Nous sommes tous un peu trop fragiles
A regarder tomber la nuit
Sur le vert-de-gris de nos villes
Avec nos amours sous la pluie


Je suis née dans une famille plutôt respectée. De sang mêles mais quand même. Des sorciers avec un nom connu. Les Brighton. Oui je suis née Mary Elena Brighton. Ça vous en bouche peut être un coin si vous me connaissez au jour d'aujourd'hui? Pas bien grave. Ma vie a toujours été assez agréable. Mes parents étaient aimants et très corrects avec moi. Je n'ai jamais manqué de rien. Rapidement … je développe ce que certains pourraient appeler un don. Un peu comme une tête d'ampoule me diriez vous? Hé bien oui. Poudlard m'accueille en la maison de Pouffsouffle ou je fais une scolarité sans vague. Je ne marque pas par ma présence ou mon esprit. Encore moins par mes sortilèges. Non c'est par mon assiduité et en cours et à la bibliothèque. Je n'ai pas vraiment d'amis et je suis souvent appelée « weirdo » alors il faut bien trouver un passe temps. Parmi mes auteurs préférés … Zola, Shakespeare, même Marx. Je passe tout mon temps à écrire ou lire. D'ailleurs je crois que ça ne plait pas des masses à mon père. Mais certains profs contents de mes écrits envoient ces derniers à des magasines. Si bien qu'a la fin de mes études à Poudlard, un célèbres journal dont nous tairons le nom m'embauche en temps que jeune pigiste.


Dans cette grisaille silencieuse
Où les regards de nos déesses
Deviennent des ombres orageuses
Et chargées d'étrange tristesse


Je brille dans le métier et peu à peu je gravis les échelons. Elle gagne du galon et au bout de deux ans on me propose un poste de reporter photo. Une aubaine pour la jeune sorcière que je suis. Car contrairement à ce que l'on pourrait croire je n'aime pas spécialement utiliser mes pouvoirs, je ne suis pas plus douée ou moins douée qu'une autre. Mais je préfère me servir de ma plume comme d'une arme. Mon style agressif-passif et mes manières aiguisées et rusées de dire les choses semblent plaire beaucoup au public qui aime mes écrits.
On m'envoie donc à Abidjan pour couvrir le conflit. La Côte d'Ivoire n'est pas du tout comme je le pensais. Tiraillée entre deux clans avec une guerre. Je relate les faits, de la manière la plus neutre et en même temps proche de la réalité. Mais lors d'un sujet particulier, même après m'être établie dans le pays depuis déjà plus d'un an et demi … c'est le choc la descente en enfer. Elle se retrouve prise au milieu d'une fusillade. Elle voit encore les morceaux d'humains un peu partout qui jonchent le sol. Les larmes d'une petite fille qui pleure sur le corps sans vie de son frère unijambiste. Dès lors, elle ne voit plus qu'en noir et entame lentement une longue descente aux enfers. Rapidement à Londres et au journal ça s'inquiète. Ils la connaissent ils savent qu'elle n'aime pas user de la magie. Mais ses articles sont de plus en plus teintés de noir et on me demande de changer d'optique sous peine d'arrêter son contrat. Mais je prend les devants et pose moi même ma démission. Je romps tout contact avec la civilisation londonienne. Y compris mes parents plus inquiets que jamais. Est ce que les gens parlent de mon virement de bord aucune idée. Moi je ne veux plus revoir la civilisation. Elle ne m'intéresse plus. Je reste six mois dans le pays encore avant de rentrée, beaucoup trop choquée je décide de rentrer. Au pays. Sans en avoir la moindre envie. Dans la plus grande intimité. Seulement … j'ai croisé son chemin … Astrid Lovecraft. J'aurais mieux fait de ne jamais rentrer d'Afrique.

Elles ont cette folie si tranquille
Ce calme étrange au bord du stress
Quand nous traînons sur nos béquilles
A leur mendier de la tendresse


Au détour d'une ruelle, une simple ruelle. Elle m'est tombée dessus. Cette pourriture, cette personne ignoble. La seule personne que je ne pourrais jamais haïr d'une tell force. Bref. Une mangemorte. En herbe, il est important de le préciser. Je suis restée sa captive deux ans. Deux années entières. A bouffer la poussière. Elle jouait avec moi. Moi qui ne connaissais pas personnellement de mangemort … je les ai découvert de la manière la plus dure. Mais le pire est vraiment qu'elle était encore en formation. Alors elle se formait … sur moi. Testant les sorts. Bien entendu. Ma baguette … dont je ne m'étais pas réellement servi jusqu'à présent … elle l'a cassée. En deux. De manière nette. Et définitive. Testant des choses, elle ne va pourtant jamais jusqu'à me tuer. Et en moi … nait une espèce de rage, que je n'ai jamais ressenti auparavant pourtant. Une envie. Soudaine. Lancinante. Dévorante. De la tuer. A petit feu. Moi qui n'ait rien contre l'être humain. Mes pensées se révèleront bientôt aussi meurtrières que les actes de ma tortionnaire. Par chance – je suppose que l'on peut nommer ça ainsi – elle maîtrise très mal les sortilèges mentaux, ce qui me permet de ne pas sombrer dans la folie. Ou du moins … pas dans une folie … provoquée.
Un soir, alors qu'elle détachais mes liens pour me donner à manger, ça devait faire quoi, presque deux ans … je ne peux pas vraiment dire que je me souvienne du temps à cette époque … j'ai profité de son inattention pour lui sauter dessus. Et je l'ai tuée. Sauvagement. Avec la première chose qui me passait sous la main. Oh bah tiens … une pelle à tarte. Je crois que c'est la seule personne que j'aie tué de ma vie. Et je ne veux pas recommencer. Je me souviens encore de tout. Comment il a été difficile de la maîtriser. J'étais si faible. Mais l'adrénaline nous fait faire des choses insoupçonnées. Voilà pourquoi … au bout d'un bon quart d'heure à m'acharner sur elle, m'assurant qu'elle était bien morte … épuisée et le peu de vêtements que j'avais trempé de sang … J'ai réussi à me hisser jusqu'à une ruelle, dehors, où je me suis affalée.

Elles sont si brillantes et si vraies
Dans le chaud velours de leurs nids
Pour nous piètres morveux distraits
Qui nous prenons pour des génies


Quand j'ai rouvert les yeux. Elle était la. Sa présence à mes côtés était apaisante. Malgré tout quand j'ai senti sa main se poser sur mon front j'eus un moment de recul. Mais au premier coup d'œil je crois bien que je suis tombée amoureuse d'elle. Elle avait pris soin de moi. M'avait recueillie. Pansé et nettoyé mes plaies. Mais j'avais honte, je n'osais même pas essayer de me lever pour voir à quoi je ressemblais. J'avais tellement honte qu'elle m'ait vue ainsi. Elle aurait peut être du me laisser crever. Ça aurait peut être mieux valu en fait. Mais non. Elle ne l'avait pas fait. Mon ange blond était venu à mon secours. Et c'était ma cadette de trois ans pourtant. Je me suis rétablie. Elle est restée. Et grâce à elle j'ai pu changer de vie. Me reconstruire. Ou plutôt … grâce à elle j'ai eu ENVIE de vivre à nouveau me reconstruire. De faire taire cette haine qui m'avait envahit. J'ai compris que malgré ce que j'avais pu voir en afrique, toutes les tortures que j'avais vécu. Il y avait des moyens de changer ça.

Elles portent en nous des cris d'enfants
Comme au temps des cours de récré
Quand on attend l'heure des mamans
Au bout de nos cœurs estropiés


Je suis donc devenue Evey Sara Coleman. Terminée de la vie de Mary Brighton. Aux yeux de tous elle était morte. Mes écrits ne sont pas entrés dans la légende. Même si ils sont parfois consultés … par les curieux. J'ai vécu quelques années avec Jeremiah, avec mon bel ange blond. Mais voilà, presqu'au même moment où j'accepte de devenir Diplomate elle disparaît. Je ne sais où. Mais je compte bien la retrouver. Parce que … qu'on se le dise … Evey sans sa Jeremiah … c'est impensable. Pourquoi avoir accepté ce poste? Le ministre a estimé que j'avais les connaissances nécessaires. De plus il est une des rares personnes qui connaissent mon passé et surtout les deux ans de tortures que j'ai subi. Et je pense qu'il me propose une échappatoire. Cela dit … je ne suis pas sortie des bois pour autant. Je reçois les ambassades. Je voyage. J'aime mon emploi mon boulot. Et je me montre à la hauteur. Je pense que je prend un peu le melon. Je me prend pour un héros. Pourquoi? Parce qu'elle n'est plus à mes côtés.

Elles ont le monde entre leurs seins
Et nous sommes des oiseaux perdus
Des ptérodactyles en déclin
Avec des sentiments tordus


Je fais mon bout de chemin. Tranquillement. Sans problèmes. Seulement voilà. On a du négliger quelque chose … Cette conasse d'Astrid Lovecraft a du laisser un journal intime ou un truc dans le genre. Mais le bruit court que chez les mangemorts … une certaine Astor Lovecraft voudrait venger la mort de sa sœur. Jumelle. J'ai un certain avantage. À mon souvenir, elle n'a jamais pris de photo. Alors cette dite Jumelle, ne sais pas à quoi je ressemble. Mais moi, qui connait ma tortionnaire dans le moindre détail, je la reconnaitrai tout de suite.

J'ai retrouvé Miah ... ma jolie Miah ... mais je l'ai aussitôt perdue. Qu'est elle devenue ... aucune idée. Elle me manque. Elle me manque comme jamais. C'était cruel de la retrouver et de la perdre ainsi.