" Entre les bras du grand méchant loup, la jolie poupée de porcelaine s'est brisée, le jouet de chiffon s'est déchiré. Cela pourrait-être aussi simple que ça, ce serait bien vous savez, mais la souffrance d'un cœur ne s'exprime pas en quelques phrases. Comme dans toutes les bonnes histoires il faut remonter à l'origine de la douleur pour comprendre pourquoi la vie actuelle est si pourpre. Oui, dans toutes les belles histoires il y a du rouge, il y a du sang...peut-être. Peut-être que ce sont les larmes d'un cœur pur qui s'expriment par cette couleur, parce qu'elle ne sont pas factices et qu'elles sont l'essence même de la vie. Après tout je ne suis pas vraiment vivante alors ce n'est pas très important de disserter sur le sujet, je survis. Voilà, vous discernez mieux le cadre entourant le tableau de mon passé. Non je ne suis pas une martyre mais je voudrais juste partir, m'enfuir et oublier votre pitié, vos cris brisés, ces gorges tranchées. Non je ne suis plus une jolie poupée, à présent j'ai pris mes responsabilités.

Un jour le coin de ciel bleu s'est effacé, la couverture tissée de rêves qui me recouvrait a glissé et je n'ai plus jamais pu la rattraper. On dit qu'il ne faut jamais dire jamais mais quand même le ciel semble sur le point de s'effondrer et de nous ensevelir que faut-il dire ? Peut-être faut-il demander pardon avant de tomber encore un étage plus bas direction un purgatoire dont la sentence finale ne tombe jamais...Petite fille de sang pur à couettes rien ne me préparait à connaître ce destin. Douce, intelligente, fragile, sensible, impressionnable ; j'étais comme toutes les petites filles de mon âge, comme toutes ces petites idiotes naïves de onze ans quand j'ai fait mes premiers pas au sein de l'école de sorcellerie Poudlard. Ne jamais rater un cours, être une érudit, sourire à la vie...Le choixpeau a vite repéré ces éléments de ma personnalité et je me suis retrouvée plongée au cœur de la masse des Serdaigle de Poudlard. Tout commençait pourtant très bien, je m'intéressais à la magie, j'étais comblée par cette existence des plus insipides. J'ai presque réussi à connaître la normalité jusqu'à la fin vous savez ? Vacances après vacances auprès de mes parents, les années défilant. Mais la normalité je ne la connais plus, elle n'a plus de nom et ne souhaite plus jamais me revoir. Parfois il suffit juste de faire pénétrer le loup dans la bergerie, à moins qu'il n'y soit déjà...

Nous ne nommerons pas le loup, il suffirait juste de dire que je l'ai pris pour un agneau pendant trop longtemps sans comprendre qui il était vraiment. La sixième année a été celle de ma déchéance, celle de ma descente au cœur d'un trou d'on je ne parviens pas à m'échapper...dont je ne veux peut-être pas sortir. Cette année là j'ai aimé...Pas pour la première fois, pas comme on aime n'importe qui, non...Je vous parle de l'Amour du vrai, celui qui vous abruti, vous rend idiot et surtout aveugle. Peut-être que ce jour là j'aurais mieux fait de me crever les yeux à coups d'aiguilles, vous ne pensez pas ? Enfin le mal est fait. Il était chez les Serpentards, il avait déjà le mal encré au plus profond de ses prunelles mais que voulez-vous j'ignorais tout de la vie. Pour lui il a été tellement facile de manipuler la jeune fille naïve et d'en faire ce qu'il souhaitait en lui promettant son amour. C'est déloyal, fourbe et mesquin, c'est la vie. Qui faisait les choses interdites ? Qui apprenait tout de la magie noir et faisait des choses dont elle ne se serait jamais crue capable ? Durant ces six mois il avait mon corps, il avait mon cœur, il était ma vie. J'ai sauté si aisément la barrière, je suis passée si facilement de l'autre côté de la frontière qu'il était d'ors et déjà difficile de revenir en arrière. Difficile mais peut-être pas impossible à cette époque...

Je continuais de devenir sombre pour lui mais il commençait déjà à se détourner de moi. Alors que je commettais déjà des choses que je considérais comme impardonnables, que je me fanais, que je dépérissais et rêvait d'une vie normale...Alors que je songeais encore à un avenir serein il était de nouveau inaccessible, il était déjà parti me laissant seule avec mes remords. Mon cœur plein de douleur et de haine, la folie me gagnait un peu. Devenue majeur, délaissée et à présent habitée par le mal. Alors je n'ai plus cherché à lutter et j'ai laissé la vie, ou la mort peut-être, me submerger comme l'une de ces énormes vagues qui emportent tout sur leur passage. Je n'étais pas insubmersible, je ne le suis pas plus aujourd'hui. J'ai donc pris les lames et autres aiguilles en tout genre là ou certains prennent les armes. Je n'utilisais plus beaucoup la magie et n'avait que faire du bien et du mal magique mais je me suis tout de même engagée parmi les partisans de Voldemort pour pouvoir tuer en paix. Tuer en paix...

Voilà comment je suis devenue impitoyable, un récit simple n'est-ce pas ? Je ne vous parlerais pas du meurtre de mes parents parce qu'ils me « gênaient » parce que c'est une autre histoire mais je peux vous parler de ma vie actuelle. Chaque jour je lacère les chaires, je me noie dans le sang, j'oublie le monde en entendant de pauvres gens gémir, je me libère de ma folie pour deux secondes pour qu'elle revienne très vite deux fois plus présente. Dites...la fille au milieu des cadavres, elle danse encore ? "


• N'oubliez pas de parler de votre arrivée à Poudlard, de ce que vous faites dans votre vie, tout ça, tout ça.»