Il était exactement dix-huit heures et trente-six minutes lorsque le professeur de sortilèges avait annoncé la fin de mon cours. Pourquoi en étais-je certain ? Tout simplement parce que j'avais occupé mon temps à observer l'horloge magique trônant au dessus de la porte d'entrée. Car à vrai dire, comme nous étions en plein mois de septembre, on avait trouvé judicieux de nous faire réviser les sorts vus l'an passé. C'était un effort totalement inutile. Du moins pour moi. Tous les élèves ne semblaient pas de mon avis ; il y en avait même qui avaient perdu leurs entières capacités pendant l'été, ou bien qui n'en avaient jamais possédé.. Quelquefois, je me demandais s'il n'aurait pas été plus logique de former des groupes correspondant aux niveaux des élèves. Mais les professeurs ne semblaient pas y avoir songé, et préféraient me regarder somnoler en classe, moi et quelques uns de mes comparses Serdaigle. Tant pis. Moi, ça m'importait peu, et ça me permettait de rattraper les quelques heures de sommeil qui me manquaient. Enfin bref, quand la voix stridente du professeur nous avait priés de sortir, je ne m'étais pas fait prier pour m'exécuter. Accompagné d'Alex et de notre groupe, je m'étais rendu dans la salle commune sans but précis, et m'étais finalement éclipsé en leur donnant rendez-vous dans la Grande Salle à l'heure du dîner.

J'avais déambulé dans les couloirs du château, quelques affaires sous le bras, en direction du hall d'entrée. Sans m'arrêter, j'étais sorti au dehors du château alors que le soleil se délestait de son manteau nuageux des jours passés. C'était un plaisir de retrouver ses rayons chaleureux, bien qu'ils fussent encore timides. La météo brumeuse qui régnait précédemment avait commencé à peser sur le moral de tous, et un peu de lumière ne nous ferait pas le moindre mal. Le beau temps semblait redonner gaité aux élèves, qui m'avait imité et gambadaient dans le parc en riant. Cette vision m'avait décroché un sourire tout à fait niais, et je m'étais surpris à regretter de ne pas avoir demandé à Alex de me suivre. Je n'aimais pas tellement la solitude, mais elle était nécessaire pour le travail que j'avais dans l'esprit de faire.

Bien décidé à me retrouver au calme, je m'éloignais de l'agitation primesautière du parc et franchis l'orée de la forêt interdite à l'abri des regards. Dès que je fus passé sous le couvert des arbres, l'atmosphère devint humide et pesante, comme si une malédiction pesait sur ces sombres lieux. Je me mis en chasse d'un endroit un peu plus agréable où m'arrêter ; mais les épines, la boue et les racines défilèrent longtemps sous mes pieds sans que je n'en trouve. Je m'enfonçais un peu trop profondément dans la forêt, et j'en avais conscience. Si un professeur me retrouvait ici, il n'hésiterait pas à me flanquer plusieurs heures de retenues. Et si c'était une créature maléfique qui venait à ma rencontre... Je ne préférais pas l'imaginer, et pris l'initiative de me concentrer sur ma marche. Mes foulées devenaient de plus en plus lente cependant que je progressais sur ce terrain hostile. J'étais aux aguets, prêt à me défendre si on m'attaquait, mais rien semblait ne venir à mon encontre. Même les ronces semblaient être de mon côté, laissant le bas du jean serré que j'avais revêtu intact. Je me maudissais d'ailleurs de ne pas avoir revêtu quelque chose d'un peu plus chaud que cette chemisette, car il faisait plus froid que je ne l'avais présagé. Des frissons agitaient parfois mon épiderme, et c'était une sensation désagréable.

Finalement, je découvris une clairière ensoleillée, providentielle. Je grimpai sur le gros rocher qui trônait en son centre, et m'assis à son sommet. Ici, les rayons du soleil m'atteignaient directement, doux et agréables. Mais le crépuscule commençait à pointer son nez, et l'horizon à se teinter de rouge. Il allait bientôt faire nuit : il fallait que je me dépêche. Je déroulai le rouleau de parchemin et la plume que j'avais emportés, et commençai à rédiger la synthèse d'Histoire de la Magie que j'avais à effectuer pour demain. Les gobelins au XXè siècle. Quel thème passionnant.