Encore une fois, Orphée n’était pas fatiguée. Elle sortie de son lit prétextant une envie pressante à sa voisine qui s’était réveillée quand elle avait ouvert ses rideaux dans un grincement audible de toutes. Elle attrapa un gros gilet en laine, mit ses chaussettes et partie sans un bruit. Elle prit autant de précaution pour fermer la porte. Si elle avait réveillé une autre demoiselle, elle aurait dut lui expliquer pourquoi elle s’en allait et surtout, elle lui aurait reprochée de ne pas avoir été plus discrète alors que tout le monde dormait.

Doucement, Orphé descendit les escalier. En fait, c’était plus prudemment que doucement. Elle était tellement de fois tombée quand elle se précipitait le matin parce qu’elle était en retard ou surexcitée. Il suffisait aussi pour que quelqu’un ait laissé une plume, un livre, une écharpe, et elle marchait dessus. Ce qui était sur, c’est que si elle était aussi adroite sur un balai, elle aurait était recalée immédiatement aux auditions pour faire partie de l’équipe de quidditch.

Arrivant enfin dans la salle commune, Orphé alla instinctivement vers la cheminée ou régnait une bonne odeur de bois brulé mais également d’où émanait une chaleur douce. Des ambiance comme cela valait toutes les nuits du monde. Comme dit-on souvent, les petits plaisirs font partie de la vie quotidienne. Et on peut admettre sans hésitation que cette situation était pratiquement quotidienne. Mais ce soir, c’était différent, elle ne voulait pas être seul, il n’en était pas question. Elle comptait alors énormément sur Jen pour venir la rejoindre. Il avait une sorte de radar dans la tête: quand Orphé s’ennuie, il arrive la sauver.

En attendant, elle alla s’asseoir sur le fauteuil le plus proche de la cheminée, s’emmitoufla dans son gilet et regarda les flammes danser dans la petit cloison. C’était beau, oui il était beau le feu. Imaginez-vous une flamme: vous dansez et quand vous êtes au stade le plus intense, rien ne vous résiste. Vous pouvez montrer votre colère puis quand vous allez mieux vous disparaissez pour reprendre une vie normale. Si seulement on pouvait se transformer en une flamme de temps en temps.

*J'ai envie que quelqu'un vienne. J'me sens seeeeeeeule ! Pourquoi y'a jamais personne à cette heure. Enfin bref, qu'est-ce que je vais faire? Je n'arrive pas à dormir, je ne préfère pas travailler pour ne pas me stresser, lire c'est à oublier. Oh et si je me faisait une petite fiesta, je mets de la musique et je danse, je chante, je ris...Ah je deviens folle les autres dorment je vais les réveiller et si le directeur de Poufsouffle vient voir parce qu'il entent beaucoup de bruit, je suis FOUTUE ! Et oui, bien sur, les directeurs nous entendent. Ma mère m'a expliquée que quand elle 'était à Poudard, plusieurs fois on est venu dans les petites fêtes qu'il y avait dans leur salle commune parce qu'il y avait trop de bruit pour une heure si tardive. Quoi, vraiment deux heures du matin c'est une heure tardive? J'aurais plutôt dit qu'ils se levaient tôt, mais bon.*

D'un bruit sourd, l'entrée de la salle commune s'ouvrit. Elle n'avait même pas fait de bruit et on venait déjà de lui dire de rentrer dans son dortoir? Non, bien sur que non. Elle avait passé beaucoup de nuit blanche dans cet endroit à rire, à jouer, à discuter et jamais on était venu les arrêter. Ah les nuits blanches s'est si sympa quand on n'est pas seul. Mais du coup c'est qui le retardataire? Ce dernier jeta ses chaussures dans la pièce en ne cherchant pas à viser l'endroit où elle atterrirent. En fait, instinctivement elle savait qui s'était. Qui d'autre? Il n'y avait pas cinquante poufsouffle qui ne dormaient jamais, qui se montrait d'une insolence majestueuse et qui s'écroulaient sur les fauteuils comme il venait de le faire. C'était bel et bien Jen, le compagnie favori des nuits blanches d'Orphée.

La Poufsouffle regarda son camarade tandis qu'il se jetait dans le canapé de plus proche d'où elle était assise. Il avait un peu froid, cela se voyait. Enfin, c'est tout à fait normal. On n'erre pas dans le château par de telles température avec une simple chemise. Quelque chose disait à la demoiselle qu'il n'avait pas dut sortir avec une tenue si "légère". Enfin c'était Jen, venant de lui rien n'étonnait. Vous savez, il est parfois en contradiction avec tout. C'est, selon Orphée, le genre de personne qui dort le jour et vit la nuit, qui met des chemises l'hiver et des pulls l'été, qui rit quand il faut garder le silence. Mais franchement, Jen, c'est Jen et il ne faudrait pas e changer. Il est clair qu'il n'est pas dans la norme, mais franchement quand on connait Orphée, cela n'étonne pas qu'elle le choisisse pour ami.

-Hum je dirais entre minuit et quatre heure du matin selon la noirceur du ciel.

A vrai dire, elle n'en savait rien non plus. Et franchement, ça lui était un peu égal. Quand on n'arrive pas à dormir, qu'il soit minuit, deux heures ou cinq heures du matin, on n'arrive pas à dormir. Si seulement le temps pouvait s'arrêter entre l'instant où l'on désire dormir et l'assoupissement, ce serait plus sympa. Déjà parce que quand on essaie de s'endormir ça peut prendre du temps et vite nous faire perdre une demie-heure de sommeil parfois cruciale. Et si jamais on a largement le temps de faire une bonne longue nuit, et bien l'insomnie nous prend réduisant le nombre d'heures à dormir à très peu voir aucune. Heureusement, Orphée supportait bien de ne pas dormir beaucoup. Elle n'était que peu fatiguée finalement la journée puisqu'elle n'avait pas le temps de s'ennuyer entre les cours, les devoirs, les repas et les amis (ou ennemis).

-Hum et je suppose que le sommeil chez toi c'est en option?!

Elle tendit un grand sourire. Elle n'irait pas savoir ce qu'il avait fait mais au moins, elle lui renversait l'attention qu'il lui avait porté pendant deux secondes. En fait, ce n'était surement pas de l'inquiétude mais il s'intéressait un minimum aux autres, enfin c'est ce qu'elle pensait, ou en tout cas à ceux qu'il apprécie. Elle bailla à son tour puisque ce charmant signe se transmettait comme les virus, enfin je veux dire aussi facilement. Il suffisait de le regarder pour à son tour l'attraper, rien qu'y penser même.

Effectivement, Jen n'était pas trop du genre à dormir. Il était si facile de le croiser dans la nuit que ça pouvait même en devenir déroutant: Comment il fait Jen pour ne pas mourir de fatigue alors qu'il ne dors jamais? C'est plus qu'un don. Si seulement on avait la capacité de ne pas avoir besoin de dormir huit heures minimum par nuit, ce qu'on n'arrive pas très bien à faire, tout serait plus simple: plus de bâillement qui déforment le visage, plus d'yeux qui se ferment à cause de la lourdeur des paupières, plus de cernes sous les yeux alors que l'on ne sourit même pas....c'est pas le bonheur ça?

-C'est une évidence, mais je voulais espérer.

Orphée lança un sourire à son ami. Il pouvait être humain après tout non? Au moins faire un effort pour dormir un peu la nuit, quitte à se retourner trois cent fois après pour essayer de retrouver le sommeil et enfin se sentir décourager. Bah pour Jen, non, même ça semblait impossible. Pourtant il était de constitution normale, il n'était pas surpuissant. Pourtant, il était du genre à rester éveiller, dormir deux heures par nuit et finalement tomber de fatigue de temps en temps pour dormir vraiment. Il était extrémiste, étonnant non?

-A la différence que moi j'essaie...mais le sable sur moi, ça marche pas, il faudrait trouver autre chose pour m'endormir.

*T'as pas compris pourquoi le sable hein? Si? Bah j't'explique, je suis gentille. On lance du sable pour t'endormir, mais apparemment cette technique ne marche pas sur moi. Bon sur toi, encore moins je crois. Je sais pas, mais on fait comment pour s'endormir? Tu le sais toi? Tu les observe pas tes copains de dortoir avant qu'ils rejoignent le pays des rêves? Ils mettent les rideau....ah bah oui forcément, les filles ça fait pareil, à croire qu'on brise leur intimité, non mais je te jure des fois les gens. On les connait depuis qu'ils ont onze ans et ils peinent à se mettre en pyjamas devant nous maintenant qu'ils sont dans l'adolescence. Moi si je pouvais, mon dimanche je le passerais habillée n'importe comment, à pieds-nus et les cheveux emmêlés attachés par une pince.*

-Ouais, je bouge pas...

* NAN MAIS C'EST ÇA, BARRE TOI, JE DIRAIS RIEN. Je débloque un peu là...il a rien fait et limite je l'insulte parce qu'il s'en va, alors qu'il revient. Jen, il est pas du genre à laisser les gens seuls alors qu'il peut y trouver de la joie. Je suis à vif là. Allez et si je chantonnais un petit air, ça me détendrais peut-être de l'infâme insomnie qui me ronge. Oui je vais faire ça.*

Ne voyant pas Jen arriver, elle commença à chanter d'une voix douce une chanson moldue qu'elle avait entendu par le biais d'un ami moldu à elle. Comme Jen ne fit de bruit que lorsqu'il s'installa. Entendant son ami sauter dans le canapé, elle arrêta de chanter et remarqua qu'il la regardait en souriant. Qu'importe s'il l'avait entendu, elle ne chantait pas faux, il n'y avait donc aucune honte à avoir. Elle lui rendit son sourire.

-Re Jen...t'es en meilleur état à ce que je peux voir. Je suis sure que tu veux pas en parler mais t'as genre fais quoi avant de revenir ici?