La soirée venait de débuter. Nous étions vendredi, et j'étais enfin en week end. La semaine avait été longue. Cette année n'était pas facile, les professeurs ne cessaient de nous mettre la pression pour les examens de fin d'années, L'ASPIC, qui allait déterminer de notre avenir. Et moi ? Ce que je voulais faire ? Je doute encore. J'ignore même si je préfère les partisans de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcé-le-nom ou non. Je verrais bien, il me reste encore quelques mois pour décider, tout n'était pas perdu. Le professeur MacGonald ne cessait cependant pas d'être sur mon dos, même si elle ne se trouvait pas être la directrice de ma maison, elle l'était néanmoins de l'école, et était également une bonne amie à mes parents. Entre Gryffondor, hein, normal. Et moi, pauvre petite Serpentarde que je suis, je me sentais légèrement perdue. Bref.

J'arpentais les couloirs tant que j'en avais encore le droit, évitant tout de même de croiser un prefet qui m'aurait conseillé de retourner à ma salle commune. Je montais jusqu'au second étage, croisant un troupeau de poufsouffle qui me regardèrent de travers. Bah voyons. Tous les élèves de cette école détestaient les serpentard. Que pouvais-je faire ? Rien, c'est vrai qu'en voyant la majorité des élèves de ma maison, c'était mérité. Même moi, je n'étais pas un ange, même, loin de là. Bref, je me dirigeais vers les toilettes.

Je poussais doucement la porte, quand je rentrais violemment dans une autre élève. Je m'appretais à m'excuser, mais j'identifiais rapidement la personne. Oh non, pas elle, pas ici, pas maintenant. Ma gorge se secha aussitôt, mon rythme cardiaque s'affola, et je restais figée à l'observer. Je me repris aussi vite que je le pouvais. Je ne devais pas changer mon comportement vis à vis d'elle, sinon elle remarquerait ce qu'il se passait en moi. Et ça, je n'étais pas prête à l'assumer, pas encore. Je l'agressais donc, comme toujours, alors que j'étais en faute, et qu'elle ne méritait pas tout cette haine, quand ce que je ressentais pour elle était le contraire de ce sentiment...

« Mais bordel, t'es pas capable de faire attention Baker ? T'es vraiment comme tes cheveux. Blonde. ! » 

Fin des cours alias libération. Je reste une bonne heure avec des amies puis je décide de repartir dans la salle commune. Les devoirs ne vont pas se faire seuls. Je reste le nez plongé dans les livres pendant deux bonnes heures. Deux heures à apprendre le moindre détail de chaque page, je les analyse, les gardes en mémoire et passe à autre chose. Je reste dans ma bulle, je ne fais pas attention aux autres Serdaigles bien que leur conversation est intéressante. Les professeurs. Ils se moquent, les complimentent et les imites. Si je n’étais pas aussi absorbé par mes livres, je les rejoindrais.

Je décide finalement de faire un tour dans les couloirs. Ce n’est pas conseillé mais je vais à espérer ne croiser personne. Je me sentirais bête et je serais incroyablement gênée. Je marche dans les couloirs puis je monte au deuxième étage, je croise des élèves et je m’arrête pour discuter avec certains avant de me diriger vers les toilettes. Je me poste un moment devant les lavabos et me demande pourquoi je n’ai pas une vie normale. J’adore être une sorcière, j’adore cette école et tout ce qu’elle m’apporte mais ayant connu la liberté de la rue, être enfermée dans ces murs est encore difficilement acceptable, même après six ans.

Finalement, je pense retourner dans la salle commune pour m’amuser un peu, qu’est-ce que ça me coûte ? Je passe un peu d’eau sur mon visage et l’essuie avant de me diriger doucement vers la porte tout en arrangeant ma tenue. Arriver devant la sortie, je me prend quelqu’un de plein fouet et encore secouée, je n’arrive pas à mettre de nom sur la personne en face de moi mais en entendant sa voix, mon esprit le dit à ma place. Je soupire et la regarde

« Et tes remarques sont comme toi, extrêmement petites. Je te signale que t'aurais pu faire attention, toi aussi.»

A quoi est-ce que je joue ? A quoi ça rime de la traiter de cette façon ? Pourquoi est-ce que je me conduisais comme ça avec elle ? C'est mon bouclier, tout simplement. Ma façon de me protéger face à l'assaut de ses regards. Sa voix est comme une épée qui transperce mon cœur, et malgré mon armure, je suis touchée en plein centre de celui ci dès que je commets l'erreur fatale de poser mes prunelles dans les siennes. C'est pitoyable d'être aussi faible devant une personne, mais c'est comme ça. Je n'ai pas choisi de tomber amoureuse d'elle, et c'est souvent compliqué à comprendre comment c'est arrivé. J'essayais de fuir cette réalité, constamment. C'est pour ça que je passe le plus clair de mon temps seule, sauf que ça ne semble pas être la bonne solution, puisque tout, absolument tout me ramène sans arrêt à elle. Bref.

Face à moi, elle soupire et me réponds aussitôt, me clouant le bec pendant quelques secondes. D'accord, un partout. J'esquissais d'un rictus. Je détestais qu'on se moque de mes cheveux, ou de ma taille, mais venant d'elle, c'était pire. Ma fierté venait d'être touchée, et j'étais également blessée. Si être petite était un défaut à ses yeux, je n'aurai aucun moyen d'être apprécié d'elle ? Ouais, d'accord, on peut pas dire dans tous les cas, que je sois bien partie pour, depuis toutes ses années.

« Ahah, t'es allée la chercher loin celle là hein ? »

Je me tuais à agir comme ça avec elle. Mais que pourrais-je faire d'autre ? Etre gentille ? Lui faire comprendre ce que je ressentais ? Et me faire briser le cœur de 1) Parce que je suis une fille 2) Une Serpentard 3) Un monstre avec elle. Impossible à envisager. Je souffrais dans les deux cas, mais au moins, de cette façon, je gardais un minimum de contrôle et de fierté. Et pourtant l'oublier, j'ai essayé. J'ai essayé de sortir avec des gars, mais rien que de prendre leur main, j'avais le sentiment de la tromper alors que nous n'étions même pas ensemble. Bref.

« Bon, tu veux pas te pousser ? Je veux passer. Et je dirais pas que tu es grosse mais... oh puis si, tu l'es. »

Comme si j'en pensais un seul mot...

J’aurais peut-être dû passer mon chemin comme je le fais souvent. Je déteste ces conflits, surtout avec elle, surtout alors que je veux un tout autre genre de relation. Mais c’est utopique, je paris. Je hausse les épaules.

« Pas vraiment, vu ton bas niveau, il n’est pas bien difficile de te répondre. Moi je aussi je sais être débile quand il le faut. »

Débile est un mot un peu fort, d’accord. Peut-être que j’aurais dû dire idiote ? Parce qu’autant je l’aime, autant je la trouve stupide d’agir comme ça. Le respect n’a jamais tué personne, si c’est le cas, donnez-moi un exemple maintenant. Je lève les yeux aux ciels, grosse ? Je la gifle. Une bonne gifle qui résonne dans toute la pièce et qui, je pense, ne va pas la laisser indifférente.

« Excuse-moi ? Tu as dit grosse ? Ecoute, j’adorerais passer plus de temps en ta désagréable compagnie, mais tu vois, moi j’ai autre chose à faire que de jouer les rebelles pathétiques avec toi. Maintenant, je vais être claire, tu me gaves. Tu me gaves parce que je ne t’ai rien fais, je suis la seule qui a un minimum de respect envers toi mais je pense que ça va s’arrêter là, tu me gaves parce que tu détestes les gens sans raisons et parce que tu me blesses. Donc si c’est ce que tu voulais, bravo ! Tu veux un biscuit ? »

Je la regarde dans les yeux et secoue doucement la tête, mettant mes mains sur sa bouche.

« Tais-toi. Garde ta stupide haine en toi. Peut-être qu’un jour elle te servira à faire quelque chose d’intelligent comme disparaître de ma vie. »

Je la laisse tranquille et la contourne en la poussant. J’ai été dure et les larmes commencent à couler sur mes joues. Je suis… Inutile. Je finis par m’assoir sur un banc dans le couloir, je reste un moment comme ça à regarder en face de moi tout en essayant de contrôler mes larmes mais rien n’y fait. J’entends des bruits de pas, je tourne la tête et vois Ashley, évidemment, je ne suis pas très loin des toilettes. Je baisse rapidement la tête et cache mon visage à l’aide de mes cheveux tout en essayant de ne pas trop renifler mais j’ai raté mon coup.

Débile. Le mot me frappa de plein fouet. Je fis mine de ne pas être atteindre, mais je l'étais. Chaque parole qu'elle pouvait dire me concernant était d'une importance capitale. Mais, forcément, à passer mon temps à la traiter comme une sous merde, je ne pouvais pas m'attendre à ce qu'elle me traite avec tendresse. Je riais moqueusement, l'applaudissant doucement d'un air narquois. Je continuais dans mes provocations, toujours plus loin, plus fort, et cette fois...

J'avais été trop loin. L'intensité de cette fausse haine était trop forte. Aussi, quand ses doigts frappèrent ma joue, je ne fus qu'à demi surprise. La douleur se fit ressentir aussitôt, brulant ma chair. Je restais estomaquée par son geste, elle qui d'ordinaire restait toujours impassible à tous mes jurons ou insulte. Je l'avais méritée, et intérieurement, je me sentais heureuse qu'elle l'ait fait, parce que j'avais eu envie de me gifler moi même après l'avoir traitée de grosse. Je la laisse parler tente de bégayer quelques mots, mais rien de concret ne sort. Je frotte ma joue brulante lorsqu'elle pose sa main sur ma bouche. Je me tais aussitôt, ce simple contact me fait frémir. Ses mots me font plus mal que sa claque. Je me hais.

Je suis incapable de dire quoi que se soit. Je la laisse passer simplement, et la laisse s'éloigner. Je suis la pire des abrutis, et elle a raison en me traitant de débile. Sortir de sa vie ? Ca lui ferait du bien, mais moi ? Même si j'agissais en garce avec elle, je gardais secrètement en moi le bonheur que chacune de nos rencontres me faisait éprouver. Je serrais les poings et frappais la porte de mon pied gauche. Assez fort pour me l'engourdir, mais qu'importe. Je fis volte face et la suivais, la retrouvant assisse sur un banc. Ce spectacle me déchire le cœur. Elle pleure. Elle a beau essayé de le cacher, je l'ai vu et entendu. Un fantôme du château passe à côté de moi, me regardant d'un air desespéré, marmonnant que je devrais aller m'excuser. Je la regardais encore, même dans cet état, elle était magnifique.

Je m'avançais à sa hauteur et sortais ma baguette, murmurant une formule j'arrivais à sa hauteur en lui tendant un mouchoir. Je me sentais coupable... Pourtant.

« Je serai désolée que les elfes aient besoin de ramasser ta morve. »

C'est toujours pareil. L’amour c’est difficile, l’amour ça fait mal, l’amour ça tue. Pourtant on aime aimer. On aime ressentir ça et être aimé à notre tour. Je déteste ce sentiment, j’ai déjà assez souffert alors pourquoi faut-il que ça continue ? Assise sur ce banc, je ne fais attention à rien. Pas même au fantôme qui passe et qui me regarde. Eux aussi, j’ai du mal à les supporter en ce moment. Rah Ashley Williams je et déteste, toi et … Tout ce qui fait que je t’aime. Rah. Pourquoi c’est si compliqué, hein ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas juste me contenter de lui dire que je l’aime ? Je soupire et passe mes mains sur mes joues. Pile au moment où elle passe par là. J’essaie de cacher mon visage mais apparemment, c’est raté. Elle me tend un mouchoir. Je tourne la tête.

« J’en ai pas besoin. »

Je murmure ces paroles. Foutue voix. Je m’essuie une nouvelle fois le visage, pars Ashley… J’en ai marre de tout ça. D’être détestée par elle, d’être faible, d’être nulle. Voyant qu’elle insiste je rejette son bras et me lève en la toisant.

« Laisse-moi, tu veux ? »

Evidemment, mon regard froid ne dure pas plus de cinq secondes. Je finis par baisser les armes et je me rassois, croisant mes doigts sur mes genoux et je regarde le sol.

« Pourquoi tu me détestes ? Je ne t’ai rien fais, pourtant.. »

• Je savais que cette situation pas durer éternellement hélas. Un jour, je n'en pourrais plus, je serai trop étouffée, oppressée par mes sentiments, et je la mettrais au courant. Quoi que, c'était déjà le cas et je continuais. Bref, je lui tendais le mouchoir, avant de lui balancer une nouvelle vanne. Je m'en voulais, j'essayais de me rattraper, à ma façon. J'aurai agis d'une façon totalement différente avec quelqu'un d'autre mais, que voulez vous. C'était la seule dont je suis amoureuse, en même temps. Quoi qu'il en soit, elle repoussa mon mouchoir. Elle rejette mon bras et se lève à ma hauteur, me demandant de la quitter. Je fronce les sourcils, je comprends parfaitement son envie, mais je ne veux pas partir. Finalement elle se rassoit et me pose une question. Wouah, honnêtement celle ci je m'y attendais pas.
  
  « Je... Je suppose que y'a des gens comme ça que j'arrive pas à supporter. »
  
  Je saute du haut des escaliers maintenant, ou j'attend un peu ? Je détestais l'idée d'avoir été la cause de ses larmes. Franchement, c'était affreux...
  
  « C'est pas contre toi en particulier. »

Des gens qu’elle n’arrive pas à supporter ? Je lève les yeux au ciel et j’arrête de pleurer. J’accepterais bien ce mouchoir finalement mais par fierté, je préfère continuer de renifler comme une pauvre paumée. Je secoue doucement la tête, pas contre moi en particulier ? Bien sûr que non. Je porte une main à mon cou pour le gratter, si tu savais Ashley ; je crois que tu me détesterais encore plus. Je soupire et lève les yeux vers elle

« Pourtant tu me fais vivre un enfer. Plus à moi qu’aux autres. Donc ton histoire de ‘c’est pas contre toi en particulier, je n’y crois pas plus que ça.»

Je hausse les épaules. Qu’est-ce que je peux dire de plus ? Je sais que je vais encore avoir le droit à une vanne plus ou moins méchante. Je m’y prépare déjà, je la vois arriver gros comme une maison. Gros comme un manoir même. C’est toujours comme ça de toute façon.

« Pourquoi tu ne pars pas ? Si tu ne me pas me supporter je ne vois pas pourquoi tu restes. Tu n’as rien à gagner si ce n’est de te comporter une nouvelle fois comme la dure que tu n’es pas. »

Je serais bien rentré dans une explication mais je pense qu’elle serait beaucoup trop technique pour elle. Pour la plupart des personnes d’ailleurs puisque j’ai le don d’entrer dans des explications saugrenues.

• Je ne comprendrais jamais. Je passe mon temps à l'agresser, et hormis tout à l'heure, elle garde constamment son sang froid. J'ignore comment c'était possible, mais, je l'admirais pour ça. Et dans l'immédiat, je me sentais heureuse. Ca peut paraître assez tordu, mais, j'avais son attention, et elle me parlait. Ca me suffisait, même si je me sentais obligée d'agir de la sorte pour l'obtenir. Comme si je me bloquais, en me disant que si je l'abordais normalement, elle me snoberait. Elle me fit une remarque comme quoi elle avait comprit que je m'acharnais plus sur elle que les autres. Oups, ça, comment je le rattrape ?
  
  « Tu es plus résistante que les autres, c'est tout. Ne te pense pas privilégié! »
  
  Mon cœur se serra, ça y est, elle avait tout comprit. Non, je me fais des films, comment elle pourrait soupçonner une seule seconde que je m’intéresse à elle ? Pas moyen. Je me détendais, respirais un bon coup, et affichais mon habituel sourire cynique, ricanant à ses paroles. La dure que je ne suis pas ? Cette phrase m'intrigua, et un inhabituel sentiment d'espoir m'envahit.
  
  « Qu'est-ce que tu en sais, de ce que je suis ou non ? »
  
  Mon ton s'était changé, d'ordinaire agressif et froid, je venais de baisser mes barrieres sans m'en rendre compte, et il ma voix avait trouvé un timbre un peu plus agréable, quoi que surpris.

Je ne peux retenir un baillement. Pas forcément contre elle, enfin si un peu mais je suis fatiguée. Je hausse à nouveau un sourcil, plus résistante ? Arrête de me prendre pour une idiote Ashley, arrête. Je souris, voilà que j'ai tapé juste.

- Parce qu'au fond, personne n'est réllement mauvais. Ce n'est qu'une carapace pour se protéger des autres car on a connu la souffrance et on ne veut pas que ça recommence. Enfant tu as connu la douleur d'être seule et ignorée alors tu te rattrapes aujourd'hui. Au fond tout ce que tu veux c'est de la reconnaissance.

Je fais un mouvement d'épaule. Si je n'avais pas eu mon frère pour m'apprendre à me battre contre tout ça, je serais comme elle. J'aimerais la faire changer, pas être comme une soeur mais être plus que ça. Enfin vous voyez ce que je veux dire.

- Mais je suppose que tu vas te braquer et me dire que je me trompe sur ton compte et que je ferais bien de me taire donc je vais prendre les devants et te répondre : Ce n'était qu'une supposition que tu n'as pas besoin de prendre en compte et je vais finir par je crois que je vais aller me coucher ou du moins me reposer. Sauf si tu es d'accord pour qu'on reste discuter tranquillement ?

Je la regarde perplexe. Effectivement, j'ai pris de l'assurance mais il le faut bien si je veux lui prouver que je me laisse pas faire. Ca me tue mais il le faut.

- Je te propose un marché; on arrête nos vacheries le temps d'un moment et si on arrive à bien s'entendre on fait la paix, sinon... Si ça ne marche pas, on peut toujours reprendre là où nous en étions. Essayer ne peut pas faire de mal, n'est-ce pas ... ?

J'écoute ses mots avec attention, sans la couper une seule fois. Je fronçais les sourcils en l'écoutant m'analyser. Elle le faisait en douceur et tentait de ne pas me brusquer, en se rattrapant assez rapidement pour me dire qu'elle se trompait peut être. Mon regard se perdit dans le vague, comment pouvait-elle voir si clair en moi sans même me connaître ? Est-ce que c'était si évident que ma violence était la preuve de mon mal-être ? Je restais donc silencieuse, ce coup là, je lui accordais la victoire. De reconnaissance, oui j'en avais besoin. Mais uniquement de la sienne.

« Non, non. T'as eu raison, en fait. »

C'est sûrement la première fois que je lui dévoilais quelque chose sur moi, mais il était peut être temps de faire au moins un pas vers elle, non ? Bref, pas trop d'un coup, c'était déjà pas mal ça non ? Je m'installais à côté d'elle. J'haussais les sourcils à sa proposition. J'étais assez étonnée, mais j'aimais l'opportunité qu'elle m'offrait, aussi surprenante soit elle. Devais-je me méfier ? N'étais-ce pas un plan pour se venger de tout le mal que je lui avais fait et m'en infliger à mon tour ?

Bon sang. Arrête d'être parano. C'est ta chance, non ?

« Deal. Je vais essayer. »

Je respirais un bon coup, me tournais vers elle, et lui demandais, l'air intriguée. Ce coup ci, il n'y avait plus la moindre agressivité ni dans mon regard, ni dans mon attitude, ni dans ma voix.

« Comment tu peux vouloir envie de passer du temps, après tout ce que je t'ai fait.. ? »

• Mon changement d'attitude semble la détendre immédiatement. J'ai face à moi une nouvelle Emily, souriante, douce, qui n'est pas sur ses gardes à attendre mes prochaines attaques. Pour être honnête, je la préfère comme ça. Ca me ferait sûrement réfléchir à deux fois sur la façon d'agir avec elle. Je me sens toujours mal de l'avoir fait pleurer tout à l'heure, la culpabilité ne m'a pas abandonné. J'ai l'impression d'être un démon à côté d'un ange. Tout chez elle, que ce soit physique ou moral évoque douceur et paradis.
  
  Elle me parle, avec ce calme qui lui est propre. Comme si rien de tout ce que nous avions pu nous dire, ou nous faire n'avait eu lieu. Je me laisse emporter à mon tour. Et merde, je pouvais bien baisser mes barrières ne serait-ce qu'aujourd'hui ? Oubliez que je suis une garce avec elle parce que je suis folle amoureuse de tout son être, et profiter tout simplement de l'instant présent. Au moins aujoud'hui. Je ne comprends pas sa sollicitude, mais cette fille est étonnante, c'est une autre qualité que j'aime chez elle. Je ne suis pas tombée amoureuse d'elle qu'à travers un stupide coup de foudre, non. J'ai appris à la connaître de loin. Prenez moi pour une psychopathe si vous le souhaitez, oui, j'ai suivi, observé, et croyez le ou non, je l'ai même protéger de loin. Tout ce que j'ai vu et appris sur elle par la suite n'a fait qu'intensifier le feu ardent dans ma poitrine, dès que mon regard se posait sur l'or de sa chevelure, ou que mon ouïe reconnaissait la suavité de sa voix.
  
  Quoi qu'il en soit, lorsqu'elle déclara que le jeu en valait la chandelle, je la regardais sans comprendre. Je ne pu m’empêcher de commencer à me faire des films, ahah. Stupide espoir, c'est dans ma nature. J’interprète tout de la façon dont je le souhaite. Je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit, elle me sourit. A moi. Ce sourire me transperce tant il est beau. C'est au même moment qu'elle se mit à jouer avec l'une de mes mèches de cheveux. Je frissonne, le contact remonte dans tout mon corps. Je suis figée, incapable de faire le moindre mouvement. J'ai viré au rouge en quelques secondes. Je ne la stoppe pas, loin de là, et me pince même pour voir si je ne rêve pas. Aie. Ouais, bon de toute façon cette technique est bidon.
  
  « E-euh... C-c'est euh... »
  
  C'est quoi déjà ? Je suis vraiment rousse ou pas ? Tout est confus soudainement dans mon esprit. Et merde, pourquoi je le fais encore ? M’exciter pour rien. C'est vrai, les filles font souvent ça entre elles, non ? C'est pas pour autant qu'elle s’intéresse aux femmes, ou dans ce cas précis, à moi...
  
  « Naturel. »
  
  Elle s'excusa quelques secondes après, retirant son doigt. Je me décrispe et la regarde d'une façon que je ne saurai décrire, un mélange de confusion, d'envie, d'amour... Tiens, je viens de remarquer que je m'étais rapprocher d'elle. Quand est-ce que j'ai fait ça ? Sûrement quand elle tripotait mes cheveux.
  
  « T-...t'en fais pas, j'ai pas l'habitude d'être en contact avec les autres, j'aurai l'air gênée, mais, tu fais rien de mal... »
  
  Oui, je lui suggère innocemment de recommencer quand elle en a envie ! Non d'accord, c'est franchement pas discret, je suis pathétique, et lunatique . Elle va me prendre pour une tarée.
  
  « Tu sais, je te déteste pas. »
  
  Loin de là. Je t'aime bordel, ouvre les yeux. Je me mets à avoir les larmes aux yeux, je la regarde pourtant en souriant. Je me rapprochais encore d'elle, je crois que je n'avais plus le moindre contrôle sur mon corps. Comme s'il attendait ça depuis longtemps, bien trop longtemps. Mon visage se baisse à hauteur du sien, je vais lui donner une bonne raison de me détester, et je me hais d'avance pour ça, mais mon cerveau n'arrive plus à commander à mes muscles, et peut être qu'en fait, je ne voulais pas qu'il le fasse. Je déposais mes lèvres sur les siennes. Viens gifle méritée, je suis prête.

Qu'est-ce que je fais ? Jouer avec ses cheveux ? Sérieusement... Si elle ne me prend pas pour une folle je ne la comprendrait pas. Moi qui habituellement est si réservée. Sa présence me change, me fait devenir complètement différente et j'aime ça, je me sens plus sûre de moi à ses côtés, comme-ci la Emilie que je suis loin d'elle veut partir. Part bon sang, tu ne me manqueras pas, loin de là même. Je finis par lui demander si sa couleur de cheveux est naturelle, cette question me trotte dans la tête depuis un moment, ils sont magnifiques et m'ont toujours intrigué mais ce n'était jamais le bon moment pour lui demander. Nous y voilà et j'écarquille les yeux à sa réponse;

- Naturels ? Woa, c'est la première fois que je vois des cheveux comme les tiens.

Je ris doucement, et arrête tous mes gestes. Après tout, ça ne fait qu'une minute à peine que nous parlons normalement, et si elle me prend pour une folle ? Mais apparemment non, je ne la dérange pas.

- Et bien je compte t'y habituer !

Je fais une moue persuasive et reprend mon activité. Sa dernière phrase me surprend et me fait arrêter tous mouvements. Je hausse les épaules et commence à parler mais je sens ses lèvres sur les miennes. ohmygodohmygodohygod. Je reste un quart de seconde surprise et puis finalement je ferme les yeux. Je profite de la douceur de ses lèvres sur les miennes et je sens comme des petits papillons dans mon ventre, je suis transportée comme s'il n'y avait plus rien autour de nous. Elle a volée mon premier baiser mais je ne lui en veux pas. Je ne lui en veux pas du tout même. Je la remercie. Je finis par couper cour à notre embrassade et la regarde dans les yeux en rougissant.

- Si un jour on m'aurait dit que ce moment arriverait, je n'y aurais pas cru.

Je garde un sourire naïf sur les lèvres et prend délicatement sa main. Non, je n'y aurais pas cru tout simplement parce qu'elle cachait bien son jeu. Je lâche un rire nerveux et baisse les yeux vers nos mains.

- Toi et moi... Ce n'est pas que l'histoire d'un baiser n'est-ce pas ?

Tout ce qui se passait était un peu trop beau pour être vrai, je commençais à me dire que je devais être morte. En fait, ce qui avait vraiment du se passer quand je lui ai bloqué la porte des toilettes, c'est qu'elle avait dû sortir sa baguette, en avoir réellement marre de moi et de tout ça, et m'avoir lancé un sortilège interdit. Ca me semblait plus réaliste que ce qui se produisait en ce moment. Je ne pus retenir un sourire amusé lorsqu'elle me fit la remarque sur mes cheveux. Ca surprenait tout le monde, mais, d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu les cheveux de cette couleur. Après, peut être est-ce que ma mère m'avait lancé un sort pour que j'ai une telle couleur de cheveux à vie quand j'étais bébé ? Je ne le saurai sûrement jamais !

Bref, les événements s'étaient enchainés très vite. Mes lèvres pressant avec une douceur qui ne me ressemblait pas les siennes.Qu'est-ce qui m'avait prit ? Je l'ignore totalement. Si je le regrettais ? Seulement à moitié. Ce que je regrettais c'était que mon premier baiser se passe dans des conditions aussi... banales ? J'avais rêvé mille et une fois de cet instant, du jour où j'aurai la folie et le courage de l'embrasser, et c'était arrivé bêtement, spontanément, dix minutes après que je l'ai fait pleuré. C'était illogique. La seconde chose sans le moindre sens, c'est qu'elle ne me rejette pas. Je réfléchis tellement que je ne profite même pas des sensations que m'accorde cet acte, stupide Ashley. Elle finit par reculer ses lèvres des miennes, en rougissant. Je me reculais, juste un peu, affreusement gênée. Et maintenant, qu'est-ce qui allait se passer ? Pourquoi j'avais fait ça, bordel... Pourquoi elle ne m'a pas repoussée ? Pourquoi elle ne m'a pas frappé ? Pourquoi elle me regarde ainsi ?

Elle prit ma main, coupant court à ce bazar qui se produisait dans ma tête. Je souris, réellement embarassée. Qu'est-ce que j'ai fait bon sang... Mon cœur bat à vive allure, je le sens dans tout mon corps et je n'arrive pas à me calmer. Respire, y'a pas mort d'homme. Je l'entend rire nerveusement, et continuer, me demandant si nous n'étions pas que l'histoire d'un baiser.

« Je... j'en sais rien. Ca dépend de toi je crois.. »

C'était vraiment pas catholique comme situation. Mon estomac se serra, maintenant tout reposait sur sa réponse.

Pour un premier baiser c'est assez inattendu. Mon frère m'a toujours dis que le premier baiser doit être donné et reçût à un moment important de la vie. Je doute. Finalement, il n'est pas si désagréable et le moment est bien trouvé. Mais je m'emballe sûrement, et si ce n'est qu'un moyen de se moquer de moi par la suite ? Si elle n'y voit aucun intérêt et qu'elle ne s'en serve que par simple sadisme ? Ce serait idiot mais ce serait ... Ce serait. Je tourne la tête, à moi de voir... Son visage à quelques centimètres du mien me dit de l'embrasser à nouveau mais ma tête, elle, me dit de reculer. Finalement, je tourne la tête doucement et me lève pour aller me poster devant une fenêtre.

« C'est... compliqué. »

Mettre des mots sur ce que je pense ou ressent c'est dur. Je suis partagée, je suis bouffée de l'intérieur, ça me ronge, ça me tue, ça m'énerve, ça me rend triste, ça me perturbe, ça me fait rire, ça me rend heureuse. J'ai l'impression d'être pitoyable mais je suis juste stressée. Stressée comme pas possible par la situation. On le devine facilement. Finalement, Ashley vient à côté de moi, je retiens ma respiration mais elle m'embrasse une nouvelle fois. Au moins, tout est claire maintenant. Je passe mes bras autour de son cou et me colle contre elle .

« Je ne veux pas que ça s'arrête à ça. Je veux qu'on aille plus loin. »

• Est-ce que tout cela était bien réel ? N'étais-je pas en train de dormir, ou de tout m'inventer parce que je devenais folle à force de me comporter ainsi avec elle ? Mon cœur se serra méchamment en la voyant reculer pour s'éloigner près d'une de ses immenses fenêtres du château. Compliqué ? Il pouvait y avoir tant d'explications qu'elle puisse me donner après ce mot, et je redoutais la plupart d'entre elles. Et puis merde. Tant pis, je mettrais sûrement les rares chances qu'il me restait à la poubelle en agissant comme ça, mais je n'en pouvais plus de jouer à ce jeu stupide que j'avais créer.
  
  Je me décide à faire quelques pas, et je dépose une nouvelle fois mes lèvres contre les siennes. Cette fois j'ai pris le temps d'y réfléchir, et je l'embrassais avec douceur. Mon cœur battait si vite qu'il en devenait douloureux, mais je me sentais si...vivante, si heureuse, tellement entière. Tout ça à travers ce baiser. Je m'étais toujours gardée, toutes ses années à Poudlard, pour elle. J'avais repoussé tout le monde, même sans lui avoir annoncé mes sentiments, cela faisait longtemps que je considérais que tout mon être n'appartenait qu'à elle. Mes angoisses s'envolèrent toutes lorsqu'elle s'appuya contre moi, en me confiant qu'elle souhaitait qu'on aille plus loin qu'une simple amitié, un simple baiser.
  
  « C'est ce que je veux aussi. » lui murmurais-je doucement.
  
  J'aurai pu commencer par lui dire ce que je ressentais clairement, lui dire que je l'aime, mais je crois que je manquais encore de courage, elle s'en doutait sûrement non  ? Ma main droite remonta caresser son visage, je souriais, heureuse comme jamais.
  
  « Mais, ça te gêne pas, tout ça... ? »
  
  Par là, j'entendais, que je sois un peu plus âgée qu'elle, que je sois une serpentarde, mais surtout, une fille.
  

Je rêve de ce moment depuis tellement longtemps… Je rêve à tel point qu’à de nombreuses reprises j’ai eu l’impression que cela se passait réellement mais à chaque fois j’ai eu le droit à un méchant retour à la réalité soit à cause des professeurs, de mes amis ou d’Ashley elle-même. Je rougissais toujours de manière prononcée, j’étais comparable à une écrevisse et je ne savais plus où me mettre. Je courrais souvent pour échapper aux regards inquisiteurs ou pour me débarrasser de cette gêne toujours présente quand j’étais prise sur le fait. Comme un gosse qui vole des bonbons. Mais aujourd’hui, aujourd’hui tout est vrai, elle m’embrasse pour la deuxième fois et sa réponse me fait sourire bêtement, j’ai envie de lui sauter dans les bras et de nous faire tomber en arrière mais je me retiens, les efforts ne sont pas minces pour résister à mon envie mais j’y arrive. Je ferme les yeux. Sa main sur ma joue me donne envie de me terrer dans ses bras pour ensuite m’endormir et me réveiller au petit matin et la voir sourire.

« Non. Je m’y suis fait, ce n’est pas à moi que ça va poser problème »

Peut-être que le fait qu’elle soit une Serpentarde et moi une Serdaigle posera problème pour les autres, mais je m’en moque. Je m’en moque éperdument puisque tout ce qui compte, c’est nous.

« Est-ce que ça te pose problème ? »