"EL ! TU BOUGES OU QUOI ?" Le jour de sa rentrée en quatrième année, El s'était levé comme d'habitude, à dix heures passées de trois minutes. Or, le train partait à onze heures comme tout les ans et l'appartement familial se situant assez loin de la gare, lui et son père étaient sensés partir à dix heures dix précises. Il n'avait pas fait sa valise, il était loin d'être réveillé, en clair, il allait encore devoir courir pour attraper le train. Et sa belle-mère avait débarqué dans sa chambre en criant qu'il leur mettait les nerfs de bon matin, exactement comme l'année dernière. Elle avait failli trébucher sur les trop nombreux vêtements roulés en boule et à terre et El s'était levé en ricanant. Il avait juste eu le temps de mettre un énorme sac dans le coffre de la voiture et de claquer la porte que son père démarrait, avec sa demi-soeur à l'arrière. Comme à chaque fois qu'ils se retrouvaient dans un espace trop réduit, El et son père s'étaient engueulés avec force, tant et si bien que El avait fini par monter seul en direction de la voix. L'année commençait sur les chapeaux de roues. Durant tout le trajet, il avait songé à tout ce qu'il avait fait pour qu'il en arrive là.

Flash-Back : sept ans.
"Mais c'est ça, mais casse toi pauvre con !""Ne jure pas devant ton fils sale pute !""C'est ton fils aussi ! Si tu t'en occupais ! EL ! Où est ce que tu vas ?""A l'école maman.""Ton père va t'emmener. Moi il faut que j'aille bosser ! Puisque je ne suis bonne qu'à ça dans cette maison !" Quand c'était son père qui le conduisait à l'école, il ralait toujours contre tout. Il se mettait sur la banquette arrière et l'écoutait parler de ses abrutis de chauffards, sur les politiciens bons à rien ou les journalistes raconteurs de n'importe quoi. A force, il finissait par avoir l'habitude et ne répondait plus à ses questions jusqu'à ce qu'il sorte enfin de la voiture. Sa professeur trouvait toujours le moyen de râler parce qu'il arrivait en retard. Il repartait toujours à l'heure pour avoir le bus numéro quatre qu'il prenait en restant près de la porte et donc du chauffeur. Les vendredis, c'était toujours les mêmes, un vieux avec une barbe blanche qui lui disait toujours de faire attention à ne pas se noyer dans les flaques d'eau. Quand il rentrait, il rentrait sa clé dans la serrure puis la remettait dans son sac à dos. Si sa mère était à la maison, il restait dans sa chambre jusqu'au diner et si elle était sortie, il prenait le temps de regarder la télévision en grignotant des biscuits devant. Le retour de ses parents signifiaient des cris et des objets qui se brisaient contre les murs. Il s'endormait souvent sans avoir manger, de peur que ces cris se répercutent contre lui. "El ? El mon chéri, viens voir papa." "Qu'est ce qu'il se passe ? Pourquoi ils emmènent maman ? C'est quoi ce rouge ? Papa ? Pourquoi tu pleures ?"

Quand le train s'était arrêté, il en était sorti et était allé directement suivre la cérémonie de la Répartition. Il avait souri en regardant les pauvres petits mioches trembler, puis rire, sourire en se disant que lui aussi aurait pu avoir cette chance.

Flash Back. Neuf ans trois quart.
"Tu t'es battu ? El, tu sais ce que j'en pense." "C'est lui qui a commencé." "El, ce n'est pas bien de se battre, surtout devant toute l'école. Je vais devoir convoquer ton père tu sais. Tu ne veux pas aller t'excuser ?" "Nan. Il a été méchant alors je l'ai frappé. C'est normal." "Non, ce n'est pas bien de frapper comme ça, El. Il me semble qu'on a déjà eu cette conversation toi et moi." "Oui Mrs Flours. Je peux y aller maintenant ?" Il avait rejoint son père dans la voiture. Ils n'avaient pas échangés un seul mot de tout le trajet et une fois à la maison, il était retourné s'enfermer dans sa chambre.

Extrait du journal de El Schepard, daté du 19 décembre 2060.
"Cher journal. La psy a dit que je devais écrire dans ce carnet. Mister Daniels dit que c'est normal d'être compliqué à dix ans. Mais il le dit à toute la classe, alors je ne sais pas si il a raison. Il dit que l'année prochaine, on va devoir rentrer au collège. Je n'ai pas envie d'y aller mais papa dit qu'il va me forcer. Hier j'ai rêvé de maman. Elle était vivante et elle me faisait des gâteaux au chocolat. Il y avait papa. Et puis un homme est arrivé alors qu'on était tous heureux et il a crié. J'ai eu peur et je me suis caché sous la table. Quand je suis resorti, c'était tout noir et tout rouge et papa criait. Je n'en ai encore parlé à personne. Je pense que l'homme était "l'autre amoureux de maman", comme disait la psy."

Flash Back : 10 ans et demi passé.
"Si c'est une blague, elle n'est pas drôle." "Mais tu la vois la lettre, tu vois bien que c'est réél, je vais pas aller m'amuser à faire ça." Son père avait soupiré et avait lu la lettre une nouvelle fois pendant que El croisait les bras. "Et tu veux y aller ?" "Si je veux y aller ? Papa, une école me tend les bras en disant que j'ai des pouvoirs de super héros, en me promettant à manger midi et soir, avec des vrais amis et en plus loin d'ici et tu me demandes si je veux y aller ?" "On parlera de Stefanie plus tard alors." "C'est qui encore celle là ? Une nouvelle psy ?" "Non, ta future belle-mère." "Manquait plus que ça. Tant mieux, tu pourras la baiser tranquille." "EL ! Surveille ton language quand tu es avec moi tu veux ! Ca fait peut être rire tes copains mais pas moi !" Quand il s'était retrouvé enfin seul, il avait mis la musique à fond dans l'appartement et avait littéralement poussé un cri de joie. D'après la lettre, il était un sorcier, il avait des pouvoirs magiques et il allait pouvoir apprendre à en servir très loin de son père. Il avait fait une longue liste de choses à emmener et d'autre à acheter avant le premier septembre.

Flash Back : 14 ans.
"Papa ? T'es rentré ?" El n'avait pas eu de réponse. Il avait poussé sa petite amie à l'intérieur de l'appartement et ils étaient allés s'enfermés dans sa chambre, profitant de la chaleur de l'été.

Flash Back : 14 ans et demi.
"Hors de question que j'aille fêter Noël chez eux ! Ils me prennent pour un dingue !" "Pourquoi tu es rentré de l'école alors ? Tu aurais mieux fait d'y rester, au moins il y aura eu des filles pour te consoler." "Tu m'emmerdes. Je te dis que je n'irai pas chez les parents de ta Stef' adorée pour passer Noël. Je reste ici." "Et bien reste donc ici, au moins on sera tranquille !" La porte avait claqué et il s'était écroulé sur le canapé, enfin seul pour une semaine dans l'appartement avec un frigo plein et un sapin desespérement vide de guirlandes. Il avait passé le jour de Noël à manger des gâteaux secs et des pâtes trop cuites.

"MONSIEUR SCHEPARD." Il s'était réveillé en baillant. Il n'avait pas dormi de la nuit et le professeur de métamorphose venait de le réveiller sournoisement. Bon sang mais qu'est ce qu'il avait fait au ciel pour ça ? Il s'était redressé sur son bureau. "J'imagine que vous n'avez rien écouté à ce que je viens de dire. Vous rattraperez le cours ce soir en retenue. Encore. Et vous faites perdre dix points à votre maison, encore." Faites donc, faites donc. Au bout d'un moment le sablier sera vide et moi je serai roi du monde.

Lors qu'un jour, le tournoi des Trois Sorciers fut déclaré, il s'y inscrit sans trop savoir. Résultat, il se retrouve à Poudlard avec les autres sorciers de Dumstrang et de Beaubâtons. Ca l'occupera peut être.