PRENDS MON PION DANS TON CIRCUIT
Heather Leather >< Legilimencie

Je me levais de ma chaise et me dirigeais vers la personne en face de moi pour lui serrer la main. Ca avait été une séance plutôt normale. Cet homme était tout à fait normal, mais il s'étonnait de ne pas pouvoir hisser le mât alors qu'il était avec sa -plus que séduisante- femme. Pour le moment j'avais trouvé la réponse. Je ne le lui avait juste rien dit. C'était aussi à lui de le deviner tout seul. Et puis c'était un sorcier. Si j'usais de Legilimencie pour lui souffler la réponse, il ne reviendrait plus. Qui aimait que son psy soit Legilimens?

J'ouvris la porte pour le laisser sortir. Quelques sourire un « Merci Docteur » une nouvelle poignée de main et un dernier « À la semaine prochaine » je fermais la grande porte en bois derrière moi avant que ma très chère assistante n'ait eu le temps de venir à ma rencontre. Elle rencontra donc la plaque dorée indiquant « Lady H. - Psychiatre spécialisée » j'avais une heure de libre maintenant avant mon prochain patient. Oui patient. Si aujourd'hui je les appelait des patients, autrefois ils n'étaient que des gens qui passaient dans la maison close. Je m'assis dans mon agréable fauteuil style ancien de couleur beige. Les tons de mon bureau étaient pastels. Pour apaiser. Bien que j'eus préféré mettre du rouge, mais pour la paix de l'âme on repassera. Je fis pivoter la chaise pour faire face à l'extérieur. Je regardais dehors par la grande baie vitrée. Le soleil jouait avec la pluie et réfléctait des petits arc-en-ciels dans mon bureau. Je fermais les yeux et un frisson me parcourut. Je ne connaissais que trop bien ce frisson, il était de bonne et de mauvaise augure à la fois.

Heather. Heather, je ne suis qu'Heather. J'ai quatorze ans et demi, quelque chose comme ça. Non? Je suis terrée et terrifiée. Je ne suis pas spécialement belle, je ne suis pas spécialement désirable. Et pourtant je fais partie de la vie de cette maison? Cette maison close. Toutes ces femmes que je vois menottes au poignets -et cette fois-çi pas à cause d'un client- sont mes mères, celles qui ont toujours veillé sur moi! J'allais faire quoi moi sans elle. Je suis jeune et je frissonne. Les policiers me regardent avec insistance. Je ne suis pourtant habillée que comme une adolescente. Je ne suis qu'une simple adolescente. Je … je ne veux pas me faire embarquer. Je n'ai rien fait. Ces criminelles comme ils les appellent c'est mes mères.

Je ferme les yeux très fort et je hurle. Dans ma tête. « Laissez moi! Laissez moi! Laissez moi! » et ainsi de suite. Recroquevillée sur moi même. Les yeux fermés je vois des étoiles danser devant mes yeux. J'ai mal au crâne. J'ai dans la tête toutes les choses que j'ai pu voir. Les fouets, les méthodes de stimulation, les prestations plus que douteuses, et surtout. Surtout les clients douteux. Un magnat du pétrole. Un patron d'affaire. Le facteur du coin. Et surtout une scène qui m'a marquée. Le juge Bonsveet. Réputé pour être soit disant intègre. Les yeux lubriques posant par ac-coups sa grosse bedaine sur le corps de la pauvre Daisy. Il l'a bien esquintée. Elle en est sortie avec plusieurs côtes cassées. Un poignet enflé. Et pléthore d'ecchymoses.

Je ne comprend pas, mais je les ai entendu parler de ce juge. Bonsveet. Je croyais que c'était encore mon souvenir. Dans ma tête, mais non. J'ai vu l'inspecteur Erlendur, le responsable je crois, désigner Daisy et décrire avec précision les sévices que ce gros porc l'avaient fait subir. Sur le coup je n'ai jamais compris pourquoi ni comment il avait bien pu le savoir. Avec le recul, j'ai découvert que c'était moi. Tout bonnement moi. Quand il est venu me voir j'ai cru ouvrir la bouche. Et lui dire « laisse moi partir, je n'ai rien fait, je n'ai rien à voir avec ça, mais ne leur fait pas mal je t'en pries. Elles sont les seules mères que je n'aie jamais eu! » Mais seulement non. Et pourtant … il l'a fait. Et je suis partie.

Si j'avais su à l'époque hein? Que j'étais Legilimens. Qu'à force d'observation de la nature humaine sous son aspect le plus abject. Sous son aspect le plus vil mais aussi sous son aspect le plus dégradé et dégradant. Je serais arrivée à le maîtriser. Si j'avais été consciente d'être sorcière ça m'aurait paru semblable. Mais je ne l'ai découvert qu'après. Et pourtant j'aurais pu aller dans des écoles de magie, j'avais beaucoup lu. Pour me renseigner. Pour savoir. Connaître qui j'étais et pourquoi je faisais ce que je faisais. Tout a suivi, avant de faire la fac. J'avais en quelque sort. Été mon propre instructeur. Et j'avais développé la Légilimencie. Parce que j'avais trouvé. Le pourquoi du comment. Alors ça avait été royal. Au donjon. Des hommes faibles. Qui voulaient être maitrisés. Menottés. Griffés. Pour se sentir vivant. Je me suis amusée. Non j'ai moi même grandement pris mon pied. Je … j'ai violé leur esprit. Je les ai fait ressentir des choses qu'ils voulaient. Mais au delà du domaine du possible. Sur les moldus bien sûr. Je n'ai rien contre eux, mais je n'aurais pas pris le risque sur un sorcier. J'avais besoin de pratique. Et ils avaient été mon terrain de jeu. Mes rats de laboratoire. Je leur avait donné du plaisir comme jamais. Je leur insufflait des choses. Je leur insufflait ce qu'ils voulaient, dans des dimensions inconnues. Et ils revenaient, bien sûr. Attirés comme une aimant par le fer. En l'occurrence … par mon cuir. Oh je ne m'en servais pas à mal. Ou alors pour aider les gens. Juste un peu quoi. Pour les aider. Pour … les aider oui. Pas pour les corriger non plus, tout le monde est bancal, tout le monde est un peu déviant, non?

Deux coups à la porte me sortent de mes souvenirs et mémoires. Ah voilà la jolie Scarlett. Ma cliente suivante. Je l'accueille avec un grand sourire et une poignée de main. Sans fermer les yeux maintenant, je la salue poliment, et puis entre dans son esprit. Ah toujours ses problèmes d'amants. Elle est nerveuse. Je l'invite à s'installer sur le canapé calmement. « Calmez vous, tout va bien se passer. Dites moi tout » dis-je avec un sourire « Calme toi Scarlett, tout va bien se passer. Dis moi tout » se répète en écho dans sa tête. Elle se met à l'aise, et commence à parler.