Ce garçon va finir par me rendre folle ! Je déteste sa façon de me tourner autour et d'essayer sans cesse de pénétrer mes pensées. Il n'y a rien de plus agaçants et le pire dans tout ça, c'est que dès que ses yeux se plissent je suis certaine qu'il y parvient. Il est bien plus vieux que moi et je ne maîtrise pas encore totalement la magie. « Je sais que tu me trouves beau, je te plais hein ? Avoue.. » Oui d'accord, il était charmant, il avait un beau visage mais son arrogance gâchait le tout et ça aussi il devait en avoir conscience à force de lire en moi. Ne plus avoir de secrets, ne plus pouvoir penser tranquille, je ne le supportais plus mais j'arrivais quand même à vivre avec.

Et puis un jour, il est arrivé plus près de moi « Elle est morte, hein ? Dans ce lac » Et son rire s'est manifesté dans toute la pièce, un rire noire, un rire en échange d'une énorme main collée sur sa joue. Après l'avoir giflée, je suis sortie, les larmes aux yeux le mascara dégoulinant. Je me suis d'abord rendue à la bibliothèque avec la rage de le faire taire. De trouver un sort qui lui ferait regretter la réaction blessante qu'il avait eu face à la découverte du décès de ma sœur cadette. J'ai tourné les pages les unes après les autres avant de tomber sur l'occlumancie. En opposition à la legilimancie que pratiquait cet homme qui me cherchait des poux. Directement, je me suis attardée sur cette page. Cette pratique.. ou bien ce don permettait de fermer son esprit et ainsi d'empêcher quiconque de s'introduire à l'intérieur de vos pensées. Se protéger des pénétrations extérieurs. Exactement ce qu'il me fallait.. Néanmoins, il ne fallut que quelques secondes de lecture supplémentaire pour que mes espoirs soient réduis à néant. L'occlumancie n'était visiblement pas quelque chose que l'on pratique en claquant des doigts. Ils parlaient de nombreuses années de patience et d'une persévérance incroyable. Plus jeune – comme aujourd'hui d'ailleurs – j'avais toujours du mal à me croire capable de quoi que ce soit. Mais ma volonté d'y arriver était quand même mon plus gros avantage. Après avoir recopié la totalité des informations concernant ce moyen de fermer mon esprit, je me suis directement rendue vers mon professeur de maison.

J'ai du faire des mains et des pieds pour obtenir un minimum de résultat. Les premiers moi me laissaient penser que jamais je n'y parviendrai et puis à force de persévérance j'ai fini par rejeter quelques sorts d'intrusions. Seulement pour quelques secondes au départ mais c'était déjà ça et c'est ce résultat qui m'a poussé à aller plus loin et à continuer tous les jours de m'entraîner. Parfois sans succès, parfois à bout d'épuisement, les temps n'étaient pas toujours facile mais ce jeune homme qui en avait après moi était une véritable motivation. Il fallait que je le fasse taire, c'était mon but, qu'il se retrouve comme un crétin à vouloir pénétrer mon esprit et que ce dernier lui paraisse vide. Et ce jour là, ce serait alors ma victoire.

Je me souviendrai toujours de ce 22 septembre, non pas parce que c'était le premier jour de l'automne mais plutôt parce que c'est ce jour là que mes années de pratiques ont fini par payer. Encore une fois, il était là, il me regardait avec son sourire qui me donnait juste envie de vomir. Et puis comme d'habitude, il s'est approché avec son air assuré et je n'ai pas bougé. Je le fixai simplement, réorganisant mes pensées afin de vider mon esprit et faciliter ensuite mon envie de le lui faire quitter. J'ai finalement vu ses yeux se plisser, signe qu'il voulait lire en moi. Je l'ai senti et j'ai lutté, rassemblant toutes mes forces pour l'obliger à quitter mon esprit. Épuisée, le cœur battant à une allure excessive, j'ai relevé la tête et mon regard s'est posé sur le sien. Il paraissait autant affaiblie que moi en se demandant comment tout cela était possible. J'avais grandi, j'avais passé des années à me battre contre moi même et ce jour là, j'étais parvenue à mes fins. Il n'avait pas réussi à lire en moi.

Depuis, je n'ai jamais cessé mes pratiques, dès que je ressens une force tenter de me pénétrer, je m'oblige à rester calme, vider mon esprit pour mieux contrer ces forces. Il m'arrive d'échouer comme il m'arrive d'y arriver..