurait pas eu d’équivoque. Mais ce petit pincement était aussi du au sentiment égoïste que ma fille n’était plus entièrement à moi. Bien sûr, j’étais heureuse d’avoir retrouvé Lust, et de lui avoir présenté sa fille, mais cela faisait cinq ans que je vivais seule avec ma fille, et une complicité s’était tissée entre nous, plus qu’entre tout autre enfant et sa mère. « Tu n’auras qu’à lui demander. » J’avais répondu cela d’un air absent, tandis que j’étais ma fille à enfiler convenablement sa petite robe. Enfin, l’on frappa à la porte, et j’adressai un sourire à ma fille, avant de quitter la pièce, non sans lui avoir au préalable demandé de mettre ses chaussures.

J’ouvris la porte sur un Lust comme je l’aimais. Sa tenue décontractée me mis bien plus à l’aise que son costume taillé sur mesure, et sa chemise noire parfaitement ajustée me fit littéralement fondre. A peine eut il passé le seuil de la porte, j’enroulai des bras tendre autour de sa nuque avant de déposer un baiser langoureux sur ses lèvres fruitées. « Cassie… », je me sentis chavirer à l’entente de ce surnom qui n’appartenait qu’à lui, et je déposai des milliers de baisers sur chaque passerelle de sa peau que mes lèvres pouvaient atteindre. Ses mains firent mes hanches prisonnières, et je me sentis frissonner de plaisir. Je profitai de l’absence de notre fille pour mieux laisser mes mains vagabonder sous sa chemise, lorsque mon bel amant s’écarta finalement de moi, me tournant le dos. Frustrée, mais aussi inquiète, je l’observai d’un œil interrogateur. Nous n’avions encore rien dit à Eydis à propos de nos retrouvailles, et les démonstrations affectueuses se faisaient rares lorsque la petite était dans les parages, mais un instant, je cru au pire. Pensant qu’il allait me dire qu’il n’était pas près d’être père, qu’il aimait trop Thaïs pour lui faire ça, ou que sais-je encore ? Ce qu’il dit ne fut pas si douloureux, mais ses mots m’arrachèrent néanmoins un grognement de rage. « A propos de Thaïs... » Evidemment, qui d’autre si ce ne fut cette bourgeoise toute de lumière et de soleil vêtue. Ainsi donc, elle n’avait pas encore fait ses valises ? Ma gorge se noua sous ses paroles prononcées doucement, mais bien trop douloureuses à mon âme. « Elle me menace de faire perdre mon boulot, si je pars. Elle ne sert pas seulement à faire la jolie plante écervelée, elle est aussi la fille de mon patron. » Ainsi donc, Lust ne faisait pas les choses à moitié. Rongé par son ambition, il s’était accommodé de la fille de son patron ? Un sifflement de rage s’échappa d’entre mes dents, comme je reculai lentement, horrifiée par ce qu’il allait me dire par la suite. Il prit mes mains dans les siennes si chaudes avant de m’offrir un petit sourire empli de charme et de murmurer. « Laisse-moi le temps d'arranger tout ça, tout ira vite et rentrera dans l'ordre. Fais moi confiance. ».

Je retirai mes mains des siennes d’un geste que je compris trop sec seulement après l’avoir achevé. Portant une main à ma gorge, je restai silencieuse un moment. Après tout, je ne pouvais pas lui demander de tout quitter pour nous, du jour au lendemain. C’était déjà assez bien qu’il assume son rôle de père, je ne pouvais pas en plus, réclamer qu’il ne devienne mon amant. Je devais penser à Eydis avant de penser à moi, je ne pouvais me permettre de me disputer avec Lust, et de lui interdire, une nouvelle fois de voir sa fille. Pourtant, je sentis l’immortelle plaie béante s’ouvrir une nouvelle fois mon cœur, cette plaie même qui m’avait submergé de douleur quand j’avais autrefois vu mon Lust avec la jolie Capri. « Soit, si ton travail est plus important que … ta fille. Mais je te préviens, Lust, maintenant que tu es rentré dans la vie d’Eydis, tu ne peux pas te permettre d’en ressortir. Elle t’aime déjà tant… » Quelle belle hypocrite je faisais là. Me servir de ma fille pour mieux mettre mon loup en cage, étais-je donc ignoble à ce point ? Ou transi d’un amour jaloux débordant un peu plus chaque fois que j’imaginai la jolie Thaïs poser ses mains sur le corps tant adulé de Lust. « Et la plante écervelée sait que tu es là ? Elle sait pour Eydis ? » Je me demandai alors qu’elle femme était assez stupide pour laisser son conjoint se rendre chez son ancienne amante, retrouver sa fille. Sans doute n’était-elle pas au courant, comme expliquer sa présence autrement. Nous fûmes interrompus par Eydis qui courait déjà en direction de son père et se jetai dans ses bras.

« Tu es venu ? » Demanda-t-elle de sa voix fluette et heureuse, avant de poser un doux baiser sur la joue de Lust, et de laisser ses petites mains d’enfant vagabonder dans la chevelure de son père aussi sombre que la sienne. « Je vais me coiffer. Tu restes là hein ? » Ma fille avait-elle entendu la conversation qu’il y avait eu entre ses parents pour poser une telle question ? Et dans un ultime câlin volé à son père, elle partit en courant vers la salle de bain, où je l’entendis faire couler l’eau pour se brosser les dents consciencieusement. Je me retournai vers Lust d’un air accablé, avant de murmurer d’une voix froide et mordue de jalousie « Ou pourquoi ne pas inviter ta bourgeoise à venir voir ma mère aussi ? Nous sommes une grande famille après tout. » Ma voix amère acheva de tendre l’ambiance déjà sous pression, tandis que je posais sur Lust un regard dévorant de luxure, de haine, et d’amour transi. Notre vie ne serait-elle jamais un long fleuve tranquille ?
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Lust Whitaker

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MessageSujet: Re: O serpent heart hid with a flowering face. O serpent heart hid with a flowering face. Icon_minitimeJeu 12 Avr - 19:21

Nos gémissements suppliciés arrachés à nos lèvres envieuses ne résonnèrent guère longtemps dans cette pièce glaciale. J'avais en effet préféré aller droit au but, quitte à paraître brutal et indélicat je ne souhaitais offrir de faux espoirs à ma Cassandra. Ces menaces mesquines n'avaient eu de cesse de résonner dans mon esprit le long du trajet, m'arrachant des frissons de dégoût, des rictus cyniques et des soupirs glacés : pourquoi fallait-il que notre histoire soit ainsi semée d'embûches, quel dieu païen nous mettait donc à l'épreuve en nous accablant de la sorte ? Car dès lors que j'avais promis à ma tendre Cassandra que jamais je ne les abandonnerais, je m'étais imaginé un cocon familial semblable à notre idylle : passionné, et passionnant. Enfin je m'étais imaginé demander à Cassandra de vivre à mes côtés dans ce loft luxueux trop grand pour moi, où nous aurions aménagé une chambre douillette à notre petite princesse... Certes je n'ignorais pas que tout allait bien trop vite, cependant transi d'amour et plein d'espoir à présent que je les avais retrouvées, je ne me laissais aucun droit à l'erreur et me refusais à les laisser partir. Mais voilà que Thaïs anéantissait tous mes projets fantasques et insensés, m'abattant par son venin et m'enchaînant par ses lourdes chaînes. Je me voyais déjà comme le pantin de cette jolie plante que j'avais trop longuement sous-estimée, condamné à me plier à ses quatre volontés pour ne pas la voir mettre ses menaces à exécution. Frissonnant d'un nouveau spasme dégoûté alors que je me confiais – ou dirions-nous mentais – à Cassandra, j'espérais au moins qu'elle ne verrait pas cet obstacle comme une interdiction pure et simple de nous revoir. Diable que je la voulais comme amante, comme femme, comme je désirais la voir mère malgré tout, malgré ces chaînes et ces fers rouges. Je ne pouvais rien, cependant, contre les démons jaloux qui vinrent briller dans l'alcôve de ses si beaux yeux bleus. Pouvais-je l'en blâmer par ailleurs ? Car je ne comprenais que trop bien ce que ma douce Cassandra pouvait ressentir. Non pas que j'étais devenu empathique, mais des réminiscences douloureuses m'assaillirent de toutes part lorsque je me remémorais ces dernières années à l'université, durant lesquelles Cassandra était venue me narguer au bras de son bellâtre. Las, comme les furies jalouses s'étaient éprises de moi ! Maintes et maintes fois, j'avais eu cette envie inavouable de tordre le cou de cet Alan, au moins autant que j'avais haï Cassandra, à l'antre de mon amour viscéral pour elle. « Soit, si ton travail est plus important que … ta fille. Mais je te préviens, Lust, maintenant que tu es rentré dans la vie d’Eydis, tu ne peux pas te permettre d’en ressortir. Elle t’aime déjà tant… » La jolie blonde avait beau avoir retiré sèchement ses mains, je n'en installais pas moins une relation de proximité, me refusant à m'écarter d'avantage. Plutôt crever entre ces quatre murs que de la voir fuir maintenant : sur la défensive, j'étais prêt à bondir pour la retenir au moindre de ses faux pas. « Rien n'est plus important que ma fille. » sifflais-je d'un murmure spontané, rauque et suave, suffisamment bas pour que mon emportement ne parvienne pas jusqu'aux oreilles de la petite Eydis. L'appartement étant suffisamment petit pour nourrir des oreilles curieuses, je préférais épargner l'enfant des disputes de grandes personnes... La spontanéité vivace dont j'avais fait preuve quant à la tirade de Cassandra ne faisait que refléter les véritables problèmes pesant sur mes épaules : c'était bien pour ma jolie blonde et pour Eydis que j'acceptais d'être le pantin d'une stupide brune plantureuse, le temps de contre-carrer son chantage puéril. « Et la plante écervelée sait que tu es là ? Elle sait pour Eydis ? » « Non je... » Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase soufflée en un susurrement sérieux, qu'une tornade brune débarqua dans les environs et se jeta dans mes bras. Soulevant ma fille dans mes bras, je ne pus que lui offrir un sourire empli d'un amour paternel sincère : sa simple présence suffisait à balayer mes doutes et mes problèmes, et me fit prendre d'avantage conscience que je devais me battre sans relâche pour ne pas perdre bataille. Je ne supporterais pas de voir ma Eydis dans une autre famille que la sienne, pas plus que le désarroi de ma Cassandra à qui l'on aurait arraché le fruit de ses entrailles. Assailli d'une combativité qui me dévora les entrailles, je me fis l'effet d'un loup protégeant sa meute tous crocs sortis... quand bien même il me fallait désamorcer subtilement cette situation fort délicate. « Tu es venu ? » « J'avais promis, prinsessa. » soufflais-je de cette même voix basse, légère comme un murmure hivernal, qu'avait employé l'enfant. Et tandis que ma princesse passait ses mains potelées dans mes cheveux sombres, elle renchérit d'un timbre mutin : « Je vais me coiffer. Tu restes là hein ? » « Te coiffer, pourquoi faire ?  » J'ébouriffai alors les cheveux de Eydis, les rendant plus hirsutes qu'ils ne l'étaient déjà, recueillant des hoquets d'offuscations suivi d'un éclat de rire réchauffant mon coeur engourdi. Enfin, je posai ma fille à terre qui eut tôt fait de repartir en courant non sans scander un nouveau : « Pars paaaaaas hein. » avant de disparaître au coin du couloir.

Ce fut dans une moue charmeuse que je me retournai vers Cassandra, laquelle ne fut pas sensible à mon numéro de séduction puisqu'elle en revint aussitôt au sujet de la dispute : « Ou pourquoi ne pas inviter ta bourgeoise à venir voir ma mère aussi ? Nous sommes une grande famille après tout. » « Cassie, ne rends pas la situation plus difficile qu'elle ne l'est déjà. J'essaie de me dépêtrer de cette folle au plus vite... Regarde-moi. » Ma voix suave s'était emplie d'une tendresse mordante inconditionnelle, cette même tendresse alanguie qui avait pris écho dans ma voix le soir où j'étais venu la surprendre dans sa chambrée. J'attrapai de nouveau les mains de ma blonde effarouchée, plantant mon regard d'aigle dans le sien : « On reste ensemble, je ne vous abandonne pas. Le départ de Thaïs va juste mettre un peu plus de temps que prévu, mais je trouverais une solution pour la faire taire. » Je n'ignorais pas que ces simples arguments, aussi résignés et sincères pouvaient-ils être, ne convaincraient pas Cassandra. Car je pouvais lire l'appréhension dans ses grands yeux bleus : tant que le chantage demeurerait effectif, je n'avais pas le pouvoir de me glisser hors du lit du serpent. En d'autre termes, frustrer Thaïs dans quelconque domaine que ce soit équivalait à l'exécution de ses menaces pesantes : « Ce sera juste moins évident pour moi de venir vous rendre visite. Mais on a toujours si bien su nous cacher que ce n'est plus vraiment un problème. » Un rictus mordant et assuré pour ponctuer ma tirade quelque peu orgueilleuse, et déjà Eydis refit son apparition : lavée, coiffée, le manteau encore ouvert et les lacets défaits. « Et voilà ! » s'exclama-elle fièrement, les bras grands ouverts comme pour attendre les applaudissements d'un public en folie. Un rire touché s'échappa de mes lèvres comme je m'accroupissais auprès d'elle pour nouer ses lacets. « Merci ! » « En islandais ? » soufflais-je sous le zip du manteau que je refermais alors, et d'une voix quelque peu autoritaire, quoique paternelle. « þakka þér ! » « Bien. » Perdu dans les méandres de mon esprit de surdoué, je n'avais guère pensé au fait que ma propre fille pouvait (ou ne pouvait pas) assimiler si facilement mes propres leçons : au lendemain de ma nuit passée auprès de Cassandra, je m'étais appliqué à raconter à ma fille l'histoire de l'Islande, ses moeurs, et à lui apprendre quelques mots de base. La petite bougresse avait tout retenu avec tant de facilité qu'aucune hésitation ne vint se sentir dans sa voix enfantine. « En route. » Soulevant alors Eydis dans mes bras j'eus un regard taquin pour Cassandra, espérant taire les démons de notre dispute, avant de passer le seuil de la porte. « Je peux t'appeler papa ? » Mon coeur se pinça sous le joug de cette question prononcée dans une simplicité déconcertante, si bien que je demeurais muet un instant, troublé. « Pourquoi tu ne pourrais pas ? » répondis-je d'un air mutin tout en continuant de descendre les escaliers branlants.

***

« Elle est beeeelle, ta voiture. » Un rire amusé de nouveau, au coin de mes lèvres, et j'installais ma fille dans un siège acheté pour l'occasion à l'arrière de ma magnifique Corvette lustrée : l'avantage d'être intéressé par la culture moldue, c'était encore d'apprécier les jolies choses qu'ils pouvaient nous offrir. Et si je n'étais pas matérialiste, je demeurais un jeune homme avant tout qui aimait se faire plaisir. « Pas autant que maman. » Bien sûr, espérons qu'un petit compliment glissé ici ou là pourrait alléger les tensions. J'eus un regard amusé pour Cassandra avant de m'asseoir à l'avant, faisant ronronner le moteur. « Est-ce que ta mère sait que je viens, au moins ? Je ne voudrais pas la faire mourir d'une crise cardiaque. » Tu parles d'une ironie... Ne résistant pas à l'appel d'un peu d'humour noir, je n'avais pu donc retenir ma question avant de démarrer l'engin nous menant aux abords du Londres sorcier.

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MessageSujet: Re: O serpent heart hid with a flowering face. O serpent heart hid with a flowering face. Icon_minitimeJeu 12 Avr - 20:32

Mon cœur souffrait de cette promesse qui n’avait pas été tenue, de cette trahison de la part de mon ange démoniaque. Une petite voix mesquine et cruelle au fond de ma tête me murmurait que je n’étais qu’une naïve, et que mon amour pour Lust me tuerait. Combien de fois lui avais-je fait confiance pour être finalement déçue ? Pouvait-il y avoir amour sincère sans confiance ? A cet instant présent, je doutais sérieusement de l’avenir de notre pseudo-couple. Alors que je pensais avoir retrouvé l’homme de ma vie, je le découvrais finalement homme de la vie d’une autre, bien décidée à se le réserver exclusivement. Car je comprenais bien vite ce qu’il en était du chantage de Thaïs : Lust devrait sans doute se couper en quatre pour répondre aux attentes de la princesse lumineuse, que ce soit l’argent, l’amour, ou le sexe. Et merlin, que je détestais cette femme à qui tout réussissait. Pleine de rancune, et endoloris jusqu’au plus profond de mon âme, je ne sus cependant, - faible que j’étais – retenir un sourire attendrie devant le spectacle que m’offrirent Lust et notre fille. Déjà, Lust semblait plus assuré envers sa fille, la fibre paternelle naissait en lui plus vite que n’importe quel autre sentiment, et je me sentis légèrement rassurée de le voir aussi aimant. Je ne pouvais me résoudre à expliquer à ma fille que son père était avec une autre femme, et que sans doute, elle ne pourrait le voir aussi souvent qu’elle le souhaitait. Aussitôt l’enfant partie néanmoins, je retrouvai immédiatement ma posture défensive et froide. Hors de question de laisser à Lust le loisir d’échapper à cette conversation. Elle était loin d’être finie. « Cassie, ne rends pas la situation plus difficile qu'elle ne l'est déjà. J'essaie de me dépêtrer de cette folle au plus vite... Regarde-moi. » Comment ça, je rendais la situation plus difficile ? Comme si cela avait été de ma faute, comme si je lui avais moi-même ordonné de quitter Thaïs. Bien sûr, j’avais fait quelques allusions, mais il m’avait lui-même promis de la quitter, et voilà que tous mes espoirs volaient en éclat. Combien je me haïssais d’avoir été si stupide, d’y avoir cru. Ne savais-je donc pas, depuis tout ce temps, que notre idylle était vouée à l’échec, et ce, peu importait combien de fois nous essaierions. Sa voix s’était néanmoins faite de velours, et bientôt, ses mains attrapèrent les miennes. Sous le charme, je laissai ce contact s’installer entre nous, comme si mon corps ne répondait plus, et se laissait aimanter par la douceur et la chaleur de la peau de mon amant. Je levai des yeux de glace pour mieux les planter dans les siens décidés. Oh, mon amour, pourquoi faut-il que tout soit si difficile, que notre histoire soit toujours avortée ? « On reste ensemble, je ne vous abandonne pas. Le départ de Thaïs va juste mettre un peu plus de temps que prévu, mais je trouverais une solution pour la faire taire. » Pour la faire taire ? Cette dernière phrase souleva des interrogations dans mon esprit. La faire taire à propos de quoi ? S’il la quittait, elle se débrouillerait pour qu’il perde son travail, mais de quoi aurait-elle pu parler d’autre ? Je chassais ces questions de mon esprit, trop occupée à me montrer insensible à ses promesses aux quelles je ne voulais désormais plus croire. « C’est ça. On reste ensemble. » J’avais murmuré cela dans un souffle cruel et mordant, lui signifiant bien que je ne croyais pas un seul mot de ce qu’il me dirait désormais.

C’est horrifiée que j’entendis les nouveaux mots de mon bel amant. « Ce sera juste moins évident pour moi de venir vous rendre visite. Mais on a toujours si bien su nous cacher que ce n'est plus vraiment un problème. » J’ouvris de grand yeux, glacée par les paroles pourtant si vraies de Lust. Notre histoire n’avait été qu’une grande partie de cache-cache. Mais à présent, tout était différent, nous avions une fille, et jamais je n’aurais pu me résoudre à faire subir à ma fille cela. Si, dans une couple, le secret pouvait être excitant, Eydis, quant à elle, méritait de vivre au grand jour avec sa famille, et il était hors de question qu’elle ne subisse les allés et venus de son père de manière trop irrégulière et aléatoire. « Je me suis assez cachée Lust. Je suis fatiguée. Tu n’as qu’a retourner chez ta Thaïs, et prendre Eydis tant que tu es. Au moins, tu auras ta fille, et ta poupée gonflable. » Bien sûr, je ne pensais pas mes mots, et au fond de moi, j’osais espérer que Lust m’aimait encore, que Thaïs n’était rien pour lui, et qu’Eydis et moi comptions plus à ses yeux que sa pimbêche. J’allais enchaîner, mais déjà, mon angelot brun refit surface, parfaitement coiffée, le manteau enfilé sur ses frêles épaules, les lacets défaits. Je me retournai vers la fenêtre pour ne pas montrer à ma fille la colère que l’on pouvait vivre sur mes traits. Croisant les bras sur ma poitrine, j’écoutais distraitement les paroles échangées entre ma fille et Lust.

« Merci ! » « En islandais ? » Je retins un sourire lorsque j’entendis ma fille, en très bonne élève, remercier son père dans une langue qu’elle ne connaissait pas jusqu’à la semaine précédente. Fier de ses racines, Lust n’avait pu s’empêcher d’apprendre les bases de sa langue et de son pays à notre fille qui s’était délectée de tant de nouveautés à assimiler. J’avais d’ailleurs surpris la belle Eydis, dans sa chambre, en train de dire les quelques mots appris en islandais à ses poupées. A nouveau, je sentais ma fille avec qui j’avais été jusque la fusionnelle, couper peu à peu le cordon pour mieux s’offrir à son père, qui était devenu sa nouvelle idole. J’entendis l’éclat de rire de ma fille, après que son père ait fermé son manteau, et enfin, nous fûmes prêts. « En route. » Les bras toujours croisés sur ma poitrine, je l’observai prendre notre fille dans ses bras, avant de m’adresser un regard doux au quel je tentais désespérément de rester indifférente. Nous passâmes le seuil de la porte, et je me retournai pour mieux fermer la porte à double tour, tandis que j’entendis ma fille poser la question qui la tiraillait depuis plusieurs jours à son père. « Je peux t'appeler papa ? » D’un œil perçant, j’observai la réaction de Lust et le mis au défit de refuser cela à notre fille. Il était cependant déconcertant de voir comment la petite avait bien compris la situation. Elle savait que son père entrait dans sa vie, et le fait de l’appeler ainsi Papa, plutôt que Lust, était un moyen pour elle de dire à son père qu’il faisait partir intégrante de sa vie désormais, et qu’il ne pouvait plus reculer : elle lui avait ouvert son cœur, elle qui se montrait habituellement si réservée avec les inconnus. « Pourquoi tu ne pourrais pas ? » Ce fut soulagée que je recevais la réponse de Lust, et ma fille nous adressa à tout deux un regard rayonnant, s’accrochant un peu plus autour du coup de son père.

Arrivée au pied de l’immeuble, je ne fus pas surprise de voir la voiture de luxe de Lust. Malgré son sang pure de sorcier, j’avais toujours aimé en lui son côté moldu, cette façon qu’il avait de ne pas dénigrer ce monde qui était une partie de moi, finalement, aussi détestable qu’avait pu être mon père à mes yeux, le monde moldu avait toujours été une bulle réconfortante, lorsque ma vie de sorcière ne tournait pas rond. Eydis ne retint pas son émerveillement, et je l’entendis s’écrier, ravie « Elle est beeeelle, ta voiture. » Lust la porta jusqu’au siège arrière où un siège auto neuf trônait fièrement. Tandis qu’il l’attachait tendrement, je montai pour ma part à l’avant de la voiture, toujours frustrée et en colère, mais adoucie pas l’attention que portait Lust à sa fille. « Pas autant que maman. » Un petit sourire glissa sur mes lèvres, mais je ne répondis rien à ce compliment placé subtilement. Regardant toujours par la fenêtre, j’attendis qu’il ne démarre sa voiture de luxe, pour mieux nous rendre à l’hôpital. « Est-ce que ta mère sait que je viens, au moins ? Je ne voudrais pas la faire mourir d'une crise cardiaque. » Je posai mes yeux sur lui, d’un air songeur. Non, je n’avais pas prévenu ma mère, je voulais lui faire la surprise. Je savais qu’elle avait finit par apprécier Lust, mais j’étais convaincue qu’elle ne le montrerait pas devant lui, préférant attendre qu’il parte pour mieux me dire combien il était élégant, riche, et ferait un père parfait pour sa petite fille. « Non, je ne lui ai pas dit. Mais elle a le cœur bien accroché. » J’avais répondu cela dans un murmure à peine audible. Le trajet ne fut pas très long, Lust roulait avec une aisance sans nom, dépassant régulièrement les limitations de vitesse. A l’arrière, Eydis se montra étrangement silencieuse, regardant avec attention les gestes de son père, et je devinais qu’elle lui demanderait très vite si elle pouvait essayer de conduire. Enfin, nous arrivâmes devant l’hôpital.

Je connaissais l’horreur qu’avait Lust pour les hôpitaux, et malgré l’ambiance tendue qui s’était crée entre nous, je lui étais reconnaissante d’avoir accepté de venir avec nous. Laissant un instant ma rancœur de côté, je glissai doucement ma main dans celle de Lust, pour lui signifier ma reconnaissance. Je restai cependant silencieuse, rancunière jusqu’aux bouts des ongles, je restai convaincue que notre conversation n’était pas finie et que nous devions très vite y revenir pour trouver une solution au plus vite. Enfin, nous arrivâmes devant la chambre de ma mère. Ma fille, qui connaissait le chemin par cœur, y était déjà, et était entrée se jeter dans les bras de sa grand-mère. Restée sur le pas de la porte, je regardai Lust d’un œil posé. « Nous en reparlerons Lust. Je ne laisserai pas cette … femme me prendre mon bonheur. Tu es prévenu. » Telle une tigresse qui défend son foyer, je lançai un regard de braise à Lust, avant de pénétrer dans la chambre éclairée de néons de ma mère, confortablement installée dans son lit. « Maman. Comment vas-tu ? Nous avons emmené quelqu’un avec nous. » J’embrassai ma mère sur la joue avant de m’écarter pour mieux laisser Lust entrer. Eydis, dans les bras de sa grand-mère, adressa un sourire rayonnant à sa famille, avant de dire de sa voix enjouée « Mamie, c’est mon papa. Mais c’est le mien. Toi, tu peux pas l’appeler papa. Tu dois l’appeler Lust. Parce que c’est que mon papa, à moi. Tu comprends ? » J’éclatai d’un rire franc devant ma fille qui semblait expliquer la situation à quelqu’un de plus jeune qu’elle. Ma mère lui sourit, mais ne dit rien. Elle se contenta de laisser son regard glisser de Lust à moi, et finit par s’attarder sur mon amant, qu’elle inspecta de la tête aux pieds. « Lust Whitaker. Si je m’attendais à revoir le don juan junkie un jour… Toujours aussi plein aux as ? » Ma mère et la délicatesse incarnée. Elle ne cachait cependant pas un sourire enjoué et heureux de voir ma fille ainsi recomposée.
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MessageSujet: Re: O serpent heart hid with a flowering face. O serpent heart hid with a flowering face. Icon_minitimeVen 13 Avr - 20:49

Cette atroce puanteur médicamenteuse me provoqua des relents de dégoût, car à peine avais-je posé les pieds à Sainte-Mangouste que déjà mes souvenirs tortueux vinrent agiter le spectre de mon enfance : je me revoyais gamin déambuler dans ces couloirs qui me filaient déjà la nausée, a contrario de ma petite Eydis qui partait telle une fusée en empruntant un chemin qu'elle connaissait déjà par coeur. Un frisson s'empara de mon échine raidie lorsque je me remémorais nos trop nombreuses visites, quand tenant la main de mon père j'appréhendais l'épreuve hebdomadaire. De nouveau je poserais mes grands yeux bruns sur l'ombre molle maternelle, qui encore et toujours me demanderait mon prénom. Elle avait au moins le mérite de nous faire sortir de la routine : soit ma génitrice trouvait mon prénom amusant, jurant qu'elle le trouvait bien plus charmant que celui de sa fille qu'elle n'avait pas, soit elle s'offusquait de voir qu'un enfant orphelin pouvait ainsi traîner dans les chambres pour mieux embêter les grandes personnes. « Mr Whitaker. » Saluant au passage d'un bref signe de tête un médicomage m'ayant reconnu – après tout je n'avais eu de cesse de visiter ma mère même après le décès de mon paternel – je ne pipai mot et préférai poser mes rétines ambrées sur le dos de ma petite fille courant avec impatience. Un bref sourire se dessina sur mes lèvres blêmes lorsque j'apercevais ainsi sa silhouette d'angelot encore frêle ; nous avions tant de temps à rattraper... Chacune de mes nuits me provoquait d'insoutenables insomnies ; à l'instar de la mère, c'était à présent la fille qui m'arrachait des bras de Morphée. Car je ne cessais de me repasser en boucle le discours que j'aurais aimé lui tenir : je n'avais jamais voulu partir de sa vie, je n'avais jamais désiré l'oublier, je l'avais toujours aimée et jamais reniée, quoiqu'on en dise. Après tout, j'ignorais encore ce que Cassandra avait pu dire à Eydis à mon encontre : si je les avais abandonnées lâchement, si je n'étais que de passage dans leur vie... qu'en savais-je. La main de ma tendre blonde glissée dans la mienne m'arracha de ma léthargie, et j'eus alors un regard pour ma Cassandra qui demeura aussi glaciale et inexpressive que ces murs : imperturbable, je portai ses doigts à mes lèvres gourmandes et y déposai un baiser. Il me semblait que les retrouvailles avaient été bien assez précipitées et douloureuses pour que nous en rajoutions, et fidèle à mon credo de profiter de l'instant présent je n'avais aucunement l'envie de le gâcher. Plus encore, je voulais rallier Cassandra à ma cause à l'encontre de Thaïs, et ne surtout pas laisser cette brune plantureuse détruire les prémices de notre couple déjà bancal. Enfin, nous arrivâmes devant la fameuse chambre dans laquelle s'était déjà engouffrée Eydis d'une énergie débordante ; je posai un oeil amusé sur ma belle amante frustrée, m'amusant presque de son état colérique, un sourire charmeur au coin des lèvres. « Nous en reparlerons Lust. Je ne laisserai pas cette … femme me prendre mon bonheur. Tu es prévenu. » « J'ai toujours su que j'étais ton bonheur à part entière. » soufflais-je taquin quoique victorieux, laissant ma Cassandra mi-exaspérée, mi-amusée, passer le seuil de la porte qui me rebutait tant. Au final je n'avais pas demandé à ma belle amante de quoi pouvait être atteinte sa mère pour que les visites soient aussi régulières, pas plus que je n'avais soulevé cette question qui me brûlait les lèvres : s'était-elle rabibochée avec sa génitrice pour me l'évoquer dans son récit de mariée maudite, et pour me confier ainsi qu'elle la visitait très régulièrement avec Eydis ? Eydis qui à mon grand étonnement semblait énormément apprécier sa grand-mère, celle-là même qui n'avait eu de cesse de rabaisser Cassandra lors de nos années de fuite amoureuse. Ainsi son monde pouvait tourner sans moi, ainsi je me retrouvais finalement perdu dans l'univers de ma tendre amante : je la découvrais non mariée, et de nouveau en de bons rapports avec sa propre mère qu'elle ne supportait plus. Celle-là même qui m'avait pris pour un gigolo, quand j'y repensais. Un bref rire sec fila entre mes lèvres à ce souvenir, aussitôt effacé lorsque j'entrais dans la chambrée.

Une femme d'un certain âge y était allongée, portant sur son visage d'une pâleur extrême les traits d'une fatigue extrême. Mais malgré tout elle conservait cette beauté vraie, celle que peu de femmes conservent avec l'âge. J'eus par ailleurs du mal à la reconnaître aussitôt, moi qui l'avais toujours connue trop fardée, trop maquillée, trop parfumée... Je la découvrais naturelle quoique exténuée, bien qu'elle n'avait guère changé ses habitudes indélicates : « Lust Whitaker. Si je m’attendais à revoir le don juan junkie un jour… Toujours aussi plein aux as ? » « Je n'en ai pas l'air, vraiment ? » soufflais-je de ma voix suave et terriblement assurée, m'avançant vers la malade non sans jeter un bref regard sur ma tenue trop décontractée pour être l'apanage d'un millionnaire. « Papa est trèèès riche. » La petite Eydis se pencha sur la silhouette de sa grand-mère tout en lui tendant la main qui portait encore la bague d'or blanc. « Et vous ne donnez rien à ma fille ? » Un petit rire échappé de mes lèvres tandis que je pris place dans l'un des fauteuils avec aisance : ici comme ailleurs, je me sentais chez moi. Croisant mes mains sur mes genoux, je m'avançais avec prestance non sans accrocher ses yeux orgueilleux des miens. Je n'ignorais pas que derrière cette joute verbale, ces pics de provocation, se dissimulaient l'étrange joie des retrouvailles. « Oh je lui donne bien assez. » Un regard lubrique voire obscène pour ma bien aimée, qui coulait suavement sur le vibrato de ma voix libidineuse, et je reposai mon regard provocant sur la pauvre malade, laquelle ne put s'empêcher de sourire de défi. « J'ai toujours su que vous étiez du métier... Quoique j'ai entendu dire qu'on vous affublait d'un surnom stupide... Cassandra qu'est-ce que c'était déjà ? L'empoisonneur ? » Mme Ledoux senior reposa ses yeux flamboyant sur mon visage enjôleur, sous le regard de la petite Eydis qui suivait la joute verbale comme une partie de ping pong. « Si ça ne tenait qu'à moi et que j'étais votre amante, je verserais du poison dans votre verre de whisky, cher junkie. » « Si j'étais votre amant je le boirais, chère belle maman. » De longues secondes passèrent sans que nous ne pipions mot, soutenant le regard de l'autre dans une superbe incomparable. Et contrairement aux apparences, nous étions satisfaits de nous revoir... même si nos orgueils nous empêchaient de nous l'avouer.
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MessageSujet: Re: O serpent heart hid with a flowering face. O serpent heart hid with a flowering face. Icon_minitimeVen 13 Avr - 23:16

Si j’étais encore en colère contre Lust, je ne pouvais me résoudre à le montrer à ma fille et à ma mère. La première était bien trop heureuse d’avoir enfin retrouvé son père, et la dernière était assez malade pour ne pas avoir de soucis à se faire en plus quant à la vie de famille de sa fille. Je gardais néanmoins un goût amer sur la langue, mes pensées accaparées par cet avenir incertain que j’offrais à ma fille. Avais-je raison ? Et si Lust décidait de ne jamais quitter Thaïs et réclamait ses droits de garde, la recevant une semaine sur deux chez lui, sous les yeux de la belle Thaïs qui aurait tôt fait de s’accaparer de mon enfant. Je me décidai à en parler plus tard à Lust : ce n’était clairement pas le bon moment, et déjà, les enfantillages avent débutés entre ma génitrice et mon amant. Etrangement, si leurs relations avaient été houleuses au temps de notre idylle passionnelle, il semblait que les deux étaient heureux de se retrouver, à leur manière. Je m’assis au pied du lit de ma mère, les écoutant d’une oreille distraite tandis que ma fille se calait dans mes bras et me laissait lui faire des tresses de ses beaux cheveux d’ébène. Eydis, lovée dans mes bras, ne s’empêcha pas de prendre part à la discussion qu’elle écoutait avec beaucoup d’attention, jaugeant les relations qui unissaient sa grand-mère à son père. « Papa est trèèès riche. » Un petit rire glissa d’entre mes lèvres, adoucissant l’atmosphère tendue entre Lust et moi, je lui adressai d’ailleurs un petit sourire tendre, qu’il ne vit pas, trop occupé à observer sa fille se jeter sur sa grand-mère, pour mieux exhiber sa bague nouvellement acquise. Le bijou n’avait d’ailleurs pas quitté son doigt depuis ce jour où Lust le lui avait offert, ne cessant de l’observer briller à chaque occasion que se présentait. Eydis n’avait eu de cesse de m’en parler d’ailleurs, m’assurant qu’il s’agissait du plu beau bijou du monde entier, normal puisque c’était son papa qui lui avait offert. Eydis n’avait pas mis longtemps à vouer une admiration sans nom pour son père, trouvant que tout ce qui venait de lui était absolument parfait. Bien sûr, depuis que Lust avait rencontré sa fille, il avait trouvé bon d’envoyer tous les jours des tas de cadeaux à l’adresse de la belle Eydis, trop heureuse de vivre noël tous les matins. En effet, tous les jours, à la même heure, quelqu’un déposait un petit tas de cadeaux devant la porte, des peluches, des jouets, des poupées, des bijoux. Chaque matin, Eydis se levait en hâte pour ouvrir la porte et y découvrir avec joie ses présents, qui commençaient déjà à s’entasser dans sa chambrée. Je m’étais d’ailleurs promis d’en toucher un mot à Lust, considérant qu’il n’était pas sain pour un enfant d’être aussi gâtée. Je ne pouvais cependant le blâmer, car Eydis n’était que trop heureuse de ses cadeaux, et Lust lui offrait tout ce que je ne pouvais pas donner à ma fille, par manque de moyen.

« Et vous ne donnez rien à ma fille ? »

Je levai des yeux exaspérés de la tresse d’Eydis que j’avais recommencé après qu’elle se soit échappée de la cage de mes bras pour exhiber son anneau à sa grand-mère. Je n’avais pas eu le temps, ni vraiment l’envie, de m’entretenir avec ma mère pour lui expliquer la situation délicate que Lust, Eydis et moi vivions. Nous n’étions pas officiellement ensemble, il était le compagnon de Thaïs aux yeux de tous, et officieusement je n’étais même pas sûre de ce qui nous liait. Officiellement, de plus, Eydis n’avait pas vraiment de père déclaré, et ma mère ainsi qu’Alan devaient être les seules personnes à savoir qu’il s’agissait de mon ancien étudiant. Je lançai un vif regard de reproche à ma mère, avant de murmurer un sévère « Maman… », mais Lust, trop heureux de retrouver un adversaire à sa taille, eut un petit rire détendu, tandis qu’il prenait place sur le fauteuil au chevet du lit de la malade. Très à l’aise, Lust se contenta d’observer ma mère d’un air appréciateur, tous deux aussi orgueilleux l’un que l’autre, et finis par répondre de son air lubrique et insolent qui lui allait si bien et me faisait tant frissonner dans nos moments d’intimités, si rares avaient-ils étaient ces cinq dernières années. « Oh, je lui donne bien assez. » Son regard velouté et lascif glissa vers moi et mon appétit de son corps s’éveilla en moi comme un monstre affamé. Qu’était-il en train de m’arriver ? Moi qui avais abandonné toute vie intime, autre que ma vie de mère, n’ayant que de très rares amants d’une nuit de rares fois, je me redécouvris capable de passion dévorante, d’envie luxurieuse, de désir charnel et plus qu’érotique. Une nouvelle fois, en quelques jours seulement, je me sentis revivre dans les prunelles dévorantes de Lust. Eydis se redressa et me regarda d’un œil interrogatif avant de me murmurer « Il te donne quoi papa ? » Je lui souris doucement, lui caressant le front, et lui répondis à voix basse « Il m’a donné une fille, toi. C’est le plus beau des cadeaux, ma chérie. » Je ne sus si ma mère et Lust avaient entendu notre échange, mais ce que je disais été vrai, et je voulais que ma fille le sache. Qu’elle sache qu’elle était le trésor de ma vie, le plus beau cadeau qu’il m’ait jamais été fait. Ma mère, roucoulant sous l’ivresse de la répartie, me jeta un coup d’œil aiguisé.

« J'ai toujours su que vous étiez du métier... Quoique j'ai entendu dire qu'on vous affublait d'un surnom stupide... Cassandra qu'est-ce que c'était déjà ? L'empoisonneur ? » « Hum ? Oui l’empoisonneur. » Murmurais-je fascinée qu’elle s’en souvienne encore, malgré sa tumeur qui pouvait à tout instant lui faire perdre la mémoire. « Si ça ne tenait qu'à moi et que j'étais votre amante, je verserais du poison dans votre verre de whisky, cher junkie. » Une nouvelle fois, je regardai ma mère avec des yeux sévères, qu’elle s’amuse avec Lust, cela la regardait, mais pas devant Eydis qui était un peu très intelligente à mon goût et n’avait pas besoin de savoir ce que sa chère mamie aurait fait à Lust s’il avait été son amant. Je ne voulais même pas qu’elle sache ce qu’était un amant avant d’avoir au moins trente ans. Mais Lust ne jugea pas utile de calmer le jeu et en rajouta une couche. « Si j'étais votre amant je le boirais, chère belle maman. » Je soupirai d’exaspération devant la cour de récrée qui prenait vie sous nos yeux, même Eydis paraissait plus mâture à côté de ces deux là. « Mais comme personne n’est l’amant de personne dans cette salle, personne ne sera empoisonné. » Une façon comme une autre de signifier beaucoup de chose à chacun d’entre eux. Premièrement, qu’il y avait une petite fille dans la salle et que les tentatives d’assassinats n’étaient pas très bénéfiques à l’épanouissement de l’angelot, secondement, que personne ne devait mourir tout de suite, et enfin, troisièmement, que je n’étais pas l’amante de Lust, qu’il n’était pas mon amant, du moins officiellement, et que ma mère devait donc rester sur ses gardes quant à l’évolution de cette histoire d’amour encore trop floue. Mais ma mère n’était pas prête de baisser les armes. Elle était trop heureuse d’avoir enfin de l’animation, de pouvoir travailler sa rhétorique et sa répartie avec quelqu’un de tout aussi doué qu’elle. « Et depuis quand vous avez remis ça ? Vous allez encore me faire le coup de vous enfuir chacun de votre côté d’ici quelques mois ? »

Je baissai la tête gênée que ma fille assiste à ce genre de discussion, et je glissai une petite mornille argentée dans sa main potelée en lui murmurant d’aller chercher un chocolat chaud à l’étage supérieur. Ma fille était peut être encore jeune, mais elle connaissait l’hôpital comme sa poche, et s’était déjà fait plein d’amis à qui demander de l’aide en cas de problème. Je préférai l’éloigner de cette conversation pour mieux mettre les choses au clair entre nous trois. Eydis n’eut pas l’air convaincu qu’un chocolat chaud valait mieux que ce qui allait se dire, mais elle comprit à mon regard qu’il était inutile de discuter. Elle descendit du lit, s’approcha de son père, l’embrassa sur le menton – seul partie du corps de Lust qu’elle avait pu atteindre – avant de lui demander d’une voix douce « T’as pas une mornille de plus pour que j’achète des chocogrenouilles en plus ? » Elle ne perdait pas le nord, et elle nous faisait acheter notre intimité. Pour pouvoir parler entre grandes personnes, nous devions lui donner deux mornilles pour qu’elle aille voir ailleurs si on y était. Cette petite était décidément trop maligne. Elle finit par quitter la pièce, à regret, et elle eut tôt fait de fermer la porte que déjà je m’adressai à ma mère d’une voix froide, il faut croire que les vieilles rancœurs ne s’éteignent jamais vraiment. « Nous n’avons pas remis ça. J’ai juste … compris qu’Eydis serait plus épanouie avec un père. L’occasion s’est présentée la semaine dernière, c’est tout. » Ma mère eut un petit rire rauque, alors qu’elle posait une main frêle sur ma jambe. « Et tu as préféré le jeune aventurier infidèle plutôt que l’autre mollasson mièvre ? Comme je te comprends, chérie. » Elle se redressa sur son lit, et se pencha légèrement en avant vers Lust pour mieux l’observer de son œil si similaire aux miens. « Un mollasson, c’est moi qui vous le dit. Lent, mou, romantique et fleur bleu, mielleux. Parfait sous tous les plans. Je crois que vos manières de rustres et d’homme torturé lui ont manqué. » Ma mère parlait de moi comme si je n’étais pas là, et faisait ses confidences à Lust d’un air enjoué. Evidemment, elle venait de se trouver là un fidèle allié en attaquant ainsi le pauvre Alan, qui était plus qu’une victime qu’autre chose.

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MessageSujet: Re: O serpent heart hid with a flowering face. O serpent heart hid with a flowering face. Icon_minitimeLun 16 Avr - 15:14

« Mais comme personne n’est l’amant de personne dans cette salle, personne ne sera empoisonné. » La voix tranchée de Cassandra ne suffit pas à refroidir nos ardeurs enfiellées, bien que je ne pus m'empêcher de lancer malgré moi un regard à ma chère amante qui se prétendait être le contraire. Je mettais sa mauvaise foi d'avantage sur le compte de notre dispute qu'elle avait encore du mal à digérer – et je ne pouvais pas tant la blâmer, au vu des circonstances difficiles que je lui avais annoncées – que sur la réelle envie de cacher à sa mère notre idylle (re)naissante. Bien sûr que Mme Ledoux senior était atrocement malade, mais je doutais fortement que l'odeur pestilentielle de ces affreux médicaments, ou bien encore les multiples traitements, avaient atteint son cerveau à ce point : elle n'était pas dupe, et preuve en était le rire méprisable qu'elle lança alors, semblable à un odieux sifflement. « Et depuis quand vous avez remis ça ? Vous allez encore me faire le coup de vous enfuir chacun de votre côté d’ici quelques mois ? » Echec et mat. Un sourire de satisfaction vint poindre sur mes lèvres venimeuses tandis que ma soit disant belle-mère prouvait clairement qu'elle n'en avalait pas un piètre mot. Outrecuidant au possible, je me redressais dans toute ma superbe sans jamais quitter des yeux cette femme au caractère bien trempé, jubilant avec insolence sous ses questions : je me faisais plus immature que réel adulte se devant de clore la discussion. Fut un temps où nous étions programmés pour combattre l'un contre l'autre, aujourd'hui je sentais une étrange reconnaissance envers ma personne investir ses propos et sa langue toujours aussi déliée. Même dans l'immensité de son regard malicieux, je pouvais y percevoir tout l'amusement malsain qu'elle ressentait en faisant ainsi tourner Cassandra en bourrique... Et cet instant jubilatoire m'ôta ma petite Eydis de mes pensées, qui n'avait pas à subir ce genre de conversation de grandes personnes. Fort heureusement, l'instinct maternel de Cassandra l'emporta sur le reste, et ce fut d'une espièglerie intéressée que je vis ma petite tête brune se diriger vers moi non sans me parler d'une voix enfantine, presque suppliante. « T’as pas une mornille de plus pour que j’achète des chocogrenouilles en plus ? » Comment refuser n'importe quelle requête de ma petite fille ? Je ne m'ignorais pas père protecteur mais je me découvrais presque papa poule, lorsque gâtant trop ma petite Eydis je lui faisais parvenir des montagnes de cadeaux faites de peluches et autres jouets. La palme était sans doute revenue à un miroir à main ancien, habillé d'un argent pur et décoré de la plus belle manufacture. Un présent que l'on offre probablement à des petites princesses d'une dizaine d'année, et non à une enfant collectionnant encore les poupées. « Tiens », me contentais-je de lui souffler d'une voix attendrie rien que pour sa petite personne, lorsque lui tendant une pièce au hasard (une mornille ou un gallion? Qu'importait, au final) je me régalais de ses yeux pétillants.

Sitôt la petite candide partie, la discussion reprit au quart de tour dans une ambiance ambiguë : les tensions se couplaient à une joie viscérale des retrouvailles. Il me semblait revenir prêt de cinq ans en arrière, l'inimitié en moins. « Nous n’avons pas remis ça. J’ai juste … compris qu’Eydis serait plus épanouie avec un père. L’occasion s’est présentée la semaine dernière, c’est tout. » « On a remis ça. Toilettes de luxe. » sifflais-je dans un haussement d'épaules détaché, coupant court aux propos de Cassandra. Je n'avais pas retrouvé mon amante pour la laisser filer aussi vite, que ce soit physiquement ou dans les mensonges : certes je lui avais proposé de passer notre relation sous couvert du secret, néanmoins il m'apparaissait comme évident que sa mère se devait d'être dans la confidence. Non pas que je voyais cette femme soudainement comme une alliée, mais il m'apparaissait stupide d'épuiser nos forces dans des mensonges perdus d'avance puisqu'elle n'en croirait pas un mot. Ignorant le regard assassin de ma jolie blonde (ou du moins faisant semblant de l'ignorer, car un rictus amusé se dessina au coin de mes lèvres sans même que je ne daigne croiser ses si beaux yeux), je fixais la malade qui faisait encore preuve d'un esprit critique à toute épreuve. . « Et tu as préféré le jeune aventurier infidèle plutôt que l’autre mollasson mièvre ? Comme je te comprends, chérie. » L'arrogance arqua mes sourcils dans une moue princière. J'accordais cette réflexion à la mention spéciale des toilettes de luxe qui visiblement m'avait rapporté des points. « Un mollasson, c’est moi qui vous le dit. Lent, mou, romantique et fleur bleu, mielleux. Parfait sous tous les plans. Je crois que vos manières de rustres et d’homme torturé lui ont manqué. » Diable comme je jubilais de l'entendre ainsi écorcher la mémoire d'Alan. Moi qui l'avais trouvé si parfait – trop parfait – jalousant son idylle naissante avec Cassandra, le haïssant jusqu'au bout de mes ongles de me voler tout autant ma fille, le maudissant fougueusement lorsque je me l'imaginais avec mon bambin dans ses bras qu'ilaurait affublé d'un stupide prénom sans doute... je tenais aujourd'hui ma revanche. Certes, elle demeurait bien maigre puisqu'il ne s'agissait que de lui casser du sucre sur le dos, mais tout de même. Quelle satisfaction jubilatoire d'entendre du mal de Mr Parfait, que j'aimais à imaginer impuissant – ou tout du moins dépourvu de libido – derrière le terme de 'mollasson'. « Certaines femmes tombent sous le charme de la mollesse. Cela leur assure un bon moyen de contraception. » Je détournais distraitement le regard, perdu dans le cynisme mordant voire blessant de mes propos dont les sous-entendus libidineux autant que les attaques fielleuses ne manquaient pas. La haine et la jalousie viscérales que je portais pour Alan extirpaient de mes derniers propos toute raillerie amusée, les molestant alors pour mieux les muer en un grognement affamé.

Perdu dans mes pensées tortueuses, je n'avais pas entendu les quelques répliques échangées entre la mère et la fille – si tant est qu'il y en avait – et finis par reposer mon regard sur cette femme combattive malgré ses traitements d'apparence lourde. Désireux de connaître ce qui accablait la mère de Cassandra, je décidais de parvenir moi-même à une conclusion médicale par la seule arme observatrice de mon regard, mon sens de la déduction, ainsi que mes savoirs médicaux légers mais bien présents (l'avantage d'avoir un père médicomage ainsi qu'une mémoire vive et impressionnante). Ainsi mes rétines sombres toisèrent cette petite métastase greffée dans son cou quelque peu ridé, l'engourdissement de son bras droit, les légères pertes de mémoires que je notais dans une phrase volée au hasard («  Comment s'appelait ce mollasson déjà ?  »), et enfin achevai mon cheminement par une voix suavement sérieuse : « Navré pour votre tumeur au cerveau. » Le silence poignant régnant dans la salle m'avertissait de la justesse de mon raisonnement. Sans doute aurais-je pu, pour une fois, doubler mon effronterie d'un peu plus de délicatesse.
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MessageSujet: Re: O serpent heart hid with a flowering face. O serpent heart hid with a flowering face. Icon_minitimeLun 16 Avr - 16:54

Je ne pouvais blâmer ma mère de rabaisser ainsi Alan. En réalité, leur relation avait été houleuse, et même suffocante. Au début, j’avais cru que, tout comme avec Lust, ma mère prenait un plaisir sadique à critiquer tout homme pouvant me trouver un quelconque intérêt. Et si Lust, à l’époque, avait été trop jeune, trop junkie à ses yeux, Alan était bien pire encore avec son côté propre sur lui et trop bien sous tout rapport. Forcés de se côtoyer, ma mère se montrait absolument abjecte envers lui, alors qu’Alan, par égard pour moi sans doute, et bien trop poli pour répliquer, se contenter d’encaisser les paroles perfides de ma mère, et de ne jamais y répondre. Sans doute était-ce en cela que Lust lui avait tant manqué. Dans son égo, son ardeur, son orgueil, Lust avait toujours su répondre avec tact aux répliques assommantes de méchanceté de ma vieille mère, et en cela, elle l’avait admiré, en secret. Quand Alan était dans les parages, elle s’en donnait à cœur joie, rappelant Ô combien Lust était bien meilleur gendre que lui. Je me souvins de la veille du mariage …

FLASH BACK
Installée dans le salon de la maison des parents d’Alan, ma mère et moi avions été conviées à venir prendre le thé dans l’après midi, pour parler des derniers préparatifs du mariage qui aurait lieu le lendemain. La mère d’Alan, qui me portait alors sur un véritable piédestal, m’offrit une magnifique tiare en diamant et or blanc d’une valeur inestimable. Ma mère regarda l’objet d’un œil critique, sans doute honteuse de ne pas pouvoir me payer pareil trésor, et alors qu’Alan relançait déjà le sujet du mariage, ma mère prit la parole. « Il faudra faire agrandir la robe, la fille de Cassandra grandit de jour en jour, et la robe est devenue trop étroite. » Alan porta une main paternelle sur mon ventre rebondi. J’étais à huit mois de grossesse, et jamais je n’avais été aussi grosse. Cette main posée sur mon ventre dans une impudeur sans nom me mit mal à l’aise. Il était mon futur époux, et pourtant ce genre de contact trop intime avait le don de m’énerver, comme si ce geste ne lui était pas légitime. Je lui avais annoncé que cet enfant n’était pas le sien, pourtant, il continuait à se considérer comme le père. « Clémence sera une belle petite fille, nous allons en faire quelqu’un de bien » murmura-t-il dans une voix mièvre qui m’exaspéra. Je n’eu pas le temps de parler que déjà ma mère se leva, furieuse. « Cette petite ne s’appellera pas Clémence. Ce n’est même pas votre fille, vous n’avez pas à choisir à la place de ma fille. » Elle semblait hors d’elle, alors qu’il s’agissait d’une si petite phrase prononcé par mon futur époux. Elle ne supportait pas que ma fille ne puisse pas connaître son vrai père, et elle aimait déjà Eydis plus que sa propre vie, plus qu’elle n’avait jamais aimé ses propres enfants. « Cassie, dis lui toi, que nous avons choisit Clémence… » Je le regardai d’un œil tendre, et pourtant contradictoire, non, je n’avais absolument pas choisis le prénom Clémence, en réalité, j’avais déjà une idée bien arrêtée du prénom de ma fille. Elle s’appellerait Eydis, et porterait fièrement en son prénom les origines islandaises de son papa biologique. Ma mère reprit de plus belle, enhardie par mon silence. « Vous savez ce qu’elle a choisit comme prénom, Alan ? Un prénom islandais. Vous savez pourquoi ? Parce que le père de cette gamine a des origines islandaises. Et autant vous dire que vous ne dépasserez jamais Lust. Lui c’était un homme, un vrai. Au moins, j’étais rassurée de savoir ma fille avec quelqu’un comme lui, capable de l’aimer plus que de raison. » J’avais coupé court la conversation, entrainant Alan dans une sieste romantique et érotique pour mieux lui faire oublier les paroles enfiellées de ma mère bien trop heureuse d’avoir pu cracher son venin. Néanmoins, je ne pouvais m’empêcher de sourire à l’idée que ma mère ait ainsi pu aimer Lust en tant que gendre. Mon étudiant favori lui manquait-il à ce point ?
FLASH BACK

Ma mère n’avait jamais aimé Alan, et j’avais sans doute fait d’elle la plus heureuse du monde en répondant ‘non’ au pasteur en m’enfuyant comme une lâche pour mieux rejoindre l’Angleterre. Elle n’avait eut de cesse de me féliciter, m’assurant que le temps ferait oublier à Alan ce que je lui avais fait, pour mieux me déculpabiliser. Et maintenant, elle venait de retrouver son plus fidèle allié, en la personne de Lust Whitaker, car qui d’autre aurait pu se montrer aussi méchant à l’égard de mon pauvre fiancé éconduit ?

« Certaines femmes tombent sous le charme de la mollesse. Cela leur assure un bon moyen de contraception. »

Je ne pus retenir qu’un petit sourire aux paroles de Lust. « Ah, c’est fin ça. Lui au moins, j’étais sûre de pas le voir dans le lit d’une autre. » Je n’avais pas répondu cela méchamment, en fait, c’était plus une taquinerie qu’autre chose. Une façon de montrer à mon beau Lust que j’avais tourné la page quant à notre idylle passée, et que j’étais fin prête à en recommencer une, plus stable, plus saine, avec lui. J’adressai un petit sourire moqueur à Lust, participant malgré moi à la descente de ce pauvre Alan qui n’avait rien demandé, et qui avait du souffrir de ce que j’avais pu lui faire subir. Ma mère me regarda un instant, le regard vitreux, comme perdu dans de lointaines pensées accessibles d’elle seule. « Comment s’appelait ce mollasson déjà ? » Je lui jetai un regard inquiet, me rapprochant d’elle, serrant sa main dans la mienne. Elle oubliant tant de choses à cause de sa tumeur, qu’il était douloureux de lui rappeler des souvenirs pourtant si récents. « Alan, maman. Alan Ferry. » Ma mère gloussa d’un rire rauque de fumeuse avérée et murmura « Un nom de mollasson, c’est bien ce qu’il me semblait. » J’eu un petit sourire face aux mots de ma mère qui n’en démordait pas, et détestait un peu plus chaque fois qu’elle en parlait ce pauvre Alan. Au fond de moi, je culpabilisais de l’avoir ainsi fait souffrir, et de n’avoir donné aucune nouvelle. Je ne pouvais cependant me résoudre à reprendre contact, craignant qu’il ne tente de me récupérer et que je dusse l’éconduire à nouveau, ce que je voulais éviter. Ma mère retira sa main de la mienne, totalement étrangère à ce genre de preuve d’affection, elle se contenta de regarder Lust lorsque celui-ci reprit la parole de sa voix basse.

« Navré pour votre tumeur au cerveau. »

J’eu un pincement au cœur lorsque la phrase tomba dans le creux de mon estomac. Je n’arrivai pas à me faire à l’idée que ma mère était atteinte d’une tumeur grave. Le plus difficile à vivre était de ne pas savoir ce qu’il allait advenir : ma mère pouvait très bien vivre encore des dizaines d’années sans que sa santé ne se dégrade, tout comme elle pouvait mourir dans les jours à venir. Ma fille ne comprenait pas que sa grand-mère ne puisse sortir quand elle le souhait ait de l’hôpital, et il était difficile de lui expliquer. « Allons jeune homme, ne le soyez pas. On n’a que ce que l’on mérite, n’est-ce pas ? Je n’ai pas été une bonne mère. Alors j’essaie de me rattraper avec ma petite fille. » Un sourire heureux se dessina sur ses lèvres blêmes lorsqu’elle évoqua Eydis qui était l’être solaire de sa vie misérable. C’est d’ailleurs à cet instant précis que la belle enfant entra dans la chambre, les bras chargés de confiseries sorcières. Son père avait du lui donner bien plus qu’une mornille pour qu’elle puisse s’offrir tout cela. Elle posa tout sur la table basse à côté de Lust, et s’installa sur les genoux de son père, pour mieux avoir accès à son stock de sucreries. Piochant dans un paquet de dragées de Berthie Crochue, elle en mit deux dans sa bouche et de sa main – sans doute pleine de sucre – en enfonça deux autres dans la bouche de son pauvre père qui ne devait pas s’y attendre. La petite éclata de son rire cristallin avant de demander « Alors, c’est à quoi les tiennes, papa ? » Elle semblait incapable de se lasser de l’appeler papa, comme si le mot résonnait à ses oreilles dans une mélodie délicieuse. Pendant ce temps, je vis ma mère se baisser prendre son sac à main, posé à côté d’elle, et en retirer un paquets de photos sorcières animées. Elle fit signe à Lust d’approcher et lui tendit la première photographie.

« Ca c’est Cassandra, le jour de son arrivée en Angleterre. Voyez son ventre énorme. N’est-elle pas radieuse ? » Elle observa la photo d’un air attendrit. Je me levai du lit pour mieux venir m’installer sur l’accoudoir du fauteuil de Lust et observer moi aussi des photos que ma mère m’avait caché. Puis, elle en tendit une seconde. « Et là, c’est le jour de la naissance d’Eydis. Ma petite-fille … Mon ange. » Je sentis sa voix se briser sous une émotion que je ne lui avais pas connu jusqu’alors. J’observai le cliché qui me représentait souriante, mais fatiguée après un accouchement difficile, donnant le sein à ma fille. Mon reflet adressait un clin d’œil enjoué à l’objectif. « Il ne manquait plus que toi, sur cette photo » murmurai-je à Lust pour que seul lui puisse l’entendre. J’étais encore en colère, bien sûr, mais Lust avait ce don agaçant de m’apaiser plus facilement que les autres. Enfin, la dernière photo était moins vieille, Eydis avait déjà un an, et elle faisait ses premiers pas, avançant par pas hésitants en ma direction. Les photos sorcières étaient en cela parfaites qu’elles permettaient de voir en mouvement les hésitations adorables d’Eydis. « Prenez les, Lust, ces photos. Ma fille vous a empêché de vivre ces instants de bonheur. Je vous les offre. » Jamais ma mère ne s’était montrée si humaine qu’à cet instant présent. Regardant un dernier instant ces photos, je culpabilisai de ne pas en avoir déjà offert à Lust. Ma mère avait su se montrer plus aimable que moi, sur ce coup ci. Cependant, Eydis n’était pas en reste, et je la vis descendre des genoux de son père pour récupérer dans son manteau un petit papier plié qu’elle me tendit timidement. Il s’agissait d’une photo de Lust et moi, prise un matin, par Lust, dans mon lit. Nous étions plus jeunes de cinq ans, mais nous rayonnions d’un bonheur sans nom. J’avais gardé cette photo dans un placard, refusant de la regarder, mais ma fille avait su la trouver. « Eydis, où as-tu trouver ça ? » Mon voix s’était faite sévère, me sentant vulnérable : comment expliquer à Lust, à qui j’avais jurer qu’il était l’erreur de ma vie, que j’avais conserver secrètement cet unique cliché de nous deux ? Je soupirai, décidément, l’intimité n’était pas de mise dans cette famille.
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MessageSujet: Re: O serpent heart hid with a flowering face. O serpent heart hid with a flowering face. Icon_minitimeLun 16 Avr - 19:11

L'arrivée innocente de l'enfant transcenda la pièce qui dès lors qu'elle vint rompre la lourdeur de cet instant. Jamais je n'aurais pensé la mère de Cassandra capable de prendre autant sur elle, affrontant avec autant de courage l'idée d'une mort imminente ou d'une guérison partielle, reportant l'amour maternel qu'elle n'avait pas eu sur notre petite Eydis. Je comprenais mieux à présent cet agacement certain qu'elle avait à l'encontre de Alan ; cet homme se prétendant être le père de ma fille... Ma jalousie niait le fait que ce français pourtant intelligent et gentleman, n'y était finalement pour rien dans cette histoire : sa seule erreur avait été de s'amouracher d'une femme qui l'avait par la suite trompé. Voilà qu'il récoltait aujourd'hui les répliques fielleuses et les commentaires acerbes de l'amant et de la mère de l'intéressée. Loin d'être empathique, bel et bien mauvais et rancunier, je n'en avais que faire de le prendre pour une victime : je n'étais au contraire pas mécontent de le voir ainsi détruit par nos seuls propos venimeux. Mon regard sombre ancré dans celui de ma presque belle-mère d'une lueur sérieuse et flamboyante, lorsque Eydis sautant sur mes genoux de tout son poids plume attira mon attention. J'eus à peine le temps de braquer mon regard paternel sur la princesse que déjà cette dernière glissait des bonbons gélifiés dans ma bouche, se secouant d'un éclat de rire mutin. « Alors, c’est à quoi les tiennes, papa ? » « Fraise des bois. » Une moue plus ou moins songeuse qui se mua en une grimace dégoûtée lorsque fronçant les sourcils, j'eus du mal à mâcher la deuxième dragée qui narguait mon palais de son horrible parfum. « Et chou de Bruxelles. » La belle Eydis éclata d'un rire franc, aussi frais qu'un piaillement de moineau, avant de remplir ma bouche d'un Patacitrouille « ...pour faire passer le goût. », avait-elle dit d'une mine très sérieuse, avant de se lancer dans cette thèse comme quoi les horribles goûts des dragées de Berthie Crochue ne pouvaient être subtilisés que par ce genre de bonbon «  ...parce que moi j'aime bien quand c'est acide un peu. Pas toi papa ? » A croire que la petite désirait surtout m'engraisser pour Noël ; déjà piètre mangeur – des restes de ma toxicomanie qui n'avaient eu de cesse de couper mon appétit devenu inexistant – il me semblait avaler mon ratio de sucrerie pour les trois mois à venir. Et lorsque la petite Eydis alla pour me faire goûter « ...des Fizwizbiz, parce que ça c'est encore plus bon ! », je dus mettre le hola non sans détourner la tête par jeu, mettant au défi l'enfant espiègle d'atteindre ma bouche pour y fourrer sa friandise.

Mon attention tournée vers la grand-mère de l'enfant joueuse coupa court à notre jeu, car dès lors qu'elle me fit signe de m'approcher, je me levai sans broncher portant ma Eydis contre moi et braquai ma baguette sur le fauteuil s'avançant de lui-même aux côtés du lit. Reprenant place avec ma princesse sur les genoux – qui sans doute s'était prise pour un koala entre temps – je me penchai vers la mère de Cassandra ayant sorti un tas de clichés dont je supposais le sujet sensible. Du moins, pour moi l'était-il... Un frisson peiné lécha dès lors mon échine tandis que mon estomac retourné s'offusqua d'être ainsi malmené par la charge d'un palpitant devenu fougueux : malgré l'impassibilité de mon visage, je ressentais cette vague chagrinée voire coupable qui m'assaillit de toutes parts. Quoique que pour n'importe quelle personne me connaissant relativement bien, l'on pouvait comprendre que ce voile sérieux posé sur ma mine froide passait tout autant pour un lourd chagrin. « Ca c’est Cassandra, le jour de son arrivée en Angleterre. Voyez son ventre énorme. N’est-elle pas radieuse ? » « Comme toujours. » Des propos songeurs pour un regard tout aussi pensif qui toisait ces clichés comme s'ils parvenaient d'un autre monde. Je me sentis soudain tout à fait étranger dans ce tableau familial, bien malgré moi : l'inconnu qui était venu se greffer à la vie d'une enfant et de sa mère, le père dont le visage n'était finalement pas tant familier, l'intrus qui une semaine auparavant n'existait pas. Du moins, pas physiquement. La lourdeur de mon coeur abattu crispa ma mâchoire autant que mes mains qui se refermaient tendrement sur celles de l'enfant, et à l'instar de mes doutes ressurgis par le biais de ces clichés du passé auquel je n'appartenais pas, je vins à me poser mille questions, toutes plus blessantes les unes que les autres : avais-je vraiment mérité ma place aujourd'hui ? Et cette peine lancinante de s'attiser un peu plus lorsque je braquais mon regard sur ces photos illustrant fièrement la naissance de ma fille... Ce jour béni où j'aurais du être là, mais où je ne brillais que par mon absence. Ma gorge se serra avec virulence, quand ayant du mal à déglutir je ne sus détourner mes yeux pourtant plombés de remords et d'amertume. « Il ne manquait plus que toi, sur cette photo » Mon cynisme légendaire ne demandait qu'à refaire surface, pour autant il fut heureusement retenu par ma gorge sèche qui refusait de laisser fuir quelques phrases trop longues. De longues secondes s'écoulèrent avant que je ne murmure un « Peut-être », pensif, qui reflétait tout mon état d'esprit. Je n'avais pas oublié le cauchemar que j'avais fait subir à Cassandra, tout comme je n'avais pas omis les enfers qu'elle m'avait fait vivre lors de nos derniers instants. J'aurais du avoir le droit d'être présent ce jour-là... Et pourtant, je n'excluais pas le fait que cet autre homme, cet Alan dont nous nous étions tant moqués, en avait tout autant la légitimité. Peut-être oui, qu'il ne manquait plus que moi. Peut-être que quelqu'un d'autre aurait eu tout autant le droit de revendiquer ma place.

Le coup fatal me fut porté lorsque je pus observer à loisir les photos d'une Eydis bébé, dans son premier bain ou lors de son premier repas. Un sourire amusé et tendre s'était dessiné sur mes lèvres blêmes tandis que je dévorais ces photos du regard, désireux de m'en imprégner comme si j'avais été présent ces jours-là. Mensonges. J'étais passé à côté de tant de choses, et il était impossible pour moi de revenir en arrière. «  Ne sois pas triste, papa. » La petite Eydis, déjà très observatrice pour son âge, avait ressenti mon changement d'état d'âme, la raideur de mes doigts, l'amertume de mon regard et la crispation de ma mâchoire puissante malgré ce sourire paternel. Recueillant son étreinte comme un trésor, je l'embrassais sur la tempe avant de prendre les armes des grandes personnes, les mensonges, afin de ne pas l'inquiéter. « Je ne suis pas triste prinsessa. » fis-je avec superbe, le sourire fier et le doigt pressé sur l'un des clichés mouvants. « Regarde un peu les joues que tu avais. Un petit hamster. » L'enfant eut une mine renfrognée et boudeuse, aussi je pris sa soudaine envie de quitter mes genoux pour mieux sauter à terre sur le compte de son côté grognon, sans vraiment chercher à comprendre. « Prenez les, Lust, ces photos. Ma fille vous a empêché de vivre ces instants de bonheur. Je vous les offre. » Mon regard d'ambre accrocha celui de mon interlocutrice, luisant d'une flamme de reconnaissance autant que d'une étincelle prise au dépourvu tandis que j'attrapais les photos ainsi offertes. « Merci. » Dire que les remerciements étaient bien rares chez moi, demeurait un euphémisme. Peu nombreuses étaient les personnes qui pouvaient se vanter avoir entendu un jour ce simple mot de ma bouche... J'allais pour rétorquer quelques mots censés alléger l'atmosphère, quand j'entendis la voix sèche de Cassandra. « Eydis, où as-tu trouver ça ? » Ma curiosité avait eu tôt fait de braquer mes yeux indiscrets sur la photo qu'elle tenait en main, mon estomac se contractant sous un aplomb nostalgique fougueux. « Une survivante... » soufflais-je d'un timbre amusé. Et comme j'essuyais le regard inquisiteur de ma Cassandra, j'eus tôt fait de rétorquer : « Je pensais que tu les avais toutes brûlées. » A croire que je m'étais trompé, à mon grand étonnement... «  Tu mangeais pas beaucoup de bonbons... » murmura ma Eydis en toisant les joues creuses que j'affichais sur cette photo me renvoyant de tendres souvenirs, aussi passionnés que fusionnels. Je me souvins brièvement de ce matin là, où sur un coup de tête j'avais désiré immortaliser l'instant, comme pour prouver à la face du monde que notre idylle, bien que secrète, n'en demeurait pas moins réelle. «  Comment tu as connu maman ?  » La spontanéité de la petite nous estomaqua Cassandra et moi, aussi sa grand-mère prit le relais d'un timbre amusé voire cinglant. « Elle était le professeur de ton papa. » Un grand « oooooh » à la fois admiratif et plein de réprimandes innocentes s'échappa des lèvres de Eydis qui nous toisa tour à tour. Préférant couper court ma très chère belle-mère qui je le savais, s'apprêtait à révéler des informations croustillantes, je renchéris alors : « Et elle était si belle, que papa ne pensait plus qu'à elle et que cela l'empêchait de s'endormir. » « Alors pourquoi papa t'a laissée après ? Il a trouvé une professeur encore plus belle ? » Le froncement de sourcils évoquaient l'idée que cette pensée lui était insoutenable, voire même impossible, alors qu'elle se tournait vers sa mère d'un naturel certain . Confus par une telle question car ne possédant pas vraiment de réponse clair, je passais une main furtive dans mes cheveux, quand soudain une silhouette étrangère toqua à la porte avant de rentrer. Une infirmière joviale se tenait devant nous, toisant la malade de son grand sourire : « Je suis désolée mais c'est l'heure de votre traitement. » fit-elle d'une bonne humeur trop mielleuse.
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MessageSujet: Re: O serpent heart hid with a flowering face. O serpent heart hid with a flowering face. Icon_minitimeLun 16 Avr - 20:20

Le cliché s’anima sous mes yeux dans une délicieuse douleur qui enflamma mes poumons. Suffocante, ne pouvant reprendre mon air, j’observai avec peine la photographie de deux amants qui s’aiment, dans une symbiose parfaite, l’impossible fusion de deux êtres qui se réclament et s’aiment dans la destruction. C’était Lust qui, un beau matin ensoleillé, avait décidé de prendre cette unique photographie de nous, au réveil, après une longue nuit pleine de promesses et de caresses. Cette photo avait représenté beaucoup pour moi, bien sûr, il s’agissait de notre plus grande faiblesse, car quiconque de mal intentionné la trouvait, pouvait me faire perdre mon emploi, pour avoir eut des relations extrascolaires avec mon étudiant, mais c’était aussi une force. C’était la preuve que notre bonheur avait existé un jour, et que notre idylle n’avait pas été que flammes et rupture chaotique. J’avais tendance, parfois, à oublié que nous avions était heureux, un jour, que nous aimions nous réveiller le matin dans les bras l’un de l’autre. Heureux aussi d’être simplement ensemble, sans regard autour de nous. Ô mon Lust, combien ce temps d’insouciance me manque. Etait-ce une nécessité pour nous que de nous anéantir comme deux guerriers sans peur ? Tout avait commencé de mon infidélité d’alcoolique, et à partir de là, tout avait dégénéré. Bien sûr, il avait ses torts, mais ils avaient été engendrés par mes erreurs, et cela je ne me le pardonnerai jamais. Je passai un doigt tremblant sur l’image mouvante, me perdant des les yeux rieurs de ce jeune couple que je ne reconnaissais plus. L’insouciance nous allait si bien au teint autre fois, je me souvins de nos danses interdites mais endiablées sur une piste de danse, dans un bar sorcier, de toutes nos erreurs, qui n’en étaient pas à mes yeux : un mariage, un enfant, des rires et des baisers volés au détour d’un couloir. Ce temps était-il si loin ? Que n’aurais-je pas donné pour vivre à nouveau cette période de félicité prodigieuse dans les bras de l’amant parfait. Les mots de Lust parvinrent à mes oreilles, et mon corps se brisa sous cette voix de chaleur et de défit. Non, je ne les avais pas brûlés. En réalité, souvent, pendant ma grossesse, j’avais regardé les photos, parlant à ma fille de son père, de Lust ; non d’Alan. Malgré toute la rancœur et la douleur qu’il m’avait infligée, mon cœur transi d’amour n’avait eu de cesse de continuer à vivre, caché, quelque part dans mes organes vitaux. Et puis j’avais finis par oublier, oublier combien cela faisait du bien d’aimer, et d’être aimé, combien notre idylle toute de passion vêtue avait été l’histoire de ma vie, et non un chapitre seulement. Il était revenu dans ma vie, et aussi tôt, tout avait ressurgit, et je craignais de le voir s’enfuir à nouveau, dans les bras d’une autre, plus belle, plus jeune, plus… une autre que moi.

Ma fille regarda la photographie d’un œil intéressé, et eut l’un de ces mots d’enfant qui détend l’atmosphère et fait sourire chacun. « Tu mangeais pas beaucoup de bonbons… » Lust n’avait jamais eu beaucoup d’appétit, refusant même les délicieuses viennoiseries françaises que je lui offrais parfois le matin. La toxicomanie avait été une partie intégrante de sa vie, et au fond, je me comparais à ces addictions. Je lui avais été aussi néfaste que toutes ces drogues injectées à même son sang si chéri. Il n’était pas épais, mais cette aura, cette prestance qui émanait autour de lui le rendait princier, que dis-je, royal, et même, divin. Il surplombait son école de son aura de charme et de charisme, les mettant tous à ses pieds conquérants. Moi la première, j’avais plongée dans ses yeux de velours pour mieux lui offrir mon cœur. Encore aujourd’hui, je n’arrivais pas à me convaincre qu’il s’agissait d’une mauvaise chose pour l’un comme pour l’autre. Mais Eydis, et sa curiosité légendaire, ne semblait pas vouloir s’arrêter en si bon chemin, et je savais que toutes les questions qu’elle se posait était légitime. Je devrais y répondre un jour ou l’autre, alors pourquoi pas aujourd’hui. Ainsi commença l’interrogatoire d’un enfant déchu sur l’amour irrationnel que ses parents se portaient mutuellement. « Comment tu as connu maman ? » Je restai interdite face à cette question si abrupte à la quelle je ne m’attendais pas du tout. Comment expliquer à mon Eydis qu’elle était née d’un amour interdit ? Silencieuse, je regardai brièvement Lust, espérant qu’il m’aide à répondre à une si délicate question. Mais tout aussi interpellé que moi, le géni qu’il était demeura sans réponse face à la complexité de la question. Ma mère, dans sa bonne grâce, décida qu’il était temps pour la petite Eydis d’en apprendre un peu plus sur ses parents, et très vite, elle dévoila le lourd secret « Elle était le professeur de ton papa. » Ma mère ne le montra pas, mais un instant je crus la sentir jubiler d’avoir ainsi craché le morceau. Eydis nous regarda l’un après l’autre avec des yeux de biche, à la fois interrogative et admirative. Etait-elle assez grande pour comprendre combien notre idylle était dangereuse, et combien nous avions vécu dans le risque de tout perdre en une seule seconde ? Je ne pouvais en douter, car l’enfant était bien plus intelligente que ce qu’il n’y paraissait, et je savais qu’elle ne tarderait pas à comprendre. Je sentis ma mère reprendre son souffle pour mieux continuer, mais Lust, Merlin soit loué, eut la présence d’esprit de couper ma mère dans son élan pour mieux expliquer à Eydis avec des mots d’enfants.

« Et elle était si belle, que papa ne pensait plus qu'à elle et que cela l'empêchait de s'endormir. »

Un petit sourire se dessina sur mes lèvres figées, comme j’entendis les paroles de mon bel amant. Je me souvenais comme si cela c’était passé la veille, de cette nuit où, endormie profondément, Lust était venu me réveillé d’un baiser volé, insomniaque depuis le jour où je l’avais enfermé dans cette cave humide et sombre, impromptue. N’était-ce pas ce jour là que nous avions pour la première fois succombé au plaisir charnel, et qu’il m’avait murmuré les plus beaux mots que l’on puisse entendre dans une vie ? Combien ces paroles me manquaient. Et combien j’aurais aimé les lui susurrer à nouveau. Mais tout était si différent, nous n’avions plus le droit de nous faire souffrir. Eydis, lancée, ne s’arrêta pas là, et continua en posant la fatale question. « Alors pourquoi papa t'a laissée après ? Il a trouvé une professeur encore plus belle ? » Ma fille se retourna vers moi et posa ses yeux d’enfant dans les miens. Elle semblait si sûre d’elle, si farouche, comme si elle n’avait pu supporter autre solution. Comme si elle ne voulait pas entendre qu’il en eut été autrement. Je regardai Lust avec détresse, mais lui-même n’avait pas de réponse, et ma mère, enfin, s’était tue. Cherchant à toute vitesse une réponse plausible, je fus néanmoins sauvée par une infirmière joufflue qui pénétra dans la chambre poussant un petit chariot « Je suis désolée, mais c’est l’heure de votre traitement ». Sa voix gentille sonnait faux, mais ma mère me jeta un coup d’œil avant de me faire un signe de la tête. Prenant Eydis dans mes bras, je l’entraînai vers la sortie, tandis que j’expliquai à Lust « Je préfère qu’Eydis ne voit pas ça. » Nous sortîmes de la pièce et allâmes nous asseoir sur des chaises installées à cet effet. Eydis toujours sur mes genoux, j’espérai que cette intervention lui ai fait oublié ses questions, mais elle me regarda droit dans les yeux, attendant la réponse à sa question. Je pris une inspiration et finis par murmurer.

« Ce n’est pas ton père qui m’a laissée, chérie. C’est compliqué. En fait, ton père et moi nous aimions très fort, tu sais. Tellement fort, que ça a finit par nous faire mal. Alors, nous nous sommes séparés, j’étais enceinte de toi. Je suis partie, et j’ai décidé de ne plus le revoir. Jamais. Je voulais te garder pour moi seule. »

Il s’agissait d’une version abrégée, bien sûr, mais assez détaillée pour qu’elle comprenne bien que c’était moi, et non Lust, qui l’avais privée d’un père durant toutes ces années. Le regard de reproche et de douleur de ma fille m’accabla sans que je ne m’y attende. Je la vis doucement s’éloigner de moi, glissant de mes genoux pour mieux s’éloigner, et me regarder de ses yeux plein de haine « C’est de ta faute, si je n’ai pas vu papa avant ? » Je compris alors que j’avais fait une erreur, que ma fille avait eu besoin d’un père dès sa naissance et non des années après. Comment lui expliquer que je pensais agir pour son bien ? Comment lui dire que j’étais désolée ? Je posai mes yeux craintifs dans ceux de ma fille qui s’éloigna un peu plus lorsque je tendis les bras en sa direction. Elle me repoussait. Elle se jeta dans les bras de son père, pour y cacher des larmes que je vis, et qui m’arrachèrent le cœur. Je l’entendis murmurer à Lust « Oh papa… Tout ça, c’est de la faute de maman. Papa, papa…. » Et ma fille se mit à sangloter dans les bras de son père, l’appelant dans le creux de son cou. Transpercée par l’horreur de ce que j’avais fait subit à ma fille, je me levai, raide, et dans un ultime regard pour Lust, hanté par des fantômes de mon passé, je partie en direction des escaliers, pour mieux reprendre mon souffle, et reprendre mes esprits. Quel monstre étais-je ? Parcourant l’hôpital de long en large comme une âme en peine, je me réfugiai finalement sur une terrasse ouverte qui donnait une vue imprenable sur Londres. Me penchant par-dessus la barrière, je regardai en bas avec vertige. Je devais être au 6ème étage. Soudain, une main se posa sur mon épaule, je reconnu la poigne de Lust. Sans le regarder, sans même pleurer, j’étais trop accablée pour cela, je murmurai dans un souffle qui se perdit dans la brise.

« Je n’ai pas été une bonne amante. Ni une bonne fiancée. Et à présent, je réalise que je ne suis pas une bonne mère. Ne suis-je donc capable que de détruire ceux que j’aime ? » Je ne m’accablais pas, je me questionnais sur ma propre personne. La vision d’horreur de ma fille me regardant comme si elle observait une étrangère me coupa le souffle, et émietta un peu plus mon cœur. « J’ai été égoïste. Un enfant, ça se fait à deux. Et au lieu de lui offrir un père, et une mère, même séparés, j’ai préféré me convaincre que je lui suffirais. » Me penchant un peu plus par-dessus la balustrade, je regardai en bas les passants marcher si rapidement. Pour ma part, je crus que le temps s’était arrêté. Je n’osais pas regarder Lust, je ne voulais pas voir ses yeux aussi accusateurs que ceux de ma fille. Ma voix ne tremblait pas, je ne pleurais toujours pas, ne sanglotais pas non plus. Finalement, je lâchais d’une voix ferme. « Je veux que tu la prennes Lust. Que tu vives avec elle tout ce que je t’ai empêché de vivre. Que vous rattrapiez le temps perdu. Je sais qu’elle ne manquera de rien. C’est la meilleure chose à faire. » C’était décidé. Bien sûr, je ne pouvais pas forcer Lust, mais à mes yeux, c’était le mieux pour Eydis.
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MessageSujet: Re: O serpent heart hid with a flowering face. O serpent heart hid with a flowering face. Icon_minitimeJeu 19 Avr - 15:49

L'attente dans ces couloirs froids semblait jeter une tension palpable de plus... Ou bien était-ce ma phobie latente des hôpitaux qui attisait mes frémissements désagréables, tandis que je portais mes yeux méprisants sur les pans de murs comme si je cherchais à les abattre par la force de mes prunelles assassines. Ranimer tous ces souvenirs n'avait sans doute pas été la meilleure chose à faire, cela n'avait fait que jeter du sel sur nos plaies encore entrouvertes, alors qu'orgueilleux nous avions été persuadés de les avoir pansées... Chacun de notre côté, avec notre nouvelle vie, nos nouveaux rêves, nos nouveaux idéaux, nous avions été convaincu que ce passé encore cuisant s'était endormi sous la cendre d'une mémoire éteinte. Rangés avec d'autres souvenirs comme l'on ferme un album photo poussiéreux. Mais ni la force passionnelle, ni la douleur vive, ni même la haine abusive que nous nous étions portés autrefois ne semblaient vouloir rendre les armes : ces sentiments contraires semblaient encore bien vivants, preuve en était de l'état troublé dans lequel nous étions, Cassandra et moi-même. Un soupir glacé se déroba de mes lèvres sous l'aplomb de ces pensées tortueuses, courbant mon dos avec superbe jusqu'à apposer les coudes sur mes genoux, mains liées. Mon regard ténébreux ainsi que ma mine grave levèrent ce voile austère lorsqu'une belle infirmière passa devant nous ; la course de mes yeux envieux suivit tout naturellement le sillage de la charmante demoiselle. Un rictus carnassier venant poindre sur mes lèvres alors que je détaillais les courbes et contre-courbes de la chute de ses reins. La voix vindicative de Cassandra m'extirpa néanmoins de ma léthargie libidineuse, et je me redressais lentement avant de toiser cette mère qui, contre vents et marées, assumait ses actes avec la plus grande parure de noblesse. Ce n'était pas pour autant ce que semblait penser la petite Eydis, aussi je posais mon regard appréhensif sur la fillette qui s'était extraite des bras aimants de sa mère avant de lui lancer un regard empli de réprimandes et d'accusations. Diable comme les yeux d'un enfant sont lourds à soutenir lorsque vous y lisez les griefs qu'il retient contre vous... C'est parjurer l'innocence, tenir tête à la candeur, tenter d'imposer la vicissitude du monde face à un être encore pur. Mes yeux inquiets glissèrent sur la mine décomposée de Cassandra, laquelle commençait déjà à trembler, incapable de recueillir les foudres de sa petite fille. Si cruelle déjà pour son âge. J'entrouvrais les lèvres, prêt à délier le noeud de cet instant pesant lorsque ma Eydis se précipita dans mes bras fourrant ainsi sa petite tête brune dans le creux de mon cou. Ses joues humides confiées à ma peau sèche eurent tôt fait de m'arracher un tressaillement chagriné : c'était la première fois que j'entendais ma fille pleurer... Et il me semblait qu'on enfonçait une dague dans mes propres entrailles, qu'on m'empoignait le palpitant pour mieux le broyer, qu'on égorgeait tout ce en quoi j'avais pu croire. « Oh papa… Tout ça, c’est de la faute de maman. Papa, papa…. » « Nee.... prinsessa. » Et comme à chaque fois que l'emprise de mes sentiments devenait trop forte, je m'exprimai d'un islandais bref, ma main protectrice posée sur la tête brune de la fillette en pleurs, mes lèvres paternelles déposant un baiser sur sa tempe fragile. Susurrant quelques mots doux d'une voix basse et apaisante, je tentais de taire sa tempête lacrymale et d'en éveiller la sereine accalmie. En vain cependant, car l'enfant s'emplit de hoquet sanglotants, de plus en plus forts, de plus en plus torturés. Voilà que paniqué, je perdais mes repères : je n'avais jamais tenu de bambin secoué de larmes dans mes bras ; que devais-je dire ou faire pour mieux l'apaiser ? Levant mes yeux bruns cherchant une quelconque aide sur Cassandra, je me rendis compte un peu tard que cette dernière avait disparu...

***

« Je reviens. » Un ordre sec au moins autant qu'un réconfort soufflé à l'enfant laissée dans les bras de sa grand-mère ; j'eus un dernier regard résigné pour ma Eydis comme pour la mettre au défi de penser une seule seconde que je l'abandonnais à mon tour. La fillette renfrognée comprit que je partais à la recherche de sa mère, cette femme aimante avec qui elle entretenait une relation fusionnelle mais qui l'avait pourtant trahie. Du moins le pensait-elle. Je m'élançais alors dans les couloirs de ma démarche princière et sûre, le pas alerte qui ne laissait entrevoir aucun obstacle sur son passage... Fort heureusement, ma renommée ici m'était bien utile, car je croisai de vieux médicomages m'ayant connu depuis tout petit et qui avisant ma mine désappointée répondaient à mes questions rapidement, voire même s'enquerraient vers moi sans même que je ne vienne les chercher. « Lust, si tu cherches ta dulcinée je l'ai vue se précipiter au sixième étage. » Un hochement de tête pour unique réponse et ce fut au pas de course que je me dirigeais vers la terrasse, premier endroit visible qui me traversait l'esprit. J'avais de toute évidence tiré une bonne déduction puisque j'y aperçus une silhouette longiligne coiffée d'une chevelure d'un blond chrysocale penchée au-dessus de la balustrade. Mon coeur loupa un battement sous le joug d'horribles pensées qui traversèrent mon esprit ; aussi je ne pus m'empêcher d'apposer une main ferme sur son épaule, plantant mon regard pénétrant dans le sien lorsqu'enfin elle se retourna. « Je n’ai pas été une bonne amante. Ni une bonne fiancée. Et à présent, je réalise que je ne suis pas une bonne mère. Ne suis-je donc capable que de détruire ceux que j’aime ? » Détournant mon regard non de gêne mais de colère, je ne sus me faire réconfortant quant à ses doutes tout simplement parce que je les trouvais totalement infondés autant qu'illégitimes. Ecoutant mon amante me confier ses angoisses et ses démons qui la rongeait subitement de l'intérieur, non sans retenir mes propres vociférations tues dans le feu de mon emportement, je demeurais taciturne. Sa dernière tirade par ailleurs m'arracha un regard cassant et inflexible, que je ne pus que lui desservir de ma mine froide pour mieux lui faire reprendre ses esprits. « Ne dis pas de sottises, tu as pris la bonne décision. J'ai été une erreur dans ta vie. » Et ma voix résignée portait un timbre intransigeant et intraitable ; bien loin de l'apitoiement, bien loin du renvoi de la culpabilité, si proche de l'amère vérité qui aujourd'hui ne me blessait plus puisque j'avais appris à vivre avec autant que de l'assumer. Portant ma main à son bras fin que j'enserrais soudain comme pour m'assurer qu'elle ne fuirait pas, je cherchais servilement à planter mon regard dans le sien, qu'elle détourne la tête ou non. « Je l'ai été. » sifflais-je avec détermination sans jamais la laisser placer un mot. « Et tu ne pouvais pas laisser notre fille dans les bras d'un junkie, ta décision a été la meilleure à prendre pour Eydis, tu m'entends Cassie ? » Cette fureur sauvage de vaincre ses doutes tremblants en son sein m'encouragea à me montrer si froid et si abrupt, tandis que je m'emportais un peu plus dans mon monologue intraitable. « Ne crois pas que tu es son erreur à son tour... Tout ce que tu réussiras à faire, c'est lui mettre en tête que tu l'abandonnes et que tu ne veuilles plus d'elle dans ta vie. Je sais que ce n'est pas facile mais fais-moi confiance là-dessus. » Car je parlais en expérience tristement acquise... Me refusant cependant de projeter sur cette discussion les douleurs lancinantes qui avaient molesté tout mon être durant cette époque où je m'étais senti assassiné par cet amour rugissant porté pour Cassandra, je demeurais au contraire droit quoique sévère. « Ne redis plus ce genre de choses. Je parlerais à Eydis. »
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MessageSujet: Re: O serpent heart hid with a flowering face. O serpent heart hid with a flowering face. Icon_minitimeJeu 19 Avr - 19:07

« Ne dis pas de sottises, tu as pris la bonne décision. J'ai été une erreur dans ta vie. »

Je le regardai avec reproche, comment pouvait-il ainsi me rejeter mes propres mots ainsi à la figure ? N’avais-je pas assez culpabilisé comme cela ? Ne l’avais-je pas assez aimé, et ne l’aimais-je pas encore assez ? Chacun de ses mots n’étaient que blessures amer que je n’arrivai pas à soigner, mon cœur débordant d’un amour interdit et qui se devait d’être oublié ne cessait de battre pour ma fille et son père. J’allais rétorquer qu’il n’était pas fair-play, que mes mots jadis prononcés n’avaient aucun sens et qu’il n’était pas une erreur, mais bien l’unique chose que j’avais réussie dans ma vie. Mais sa main chaude et ferme vint encercler mon bras frissonnant au doux contact. Je tournai la tête, je ne voulais pas le regarder, je ne voulais pas le voir me répéter que notre histoire avait été une erreur. Je voulais oublier tout ce mal que nous nous étions fait, et tout recommencer, fonder une famille une vraie. Mais mon égo avait-il assez d’humilité pour me permettre de prononcer ces paroles tendres ? Non, bien sûr, et je savais que celui-ci me faisait courir à ma perte, ainsi qu’à la perte d’un amour qui aurait pu apporter tant de joie et de bonheur dans ma vie. Sa main sévère m’empêcha cependant de me détourner, et je dus subir la vive brutalité avec la quelle il plongea son regard velouté dans le mien endoloris. « Je l'ai été. » Sa détermination écorchait un peu plus mon cœur, me laissant sans voix. « Et tu ne pouvais pas laisser notre fille dans les bras d'un junkie, ta décision a été la meilleure à prendre pour Eydis, tu m'entends Cassie ? » Non je ne t’entends pas, Lust, je n’entends que les pleurs de ma fille, de notre fille. Ses sanglots étouffés dans le creux de ton cou, et ses yeux larmoyants mais tellement assassins posés sur moi. Je vois alors toute la souffrance, tout ce manque qu’elle a eut de toi. Combien l’absence de son père lui a pesé, et combien j’ai été aveuglée par mon égoïsme. Mon Eydis, ma belle et si douce enfant, l’unique source de bonheur de ma vie, comment avais-je pu me montrer si odieuse et ainsi lui retirer ce qui lui était pourtant essentiel ?

Je l’avais vu se réfugier dans les bras protecteurs de son père, je savais combien elle y était déjà attachée. C’était étrange, non, de voir comment le lien entre un père et sa fille peut être fort, malgré des années de séparation. La voix de Lust était si brusque, loin des chuchotis enivrants qu’il avait su me murmurer dans le creux de l’oreille dans les toilettes de luxe de ce gala. Je n’aimais pas ce ton, je me sentais comme une petite fille prise en faute, et je ne pouvais tolérer cette froideur condescendante logée dans le timbre de sa voix. Je retirai vivement mon bras de sa main qui s’était faite geôlière, et allai répliquer mais il ne m’en laissa pas le temps, jamais je ne l’avais entendu autant parler, de manière si déplaisante, peut être était-ce le son de la vérité qui martyrisait mes oreilles hypocrites. « Ne crois pas que tu es son erreur à son tour... Tout ce que tu réussiras à faire, c'est lui mettre en tête que tu l'abandonnes et que tu ne veuilles plus d'elle dans ta vie. Je sais que ce n'est pas facile mais fais-moi confiance là-dessus. » La fureur dans sa voix ne fit qu’augmenter la mienne, comme si, étroitement liés, Lust arrivait à me faire passer cette rage et cette volonté de me montrer forte. Ses mots, aussi violents furent-ils, eurent le mérite de me faire réagir. J’avais abandonné Lust, l’homme que j’aimais, comme une lâche, et j’étais sur le point de recommencer avec le fruit de cet amour tant chéri ?

« Ne redis plus ce genre de choses. Je parlerais à Eydis. »

Malgré moi, une lueur de remerciement brilla dans mes yeux, et puis tout à coup, je baissai les armes. Comme jamais je ne l’avais fait, je laissai doucement retomber la rage et la fureur qui étaient montées en moi tel le mercure dans un thermomètre en surchauffe. Je me sentis vide, et fatiguée, tellement fatiguée de vouloir me montrer si forte. J’aurais aimé me reposer sur quelqu’un. Qui ? Pas Eydis bien sûr, elle était trop jeune, trop innocente pour un tel fardeau. Sur ma mère ? Mourante, elle avait d’autres préoccupations que mes états d’âmes. Quant à Lust, malgré ce rapprochement dont nous faisions preuve ces derniers temps, je n’étais pas prête à le réintégrer dans ma vie et je n’étais pas certaine que lui-même le souhaitait. Pourtant, sur ce balcon du sixième étage, j’étais lasse de me battre, je voulais rentrer chez moi, et n’en plus bouger. Je baissai la tête avant de finalement me rapprocher de Lust, et de coller mon corps au sien. Avais-je le droit ? En tout cas je le pris, et j’espérai qu’il ne me repousse pas. Posant ma tête sur son épaule, je fermai les yeux un instant, laissant mes mains s’enrouler autour de son cou. Comme toujours depuis que j’avais rencontré Lust, ce doux contact eu le don de m’apaiser, et je sentis mon cœur emballé se calmer peu à peu. Je me délectai de son odeur un instant, en savourant chaque nuance, et déposai un chaste baiser sur son cou blanc. Rien de libidineux, pas de passion transcendante, juste de la tendresse, beaucoup de tendresse. « Merci. » Ce fut la seule chose que je murmurai au creux de son oreille avant de quitter la cage de ses bras et m’éloigner un peu de lui. D’un signe de tête résolu, je lui adressai un pâle sourire et retournai d’un pas hésitant vers la chambre de ma mère où la petite Eydis se trouvait.

Je pénétrai dans la pièce, ma fille ne pleurait plus, mais ses yeux pâles étaient rougis par les larmes salées qu’elle avait versées, souillant son visage d’ange. Je m’approchai silencieusement d’elle, et ouvris mes bras pour lui laisser le choix de venir s’y loger. Ce qu’elle fit à mon plus grand soulagement. Ses mains potelées se perdirent dans mes cheveux blonds, tandis que j’enfonçai mon visage dans sa chevelure d’ébène. Une larme coula le long de ma joue, comme je murmurai à ma fille dans ma langue maternelle « Je suis désolée, mon amour. Pardonne moi. » Ma fille me serra un peu plus fort pour toute réponse, et je la sentis sangloter contre mon sein. Je levai la tête vers Lust et lui adressai un sourire. Ma fille se redressa à son tour et me demanda, toujours en français « Est-ce que je pourrais revoir papa ? » Je lui souris avec amour et pleine d’assurance, avant de regarder une ultime fois Lust que je voyais dès lors comme un père idéal.

« Autant de fois que tu le souhaiteras, Eydis. »


THE END Casiiiimir
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