Papa est un salaud, une ordure, une enflure. Maman était jolie mais elle est partie. Alors...le vent m'emportera ? Après...au bal des anges je serais reine ? Être humain c'est mal, c'est commun et surtout ça ne sert à rien. Oh oui je vous jure que je suis la mieux placée pour vous dire que je n'ai pas demandé à naître. Mais ça je ne vous en parlerais pas, pas maintenant. Regardez juste le ciel et dites-moi que vous n'aspirez pas à quitter cette Terre. Ce serait un mensonge n'est-ce pas ? La vie est un mensonge et la lumière est factice...C'est ce que me répètent les gens du ciel quand je leur parlent du malheur de vivre. Pourtant...quelqu'un m'a dit un jour que le bonheur existe et qu'il peut être concret. Je crois que cette personne ne regarde pas bien le monde, elle ne le voit pas tel que moi je le voit. Peu importe. Un jour je suis persuadée que le vent m'emportera et que j'irais rejoindre quelque-chose qui a plus de sens. Si la vie n'est pas sensée peut-être que la mort l'est. Vous ne pensez pas ? Je crois que je m'égare. Revenons à moi, au peu de moi qui ai ne serait-ce qu'une infime raison de continuer à exister.

Vous voulez savoir pourquoi j'ai mal quand je pense à ma naissance ? A mon enfance ? Maman est partie, elle m'a laissée pour seul cadeau, empoisonné, la vie. Hum...Je suis née un jour de mars ou la pluie tombait inlassablement, c'est ce que ma dit maman, depuis le matin. Elle trouvait ça si beau et pourtant elle avait si peur que j'arrive dans ce monde cruel. Pourtant...ce fut le début de mon enfer personnel. Pas avec ma mère non, c'est juste le passé et la réalité qui font mal. Vous savez ce que c'est le viol n'est-ce pas ? Maman était toute seule dans une ruelle sombre ce soir là et papa...non pas papa...Il est arrivé et devinez la suite. Je ne vous parlerais pas d'eux. Tout ce qu'il faut savoir c'est que ma mère est partie errer dans les rues de .Londres, dormant souvent à même le sol, finissant souvent défoncée pour oublier. Je suis arrivée dans cette atmosphère que l'on peut facilement qualifiée de malsaine. Le jour ou j'ai ouvert les yeux je suppose que j'ai souhaité disparaître.

Vous savez grandir avec une mère toxico tout en sachant ce qu'est le viol depuis que vous êtes en âge de comprendre ce n'est pas si facile mais...on m'avait fait le cadeau de la vie alors je n'avais pas le droit de refuser. Dès que j'ai été assez grande, vers l'âge de sept ans, je m'occupais d'un bon nombre de choses à la maison. Maman trop défoncée avait peur de sortir alors je faisais les courses, le ménage et souvent le soir je la voyais pleurer et boire. Vouloir mourir alors que vous tenez les cheveux de l'être le plus cher à vos yeux tandis qu'elle vomit encore et encore...Oui c'est ça la vie. Moi je n'en veux pas.
Toutes les deux on vivait dans un taudis crasseux que maman payait au moyens des quelques articles qu'elle rédigeait et postait sur Internet. Avant elle était journaliste et brillante, j'ai d'ailleurs hérité de sa passion pour l'écriture. Je grandissais et elle allait de plus en plus mal. Déjà à l'âge de sept ans j'avais la certitude que je serais incapable de la sauver. Elle avait trop de démons...moi il y a trop d'anges dans mon Paradis. Peut-être...Maman était si jolie mais elle est partie un matin d'hiver alors que j'avais neuf ans. Moi je la serrais dans mes bras, persuadée qu'elle était endormie et je lui chuchotais que la beauté de la vie en la berçant. Les secours que j'ai appelé par la suite sont arrivés bien trop tard...Trop tard, encore.

Ils m'ont emmené dans cet orphelinat, je m'en foutais un peu à vrai dire. J'avais la désagréable impression d'avoir quitté ce monde moi aussi. Tout ce que je voulais c'était qu'ils ne me touchent pas. Et puis...ce bâtiment était gris et sombre. Il était ma prison et un prolongement de mon enfer personnel. Je persiste à penser qu'à l'âge de neuf ans on peut tout être sauf un adulte, pourtant...Je me répétais sans cesse que personne n'adopterait une petite fille de neuf ans qui n'accepte pas qu'on la touche mais je n'ai même pas passé une année entière à l'orphelinat.
Ce jour là j'ai découvert que j'avais une famille et plus exactement une tante. Elle et son mari m'ont adopté. Je n'ai même pas essayé de savoir pourquoi elle n'avait pas aidé maman mais elle, elle répétait tout le temps que sa sœur été déjà morte depuis cette nuit là. Moi je n'écoutais pas, j'avais mal à la tête. Je n'avais pas assez mangé, je ne m'alimentais plus depuis mon arrivée à l'orphelinat et je maigrissais à vue d’œil mais ça c'est une autre histoire.

Cette étrangère m'a ainsi expliqué qu'elle ainsi que ma mère étaient des sorcières et que j'allais être un jour amenée à faire mes premiers pas en tant que telle dans l'école de sorcellerie Poudlard. Moi je voulais juste qu'elle se taise. Mais elle disait vrai, quand j'ai eu onze ans j'ai reçu une lettre qui m'annonçait ma nature de sorcière et qui me demandait de rejoindre cette fameuse institution. A cette époque j'acceptais un peu plus qu'on me touche, qu'on s'approche de moi et puis bien sur il y avait ma pâleur et ma minceur. Je ne mangeais pas bien plus qu'avant. Ma tante et mon oncle savaient mais ils taisaient la chose. Peu importe. Le ciel m'attend non ? C'est une chouette manière de mourir. Bref, j'ai été prise chez les Poufsouffle une fois à Poudlard. J'aime bien étudier la magie à vrai dire. C'est peut-être ça qui me rattache à la Terre. L'écriture aussi ? Peut-être que tout ça me sauve, pour l'instant. J'ai même quelques amis vous savez. Mais au cœur du bal les anges m'appellent. Serais-je capable de leur résister encore longtemps ?