Le ciel est gris, et à travers la fenêtre de la salle de classe, je regarde la pluie battante, pensif. J'ai l'impression que le temps se fait plus sombre en ce moment... Est-ce mon imagination ? Beaucoup de gens disent que la pluie rend mélancolique. C'est sûrement vrai...
Il est quinze heures, et je suis actuellement en cours d'histoire de la magie. Distraitement, je prends des notes, mon regard rivé sur la fenêtre. Je me suis toujours arrangé pour me mettre du côté fenêtre, dans tous mes cours. Je m'efface, je ne répond que lorsque l'ont m'interroge, je maintiens mon niveau. Je ne suis ni timide, ni méprisant, je n'ai même pas le caractère d'un vrai serpentard à vrai dire.. Je suis seulement indifférent. Neutre. Je ne m'intéresse qu'à très peu de choses. La plupart des gens me font passer pour quelqu'un d'hautain et de prétentieux, seulement parce que je reste dans mon coin. C'est faux... Mais après tout, l'avis des autres m'importe peu.

Enfin, la sonnerie retentit, et je saisis rapidement mes livres pour m'échapper de la salle de classe, oppressé par le trop pleins de gens. Un peu agoraphobe... Mais les cours sont fini pour moi aujourd'hui. Je peux donc retourner dans mon coin.
Je sors ma baguette et murmure un petit sort d'isolement, histoire d'éviter de me faire importuner. Beaucoup de filles ont tendances à me courir après ces derniers temps... Elle n'ont toujours pas comprit qu'elles n'ont aucune chance avec moi. Je soupire en repensant à cette serpentarde qui s'amusait à me stalker toute la journée. Elle a fini à l'infirmerie... Une de moins.

Tout en marchant, je m'amuse à lancer et à rattraper ma baguette. Curieusement, contrairement à la plupart des sorciers, je m'en sert peu, seulement en cas d'extrême nécessité. Je suis beaucoup plus physique... Julian m'a toujours apprit à plus faire confiance à mes capacitées physique et intellectuelles qu'au petit bout de bois que je tenais dans la main. La magie est instable... Mais je sais très bien m'en servir si besoin est.

Plus je m'éloigne de Poudlard, moins je ressens cette tornade d'émotion coutumière. J'aime la tranquilité de la forêt interdite... Un endroit vide, calme.
Enfin. Le calme plat. Armé d'un lumos, je marche dans mon endroit, en paix. Oh tiens, la pluie s'arrête... Un rayon de soleil filtre même à travers l'épaisse masse d'arbres. Pourtant, je sens que quelque chose ne vas pas. J'ignore quoi mais...

Une voix retenti soudain dans la forêt, et je tourne lentement la tête vers la source du bruit : une femme, encapuchonnée. Mangemort ? Il n'était pas rare d'en croiser ces derniers temps... Si c'était le cas, je n'allai sûrement pas sortir indemme de ces bois. Mais je survivrai. Après tout, je subis depuis plusieurs années un entraînement spécial, destiné à ce genre de situations.

Mais, inutile de paniquer et de sortir bêtement sa baguette pour le moment : quel intérêt que de déclencher inutilement un combat qui n'aurai peut-être même pas eu lieu sans cette intervention ? Enfin... Il était peu probable qu'un mangemort fasse tranquillement la causette au premier venu, même si cette personne était un serpentard, de sang pur de surcroît. Mais ça... Personne ne le savait. Enfin si justement. Mais j'essayai toujours de me convaincre que toutes les faveurs qu'on me faisait, et que ces mangemort qui par deux fois m'avaient laissé la vie sauve ne le faisait pas qu'à cause de mon rang. Tsss. Quelles autres raisons valables avaient-ils à part ça ? Laissez moi rire. Au moins, ce sang de sorcier qui coule dans mes veines aura eu le mérite de rallonger mon espérance de vie. Je n'ai aucune animositée envers les sang pur, je trouve seulement cette histoire de « pureté » totalement ridicule... Sur le champ de bataille, un sang-pur sera-t-il plus fort qu'un sang-de-bourbe ? Pas sûr.

Bref. Que dire ? Peut-être répondre à ces paroles lancées nonchalament en l'air, comme quelqu'un qui parlerait des fleurs et de cuisine à un bon ami ? Sûrement que je devais le faire. Ne serait-ce que pour découvrir l'identitée de cette femme se dissimulant derrière l'uniforme des sbires de celui-dont... Roh et puis merde. De Voldemort. C'est pas compliqué à prononcer, si ?

« Dois-je en conclure que vous vous considérez comme dangereuse, mademoiselle... Mangemort ? »

Car oui, ces paroles n'étaient pas lancées sans une certaine prétention, propre aux valereux chiens de sa majesté le roi des mouches. Ma réponse était sur le même ton, quoique volontairement un peu décalée. Je n'aimai pas les gens trop hautains et sérieux... Quel dommage, vu que je faisai apparemment parti de cette catégorie. Après tout, n'était-ce pas les valeurs du serpent vert et argent, symbole de la prestigieuse maison de Salazard Serpentard ? J'étais empreint de ces valeurs là, même si mon cœur penchait plus vers les aigles. Les Van Eagle était un mélange de ces deux races là, des bâtards. De toute l'histoire de ma famille, pas un seul mercenaire n'était lié aux Van Eagle par les liens du sang. Un des grands mystères de ma famille... Nous avions apparemment le don de choisir les plus doués pour intégrer notre confrérie.

Je soupire en remontant un peu ma veste. Il fait frais ce soir... Oh et, non je ne porte plus ma robe de sorcier. Je l'ai emmené sitôt que mes cours se terminaient. Je n'aime pas les uniformes... Mais bref. Ca on s'en fout, hein ? Pour l'instant, ce qui captive mon attention, ce sont ces deux yeux bleus qui me fixent depuis l'arbre.