Après avoir parcourut avec attention les dernières lignes de la lettre, calligraphiée avec une finesse d'exception digne de sa mère, Satyne se laissa lestement tomber dans l'un fauteuil en cuir de la salle commune en soupirant, le regard voilé d'une tristesse invisible. C'était maintenant bien la dixième lettre qu'elle lui envoyait depuis qu'il avait disparut. Et visiblement, malgré ce qu'elle avait trop naïvement peut-être, mais ardemment espéré, il semblait que personne n'ai pu leur fournir de nouvelles de son frère. Quelque chose au fond d'elle lui soufflai que son père en savait certainement plus qu'il ne voulait l'admettre, mais elle ne pouvait lui faire l'affront de douter de sa parole. Pourtant, chaque jour qui passait la rendait un peu plus nerveuse. Elle n'imaginait que trop bien dans quelle sorte d'atroce situation son frère avait pu se fourrer sans prendre la peine de les contacter. Il ne cesserait décidément jamais de lui pourrir la vie.

*A quoi bon s’inquiéter pour un tel prétentieux égoïste ?*

Se morigéna t'elle intérieurement. Lui ne se serait probablement jamais inquiété pour elle... Absorbé dans ses réflexion et sa colère envers sa propre faiblesse, elle mis quelques secondes pour réaliser que la lettre s'était froissée entre ses doigts. Soupirant une nouvelle fois, elle se força à se détendre tout en lissant la missive du plat de la main avant de la ranger machinalement dans son sac.

Cette journée avait été très ordinaire, calme, ennuyante même, mais aussi plutôt fatigante. Le seul avantage étant qu'elle n'avait pas récolté trop de travail à rendre et qu'elle était donc tranquille pour la soirée. C'était une chose plutôt rare d'ailleurs avec tous les sermons des professeurs à propos de leur B.U.S.E. même si Satyne ne se faisait pas trop de soucis de ce côté là. Elle ne connaissait que trop bien ses facilitées pour la magie et ne doutait pas une seule seconde de sa réussite aux examens. Toujours était t'il que Aarya était tout simplement introuvable et que tout le monde semblait avoir déjà trouvé de quoi s'occuper. Elle aurait certainement pu aller préparer quelques sales coups bien sentis à quelques uns de ces minables prétentieux de Gryffondor seule, mais elle était plutôt à bout de nerf et n'était pas certaine de pouvoir résister à l'envie de tuer la sale petite pot de colle si jamais elle revenait à l'assaut. Cette gamine qui la suivait semblait presque accro à sa présence et l'agaçait si prodigieusement à longueur de temps qu'elle en perdait l'envie de se défouler sur elle. C'était tout de même incroyable! Et plutôt ironique. Laconique, elle jeta un regard autour d'elle.

Un groupe de troisièmes années s’excitaient sur un banal sortilège d'allégresse qui semblait avoir un effet plutôt étrange sur leur cobaye de première année. Visiblement, ces idiots avaient du mal à saisir que celui-ci n'était pas censé pousser le jeune garçon à se prendre pour un oiseaux. Un rire moqueur et méprisant s'échappa des lèvres de la jeune femme. L'un des jeune garçon releva la tête s'apprêtant à l'insulter lorsqu'il remarqua à qui il avait à faire. Ses mots s'étranglèrent de façon plutôt comique dans sa gorge et un éclat de rire froid et ironique la secoua alors qu'il détournait prestement le regard. Parfois, même ceux de leur maison pouvaient se montrer d'une stupidité affligeante, même si celui-ci avait au moins compris que la seule option raisonnable était le repli. Ennuyée et encore trop plongée dans ses sombres réflexions, elle décida que sortir un moment prendre l'air et s'exercer un peu serait toujours plus agréable que de rester enfermée ici à se morfondre. Pas qu'elle n'aime pas les cachots, bien au contraire, elle avait simplement du mal à supporter la présence trop bruyante de certaines personnes et n'avait aucune envie de perdre son temps à les remettre à leur place maintenant. Elle pourrait toujours aviser à son retour, et mieux vaudrait pour eux qu'il se soient calmés d'ici là car l'ennui semblait avoir un effet catalyseur sur sa mauvaise humeur. Même si la source de celle-ci venait bien entendu de sa famille. Parfois, elle aurait souhaité que les choses soient différentes. Mais les regrets n'étaient pas son fort. Elle était sur le point de sortir après avoir empoigné son sac et s'être dirigé d'un pas gracieux et assuré vers la porte lorsque celle-ci s'ouvrit sur un visage familier. Au même moment un éclair de lumière jaillit derrière elle et frappa le mur d'en face juste après avoir frôlé son oreille et celle du nouvel arrivant..

Encore figée par la surprise d'avoir vu le visage familier de son cousin apparaître dans l'encadrement de la porte et celle d'avoir faillit être touchée par le sortilège d'un des élèves pitoyables regroupés dans son dos, Satyne ne réagit pas immédiatement. Bien entendu, le jeune Serpentard lui, piqué au vif, ne manqua pas de s'en charger pour elle. A peine quelques instants plus tard, elle pouvais déjà sentir la terreur des victimes de Drago et la fureur toujours aussi impressionnante de ce dernier. Les Malefoy en règle général n'étaient pas réputés pour leur patience, pas plus que pour leur tolérance. Mais dans le domaine de la susceptibilité et de l'intransigeance, ce dernier bâtait de loin tous les records. Ces idiots avaient très mal choisis leurs adversaires, et visiblement, il était déjà trop tard pour qu'ils en prennent conscience. Elle avait beau être habituée à la force et la violence de la colère de son cousin, la haine pur et la lueur malveillante qui alluma son regard lui serra le coeur. Sans doute parce qu'avec cette expression de haine collée au visage, il lui rappelait un peu son frère...

Elle sentit parfaitement la force que du mettre le jeune homme à contrôler sa colère pour se retenir de la laisser exploser trop violemment. Il ne savait que trop bien quel genre d'ennui cela pourrai lui causer, et une telle bande d'idiots n'en valaient vraiment pas la peine. Pourtant cette impulsion sanguinaire battait très nettement dans ses veines et le tiraillait. Elle le savait. Elle n'y pouvait rien. Malheureusement....Après avoir fichu la peur de leur vie et fait détaler leur pseudo-agresseurs, il revint vers elle.

" Non ça va merci. Décidément, ces idiots se croient tout permit. On peut dire qu'ils ont eu de la chance! "

Epoussetant ses manches d'un geste machinal comme pour chasser cet épisode navrant et indigne d'elle de son esprit, elle soupira discrètement avant de reporter son attention sur son cousin. Cela faisait quelques jours qu'ils n'avaient pas pris le temps de parler, et sa présence lui avait manquée. Après tout, parmi tout ceux de l'école, il était le seul à vraiment savoir ce qu'être un Malefoy pouvait signifier. Le seul à pouvoir comprendre cet aspect de sa vie. Elle aurait tellement souhaité qu'ils soient de la même époque. Sa présence était devenue si naturelle pour elle qu'elle en oubliait parfois que lui aussi un jour, devrait l'abandonner à son sort. Mais tôt ou tard, elle devrait accepter que la part d'elle qu'elle cherchait à combler finirait toujours vide. Toujours seule. Se refusant à se laisser sombrer dans son pessimisme latent de la journée, elle lui demanda d'une voix douce et curieuse

" Je te croyais encore à l'entraînement. Ça c'est bien passé d'ailleurs? "

Satyne avait toujours beaucoup aimé le Quidditch. Mais très jeune déjà, on l'avait poussée à refouler cette passion au profil de ses études. Une part d'elle regrettait encore un peu de ne pas avoir tenté sa chance, de ne plus pouvoir savourer l'adrénaline du vol, mais cela ne l'empêchait pas de rester une fervente supporter de l'équipe. Et elle faisait confiance à son cousin pour réaliser de très belles performances. Chez les Serpentards, sa réputation d'attrapeur n'était plus à faire. De plus, il semblait que l'équipe de cette année promettait, d'après les échos qu'elle avait eu. Elle aurait bien aimé pouvoir assister à l'un des entraînement de l'équipe mais ces derniers avaient souvent lieux lorsqu'elle était occupée.

" En tout cas vous ne manquez pas de popularité, à en entendre certains, on pourrait croire que le vainqueur de cette année de ne fait déjà plus l'ombre d'un doute "

Ajouta t'elle avait un léger sourire complice. Bien évidemment, il n'y avait pas de doute, après tout, ils étaient bien meilleurs que ceux des autres maisons.

« Je pense qu'on ne doit pas sous-estimer les autres équipes. Même si nous avons à mon avis les meilleurs joueurs ! »

Elle acquiesça en souriant à son cousin ne préférant pas s'avancer plus loin sur ce terrain glissant. Elle savait trop bien comment ce genre de conversation pouvait rapidement sur des commentaires détaillés de match dont elle se savait incapable de suivre le rythme. Elle appréciait simplement de participer à la vague d'excitation qui parcourait le château à chaque saison et admirait sincèrement son cousin pour ses prouesses. Cela ne faisait néanmoins pas d'elle une experte. Elle était encore meilleure et de loin dans le domaine des études et après tout quel mal y avait-il à cela? Du moment qu'elle pouvait rapporter des points à sa maison. Malheureusement cette année, les choses s'annonçait plutôt mal pour les verts et argents et aux dernières nouvelles, ils étaient encore d'assez loin les derniers au classement pour la coupe des 4 maisons. Enfin il ne fallait pas s'en étonnait lorsqu'on voyait le comportements de certains idiots comme ceux qui venaient de filer, rien de mieux pour saboter les efforts et obscurcir le talent des Malefoy! Elle avait parfois l'impression d'être entourée de répugnants nuisibles. Même les poufsouffles n'étaient pas aussi stupides! Enfin il fallait bien faire avec...

Elle observa silencieusement son cousin chercher un endroit ou se reposer. Il semblait plutôt fatigué par sa journée, ce qu'elle pouvait facilement comprendre. Elle l'observa longuement avant de lui demander

" Tu fais quelque chose de spécial cet après-midi? Ça ne t’ennuie pas si je reste un peu? Je préférerai encore rester ici avec toi que dehors à rien faire."

Malgré ses efforts pour paraître détachée, elle entendit elle même l'angoisse dans sa voix. En réalité, elle se sentait plus en sécurité ici. Pas qu'elle soit menacée d'une quelconque manière, mais être avec quelqu'un lui permettait surtout de ne pas penser trop à sa famille et la peur ou la tension qui grandissait en elle à mesure que les jours sans nouvelles d'Ethan s'écoulaient. Elle ne parlait jamais vraiment de sa famille à personne, mais elle n'aimait pas rester assise à ressasser ses sombres pensées. Sans doute aurait elle plutôt dit si elle avait été suffisamment courageuse pour se l'avouer à elle même, qu'elle était de plus en plus effrayée. Effrayée par la sensation d'abandon étrange qui l'envahissait la nuit, par le fossé qui semblait se creuser entre son ancien monde et le futur, par les doutes qui l'assaillaient trop souvent, par cette fragilité dont elle faisait trop vite preuve. Effrayée à l'idée de ne pas être à la hauteur, mais aussi de l'être trop. Elle était simplement perdue, et sans aucune idée de la voie à suivre, pour la première fois de sa vie incapable de se décider à continuer de suivre les rails posés pour elle ou à en dévier. En dévier définitivement. Elle ne savait pourtant que trop bien que le doute n'était pas un luxe qu'elle avait le droit de se permettre. Et pourtant... Cela la hantait, l'enfermait dans sa honte sans lui laisser entrevoir d'échappatoire et elle sentait qu'elle devrait bien trop tôt faire un choix, un choix qu'elle n'était pas certaine de pouvoir assumer. Et personne ne pouvait lui venir en aide. Personne ne pouvait comprendre ce poids qui la tourmentait. A cela s'ajoutait les cauchemars répétitif qui l'empêchait de trouver le sommeil.

Oui Satyne allait mal. Et si elle ne pouvait pas se confier, si elle se devait d'affronter ses tourments seule, elle préférai pour le moment faire ce que tous ceux de sa famille avaient toujours été doués pour faire: Fuir. Oublier. En priant pour que personne ne remarque le note désespérée dans sa voix glacée, pour qu'il n'entende pas la supplication muette dans sa demande. Désireuse de détourner au mieux l'attention de son mal être, elle ajouta le plus chaleureusement possible et non sans une certaine malice, tout en se glissant au creux d'un canapé venant de se libérer et qui ne laissait pas dépasser beaucoup plus que sa tête aux boucles dorées éparses.

" Au fait comment va Aarya ? "