❝Samuel C. Davidson & Ilyasviel A. Pendora

— Ma tête tourne, encore et toujours. Je suis dans cette spirale infernale, à demi-consciente de mes actes, de mes mots. Un peu perdue entre deux univers, loin de mes tracas. Loin de cette euphorie de conneries d’attentats. Je m’en fou de tout, je suis juste bien. Je titube, je le sais, et ça me fait rire. Je me sens tanguer, je suis la réincarnation d’un bateau pris en pleine tempête, sauf qu’aucune mouette ne vient me chier sur la tronche. Je divague, je bouge, j’ai l’impression que mon corps ne m’appartiens plus. J’ai un milliards de sensations contradictoires, mais je m’en fou. Il faut vivre, et c’est ce que je fais. J’ai l’impression d’être au ralenti, dans un film qui serait accéléré. Je ne comprends plus rien à ce qu’on me dit, alors je rigole, simplement. Je rigole comme une damnée, à des blagues qui ne sont même pas drôles. Je sens un bras qui vient s’accrocher autour de ma taille, j’entends le rire d’un homme. Mes yeux à demi-clos se posent sur lui, je remarque seulement qu’il est brun et qu’il a l’air grand. Peut-être. J’en sais rien, en fait. Comment je pourrais savoir alors que nous sommes assis ? Tout ce que je comprends, c’est qu’il sert ma taille pour m’emporter contre lui et tout ce que je fais pour me défendre, c’est rire. Me défendre ? De quoi ? Je ne suis pas en danger de mort, après tout. Je me laisse aller, m’affalant presque sur cet inconnu qui doit s'appeler Marc, ou quelque chose comme ça. Ah oui, ça me revient, c’est lui qui m’a invitée à cette petite fête improvisée. C’est lui qui a remplit mon verre de Whisky-Pur-Feu et c’est moi qui ai vidé la bouteille. J’ai la gerbe. Le bateau tangue plus violemment, ça cogne dans ma tête, comme un prisonnier qui voudrait défoncer sa cellule. Bordel. J’adore ça. Cogne, petit prisonnier, cogne. Tu ne sortiras pas. Le type pose une main sur ma nuque. Je la sens froide, un peu tremblante.. Mais je dois trembler, moi aussi. J’ai froid. Et j’ai chaud. The World is Mine. Mon visage s’approche de celui de Marc, j’ai un sourire niais sur la tronche. Un effet de l’alcool. J’ai toujours été plus cool quand j’étais bourrée, c’est une évidence. Le contact de ses lèvres sur les miennes me fait frémir. Je ne serai pas seule ce soir.

Je vole. Ah non, merde, c’est ce type qui me porte sur son dos. Je ris, j’ai envie de prendre de la hauteur.. Je pense brièvement à mes cours, mais la frénésie de la fête me ramène sur Terre. Ce n’est pas le moment. Marc me laisse tomber sur le canapé, j’ai l’impression de rebondir comme un ballon. Un, deux, trois rebonds avant de sentir que je m’enfonce dans les coussins. Je n’ai même plus envie de me redresser, ça ne m’intéresse plus. J’ai juste envie de me laisser couler dans cette masse molle. Etouffe-moi, petit canapé, étreins-moi jusqu’à ce que je ne sois plus qu’un amas de chair. Une odeur m’aide à me redresser, cependant. Cette odeur, dans un petit tube qui fait rire. Je suis loin, déjà. On me le tend, alors je le prends, mécaniquement. La première taf me coupe le souffle, mais je tire de nouveau dessus. Au bout de six bouffées, je me sens planer. L’alcool aidant, je suis complètement défoncée. C’est pas sérieux. Je devrais penser à mon avenir.. Putain, on dirait ma mère.. Je me laisse retomber dans le canapé, parce que je n’ai même plus la volonté de tenir assise, et l’inconnu vient s’allonger sur moi. Il m’embrasse et je lui rends ce baiser si fougueux. Je me sens défaillir.

« Viens, Arthuria, on va se trouver un endroit plus calme. »

Tiens, je lui ai donné mon deuxième prénom. Un nouveau smack, avant que j’hoche la tête pour signifier que j’étais d’accord. Je n’avais pas envie de parler, et visiblement lui non plus. Sa main alla cueillir la mienne. Il m’aide à me relever, m’entraîne dans les couloirs. Il fait nuit, je crois. C’est du suicide. Je ne calcule plus rien autour de moi et c’est lui qui mène la danse. Finalement, je sens l’air frais de la soirée sur mon visage et je m’arrête. Je tombe, en riant tandis que Marc essaie de me relever. L’herbe est humide. J’ai le cul trempé. Je lui tend la main, il la prend, il m’entraine.. Je ne sais pas où je vais. Et, lorsqu’on se pose, il m’embrasse à nouveau et commence à s’exciter tout seul. Finalement, on se retrouve à coucher ensemble, et pendant qu’il fait ce qu’il a à faire, je regarde autour de moi. Il m’a emmenée prêt du lac. Romantique. Mon souffle commence à se faire court, je crois que je prends mon pied. Mais j’ai à peine le temps de commencer à véritablement kiffer, qu’il a terminé. Je soupire. Il s’excuse. Je rigole. Je me re-sape du mieux que je peux, il en fait de même.. Je me relève, pour aller me mettre de l’eau sur le visage, mais une substance malodorante et dégueulasse sort de ma bouche. Je gerbe dans le lac. Et ensuite.. ? Le trou noir..


Un mal de tête flagrant me réveille, et un goût de sable me fait prendre conscience que Marc m’a laissée au bord du lac. Espèce de petit con. Je ne me rappelle pas grand-chose de la soirée d’hier, mais je pense que je vais avoir des problèmes. Quoi que. Personne n’a l’air de trainer dans le parc.. Avec un peu de chance, je pourrais passer inaperçue.. Il me faut une douche et un bon café. C’est toujours comme ça, les lendemains de soirée.. Je fini crade, je me réveille dans des lieux insolites et il me faut un café bien serré pour faire passer ma gueule de bois. Je me relève doucement, mes neurones continuant de faire la teuf dans ma pauvre boite crânienne. Mais stop, purée.. J’essaie de me masser les tempes, tout en choppant une chaussure échouée dans l’herbe, à quelques mètres de moi. J’ai vraiment fait n’importe quoi, encore une fois.. Je titube encore un peu, j’essaie de cacher mon visage avec mes cheveux, mais ce n’est pas une chose facile.. Je parle dans ma barbe, maudissant l’alcool et la drogue, tout en sachant parfaitement que je vais recommencer.. Peut-être ce soir, même.. Et puis, je n’ai pas le temps de réagir que mon corps entre en collision avec un autre corps. Mon équilibre encore précaire ne me laisse aucune chance de tenir sur mes jambes et je me ramasse en criant au scandale. Avec le choc, ma tête s’est mise à hurler à plein poumon. Autrement dit, mon mal de crâne n’est pas prêt de passer. Je lève les yeux vers la personne qui m’a fait tomber, et fini par cracher mon venin, la voix un peu cassée à cause de cette nuit de mauvais sommeil.

« Sérieux, la prochaine fois que tu vois une conne qui a l’air déboussolée et qui fonce vers toi, décale-toi, hmm. Ça évitera ce genre de situation. Aide-moi à me relever. »

❝Samuel C. Davidson & Ilyasviel A. Pendora

— Le gars que j’ai bousculé me tend la main. D’accord, oui, je l’admets, j’ai peut-être été un peu vache avec lui. Je n’aurais certainement pas dû l’engueuler comme je venais tout juste de le faire, mais ça avait été plus fort que moi. Je ne suis jamais de très bonne humeur le lendemain d’une cuite, sûrement à cause de ce fichu cerveau cherchant à se faire la malle par tous les moyens. Vous savez, ça fait mal un cerveau baignant dans des restes d’alcool. Ca a tendance à se rétracter, apparemment. Ca devient tout petit et c’est difficilement irrigué. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on a du mal à être nous-mêmes, sous l’influence de l’alcool. Bref, mais qu’est ce que je raconte comme conneries, moi ? Sérieusement, je devrais apprendre à arrêter de penser à tout un tas de choses inutiles. Je prends la main que me tend gentiment le type – que je suis sûre d’avoir déjà vu, soit dit en passant – et je me relève avec difficulté. Je ne suis vraiment pas fraîche, ce matin. Et c’est horrible, comme sensation. C’est le prix à payer, quand on est fêtard. Les lendemains difficiles, les trous noirs.. J’espère juste que cette enflure de Marc n’a pas abusé quand j’étais dans les vapes. Ce qui me fait le plus chier ? C’est que je n’ai aucun moyen d’en être sûre. J’hoche la tête en direction du mâle qui vient de m’aider, comme pour le remercier. J’ai la bouche trop pâteuse pour me prendre la tête à dire Merci. Il comprendra bien que je lui suis reconnaissante de m’avoir remise sur mes deux pattes.

« Entre nous si tu sais toi même que t'es déboussolé … ce n'est pas à moi de faire attention.»

Ouais, c’est bon, tais-toi. N’en rajoute pas une couche, hein. J’ai compris. Sûrement que j’aurais dû relever la tête ou sentir ta présence, ou je ne sais quoi encore. Parait que l’instinct nous fait sentir ce genre de choses, mais désolée.. Mon instinct s’est barré avec le peu de conscience que j’avais encore hier soir. Mais tu dois pas être du genre fêtard, toi. Sûrement que même si je t’expliquais, tu ne comprendrais pas. D’un geste sec, je rejette mes cheveux vers l’arrière, imaginant parfaitement bien que mon maquillage a coulé. Le contraire m’étonnerait beaucoup, à vrai dire. C’est pas la question, je sais.. Je dévisage le type, préparant dans ma tête des tonnes de phrases connes. Je sais parfaitement bien que je ne les dirais pas, mais j’aime bien faire ça. Un léger rictus étire ma bouche. Il doit me prendre pour une cinglée, mais j’ai bien le droit de penser.. Et fort heureusement.

« Hmm. Merci quand même, hein. Mais garde tes réflexions pour toi, t’es mignon. » Soupire. « ‘scuz moi. J’ai passé une nuit agitée, je suis un peu à l’ouest. Tu m’as rien fait, je devrais être plus cool. »

Mon cul, ouais. Ca m’arrache la tronche de lui dire tout ça, mais en même temps le pauvre petit chou s’est juste trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Et franchement, je n’ai pas la force de provoquer une emmerde. Et puis, en regardant bien, ce type a l’air aussi crevé que moi. Il ne doit sûrement avoir aucune envie de se faire littéralement incendier par une petite merdeuse dans mon genre. Faut que j’arrête d’être sur la défensive, c’est ce que mon père me sort tout le temps. Que je m’ouvre aux autres. Conneries. Depuis quand on a besoin des autres pour vivre ? Allez, ta gueule Ilya. Et sois polie, veux-tu. Je soupire doucement, tout en tendant la main à mon interlocuteur. Ouais, même avec un marteau-piqueur dans le crâne je n’ai aucune envie d’oublier les bonnes manières. Et les bonnes manières veulent qu’on se présente, lorsqu’on rencontre quelqu’un.

« Moi, c’est Ilyasviel. Et toi, tu m'dis vaguement quelque chose.. »

Putain, je tangue. Faut vraiment que je m’hydrate.. Faut vraiment que je boive et que je mange quelque chose, sans quoi je vais.. Mes jambes semblent refuser d’un coup de porter mon poids, et je n’ai que le temps de me raccrocher au pauvre type qui est là pour ne pas tomber comme un vulgaire déchet. Et merde. Je m’accroche à lui de toutes mes forces, il ne me reste que ça. La sensation du tissu sous mes doigts me garde connectée à la réalité. C’est officiel, je sais que je dois me calmer. Ma santé commence à sérieusement devenir bancale..

❝Samuel C. Davidson & Ilyasviel A. Pendora

— Il.. Sourit ? Mais il se fout de moi, ce type ou bien je rêve ? J’ai dû mettre ma fierté de côté, pour m’excuser et lui trouve le moyen de sourire. Comme si la situation était amusante. Je soupirais doucement, tout en me retenant de lui dire de cesser d’avoir cet air débile. Dieu que je déteste les gens qui se mettent à sourire pour rien. C’est insoutenable et ça me donne envie de pleurer. Mais, enfin, je n’allais certainement pas commencer à lui en tenir rigueur. Je n’avais pas que ça à foutre. Il n’avait qu’à sourire, si ça l’amusait. Quelle perte de temps.. Je sentais sincèrement que ce type allait finir par vraiment m’exaspérer, et cela se confirma lorsqu’il prit la parole. Une autre option, hein ? Et quoi exactement ? J’arquais un sourcil, tout en le regardant fixement. Était-ce de la provocation, ou une connerie comme ça ? A quel jeu était-il en train de jouer ? D’accord, je voulais bien admettre que j’avais certains tords, mais il ne fallait pas abuser non plus. Au final, je ne pris même pas la peine de lui répondre. Ça aurait servi à quoi, mise à part à nous énerver encore davantage l’un, l’autre ? La situation était d’un ridicule.. La tension était palpable, et j’étais presque convaincue qu’il pouvait lui aussi la sentir. Pour le moment, tout ceci restait bon enfant, et je n’avais pas forcément très envie que ça dégénère. Encore un peu à l’ouest, j’aurais fait n’importe quoi avec ma baguette. Je décidais donc de me présenter, tout en lui faisant remarquer qu’il me disait vaguement quelque chose. Mais quoi ? Sérieusement.. Je n’en avais pas la moindre idée.

«Sam. Et je suis aussi à l'université Dumbledore. Deuxième année. Si ça peut être utile.»
« Oh.. Alors, c’est là que j’ai dû te voir. Université Dumbledore, troisième année. Et je suis également une fière ex-Serpentard. »

Mais ça, je suppose qu’il aurait pu le trouver tout seul, comme un grand. Alors que je commençais à me dire que j’allais sûrement repartir vers le château, pour aller prendre un truc à boire et à manger, mes jambes semblèrent totalement vouloir me faire tomber.. Tant bien que mal, je m’étais raccrochée à Sam, en espérant que le pseudo-malaise passe rapidement.. Il ne fit visiblement rien pour m’aider à ne pas tomber, mais je préférais cela. J’étais déjà dans un putain d’état de vulnérabilité, il ne fallait pas abuser non plus.. Je n’étais pas un jouvencelle en détresse.. D’ailleurs, je ne mis pas longtemps à retrouver mes esprits – plus ou moins, disons – et à me redresser. Je soupirais, tout en plantant mon regard dans celui de mon interlocuteur. Avec mon niveau de fatigue, les 10 grammes d’alcool que je devais encore avoir dans chaque bras (j’exagère, oui, mais à peine) et mon cerveau qui dansait la zumba, j’étais bien obligée de mettre ma fierté de côté, pour finir par ouvrir la bouche et dire, à contre-cœur..

« J’peux pas vraiment me déplacer seule, en fait. Alors, si tu pouvais m’aider simplement à aller dans le dortoir des Dumby, ça serait cool. »

Nan, mais regarde toi, Ilyasviel. T’es tombée bien bas. T’es en train de demander de l’aide à un gars que tu ne connais que de vue.. Un nouveau soupire s’échappa de mes lèvres, tandis que je ne pouvais m’empêcher de penser que la situation était purement ridicule. Sérieusement.. Je jure de détruire cette enflure de Marc à la minute où je verrais sa foutue caboche de petit fils à papa de merde. Au fond, c’est à cause de lui si je me retrouve dans cette situation à la con, en face d’un gars que je ne connais pas vraiment et qui doit penser que je suis une assistée. Super. Cette journée commence plutôt mal. Espérons que la suite ne soit pas si cauchemardesque..