J'erre. Une nouvelle fois dans ce monde dans ce dédale de jours et de nuits ou elle n'est pas là. Elle a fui mes côtés. Elle n'est plus là. La retrouver à été cruel. Si cruel. Tellement cruel que je rêve parfois que ça ne soit jamais arrivé. Je ne peux pas le supporter. L'avoir retrouvée pour l'avoir perdue. Si vite. Si soudainement. C'est encore pire que tout. C'est méchant et ignoble. C'est ... une douleur indiscible. Une douleur lancinante qui me taillade le ventre encore et toujours, avec une lenteur coupable. Cette absence, ce besoin qu'a mon être d'être avec elle est plus fort que tout. Et pourtant ... Elle n'est pas là.

Je me promène au milieu de ces tombes, dans l'obscurité de la nuit. Au milieu de la nuit. Je n'ai plus de notion du bien du mal, du jour ou de la nuit. Et encore moins de l'amour ou de la haine. Je l'aime, infiniment, à jamais. Et en même temps je la déteste. Pourquoi ... pourquoi est ce qu'elle me faisait vivre ça. Pourquoi m'avait elle sauvée. pourquoi ne m'avait elle pas laissée là, à mourir de mes blessures. Non elle ne l'avait pas fait. Elle m'avait sauvée. Elle m'avait nourrie, logée et pansé mes plaies. Elle m'avait laissé l'aimer, et l'adore. Elle avait fait de moi son éternelle esclave. Et je l'aimais. Je l'aimais comme une folle. Je ne voyais rien d'autre, je ne pensais à rien d'autre. C'est dangereux, c'est naïf. Oh oui ... c'est plus que sûr. Pourtant je ne peux pas vraiment faire autrement. Cet ange blond est gravé en moi et je ne peux pas l'en défaire. Je ne le veux pas non plus.

Je bras ballant le long de ma poitrine je ne sais même pas ce que j'ai comme habits. Je ne baisse pas les yeux pour voir. Je m'en fous, je ne suis pas à un bal. Je n'en ai rien à foutre des fringues que j'ai sur le dos. Ca ne la fera pas revenir. Les larmes coulent sur mes joues l'endroit est désert, et glacé, un peu comme moi en ce moment. Doucement mes jambes fléchissent et ne peuvent plus porter le flot de mes sanglot et je viens rencontrer la stèle d'une tombe avec dureté. Mon arcade sourcilière ne résiste pas et le sang m'envahit déjà l’œil droit. Mais je n'y pense pas. Recroquevillée sur le sol humide de la nuit, mon sang et mes larmes se mêlent sur mes joues pales.

Mission pour le maitre, au coeur du cimetiere de Godric's Hollow. Suis-je déja venue ici? Suis-je déja sortie ? Je ne me souviens de rien. Ma vie n'est que la longue continuation d'une floutitude sans fin. Je n'ai pas de passé, je n'ai pas d'histoire. Ils me disent Jeremiah, et je suppose que c'est mon nom, mais je ne me souviens de rien. Je ne sais plus ce que je suis, ce que j'en fais. Je ne sais pas vraiment. Ils me disent va chercher et j'obéis. En un sens, sans me souvenir de rien, je ne suis alors qu'une ombre sans fondement. Sans sentiments.

La cible ne passe pas. Je m'ennuie au milieu du cimetiere. Je ne sais meme pas qui c'est que je dois tuer. Elle sera la, m'a t'on dit. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas qui. On ne m'a rien décrit. On m'a dit... Tu comprendra. Je ne sais pas pourquoi. J'ai comme une boule une ventre qui m'empeche de penser. J'ai une boule dans la tete qui m'empeche de me souvenir. Ils me cachent des choses, me cachent ce que je suis. Je ne me souviens de rien. Je ne sais plus qui je suis, où je vais. Je ne ... Je n'en sais rien. Et je soupire.

Une allée. Deux allées. Il n'y'a personne, et puis c'est un sanglot qui attire mon attention. Je ne sais pas qui pleure, on dirait une enfant. Une gamine. On dirait, je ne sais quoi... Et je m'approche, discretement. C'est une femme, il y'a par terre du sang et des larmes. C'est comme un torent qui ne se tarit pas. Et moi je m'approche un peu, et je reste a distance. Je sais les larmes, mais je ne sais pas. Je ne sais pas faire. Je ne sais ... pas ce que je suis.

« Pourquoi tu pleure ?»

Je donnerai beaucoup pour avoir l’esprit vierge. Ne pas me souvenir d’elle. Pour ne plus l’aimer. Ne plus ressentir cette tristesse qui grandit un peu plus chaque jour. Je ne me sentais pas bien. Vraiment, vraiment pas bien. Les choses empiraient avec le temps. Ah si je pouvais mettre la main sur l’imbécile qui avait énoncé cette phrase assassine « Le temps fait des miracles » le temps n’arrange rien. Non cet imbécile de temps. Cet enfant de salaud. Casse tout, il ravage. Il détruit et ne laisse rien des amantes. Je suis perdue dans ce maelström de tristesse. Comme aspirée par l’œil d’un cyclone que mon seul cœur connaît. J’aimerai que la vie me quitte. La maintenant. Dans ce cimetière. La face dans la boue. Le cœur serré. Le gout métallique du sang et le sel de mes larmes sur mes papilles. Je voudrais en finir avec la vie. Avec cette vie ou elle n’est plus là. Cette vie ou je ne veux être sans elle.

Je n’en peux plus. Je suis bien trop lâche pour mourir. Pour me donner moi même la mort. Je crois que si je croise quelqu’un je le supplie. A genoux de me supprimer. De m’achever. Oui m’achever plutôt. D’en finir avec ce qu’il reste de moi – à savoir pas grand chose. La douleur parcourt tout mon corps et le glace. Je suis incapable de bouger. Figée dans la boue, en proie aux larmes et au sang c’est ainsi qu’elle me voit. Si je n’avais pas été aussi mal j’aurais certainement réagi … comme une amoureuse. Elle était de nouveau en face de moi. C’était un mirage. C’était ça la mort par vrai ? J’étais morte. Parce que sans ça elle ne pouvait pas être à nouveau devant moi. Elle m’avait une seconde fois abandonnée. Pourquoi reviendrait elle. Si ce n’était dans ma mort. Une mort utopiste où son fantôme danserait avec le mien. Une mort idéalisée ou nous vivrions ensemble heureuses à jamais. Alors je ne lui réponds pas. Je la regarde. Non. Je la dévore du regard. Elle est ma seule source de joie. Mais aussi source de tristesse.

« Miah … » murmurais-je. Non je ne pouvais pas rester là sans savoir si c’était réel. Si j’étais bien morte. Et si elle était bien ENFIN à moi rien qu’à moi. Ma femme. La seule qui compte. « Je suis morte pas vrai ? »